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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires
La liste des reproches faits au diplomate Bryza, en tant que secrétaire d'Etat adjoint pour les Affaires européennes et eurasiennes, de 2005 à 2009, chargé de coordonner la politique énergétique des États-Unis dans les régions de la Mer Noire et de la Mer Caspienne, et en même temps représentant des États-Unis à la coprésidence du Groupe de Minsk, est suffisamment longue pour se poser des questions quant à sa nomination fin Mai comme Ambassadeur en Azerbaïdjan. Son mariage à Istanbul en août 2007 avec une universitaire américaine d'origine turque, ne fait qu'ajouter à la confusion.
Si avant tout un Ambassadeur se doit d'appliquer la politique étrangère décidée par son pays, il existe de nombreux cas où les opinions personnelles peuvent venir fausser les déclarations officielles voire les actions du diplomate. Ce fut le cas des ambassadeurs pro-turcs tels M. Bryza et R. Hoagland (pressenti mais non confirmé), ou à l'inverse, pro-arménien, J. Evans (démis de ses fonctions).
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Le Comité National Arménien d'Amérique (ANCA) partage avec les membres de la commission des relations extérieures du Sénat américain les réserves émises suite à l'examen d'un document de sept pages concernant la nomination par le président Obama de Matthew Bryza comme ambassadeur des Etats-Unis en Azerbaïdjan.
Dans des lettres adressées à chacun des 19 membres de la commission, le président de l'ANCA, Ken Hachikian, présente les préoccupations de la communauté arméno-américaine quant à la nomination de M. Bryza, lesquelles se divisent en deux grandes catégories : - les potentiels conflits d'intérêts ; - et les lacunes dans l'exécution des priorités de la politique étrangère de notre nation."
"Il y a des raisons valables, à notre avis, pour que la commission des relations extérieures du Sénat se penche sur la façon dont les activités professionnelles de l'épouse de M. Bryza, l'universitaire Zeyno Baran, peuvent créer un potentiel conflit d'intérêt lié à la nature de ses activités. Il est de notoriété publique, que Mme Baran est engagée dans la défense des droits en ce qui concerne les mêmes champs d'actions, politiques et pratiques américaines que M. Bryza, lequel a eu un rôle de par sa fonction, dans leurs formulations et leurs mises en œuvre. L'Institut Hudson, employeur de Mme Baran, est connu pour recevoir des fonds d'entreprises locales et de l'étranger, y compris les entreprises d'énergie, qui sont impactées financièrement par les décisions de la diplomatie américaine supervisées par M. Bryza, et qui de surcroît jouera un rôle central dans la coordination que si elles sont approuvées par l'Ambassadeur des États-Unis en Azerbaïdjan."
En plus des questions de conflits d'intérêts, les réserves de l'ANCA couvre les manquements de M. Bryza quant à son activité diplomatique sur les sujets suivants :
Avoir donné une réponse évasive quant à la vidéo sur la destruction du cimetière arménien de Djoulfa, vieux de 1300 ans, au Nakhitchevan.
Ne pas avoir appliqué pleinement les Crédits votés par le Congrès des États-Unis au Haut-Karabakh.
Ne pas avoir lutté sérieusement contre les déclarations belliqueuses permanentes de la Géorgie et de l'Azerbaïdjan.
Avoir déclaré que l'Arménie excluait le Haut-Karabakh du processus de paix.
Avoir déclaré que pour l'Arménie, l'autodétermination primait sur l'intégrité territoriale.
Avoir accusé l'Arménie "d'occuper" le territoire azerbaïdjanais.
Avoir interdit les communications entre les États-Unis et le gouvernement du Haut-Karabakh.
Avoir fait pression sur l'Arménie pour qu'elle fasse des concessions unilatérales sur le Haut-Karabakh.
Avoir fait pression sur l'Arménie pour qu'elle accepte la feuille de route sur les relations Turquie-Arménie.
Etre à l'origine du rappel de l'Ambassadeur John Evans.
"compte tenu du rôle essentiel que jouera le prochain ambassadeur américain à Bakou, notamment concernant la résolution du conflit du Haut-Karabakh, nous croyons fermement que les préoccupations que nous avons soulevées au sujet des potentiels conflits d'intérêts et sur la liste des questions politiques indiquées dans nos documents de référence, méritent une attention particulière par votre service, par l'ensemble de la commission des relations extérieures, ainsi que par l'ensemble du Sénat américain," a conclu K. Hachikian dans sa lettre.
Radio Publique d'Arménie