Karabakh : Déclaration des médiateurs internationaux

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Que les coprésidents ne soient pas arrivés à rapprocher les deux parties, on s'en doutait un peu. En attendant, l'assurance qu'ils ont obtenu des dirigeants azerbaidjanais de ne pas abattre des avions civils à destination de Stepanakert, demande à être confirmée dans les mois à venir. Ce ne serait pas la première fois que Bakou n'honorera pas ses engagements.

Si la prise de conscience des risques de dégradation est incontestable, la déclaration ne fait aucune allusion, comme à l'accoutumée, à une quelconque menace de sanction à la partie défaillante. L'impression que les coprésidents veulent ménager avant tout les susceptibilités des Azéris, c'est-à-dire des belligérants permanents, est une nouvelle fois confirmée. On n'a jamais vu les médiateurs rendre visite à la famille d'un civil arménien, jeune ou pas, abattu par un snipper.

Toutefois, il y a un point positif à relever. Les missions d'observation sur la ligne de contact vont devenir plus nombreuses voire quasi-permanentes, ce qui devraient réduire les violations de cessez-le-feu, du moins au moment de l'inspection.

C'est surtout Moscou que l'on voit dans les réunions de négociations de paix sur le Karabakh. Que les médiateurs impliquent un peu plus Paris et Washington dans la résolution du conflit et ce, à des moments distincts de réunions internationales, signifiera que le problème présente une certaine importance pour ces deux pays et non une activité à la marge. Sauf bien sûr, si leur stratégie consiste avant tout à décrocher des marchés juteux auprès de Bakou.

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Les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE - Bernard Fassier (France), Robert Bradtke (Etats-Unis), et Igor Popov (Fédération de Russie), ont publié jeudi 14 Avril, la déclaration suivante :

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"Les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE se sont rendus du 11 au 14 avril à Erevan, au Haut-Karabakh, et à Bakou. Ils étaient accompagnés du Représentant personnel du Président de l'OSCE, l'Ambassadeur Andrzej Kasprzyk. Les coprésidents ont rencontré séparément le président arménien Serge Sarkissian, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev, et les autorités de facto du Haut-Karabakh. Lors de leurs réunions, les coprésidents ont discuté des prochaines étapes pour parvenir à un accord sur les principes de base. Pour eux, le moment est venu de finaliser et d'approuver les principes de base et de passer à la rédaction d'un accord de paix.

Le 13 avril, les coprésidents ont franchi à pied la ligne de contact, avant de continuer vers Bakou. Comme celui effectué en Septembre 2010, cela visait à démontrer l'importance de maintenir et de renforcer le cessez le feu de 1994 et, que cette ligne ne doit pas devenir un obstacle permanent pour des contacts entre les peuples voisins, ainsi pour réaffirmer que les coprésidents ont besoin de visiter les zones touchées par le conflit. En franchisant la ligne de contact, les coprésidents ont également visité une partie du Sud-ouest de Terter. En outre, les coprésidents se sont également rendus au village de Orta Karvend, toujours accompagnés du Représentant personnel, là où a eu lieu l'incident du 8 Mars. [ndlt : Mort d'un enfant azéri]

S'appuyant sur la déclaration conjointe du 5 Mars de Sotchi faite par les présidents de l'Azerbaïdjan, de l'Arménie et de la Fédération de Russie, les coprésidents ont également présenté aux parties un projet de mécanisme d'enquête sur les incidents le long de la ligne de front avec la participation de tous les côtés. Les coprésidents continueront à travailler avec les parties afin de créer le plus tôt possible un processus d'enquête transparente et objective, dans le but de renforcer la confiance, réduire le risque d'erreurs de calcul, et de sauver des vies.

Les coprésidents ont exprimé leur crainte que l'ouverture prévue d'un aéroport dans le Haut-Karabakh puisse entraîner une nouvelle montée des tensions. Ils ont averti que l'opération de vols à destination et en provenance de cet aéroport ne pouvait pas être utilisée pour soutenir toute revendication d'un changement de la situation actuelle du Haut-Karabakh en vertu du droit international. Les coprésidents ont exhorté les parties à parvenir à un accord conforme aux conventions et accords internationaux, ainsi qu'il est actuellement pratiqué entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan pour le survol de leur territoire. Les coprésidents se sont réjouis des assurances fournies par les deux côtés qu'ils rejetaient toute menace ou attaque contre des aéronefs civils, qu'ils poursuivraient l'affaire par le biais de mesures diplomatiques, et qu'ils abstiendraient de politiser la question.

Les coprésidents comptent se rendre à Washington fin avril pour rencontrer des Hauts-fonctionnaires du gouvernement américain, et discuter des progrès vers un règlement de paix."

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Radio Publique d'Arménie