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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
Il y a ce que l'on dit la veille d'un départ, ce que l'on dit une fois arrivée et surtout ce qui s'est réellement dit entre les présidents, hors de tout micro.
Pour un observateur, même non-averti, en lisant entre les lignes, en relevant les non-dits et surtout en tenant compte des déclarations passées, on arrive à cerner la position de la Turquie.
Elle n'a pas varié depuis le début.
Et la signature des protocoles n'a rien changé à la nature des relations avec l'Arménie, pression ou pas, processus ‘zéro problème' avec ses voisins ou pas. Pire, Ankara est prêt à soutenir militairement Bakou en cas de guerre au Karabakh, partant du principe que l'agresseur est l'Arménie et que l'Azerbaïdjan ne fait que se défendre. Et tant pis si l'OTAN et/ou l'UE seront mécontents, au point où en sont les négociations d'adhésion ; l'important est le bien-être du petit frère plein d'énergies.
Question : quant l'arbitre russe va-t-il siffler les fautes, voire la fin du jeu, vu que les juges de touche européen et américain ne servent pas à grand chose ?
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A la veille de sa visite en Azerbaïdjan, le président turc Abdullah Gül a donné une interview à l'agence APA.
"Je crois que ce statu quo dans le Caucase n'est pas en faveur de qui que soit – Azerbaïdjan, Turquie ou Arménie. Le monde change et nous devons résoudre les problèmes. Si on les gèle, ils peuvent surgir de nouveau".
Selon le chef de l'Etat, il y a les résolutions de l'ONU, et que malgré les sérieux efforts du Groupe de Minsk, aucun résultat concret n'a été atteint pendant 18 ans. Il a ajouté que depuis tout ce temps, l'indépendance du Haut-Karabakh n'est pas un bon exemple.
"L'intégrité territoriale de chaque pays doit être respectée dans le système mondial contemporain. L'Arménie peut établir de bonnes relations avec ses voisins, accéder à la mer et rejoindre les systèmes de communication. La Turquie est un grand pays. Dans le processus ‘zéro problème' avec nos voisins, il n'est pas bon d'en avoir avec L'Arménie. Par conséquent, une solution équitable aux problèmes régionaux nous favorisera tous". Le président turc encourage le Groupe de Minsk à ne pas effectuer des voyages simplement touristiques mais à penser un peu plus à la résolution des problèmes. "J'ai lancé cette initiative en 2008. J'ai d'abord visité Erevan, puis Sarkissian est venu en Turquie. Nous avons informé le président Ilham Aliev des détails de ce processus. Poutine et Medvedev ont également participé à ce processus. La Russie est un pays important dans la solution de ce problème. C'est pourquoi nous avons eu des consultations approfondies autour de ces questions", a-t-il répondu, éludant ainsi la question du journaliste concernant le rôle de la Russie dans le Caucase, l'accord militaire avec l'Arménie et la vente de systèmes de défense S-300 à l'Azerbaïdjan.
Selon lui, ces graves problèmes ne peuvent pas être résolus en exerçant des pressions sur un pays, mais par de sérieux efforts des pays concernés et de la région. "J'ai fait cette découverte en 2008, je l'ai prise en compte et ‘les pierres ont été ébranlées'. Il y a une mauvaise compréhension en Arménie, en Azerbaïdjan mais également en Turquie. Si les questions difficiles étaient résolubles facilement, ils n'auraient pas un caractère chronique".
Abdullah Gül s'est également adressé à tous les dirigeants : "Nous ne resterons pas inactifs et nous allons travailler sans relâche pour solutionner le problème. La solution et la paix ne sont pas faciles. Nous devons travailler avec insistance. Je vais discuter de ces questions avec mon frère le président Ilham Aliev lors de ma visite. Je crois que la visite sera utile de ce point de vue".
"Je sais que Medvedev, Poutine, Aliev et Sarkissian ne croient pas que le statu quo puisse continuer ainsi. Ils veulent aussi que le problème soit résolu. Au cours de la ‘guerre froide', les conflits étaient en faveur de certains pays. Mais maintenant, la situation est différente".
Selon Gül, tous doivent faire de sérieux efforts et doivent travailler dur pour trouver le point optimal, parce que le problème est devenu très chronique.
"Je suis plein d'espoir pour la stabilité dans le Caucase. Pourquoi pas ? Ces problèmes peuvent être résolus par la diplomatie et des discussions. S'ils ne le sont pas, cela peut engendrer des problèmes non contrôlés. C'est pourquoi nous devons travailler avec insistance pour résoudre le conflit. Nous avons besoin d'une ‘diplomatie silencieuse'. L'année dernière, nous avons secoué les pierres d'un coup de pied sec".
Gül a indiqué qu'au stade actuel, on est rentré dans une période de silence, mais avec une diplomatie résolue : "J'espère que sera excellent pour les processus".
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Arrivé à Bakou aujourd'hui, le président turc Abdullah Gül a réaffirmé le soutien inconditionnel de son pays à l'Azerbaïdjan dans le conflit du Haut-Karabakh et a critiqué les médiateurs internationaux.
Les deux dirigeants ont signé un nouvel accord turco-azéri sur un « partenariat stratégique » et une « assistance mutuelle ». Les détails de l'entente n'ont pas été rendus publics.
Dans une interview la veille à l'Agence APA, il avait indiqué qu'Ankara "fera tout le nécessaire" pour un règlement du conflit acceptable par Bakou. "Le monde ne va pas accepter l'occupation continuelle [] arménienne de notre pays frère".
Concernant la Russie, pour Gül elle a un rôle "important" dans le processus de médiation. Mais il a également reconnu que : "Ces problèmes difficiles ne peuvent pas résolus sous la pression d'un seul pays."
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait décrit la Russie comme "l'acteur le plus important" dans le processus de paix du Karabakh et avait exhorté les dirigeants russes à faire plus pour aboutir à un règlement entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, lors de sa visite à Moscou en Janvier.
Toutefois, à la fois le président Dmitri Medvedev et le Premier ministre Vladimir avaient éludé les demandes de la Turquie. "Nous ne voulons pas qu'on pense que la résolution du conflit est due à une pression sur l'une quelconque des parties et qu'elle soit injuste pour l'une d'entre elles," avait déclaré M. Poutine à Ankara en Juin.
Il avait également souligné en début d'année que les Turcs doivent aborder le conflit du Karabakh lors de leurs entretiens avec Erevan.