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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
Comment se mettre bien avec la Turquie ?
Il suffit par exemple, de fermer les yeux sur les dérapages d'Ankara sur les valeurs qui fondent l'Europe : - la Démocratie, - les Droits de l'homme, - les Libertés qu'elles soient individuelles ou collectives. C'est ce que l'UE a très bien compris, en relevant timidement les ‘insuffisances', dans le cadre des négociations d'adhésion.
Autre façon de procéder, fermer les yeux sur les agissements d'Ankara vis-à-vis de pays mitoyens : - Blocus de l'Arménie depuis dix-sept ans, - Occupation de 37% de Chypre, -Revendication d'îles appartenant à la Grèce. Là, l'UE n'est pas la seule à blâmer ; nombre d'organisations internationales suivent son exemple.
Dernière manière et certainement la plus vile : nier le génocide d'un million et demi d'Arméniens pour des raisons bassement économiques. Rares sont les pays qui ont eu le ‘courage' de reconnaitre la vérité et un peu moins rares les Parlements.
Le crime de génocide est toujours d'actualité, même 95 ans après les faits, car il est Imprescriptible. La Turquie devrait pourtant le savoir, elle qui a signé en Juillet 1950 la Convention (de Décembre 1948) pour la Prévention et la Répression du crime de Génocide de l'ONU.
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* L'ambassadeur turc retourne à Stockholm
La Turquie a annoncé que son ambassadeur reviendra en Suède, malgré le vote du parlement de Stockholm qualifiant de génocide les massacres des Arméniens par les Turcs ottomans en 1915.
"L'ambassadeur Zergun Korutürk va reprendre ses activités cette semaine ou en début de semaine prochaine au plus tard", a déclaré le ministre des Affaires étrangères turc, Ahmet Davutoglu, à la chaîne de télévision turque CNN-Turk.
Le gouvernement suédois s'était opposé à la Résolution votée le 11 mars dernier, et le Premier ministre suédois, Fredrik Reinfeldt, avait présenté ses excuses à Ankara, un mouvement que son homologue turc Recep Tayyip Erdogan avait considéré comme ‘très positif'.
De son côté, Davutoglu a salué mercredi la position de Stockholm et a qualifié le vote ‘d'absurde'. Ajoutant qu'il se réservait le droit de laisser retourner l'ambassadeur turc à Washington vu que les deux affaires sont différentes.
"Les Suédois ont clairement présenté leurs excuses," a-t-il souligné.
* Un député suédois s'explique
"Un projet de loi sur le génocide arménien avait été discuté au parlement suédois il y a dix ans, mais avait échoué. Cette fois, l'initiative a été couronnée de succès, parce que le Parti Social-démocrate a mené une enquête approfondie sur les raisons qui avaient empêché le vote du projet de loi sur le génocide. L'une des raisons principales en a été le calendrier," a déclaré le président du PSD, Peter Weiderut, lors d'une conférence de presse aujourd'hui à Erevan.
"L'argument contre était que reconnaissant maintenant le génocide, cela allait perturber le processus en cours entre l'Arménie et la Turquie, ainsi que les relations de la Turquie avec l'Union européenne. Mais la seule chose qui est sûre, c'est que plus nous attendrons, ce sera dur. Cela fait 95 ans que les victimes attendent.
La forte réaction de la Turquie était attendue, parce que la Suède a été à l'avant-garde du processus d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Et nous continuerons, parce que la Turquie appartient à l'Europe.
Lorsque la Turquie sera en mesure de mieux traiter le côté sombre de son histoire, elle acquerra une position beaucoup plus forte dans les relations avec l'Union européenne.
Nous sommes conscients que la décision prise par le Parlement suédois il y a deux semaines va créer des difficultés entre l'Arménie et la Turquie. Mais cette décision n'a pas été prise dans le but de favoriser la lecture de l'histoire d'un pays sur l'autre pays. Elle repose sur la compréhension qu'une politique future solide sur les droits de l'homme et sur le droit international, doit être fondée sur une description fidèle de l'histoire. Rechercher et dire la vérité est nécessaire pour le travail de réconciliation," a précisé Peter Weiderut.
Le parlementaire suédois a exprimé l'espoir que toutes les parties impliquées, notamment les Arméniens et les Turcs, feront référence à la décision du Parlement suédois, dans leur dialogue en vue d'un rapprochement.
* La Turquie va faire appel au droit international ?
Un porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères a déclaré mercredi que la Turquie estime que le recours au droit international reste une option dans ses efforts pour contrer les parlements étrangers qui reconnaissent le génocide arménien de 1915 dans l'Empire ottoman.
"Nous évaluons toutes les options, et faire appel au droit international est l'une d'elles," a déclaré Burak Özügergin aux journalistes lors de la conférence de presse hebdomadaire.
Özügergin a indiqué que de telles résolutions ‘ne peuvent que nuire' aux relations de la Turquie avec les pays qui les a adoptées, ainsi qu'avec l'Arménie.
Radio Publique d'Arménie