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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
Alors que d'ici un mois doit s'ouvrir l'aéroport de Stepanakert pour des vols civils, plusieurs parlementaires et haut-fonctionnaires de Bakou ont menacé d'abattre ces avions. L'Azerbaïdjan dans son rêve de reconquête des territoires perdus ne recule devant rien, y compris commettre des actes de terrorisme. Le désir de vengeance aveugle un bon nombre de personnes dans le Far-East du Sud-Caucase.
Qu'ils mettent ou non leurs menaces à exécution, montre déjà à la communauté internationale et aux pays coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE en particulier, dans quel état d'esprit sont les officiels azéris ; état d'esprit entretenu sciemment et savamment par les dirigeants azerbaidjanais, le président Aliev en tête.
On arrive à la situation ridicule et grotesque que même les amis de longue date, l'ambassadeur américain Matthew Bryza pour ne pas le citer, sont taxés de pro-arméniens. Il suffit pour cela de faire des remarques de bon sens !
Un point inquiétant ressort depuis quelques mois des analyses : Bakou joue avec les nerfs de ses interlocuteurs et qu'il serait peut-être temps que les médiateurs internationaux s'investissent sérieusement pour calmer les agités de tous poils. Ilham Aliev n'a ni la patience, ni la diplomatie ni la ruse de ses grands frères turcs. Un guerre sera tragique pour tout le monde et ne résoudra rien, surtout pas les problèmes d'Aliev.
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* Brève
Le député azerbaïdjanais Azay Guliev pense que l'ouverture de l'aéroport de Stepanakert est ‘illégale' et insiste sur le fait que l'Azerbaïdjan doit l'empêcher.
Il a indiqué que la réaction de l'Azerbaïdjan était adéquate, contrairement aux propos de l'ambassadeur américain Matthew Bryza : "Bryza a déclaré que l'Arménie permettait les vols azerbaïdjanaises vers le Nakhitchevan, et c'est pourquoi l'Azerbaïdjan doit permettre les vols vers le Karabakh. C'est une grossière erreur."
De son côté un autre député, Fazail Agamaly, a accusé l'ambassadeur des États-Unis d'être pro-arménien : "Bryza semble tenir à sa position pro-arménienne, position qu'il avait adopté en tant que coprésident du Groupe de Minsk de l'OSCE" ; rapporte le média news.az.
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Analyses
* Menace de guerre dans le Caucase
Trois ans après la guerre russo-géorgienne, le Caucase est à nouveau menacé d'une nouvelle guerre, dont les conséquences seront catastrophiques pour l'Europe, selon le quotidien Frankfurter Rundschau.
Néanmoins, la communauté internationale, en particulièrement l'Union européenne se tient ‘noblement' aux côtés, du fomenteur de guerre, l'Azerbaïdjan, qui se trouve être un fournisseur de pétrole et un partenaire important pour la construction du gazoduc Nabucco, indique l'article intitulé : "Menace de guerre dans le Caucase."
Le danger, lui, est imminent. Les forces islamiques peuvent déstabiliser la région pour mobiliser leurs partisans. Bien que l'Azerbaïdjan musulman ait une longue histoire séculaire, la situation peut faire que le territoire se transforme en une base pour les groupes terroristes.
Dans les circonstances actuelles, l'Union européenne et la communauté internationale devraient prendre des mesures, tandis que l'OSCE ferait mieux de renforcer sa mission dans le Haut-Karabakh pour empêcher l'escalade.
Le leader azerbaïdjanais Ilham Aliev, qui a hérité de la fonction présidentielle de son père, continue d'augmenter les dépenses militaires, les portant à plus de 3 milliards de dollars, et en même temps utilise le problème du Haut-Karabakh à ses propres fins, par exemple pour détourner l'attention de la population des problèmes internes ; indique l'article.
Extrait de l'article de Von Johannes Dieterich, et repris par PanArmenian
* Le règlement d'un conflit n'est pas applicable pour un autre
Chaque conflit prolongé a des repères qui sont rappelés quand les négociations sont une fois de plus au point mort. C'est en quelque sorte un rappel des occasions manquées et des espoirs déçus de l'une des parties. Ainsi, on se rappelle les négociations entre Robert Kotcharian et Heydar Aliev à Key West. Ces négociations, ainsi que toutes les suivantes, n'auraient pu jamais aboutir à un accord.
En 2001, comme aujourd'hui, on a parlé de la réticence des sociétés arméniennes et azerbaïdjanaises à faire des compromis et de l'incapacité des parties à faire preuve de volonté politique pour résoudre le conflit du Karabakh. Et, toujours comme aujourd'hui, personne n'a essayé d'écouter le principal intéressé - le peuple et les autorités du Haut-Karabakh. Il est fort probable que l'absence de la RHK dans le processus de réconciliation est l'obstacle qui empêche les parties d'arriver à un accord. En outre, personne ne songe aujourd'hui à un traité de paix véritable : les parties en conflit essaient surtout de lâcher le moins possible, même si cela suppose de ne rien obtenir.
Concernant le manque de préparation des parties et des efforts de confiance, qui, en fait, n'ont jamais été faits, il convient de noter qu'aujourd'hui plus que jamais, les sociétés arméniennes et azerbaïdjanaises sont loin d'un accord. La propagande systématique anti-arménienne de Bakou peut conduire à l'apparition d'une réaction similaire en Arménie et au Haut-Karabakh. Dans ses circonstances, le Groupe de Minsk en tant que médiateur en chef et artisan de la paix, se limite malheureusement à lancer des appels à la retenue. Il est indéniable que durant tout ce temps, le Groupe de Minsk n'a fait qu'une chose, mais très importante - il a prévenu une nouvelle guerre. Néanmoins, Bakou exige l'impossible de l'OSCE, et de la communauté internationale tout entière : rendre la zone de sécurité entourant la RHK et laisser les réfugiés azerbaïdjanais retourner chez eux. Pour une raison inconnue, on ne parle jamais des centaines de milliers de réfugiés arméniens d'Azerbaïdjan. Une fois seulement, il y a quelques années, lors d'une conférence de presse à Erevan Bernard Fassier a déclaré que lorsque les coprésidents parlent du retour des réfugiés, ils veulent parler des deux côtés. Les propos de Fassier ont provoqué l'indignation de l'Azerbaïdjan et, malheureusement, tout le monde a oublié ces réfugiés arméniens.
Si les coprésidents sont vraiment intéressés par le règlement du conflit, ils doivent faire un peu plus pour prévenir une nouvelle guerre. La pratique internationale montre que l'expérience d'un règlement du conflit ne peut pas s'appliquer à un autre. Il s'agit d'un fait qui doit être gardé à l'esprit le plus longtemps possible. La question chypriote, les relations entre l'Irlande du Nord et la Grande-Bretagne, ne pas mentionner le conflit israélo-palestinien, ne peuvent être appliqués au Haut-Karabakh. Les conflits différés sont dangereux en ce qu'il est difficile de prédire le moment où ils basculent vers une étape dangereuse. Toute action de la partie arménienne non ‘approuvée' par l'Azerbaïdjan peut provoquer une guerre. Malheureusement, la communauté internationale est incapable, ou peut-être, réticente pour dire à Ilham Aliev qu'il joue avec le feu. Ou peut-être se dit-elle, qu'Aliev aurait déjà déclenché une guerre depuis longtemps. Pendant ce temps, l'Azerbaïdjan se surarme, en achetant toutes sortes d'armes - défensives et offensives. La question qui se pose est de savoir quand ces armes serviront, et contre qui ...