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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
Même si l'Azerbaïdjan a retiré à la dernière minute sa résolution pour faire de nouveau condamner l'Arménie pour ‘son agression' et l'occupation de ‘ses terres', il a par contre maintenu son attitude dans l'Organisation de la Conférence Islamique.
L'OCI qui se réunissait en marge de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York vendredi, a condamnée l'Arménie dans son communiqué du lendemain :
"La réunion a condamné l'agression de l'Arménie contre l'Azerbaïdjan et a appelé à la résolution du conflit sur la base du respect de l'intégrité territoriale et l'inviolabilité des frontières internationalement reconnues de la République d'Azerbaïdjan."
Bien évidemment il n'est fait aucune mention des deux autres principes fondamentaux du droit international, non usage de la force ou de sa menace, et l'égalité des droits et l'autodétermination des peuples, mais on y lit notamment à la charge des Arméniens : "les changements démographiques forcé, l'interférence avec les droits de propriété, la protection insuffisante du patrimoine culturel et des sites religieux [azéris], au Haut-Karabakh et dans les territoires occupés de l'Azerbaïdjan."
La Conférence était présidée par le ministre tadjik des Affaires étrangères, Zarifi Hamrokhon. On ne sait pas si les 57 pays de l'Organisation ont tous signés la pétition, à commencer par exemple par l'Iran qui entretient d'excellentes relations avec l'Arménie. De plus le Tadjikistan et trois autres pays de l'OCI - le Kazakhstan, le Kirghizistan et l'Ouzbékistan - sont également membre de l'Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), l'alliance militaire dirigée par la Russie avec sept ex-républiques soviétiques, dont l'Arménie. Aucun de ces Etats d'Asie centrale n'a abordé la question du Karabakh dans le cadre de l'OTSC.
Mis à part Ankara qui est un inconditionnel de Bakou, le soutien des autres pays islamiques relève beaucoup plus d'une confraternité religieuse que d'un choix politique réel.
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Discours du ministre des Affaires étrangères arménien, Edouard Nalbandian, à la 65e session de l'Assemblée générale des Nations Unies.
Conflit du Karabakh
"Le peuple du Haut-Karabakh a exercé son droit à l'autodétermination il y a maintenant deux décennies. Il s'est battu pour son droit à la liberté, pour résister à la guerre brutale déclenchée par l'Azerbaïdjan, qui depuis 70 ans essaie de supprimer et de chasser les Arméniens de leur foyer ancestral. À cette fin, il a même eu recours à l'utilisation de mercenaires étroitement liés à des organisations terroristes internationales. Le peuple du Haut-Karabakh a du exercer son droit à l'autodétermination vu qu'il a été privé de son droit à l'existence sur ses terres.
Le droit des peuples à l'autodétermination est un droit fondamental et indispensable consacré par la Charte des Nations Unies. L'avis consultatif adopté par la Cour Internationale de Justice en Juillet dernier, a réaffirmé la sagesse des fondateurs de cette organisation qui fait en sorte que l'un des principes fondamentaux du maintien de la paix et la stabilité dans le monde, le droit des peuples à l'autodétermination, ne peut être sous-estimé en aucune manière par rapport aux autres principes du droit international.
Soyons réalistes. On ne peut pas dire à chaque fois que c'est le dernier cas d'autodétermination. Personne n'est en mesure d'arrêter les progrès de l'histoire, sinon il n'y aurait pas 192 Etats membres dans cette organisation, en lieu et place des 51 au moment de sa création."
Selon Edouard Nalbandian, le processus de paix du Haut-Karabakh va de l'avant avec la médiation internationale sous mandat des coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, qui continuent leurs efforts persistants en vue d'un règlement pacifique du conflit, basé sur trois principes fondamentaux du droit international - non usage de la force ou de sa menace, -l'égalité des droits et l'autodétermination des peuples, - et l'intégrité territoriale.
"Le 17 Juillet en marge de la réunion ministérielle informelle de l'OSCE à Almaty, les coprésidents du Groupe de Minsk ont publié une déclaration dans laquelle ils ont réaffirmé que les principes et les éléments proposés l'ont été comme un tout [intégré], et que toute tentative visant à ne retenir que certaines parties, rendra impossible l'obtention une solution équilibrée. L'Arménie partage pleinement cette vision et poursuit les négociations sur cette base à la recherche d'un règlement pacifique du conflit du Haut-Karabakh.
Malheureusement, l'Azerbaïdjan rejette deux des trois principes mentionnés et tente de renverser non seulement l'essence du processus de négociation, mais aussi de fausser la nature du conflit dans diverses plates-formes internationales, y compris à l'Assemblée générale des Nations Unies, comme cela s'est passé ici il y a deux semaines et il y a deux jours. Ce pays tente d'induire en erreur la communauté internationale, présentant les conséquences du conflit comme ses causes.
