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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
Comme chaque année, la Commission européenne prépare un rapport d'avancement sur les progrès réalisés par la Turquie dans le cadre de ses négociations d'adhésion à l'UE. Sont examinés la mise en œuvre des recommandations des années précédentes et la convergence vers les valeurs européennes.
Bruxelles demande ainsi à Ankara de lever les restrictions d'accès de ses ports aux bateaux chypriotes. Plus largement, l'Union européenne souhaite des relations normalisées entre la Turquie et Chypre. Autre recommandation : respecter davantage la liberté de la presse et la liberté d'expression. Enfin, la commission salue les récents changements constitutionnels entrepris en Turquie. Mais, selon Bruxelles, il faudrait que la population soit davantage associée à ces modifications.
* Rappel :
Dans le paragraphe 41 du rapport 2009, validé en Février 2010, la Turquie est appelée à la réouverture de la frontière séparant la Turquie de l'Arménie et au rétablissement des relations économiques et politiques avec le pays.
* A noter :
L'Arménie a été exclue de la liste noire des Etats représentant une menace extérieure pour Ankara, bien que la situation avec l'Arménie soit complexe. Non seulement les relations diplomatiques entre Erevan et Ankara sont interrompues, mais la Turquie est qualifiée dans la Doctrine militaire de l'Arménie de ‘menace potentielle'.
La modification de la liste noire d'Ankara s'inscrit dans la logique de la politique turque dans la région. Cet Etat s'est fixé un objectif : prendre la tête dans le Sud-Caucase et se retrouver au premier rang des plus puissants acteurs mondiaux.
* En cours :
Commission parlementaire mixte UE – Turquie : des Députés européens vont rencontrer une délégation de parlementaires turcs, ainsi que M. Egemen BAGIS, Ministre turc d'Etat, Ministre des affaires européennes et Négociateur en chef avec l'Union européenne. Les discussions porteront notamment sur les récentes réformes constitutionnelles en Turquie, ou encore sur les questions d'immigration.
Droits de l'Homme : Discussion sur la situation des droits de l'Homme en Turquie, dans le contexte de la publication du rapport d'avancement (final) de la Commission européenne le 9 novembre prochain.
Bref, en l'état, le café turc n'est pas encore soluble dans l'Union européenne.
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** Extraits **
"Même s'il n'y a plus de débats libres et ouverts sur des questions sensibles telles que les droits des minorités, la liberté de la presse reste toujours un problème en Turquie," indique le rapport annuel de la Commission européenne sur les progrès de la Turquie. D'autres sujets de préoccupation sont relevés dans le rapport d'étape préliminaire 2010 de la Commission européenne sur la Turquie : l'immunité parlementaire, l'indépendance judiciaire, l'affaire Ergenekon et les droits culturels.
Toutefois, le manque de liberté de la presse est le point le plus marquant du rapport préliminaire : "Les poursuites et les condamnations de journalistes, d'écrivains, d'éditeurs et de politiciens pour avoir exprimé des opinions contraires, même non violentes, continuent."
Le rapport, publié aujourd'hui, énumère un certain nombre de préoccupations de l'Union européenne, et encourage systématiquement la Turquie à améliorer ces points, mettant en évidence plusieurs affaires judiciaires qui ont été intentées contre des journalistes, par les politiciens et les autorités de haut niveau, y compris des responsables militaires.
Dans le même temps, le document indique une ouverture et une liberté plus grandes dans les médias et le public sur des sujets considérés comme sensibles, comme la question kurde, les droits des minorités ou le problème arménien. Toutefois, il souligne que les lois anti-terreurs et sur la presse, - dont le célèbre article 301, utilisé pour juger des personnes pour "insulte à la turquité" - ont été utilisées pour restreindre la liberté d'expression.
"Le grand nombre de procédures engagées contre les journalistes qui ont écrit sur l'affaire Ergenekon reste préoccupant. Ils s'exposent à des poursuites et à des procès pour violation du principe de la confidentialité d'une affaire judiciaire en cours. Cela pourrait aboutir à l'autocensure," souligne le rapport préliminaire.
Source Time.am