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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
Les explications du président Sahakian, bien que claires et précises ne changent hélas rien à la situation. Seuls quelques élus français l'ont rencontré, quant au coprésident français du groupe de Minsk de l'OSCE, Bernard Fassier, il a purement et simplement refusé de le rencontrer. Monsieur Sahakian est persona non grata auprès des officiels.
On oublie assez facilement que tout règlement final du conflit du Karabakh ne peut et ne pourra se faire qu'avec l'assentiment de la population du Haut-Karabakh.
Il y a exactement dix ans, Paris jouait un rôle important dans les négociations, on se souvient des ‘Principes de Paris' suivis du document de Key West, qui a failli mettre fin au différend arméno-azéri. Depuis quelques années ce rôle est dévolu à la Russie, même les Etats-Unis se sont déchargés de l'essentiel sur Moscou.
Depuis le changement de président en 2007, la politique de la France a bien changé. Elle se confond maintenant avec celle de l'UE, laquelle est alignée avec les propositions du groupe de Minsk de l'OSCE, propositions basées sur les principes d'Helsinki.
La politique du gouvernement français dans le Sud-Caucase se limite à une vision à court terme, qui se résume par un mot : Hydrocarbures. La population ou les peuples qui le composent, ne sont pas son souci. [1]
La seule consigne donnée aux ressortissants françcais est de ne pas se rendre au Karabakh ! Quant aux gouvernements, seul Bakou l'intéresse pour la raison invoquée plus haut. Le brassage d'air de la présidence française lors de la guerre russo-géorgienne est encore dans les mémoires.
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* Erevan et Bakou font le point sur la rencontre de Sotchi *
L'Arménie a démenti mardi toute modification de sa politique concernant le conflit du Haut-Karabakh et a blâmé l'Azerbaïdjan pour un manque apparent de progrès dans les pourparlers de paix sous la médiation de la Russie.
L'adjoint du chef de la politique étrangère du président azerbaïdjanais Ilham Aliev, Novruz Mammadov, a parlé lundi d'un "léger changement positif" de la position d'Erevan lors de la réunion de Sotchi. Mammadov a indiqué que Sarkissian semble avoir compris que sa position "non-constructive" sur la question, ne conduisait nulle part.
De son côté le Vice-ministre des Affaires étrangères, Chavarche Kotcharian a rejeté ces allégations, disant que la position d'Erevan a toujours été en phase avec les principes de Madrid proposés par les trois coprésidents.
"Nous n'avons pas besoin de changer notre position parce que le ministre des Affaires étrangères [Edouard Nalbandian] a souligné à la réunion du Conseil permanent de l'OSCE le 3 Mars dernier à Vienne, que l'Arménie avait accepté les propositions de Madrid.
Ce qui n'est pas le cas de l'Azerbaïdjan, le président Aliev a continué de traîner les pieds lors des pourparlers de Sotchi. L'acceptation par Bakou de l'accord-cadre proposé aurait marqué des progrès importants dans le processus de négociation," a-t-il précisé.
Les dirigeants azerbaïdjanais insistent sur le fait qu'une version mise à jour des propositions de paix proposées par la médiation il y a plus d'un an avait été largement acceptée par Bakou et c'est Erevan qui l'avait rejetée.
Le différend porte sur la manière d'interpréter les propositions faites par les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE. Ainsi, pour Erevan, les Karabakhis ont le droit de légitimer leur sécession de facto de l'Azerbaïdjan. Alors que pour Bakou, ils ne peuvent que déterminer leur degré d'autonomie au sein de l'Azerbaïdjan.
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* Bako Sahakian *
Le président de la République du Haut-Karabakh (RHK), Bako Sahakian, est à Paris depuis Dimanche pour une visite de travail.
Le jour même, il a visité la cathédrale Saint-Jean-Baptiste et a participé à l'office religieux. Puis il s'est entretenu avec le Primat du diocèse de France de l'Eglise apostolique arménienne, l'archevêque Mgr. Norvan Zakarian. Des questions liées aux relations de la mère patrie et de la diaspora, ainsi que la politique intérieure et étrangère de l'Artsakh ont été abordées lors de la réunion.
Pour Bako Sahakian, l'Eglise apostolique arménienne joue un grand rôle dans le maintien de l'identité nationale de la diaspora et dans le renforcement des liens avec la patrie. Après la réunion, le président a déposé une gerbe au monument de Komidas situé quelques centaines de mètres plus loin.
Le même jour, Bako Sahakian a rencontré des membres du Comité de ‘Soutien au Karabakh' et a abordé des questions liées à la coopération avec l'organisation.
Le président accorde une grande importance à la participation active des différentes organisations de la diaspora dans le développement de l'Artsakh afin de renforcer les liens entre Arméniens.
Le Primat du diocèse d'Artsakh de l'Eglise apostolique arménienne, l'archevêque Mgr. Barkev Mardirossian, l'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République d'Arménie en France, Viken Chitedjian, le ministre de la Culture et de la jeunesse de la RHK, Narinée Aghabalian, l'attaché de presse du président, David Babayan, le représentant permanent de la RHK en France, Hovannès Kévorkian, ainsi que d'autres officiels, participaient aux réunions.
