Haut-Karabakh : Bakou ne change rien à son comportement

***

Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Que ce soit les pays coprésidents le groupe de Minsk de l'OSCE, les médiateurs internationaux sur le terrain ou les observations relevées par la Mission de Suivi du Représentant personnel du président de l'OSCE, rien n'y fait, l'Azerbaïdjan maintient sa pression, voire l'accentue.

Les violations du cessez-le-feu se poursuivent, les armes sont achetées en grande quantité, les observateurs ne peuvent se rendre dans les positions avancées azéries et les menaces en tous genres proférées par les dirigeants de Bakou sont de moins en moins voilées.

L'acceptation d'échange de prisonniers avait laissé entrevoir un léger espoir de changement, mais c'était trop demander, et le naturel azerbaidjanais a rapidement repris le dessus : L'intégrité du territoire associée à l'intangibilité des frontières dessinées par les bolchéviks lors des traités de Moscou et de Kars en 1921. (Cf. article du 19 mars)

On ne se demande plus vraiment pourquoi le président Ilham Aliev continue de venir aux réunions tripartites proposées par le président Medvedev et signe les déclarations conjointes : Donner le change à la communauté internationale.

***


Matthiew-Bryza-a-Bakou_medi
L'ambassadeur américain d'Azerbaïdjan, Matthew Bryza, a dénoncé les menaces de Bakou d'abattre les avions civils qui se poseraient sur l'aéroport du Haut-Karabakh, suite à son ouverture prévue ce printemps.

Dans une interview à RFE/RL, le diplomate a de nouveau réaffirmé la forte opposition de Washington à d'éventuelles tentatives de solution militaire au conflit du Karabakh.

"La menace ou l'emploi de la force, y compris contre des avions civils qui ne représentent aucune menace en eux-mêmes, est inacceptable et va à l'encontre des engagements pris par les présidents de l'Azerbaïdjan et l'Arménie à rechercher un règlement pacifique et négocié. Nous exhortons les parties à travailler ensemble pour résoudre tous les problèmes de sécurité de l'aviation commerciale avant l'ouverture prévue de l'aéroport du Haut-Karabakh," a-t-il déclaré.

La reconstruction depuis un an de l'aéroport, situé à 8 kilomètres à l'Est de Stepanakert, est en voie de finition. Il devrait être inauguré le 9 mai prochain, et voir la reprise des vols commerciaux entre le Karabakh et l'Arménie, arrêtés depuis la guerre.

Arif Mammadov, le directeur de l'aviation civile d'Azerbaïdjan, a déclaré la semaine dernière que son gouvernement a officiellement notifié à l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale (OACI) à ne pas autoriser les vols vers et en provenance du Karabakh. Il a averti que cela pourrait conduire à "la destruction physique des avions qui atterrissent sur ce territoire."

Les dirigeants de la République du Haut-Karabakh (RHK) ont condamné cette menace et averti que toute tentative visant à contrecarrer les vols prévus, rencontrerait une "réponse adéquate" de l'Armée du Karabakh.

L'ex-médiateur du groupe de Minsk de l'OSCE, s'est également inquiété des fusillades meurtrières le long de la ligne de contact qui se sont poursuivies même après la réunion inter-président de Sotchi du 5 Mars. Il a rappelé que la déclaration conjointe signée par les trois dirigeants russe, arménien et azerbaidjanais, engageait les deux parties à un "règlement négocié et pacifique du conflit."

"Toute mort est une tragédie, qui souligne en termes humains puissants pourquoi le recours à la force doit être condamné. Les coprésidents [du Groupe de Minsk] ont déclaré à plusieurs reprises, qu'il n'y a pas de solution militaire au conflit du Haut-Karabakh ", a ajouté M. Bryza.

*


observateurs-OSCE2_medium
Le 20 Mars, à la demande des autorités de la République du Haut-Karabakh, la Mission de l'OSCE avait organisé une observation de la ligne de front près d'Akna, dans la région d'Askeran, suite à la mort d'Aharon Haïrabédian tué le 17 Mars, par un sniper azéri. La surveillance n'a pas eu lieu, en raison du refus de l'Azerbaïdjan.

La Mission de l'OSCE, dirigée par le Représentant personnel du Président actuel de l'OSCE, l'Ambassadeur Andrzej Kasprzyk, a dû mener l'enquête unilatéralement. Les représentants du ministère de la Défense de la RHK ont donné aux observateurs des détails sur la violation grossière du cessez-le-feu par la partie adverse, et les circonstances dans lesquelles le jeune soldat arménien a été tué.

Quelques minutes après le départ de la Mission de l'OSCE, des coups de feu ont été tirés sur l'endroit même où l'enquête venait d'avoir lieu. Ambassadeur Kasprzyk a été informé de cet incident.

*

Extrait de la Radio Publique d'Arménie et de Armenialiberty