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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
Que l'UE veuille s'impliquer plus profondément vers l'Est européen et notamment dans le Sud-Caucase, on le savait avec le lancement des programmes PEV et PO [1]
. Que l'UE veuille s'impliquer dans les conflits gelés, on s'en doutait depuis la guerre russo-géorgienne de l'été 2008. Par contre on peut se demander la plus-value qu'elle apportera au conflit du Karabakh. Si des Etats comme la Russie ou les Etats-Unis n'ont pas pu jusqu'à présent arriver à un résultat tangible, on voit mal Bruxelles parler d'une seule voix sur le plan politique et encore mois sur un plan militaire.
On comprend mieux l'intérêt suscité par cette région quand on aborde le volet économique, et plus spécialement le volet énergétique avec la concrétisation des projets Nabucco et/ou South Stream. Sécuriser les gazoducs est un enjeu qui vaut la peine de s'y attarder, et le pourrissement du conflit du Karabakh tombe en plein dedans.
Si c'est pour donner des leçons de normes et de droit international, les protagonistes en sont abreuvés depuis des années. L'important n'est pas la nature ou le nombre de participants au groupe de Minsk de l'OSCE, mais leur poids réel, c'est-à-dire leur capacité à faire modifier des comportements.
Or à ce jour, force est de constater que seule la Russie a ce pouvoir. Suivant que Bakou choisira le projet Nabucco ou le projet South Stream, il s'attirera (ou non) les bonnes grâces de Moscou. Toutefois, ce n'est parce qu'il s'attirera les bonnes grâces de Moscou, que tous ses vœux seront réalisés, la géopolitique ne fait pas toujours bon ménage avec l'économie.
* Brève *
Le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères, Elmar Mammediarov, effectue une visite de travail aux États-Unis du 29 mai au 3 Juin.
Lors de la visite, il prendra la parole à la réunion des ambassadeurs de l'Organisation de la Conférence Islamique (OIC) au siège de l'ONU à New York. Il rencontrera le secrétaire général Ban Ki-moon, les représentants permanents de la Ligue des pays arabes et asiatiques de l'ONU, ainsi que le directeur du Centre États-Unis - Europe à l'Institut Brookings Fiona Hill. La série de rencontres sera clôturée à Washington avec la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, où le conflit du Karabakh sera à l'ordre du jour.
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"Ce n'est pas le bon moment pour changer le format du Groupe de Minsk de l'OSCE en remplaçant le coprésident français par un représentant de l'UE, parce que les coprésidents estiment qu'ils sont très près de signer un préaccord sur les principes de base. Si un accord sur ‘les principes de base' n'est pas atteint dans les prochains mois, la communauté internationale devra réfléchir sérieusement à l'efficacité du format de négociation et à la stratégie choisie. Dans ce contexte, l'UE aura une chance de faire ses preuves," a indiqué le directeur du programme Europe du Groupe de Crises Internationales (ICG), Sabine Freizer.
Mercredi, l'Union européenne a publié sur la réactualisation de la PEV, indiquant qu'elle est prête à renforcer la participation de l'UE dans la résolution des conflits prolongés. L'UE se doit d'être prête à intensifier sa participation dans les formats où elle n'est pas encore représentée, comme par exemple le Groupe de Minsk de l'OSCE sur le conflit du Karabakh, indique le rapport. Ainsi, cela peut impliquer entre autre la participation de l'UE dans le Groupe de Minsk en tant que coprésident, en remplacement du coprésident français.
"Il y a eu une discussion au sein de l'Union européenne sur le fait d'avoir ou non un représentant de l'UE en lieu et place du coprésident français. Mais bien sûr pour cela, il faudrait également l'approbation de toutes les parties : Azerbaïdjan, Arménie, ainsi celle des deux autres pays coprésidents," a souligné Mme Freizer.
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[1] Politique Européenne de Voisinage et Partenariat Oriental