***
Traduction Gérard Merdjanian – commentaires
Dès qu'il s'agit de problèmes épineux, les Commissaires de l'UE, comme leurs prédécesseurs, s'en tiennent à des généralités, se contentant de répéter les propositions et/ou recommandations connues de tout à chacun. Štefan Füle n'échappe pas à la règle.
A croire que ne pas vouloir désigner nommément les fauteurs de troubles dans les processus arméno-turc de normalisation ou arméno-azerbaidjanais de négociations de paix, va changer l'attitude des intéressés. C'est un mauvais calcul, qui ne résout rien et ne fait que pourrir la situation.
Ankara et Bakou se fichent royalement de ce que pensent d'eux les grandes puissances, tant que cela reste au niveau des paroles (l'exemple de Chypre est là depuis 37 ans). Rien à craindre des Etats-Unis et de l'UE qui sont occupés par les diverses crises qui secouent le monde et ne sont pas prêts à s'engager sur un nouveau front. Reste la Russie, qu'il vaut mieux ne pas trop titiller, la Géorgie en sait quelque chose.
* Brève *
Le 29 avril, l'Azerbaïdjan a poursuivi de manière intensive le mitraillage des positions du Haut-Karabakh. Deux soldats arméniens sont tombés sous les tirs des snipers, et un autre soldat a été blessé.
On se souvient que la veille, le soldat Vazgen Bakhchian, âgé de 19 ans, a été blessé à la tête par un tir azerbaidjanais sur la ligne de contact et qu'il est mort sur le chemin le menant à hôpital militaire.
*
Ces tueries prouvent une fois de plus que Bakou ne se contente pas seulement de violer le cessez-le-feu et ses engagements vis-à-vis des coprésidents du groupe de Minsk, mais persiste à agir de manière plus agressive, voire se déchaine périodiquement.
La stratégie des médiateurs consistant à faire entendre très poliment raison à Bakou n'a pas l'effet escompté sur le seigneur de Bakou. Un trop grand afflux de pétrodollars a fini par obscurcir la vision du clan Aliev. Il serait peut-être temps aux trois pays coprésidents de revoir la stratégie à employer vis à vis de l'Azerbaïdjan.
***
*
Le 29 avril le ministre arménien des Affaires étrangères, Edouard Nalbandian, a reçu le Commissaire européen à l'élargissement et à la politique de voisinage, Štefan Füle.
Conformément aux vœux de l'UE, le ministre Nalbandian a indiqué que l'intégration dans la famille européenne est l'une des directions prioritaires de la politique étrangère de l'Arménie, et que la coopération se développe et se renforce d'année en année.
M. Füle, à son tour, a salué le développement dynamique des relations entre l'Arménie et l'UE, notant que les relations entre l'Arménie et l'UE ont atteint un nouveau niveau qualitatif, avec le lancement du partenariat de l'Est.
Les interlocuteurs ont abordé en détail les programmes mis en œuvre dans le cadre du programme Partenariat oriental, les négociations sur l'Accord d'association, la facilitation du régime des visas et la confirmation d'une zone de libre-échange global.
Les réformes en cours en Arménie ont été également à l'ordre du jour.
Concernant le conflit du Karabakh, les parties ont convenu qu'il n'y avait pas d'alternative à la solution pacifique et négociée sur la base des principes du droit international.
A l'issue de la réunion, une déclaration commune entre le Gouvernement de la République d'Arménie et de la Commission européenne, a été signée.
Dans cette déclaration, les parties se félicitent des progrès accomplis dans les négociations de l'Accord d'Association UE-Arménie et soulignent l'importance de prendre de nouvelles mesures par la République d'Arménie en vue de satisfaire les conditions de lancement de négociations pour l'établissement d'un accord bilatéral approfondi et complet de Zone de libre-échange.
Les parties s'engagent également à poursuivre les orientations politiques de la Politique Européenne de Voisinage par le biais d'un engagement revigoré. Cela va permettre d'identifier les domaines de coopération qui pourraient être au centre des relations, aidé en cela par des outils et des instruments communautaires.
Les parties se félicitent des travaux du Groupe Consultatif de l'UE dans la République d'Arménie, de la prestation de conseils dans les domaines clés du futur accord d'association et restent confiant que l'amélioration de la mobilité entre la République d'Arménie et l'Union européenne, y compris l'ouverture rapide de négociations sur facilitation et la réadmission les accords de visas entre l'Arménie et l'UE, comme l'une des premières étapes vers la libéralisation progressive à long terme des visas dans un environnement sécurisé, ce qui améliorera grandement les contacts humains.
*
Au cours de la conférence de presse conjointe, Edouard Nalbandian a présenté ses condoléances à la famille de Vazgen Bakhchian, un jeune soldat arménien abattu sur la ligne de contact par la partie azérie. Et d'ajouter :
"Ces meurtres et ces provocations ne contribuent en aucune façon au processus de négociation. Nous avons pris une décision importante à Sotchi de créer des mécanismes pour enquêter sur de tels accidents sur la ligne de contact, ce qui sera bénéfique pour la poursuite du processus de négociation. Les récents pourparlers laissent entrevoir un certain espoir pour l'avancement du processus de paix."
M. Füle a noté, pour sa part, qu'il était préoccupé par les déclarations sur l'utilisation de la force : "Il devrait être clair pour les parties que la solution militaire n'est pas une option."
Concernant la normalisation des relations turco-arméniennes, cela reste essentiel pour concrétiser les efforts de la Turquie à rejoindre l'Union européenne. Et de rappeler que les pays candidats à l'adhésion de l'UE ne doivent pas seulement se conformer à la longue liste des ‘exigences techniques' : "Il est aussi d'avoir des relations de bon voisinage entre le pays candidat et ses voisins. Nous attendons de la Turquie qu'elle ne soit pas une exception dans cette approche globale."
Comme les États-Unis, l'UE a longtemps favorisé un établissement inconditionnel des relations diplomatiques entre la Turquie et l'Arménie et la réouverture de leur frontière. Aussi, l'UE s'est vivement félicitée de la signature en Octobre 2009, des protocoles turco-arméniens prévoyant la normalisation des relations bilatérales.
Füle considère comme ‘regrettable' le fait que les protocoles n'ont pas encore été ratifiés par les parlements des deux pays. "J'espère vraiment que cela va rester sur la table de sorte qu'une fois que la situation sera plus favorable, nous serons en mesure de revenir sur cette question et de revitaliser ce processus," a souhaité le Commissaire européen.
Edouard Nalbandian a ajouté pour sa part que la position turque est non seulement en contradiction avec celle de l'Arménie, mais aussi avec la communauté internationale. "Je ne pense pas que nous puissions arriver à quoi que ce soit avec cette approche," a –t-il souligné.
Abordant le volet culturel, Edouard Nalbandian a rappelé que depuis six ans l'Azerbaïdjan ne permet à aucun représentant d'une quelconque organisation internationale de se rendre au Nakhitchevan, voir le cimetière arménien de Djougha détruit. Cette interdiction vient d'être appliquée récemment à l'ambassadeur des Etats-Unis à Bakou, Matthew Briza, alors qu'il visitait la république autonome.
"L'Azerbaïdjan n'essaie pas seulement d'éliminer le patrimoine culturel arménien, mais s'est donné pour but d'effacer toutes les traces arméniennes du Nakhitchevan," a souligné le ministre.
*
Extraits de la Radio Publique d'Arménie, de Armenialiberty et de PanArmenian.net