Hier Mardi, le président s'est rendu au Sénat et a rencontré le groupe d'amitié France-Arménie.
Bako Sahakian pense que le rôle de la France dans le règlement du conflit du Karabakh, le maintien de la paix et de la stabilité régionale, est important. Il a également indiqué l'intérêt de l'Artsakh, de coopérer avec la France, et plus particulièrement dans le domaine législatif.
Le président a bien évidemment abordé la question du Karabakh, le stade actuel de son développement socio-économique et les directions pivots de la politique étrangère de la république.
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Après sa visite au Sénat, Bako Sahakian a pris part à une conférence intitulée : ‘17 ans de cessez-le-feu depuis 1994 : Réalisations actuelles du Haut-Karabakh', qui s'est tenue à l'Institut Français des Relations Internationales et d'Etudes Stratégiques (IRIS), où il a pris la parole.
Le chef de l'État a abordé l'historique du problème de l'Artsakh, le règlement du conflit Azerbaïdjan-Arménie-Karabakh, le processus de construction de l'État en Artsakh, ainsi que les questions liées à la reconnaissance internationale de la RHK et sa politique étrangère.
Parlant de l'historique, Bako Sahakian a noté que l'Artsakh a toujours fait parti des provinces de l'Arménie historique et a joué un rôle important dans l'histoire du peuple arménien pendant une longue période, étant le dernier fragment de l'Etat arménien indépendant [de 1918] et l'épicentre du mouvement de libération nationale. Le Président a estimé l'année 1918 comme le début de la question du Karabakh lorsqu'un Etat appelé Azerbaïdjan, qui n'avait jamais existé auparavant dans l'histoire, a été crée en Transcaucasie, avec la participation active de la Turquie ottomane. Depuis le premier moment de sa création, ce nouvel Etat a revendiqué les territoires mitoyens de tous les pays voisins, en vue de créer une frontière terrestre avec la Turquie ottomane et former ainsi un Etat panturc. Le Président Sahakian a souligné que l'acte d'annexion de l'Artsakh à la RSS d'Azerbaïdjan a été réalisé par le Bureau caucasien du Parti bolchevique qui luttait pour étendre le Bolchevisme vers l'Est.
En ce qui concerne le règlement du conflit, Bako Sahakian a souligné que le gouvernement de Stepanakert est résolument pour une solution pacifique de toutes les questions avec l'Azerbaïdjan à travers un dialogue immédiat ; ce qui ne veut pas dire que l'Artsakh n'est pas prêt et déterminé à défendre si c'est nécessaire, son indépendance et sa sécurité. Selon le chef de l'Etat tout ce qui peut affaiblir l'indépendance de l'Artsakh et sa sécurité est totalement inacceptable. Ces valeurs sont claires et nettes pour la population du Karabakh et ne peuvent être soumises à une quelconque spéculation. Le président a considéré la position de l'Azerbaïdjan comme destructrice, la politique anti-arménienne extrémiste et belliqueuse, effectuée au plus haut niveau de l'Etat, comme l'obstacle essentiel dans le processus de négociation. Le Président Sahakian a souligné qu'il était nécessaire, dans le cadre des négociations, de prendre conscience de l'impossibilité de retourner dans le passé, et sur la vanité de toute approche fondée sur des conditions préalables.
Concernant l'activité de construction de l'Etat menée dans le pays, le Président a noté que la formation de l'Etat indépendant d'Artsakh, était basée sur les principes d'indépendance, de souveraineté et de démocratie, ce qui est pleinement conforme aux normes et principes fondamentaux du droit international.
Selon Bako Sahakian, le peuple du Karabakh sera, avec son potentiel intellectuel, son optimisme et sa diligence, son armée puissante et efficace, le principal garant de la sécurité du pays. Auquel il faut ajouter l'assistance permanente de la République d'Arménie et de la diaspora, qui sont au cœur de toutes les réalisations inscrites à ce jour en RHK.
Abordant la reconnaissance internationale de la RHK, le chef de l'Etat a noté que bien qu'elle soit étroitement liée au règlement du conflit du Karabakh, ce sont des processus différents. Selon Bako Sahakian, l'Artsakh n'acquerra une reconnaissance internationale seulement après le règlement du conflit. Bien que l'on puisse dire aussi que le conflit ne sera réglé qu'après la reconnaissance internationale de l'Artsakh. Le président a mentionné que l'évolution de ces dernières années démontre que les règlements des conflits similaires se déroulent exactement de la même manière, et de citer comme exemples le Kosovo, l'Abkhazie, l'Ossétie du Sud ou le Sud-Soudan. Il a souligné que la République du Haut-Karabakh mérite d'être membre égal et à part entière de la communauté internationale sur le plan politique, juridique et moral. "Au cours des deux décennies de son existence, la République d'Artsakh a réussi à construire un pays démocratique, à se développer en ne menaçant personne. Un tel Etat ne doit pas être rejeté par la communauté internationale," a conclu le président.
Après son discours, le président Sahakian a répondu aux questions des participants.
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Extraits de la Radio Publique d'Arménie, de armenialiberty et de PanArmenian.net
[1] Ce n'est pas propre au Sud-Caucase. Paris ne s'intéresse à la population ou aux peuples que lorsque ceux-ci se révoltent ...