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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires
Après la Commission du Congrès américain et le parlement catalan, voici que le parlement suédois apporte sa contribution au courroux d'Ankara. A l'approche du 24 Avril, date de la commémoration du génocide arménien, trois reconnaissances coup sur coup, c'est trop.
Le discours sur le rapprochement arméno-turc ne porte plus. A mettre sans arrêt des conditions à la ratification des protocoles, à chercher la petite bête là où il n'y en a pas, à trainer les pieds sur la mise en œuvre des réformes demandées par l'UE dans le cadre de son adhésion, à jouer un communautarisme excessif dans les pays à forte densité d'émigrés turcs, la Turquie a fini par s'attirer sinon une antipathie du moins un doute sur leurs réelles intentions.
On a beau être un diplomate aguerri, il arrive parfois que l'on laisse échapper des phrases lourdes de portée et de sens. Ainsi lorsque le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, déclare - pour nous, 1915 est l'année où une nation a défendu son pays contre de grandes armées – alors que l'empire ottoman exterminait 1,5 millions de personnes, c'est à la fois du cynisme et révélateur de l'état d'esprit des dirigeants turcs.
Pour un peu, il aurait pu reprendre à son compte la célèbre phrase : "c'est un détail de l'histoire" ...
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Le ministre des Affaires étrangères turc a déclaré : "il est impossible d'accepter l'approbation de la Résolution par le parlement suédois des allégations arméniennes."
Ahmet Davutoglu, qui est actuellement en Laponie (Finlande) pour assister à la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères, s'est entretenu avec son homologue suédois Carl Bildt.
Davutoğlu a déclaré aux journalistes après la réunion : "Nous regrettons que le Parlement suédois ait décidé d'approuver la Résolution. Tout d'abord, nous pensons que les parlements ne devraient pas statuer sur ces événements historiques, car la plupart des parlementaires ne disposent pas d'informations adéquates au sujet ces événements. La politisation de l'histoire conduit à de graves problèmes pour nos sociétés. Nous considérons cette décision du parlement suédois comme une grosse erreur. Il est impossible de l'accepter.
Deuxièmement, la Turquie et la Suède entretiennent d'excellentes relations. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdoğan avait prévu de venir en Suède la semaine prochaine pour continuer à améliorer nos relations bilatérales, que nous décririons comme une sorte de partenariat stratégique. A la lumière des développements récents, nous avons dû annuler la visite du Premier ministre Erdoğan. De plus, nous avons rappelé pour consultations notre ambassadeur à Stockholm. Nous ne nous attendions pas à une telle décision du parlement d'un pays ami."
Et de poursuivre : "j'ai fait part de notre point de vue à Carl Bildt. Nous espérons que de telles décisions qui provoquent des remous dans la région ne seront pas prises à l'avenir. La Turquie ne permettra à personne d'évaluer son histoire. Certains peuvent considérer l'année 1915 dans le cadre du problème arménien, mais pour nous, 1915 est l'année où une nation a défendu son pays contre de grandes armées."
Carl Bildt, de son côté, a déclaré qu'il n'était pas légitime de politiser les questions historiques avec les décisions prises par les parlements. Il a indiqué que de telles décisions causent de sérieux dommages au processus de rapprochement, et a exprimé sa peine ; rapporte le quotidien Hürriyet.
Radio Publique d'Arménie