Une rhétorique permanente de guerre, une augmentation des violations du régime de cessez-le feu, et une augmentation sans précédent du budget militaire de l'Azerbaïdjan, ne font qu'aggraver la situation, soulevant des inquiétudes sur la pérennité de la stabilité, déjà fragile dans la région. L'Azerbaïdjan continue de rejeter les propositions visant à parvenir à un accord sur le non-usage de la force et de sa menace, et sur les appels à la consolidation du cessez-le-feu. Ainsi, par ses positions, l'Azerbaïdjan représente une menace à la paix et la sécurité régionales.
Les sommes provenant des revenus du pétrole financent de nouvelles aventures militaires. Nous savons tous vers quoi mène l'aventurisme. L'Azerbaïdjan devrait s'abstenir de cherche continuellement à déplacer le processus de règlement vers d'autres formats ou cadres que le Groupe de Minsk, et de faire des déclarations provocatrices et belliqueuses, mais agir de sorte que le processus de négociations suive un cours plus constructif et efficace," a souligné le ministre des Affaires étrangères arménien.
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"À une époque où la protection et la promotion des droits de l'homme sont considérées comme sous-tendant le concept pour le monde civilisé, l'intolérance envers les valeurs de la civilisation appartenant à autrui, endommager ou détruire intentionnellement le patrimoine culturel ou religieux de l'autre, de manière cohérente et à plusieurs reprises, doivent être condamnés avec la même force et la même détermination que la violence contre les personnes.
Ainsi, la destruction par les azerbaïdjanais, entre 1998 et 2005 au Nakhitchevan, de milliers de croix de pierre délicatement sculptés par les maîtres arméniens, datant du 9ème au 16ème siècles, est une manifestation vivante de cette criminalité.
Des milliers de ces sculptures médiévales géantes ont été rasées sous les yeux vigilants du gouvernement de l'Azerbaïdjan, et cette zone a été transformée en un terrain militaire, dans une opération dirigée par le gouvernement. L'Assemblée générale du 16ème Conseil International des Monuments et des Sites (ICOMOS) a déclaré sa tristesse face à cet acte de vandalisme : « Ce patrimoine, figurant dignement parmi les trésors du patrimoine mondial, ne peut plus être transmis à ce jour aux générations futures, » a rappelé le chef de la diplomatie arménienne.
Relations arméno-turques
"L'initiative de l'Arménie pour la normalisation des relations avec la Turquie sans conditions préalables, a été entièrement soutenue par la communauté internationale. L'an dernier, après d'intenses négociations, nous avons réalisé des accords et finalement signé les protocoles arméno-turques. Nous avons fait un investissement sûr pour un rapprochement durable, tandis que la Turquie, malheureusement, est revenue sur ses engagements et s'est non seulement abstenue de ratifier des protocoles signés, mais a réutilisé son langage initial de conditions préalables.
Jusqu'à présent la frontière arméno-turque continue d'être la seule frontière fermée en Europe. Il est nécessaire de prouver ses bonnes intentions en actes et pas seulement en paroles. L'Arménie est prête à aller de l'avant lorsque la Turquie sera à nouveau prête à normaliser les relations sans conditions préalables.
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Pendant que nous discutons des moyens de créer un monde plus prospère et protégé pour nos peuples, il serait négligent de ne pas parler de la responsabilité de protection. En tant que nation nous avons survécu il y a 95 ans le crime le plus odieux contre l'humanité – le génocide. Nous attachons une grande importance à la promotion de tous les efforts internationaux visant à la prévention du génocide et aux crimes contre l'humanité. Il est encourageant de constater que des discussions sur le rapport du Secrétaire général sur « l'alerte précoce, l'évaluation et la responsabilité de protéger » sont menées dans l'Assemblée générale, pour trouver une formule qui nous permettrait tous d'agir de manière rapide et cohérente avec l'utilisation des ressources des Nations Unies, basées sur les capacités d'alerte précoce, d'évaluation afin de prévenir de telles situations, qui pourraient conduire à un génocide, à des crimes de guerre et aux crimes contre l'humanité.
Pour renforcer la capacité des Nations Unies pour faire face aux défis actuels, et ceux à venir, nous devons redoubler nos efforts dans la poursuite du processus de réforme de l'ONU, en faisant une utilisation plus efficiente et efficace des ressources existantes, facilitant le travail politique de « l'unique ONU », et faisant une meilleure utilisation des capacités régionales pour compléter nos actions mondiales.
Aujourd'hui, le monde évolue de plus en plus vite. Pour répondre à la sécurité, aux défis politiques, économiques, sociaux, environnementaux et autres, nous devons tout simplement mettre en commun nos efforts, nos ressources et notre volonté politique, pour leur résister et pousser de l'avant l'ordre du jour du développement international," a conclu Edouard Nalbandian.
Radio Publique d'Arménie