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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires
Malgré les discours optimistes de part et d'autre, on savait que les négociations avaient du plomb dans l'aile et que depuis un an on faisait du sur place. (Cf le dernier commentaire sur le sujet)
La Résolution du 9 Mars ne fait qu'entériner cet état de fait.
Plutôt que commenter point par point les défaillances de la Turquie vis-à-vis des recommandations de l'UE, le rapport fait ressortir deux points intéressants :
1- Dans le cadre de la politique étrangère d'Ankara, à aucun moment on ne voit citer le mot ‘Arménie' et plus particulièrement le blocus exercé sur ce petit pays depuis 17 ans. A croire que le problème chypriote remplit à seul l'espace du contentieux, et que le problème avec l'Arménie est considéré comme secondaire pour ne pas dire mineur. Ou alors c'est garder ce problème pour la fin des négociations afin qu'il joue le rôle du grain de sable qui mettra définitivement fin aux négociations d'adhésion. Et si besoin est, on pourra même ajouter la reconnaissance du génocide des Arméniens comme préalable. C'est d'autant plus dommageable, que la Turquie fournit en armement l'Azerbaïdjan, qui piaffe d'impatience de s'en servir. L'UE ne semble vraiment pas s'inquiéter des bruits de botte de Bakou, pourtant beaucoup plus proches que la résolution de la question chypriote.
2- Quant au problème chypriote lui-même, Ankara se fait rappeler à l'ordre avec les mêmes termes et les mêmes arguments qu'il emploie avec l'Arménie concernant le conflit du Karabakh. Si le sujet n'était pas grave, la situation prêterait à sourire sous l'intitulé : l'arroseur arrosé. Mais les dirigeants turcs ne sont pas à une contradiction près.
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Elargissement : les députés regrettent la lenteur des progrès en Turquie
Le Parlement s'inquiète de la "lenteur" des progrès réalisés en matière de droits de l'homme et de réformes de grande ampleur en Turquie en 2010. Une résolution sur les progrès des négociations d'adhésion de la Turquie a été adoptée mercredi 9 mars.
L'impasse Chypre-Turquie, le manque de dialogue entre les partis politiques turcs et la remise en cause de la liberté de presse et d'autres droits fondamentaux en Turquie sont les principaux facteurs qui ralentissent les négociations d'adhésion de l'UE, a expliqué le rapporteur, la Néerlandaise Ria Oomen-Ruijten (Parti Populaire Européen).
Les députés se félicitent de l'adoption par la Turquie d'amendements à la constitution, mais soulignent qu'"une réforme constitutionnelle globale est encore nécessaire pour transformer la Turquie en une véritable démocratie". Les députés ont également salué la récente conclusion des négociations portant sur un accord de réadmission entre l'UE et la Turquie. Une fois l'accord entré en vigueur, la Commission devrait engager "un dialogue sur les visas, en s'attachant particulièrement aux conditions d'entrée des hommes et femmes d'affaires et des étudiants".
Parmi les principaux défis qui subsistent, les députés énumèrent la détérioration inquiétante de la liberté de la presse, y compris l'autocensure des médias nationaux et des sites Internet, la situation des femmes avec l'augmentation des crimes d'honneur et des mariages forcés, ainsi que l'absence de protection des minorités religieuses. "Seuls des progrès limités" ont été accomplis pour assurer la protection juridique des communautés religieuses afin qu'elles puissent avoir leurs propres propriétés, gérer les lieux de culte et former leur clergé, ajoutent-ils.
Le libellé du texte résulte d'âpres négociations entre les groupes politiques du Parlement. Le Parti populaire européen a accepté de retirer un amendement invitant les institutions de l'UE à "étudier la possibilité d'établir un partenariat privilégié" avec la Turquie, en tant qu'alternative à l'adhésion à l'UE.
En échange, la commission a évité de mentionner l' "objectif commun d'adhésion à l'UE" pour la Turquie, que les socialistes auraient souhaité. Le texte utilise la même formulation que l'an dernier, décrivant l'ouverture des négociations d'adhésion de la Turquie en 2005 comme le "point de départ d'un processus ouvert et de longue haleine".
(Voir la vidéo associée)
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La Commission du Parlement européen des Affaires étrangères a ratifié une Résolution sur les progrès de la Turquie en vue de l'adhésion à l'UE, qui est largement considérée comme le rapport le plus critique de ces dernières années.
Il a été adopté le mercredi 9 Mars à une large majorité, à la suite d'intenses débats entre les groupes - et plus particulièrement entre les chrétiens-démocrates et les socialistes.
Les premiers ont finalement retiré un amendement suggérant la possibilité d'un partenariat privilégié pour la Turquie comme une alternative à l'adhésion entière de l'UE, tandis que les seconds ont fait pression pour un libellé stipulant que l'adhésion complète à l'UE est l'objectif. Le texte final décrit les négociations comme un processus à long terme et à durée indéterminée.
La Résolution, présentée par le rapporteur, la néerlandaise Ria Oomen-Ruijten, décrit le processus d'adhésion comme étant dans une impasse. "La question de Chypre, le manque de coopération entre les partis politiques turcs, et l'affaiblissement du respect des droits élémentaires en Turquie, sont les principaux facteurs qui entravent les négociations d'adhésion," a déclaré Mme Oomen-Ruijten au cours du débat.
Le rapport déplore les dispositions légales qui limitent la liberté de la presse et la liberté d'expression. Il est fait état des longues périodes de détention préventive et de d'arrestations de journalistes. De même, les droits des femmes sont laissés de côté.
"Il existe une législation sur la violence domestique et les crimes dits d'honneur, mais la mise en œuvre est à la traîne. Je demande également aux partis politiques de saisir l'occasion des prochaines élections pour renforcer l'engagement actif des femmes dans la politique," a poursuivi Mme Oomen-Ruijten, et d'ajouter que "les minorités ne reçoivent pas une protection suffisante."
La Résolution appelle à une réforme constitutionnelle de grande envergure visant à transformer la Turquie en une démocratie pluraliste à part entière, et d'apporter des changements au système électoral - en particulier, en supprimant le seuil de 10% pour la représentation parlementaire.
Sur une note plus positive, le rapport salue les progrès accomplis dans les relations entre civils et militaires, tout en exhortant un contrôle parlementaire des forces de sécurité, y compris sur le budget de la Défense.
En matière de politique étrangère, Chypre a été le thème dominant. Le rapport invite la Turquie à retirer immédiatement ses forces de Chypre, de s'abstenir de toute nouvelles colonies de citoyens turcs sur l'île et de contribuer de manière spécifique à un accord global sur les négociations en cours sur le problème chypriote.
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La présidente finlandaise Tarja Halonen a déclaré que la Finlande soutenait les négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE, ajoutant que son pays continuera à promouvoir cette adhésion.
"Nous ne savons pas pourquoi certains pays sont si réticents à l'adhésion de la Turquie. Vous devrez poursuivre les négociations. L'UE sera plus grande et plus forte avec la Turquie," a-t-elle déclarée lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue turc Abdullah Gül à Ankara.
Mme Halonen a souligné que le processus d'adhésion n'a jamais été facile pour aucun des membres de l'UE, ajoutant que les pays candidats doivent avant tout se concentrer sur l'adhésion elle-même au lieu de penser quand cela arrivera : "Les pays candidats en général me demande quand ils vont devenir membre. Mais l'important, c'est le mariage et non la noce. L'important est de se préparer pour le mariage."
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