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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
A écouter les dirigeants turcs, l'objectif de normaliser les relations avec l'Arménie est toujours d'actualité. Seule ‘anicroche' à ce projet, la condition préalable exigée par Ankara, que l'Arménie se retire des territoires entourant le Haut-Karabakh et que celui-ci réintègre le giron azerbaidjanais. Rien que ça.
Donc devant la communauté et les organisations internationales, Erdogan et son gouvernement donnent le change, faisant peser le retard de la ratification des protocoles sur Erevan. Les quelques coups d'éclat comme la messe dans l'église-musée d'Aghdamar, sont l'arbre qui essaie de cacher la forêt de discordes.
De même que le président azéri Ilham Aliev ne s'est pas gêné pour détruire le vieux cimetière arménien de Djougha au Nakhitchevan, Recep Tayyip Erdogan ne se gênera pas de faire de même avec un monument symbolisant le rapprochement avec sa voisine du Nord. Et tant pis pour les qu'en dira-t-on.
Ceux pour qui cela fera le plus de mal, c'est la Turquie elle-même et les quelques rares citoyens turcs qui essaient de regarder au-delà du bout de leur nez. Mais que peut-on attendre d'un pays qui occupe un tiers du territoire de son voisin depuis 36 ans et qui donne des leçons aux autres !
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Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a ordonné la destruction du grand monument célébrant l'amitié entre la Turquie et l'Arménie. C'est symptomatique du gel profond de la normalisation des relations arméno-turques et de l'ouverture éventuelle de la frontière.
Il a fondé son objection sur des raisons artistiques. "Ils ont mis là un monstre ... il est impossible de penser qu'une telle chose puisse exister à côté des œuvres fondamentales de l'art," a-t-il souligné.
La décision d'Erdogan est de nature à prouver une bonne politique intérieure avant les élections de Juin. Il apporte ainsi une réponse rapide au principal parti d'opposition - le Parti Républicain Populaire (CHP).
Les statues, situées au Nord-est de la Turquie à Kars à 40Km de la frontière arménienne, a été commandée en 2006 pour promouvoir le dialogue et la réconciliation entre les deux ennemis historiques. Il représente deux chiffres qui sortent d'une forme humaine et qui symbolisent la douleur de la division. Le monument en béton est haut de 30 mètres (ce qui équivaut à un immeuble de 10 étages) et pèse 1500 tonnes.
En visite à Kars dimanche dernier, Erdogan aurait indiquait qu'en plus de sa « monstruosité », il faisait ombrage au sanctuaire islamique d'à côté. L'AFP indique qu'il aurait ordonné au maire de Kars, également membre de son parti -l'AKP, de le remplacer par un parc.
Selon l'AP, le ministre turc de la Culture, Ertugrul Gunay, aurait déclaré que la décision sur le sort du monument sera prise après consultation de l'artiste. Gunay a indiqué que le monument était élevé sur un site militaire historique, une colline surplombant la ville.
Les médias ne précisent pas si Erdogan s'est rendu à l'église arménienne des Saints Apôtres (Sourp Arakelotz) de Kars, datant du 10ème siècle. Laquelle a été transformée en mosquée après que la ville et la région environnante soient cédées à l'empire ottoman en 1920 suite à la chute de l'éphémère république indépendante d'Arménie.
Les opposants au gouvernement islamique d'Erdogan ont critiqué ces observations, et notamment l'ancien ministre de la culture Ercan Karakas, avançant que c'est « honteux » et que « la sculpture n'est ni étrange ni laide ». Il a décrit le monument comme "un grand art et un antidote aux monuments du génocide" et a demandé à Erdogan de revenir sur sa décision ; rapporte l'AFP.
L'ancien maire de Kars Naif Alibeyoglu et le célèbre sculpteur, auteur du monument, Mehmed Askol, ont réagi à la déclaration du premier ministre turc.
L'auteur a défendu son travail déclarant à la télévision turque NTV que sa destruction rappellera celle faite en 2001 par les talibans afghans aux statues bouddhistes de l'ancienne vallée de Bamiyan, et qui avait stupéfié le monde.
"Quelle explication sera donnée au monde si le monument dédié à l'humanité et à la paix sera démoli ? Erdogan va devenir le premier ministre qui aura détruit un monument à la paix. Nous avons cherché à ériger un monument dédié à l'humanité. Nous avons tenté d'envoyer un message d'humanité dans ce monde militant, ayant perdu les valeurs humaines. Nous avons construit ce monument comme contrepoids aux monuments du génocide en Arménie et à Igdir ; ces monuments dédiés au génocide alimentent la vendetta entre les deux pays," a souligné Askol.
Quant à Naif Alibeyoglu, il a toujours défendu l'ouverture de la frontière arméno-turque sans conditions préalables et avait organisé à cet effet une collecte de signature à Kars. Il estimait que la réouverture de la frontière ne pouvait qu'être profitable pour la ville sur le plan commercial. C'est à son initiative qu'un grand monument a été construit pour représenter l'amitié arméno-turque et la paix. Toutefois, Alibeyoglu ayant été défait aux élections municipales de 2009, le monument inachevé a été placé près de l'ancien quartier arménien de Kars.
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Extrait de Armenialiberty, de Radiolour et de PanArmenian.net