Haut-Karabakh : La Turquie, par Monsieur Mevlut Cavusoglu interposé, se rappelle à la communauté internationale
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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
La victoire du sieur Erdogan aux élections turques du 12 Juin dernier, n'a rien modifié à sa position envers l'Arménie, qui reste toujours le voisin avec lequel les problèmes sont loin d'être zéro.
Non contents avec leur compère azerbaidjanais, d'avoir fortement influé sur l'UNESCO pour faire échouer l'exposition des Katchkars (Croix-de-pierre) dans les locaux parisiens de la docte organisation, les dirigeants turcs poussent leur pion [Mevlut Cavusoglu] à mettre son grain de sel sur la prochaine rencontre trilatérale de Kazan sur le conflit du Karabakh.
Qui a mandaté l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe pour s'immiscer dans les discussions entre Erevan et Bakou ? Qui a mandaté son président pour indiquer de quelle manière doivent se dérouler les négociations de paix et mettre des pré-conditions dans la normalisation des relations arméno-turques ?
C'est une chance que la candidature de M. Kemal Dervis n'est pas été retenue au poste de directeur général du FMI. L'Arménie aurait été en peine pour obtenir des prêts, mais surtout aurait eu en face d'elle un autre porte-parole fervent de la politique turque. [1]
* Brève : Deux poids, deux mesures *
Aujourd'hui, quand nous commémorons la Journée mondiale des réfugiés, cette douloureuse question est à nouveau sous les projecteurs. Plusieurs dizaines de milliers d'Arméniens sont des exilés en provenance d'Azerbaïdjan, dont certains ont trouvé refuge en Arménie et quelques autres au Haut-Karabakh. Ils sont totalement ignorés du point de vue de la protection internationale de leurs droits et de leur sécurité sociale.
Pour le Mouvement Karabakh, ces Arméniens d'Azerbaïdjan persécutés et exilés, sont prêts à retourner dans leurs foyers, bien sûr après avoir reçu des garanties de sécurité. Le retour des réfugiés est prévu dans les Principes de Madrid sur le règlement du conflit du Karabakh.
Toutefois, les réfugiés arméniens craignent que la communauté internationale oublie que cette disposition doit aussi s'appliquer aux réfugiés arméniens. Comme preuve de ce qui précède, Héranouche Kharatian de l'Assemblée des Arméniens d'Azerbaïdjan, rappelle les oublis relevés par l'International Crisis Group dans son dernier rapport, ainsi que le refus des différentes organisations internationales de mettre en œuvre des programmes relatifs aux réfugiés arméniens.
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Le président de l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), le Turc Mevlut Cavusoglu, a exprimé lundi l'espoir que les présidents arménien et azerbaïdjanais parviendront à un accord sur le Haut-Karabakh lors de leur prochaine réunion en Russie.
Selon Cavusoglu, la signature d'un tel accord ouvrirait également la voie à la normalisation des relations turco-arméniennes. "Je désire plus que tout le monde que les deux dirigeants signent un accord. Je pense que personne ne dira non à un accord. Nous accueillerons grandement cette avancée. De plus, comme l'a expliqué à plusieurs reprises le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, si les conditions sont remplies, je pense que les protocoles turco-arméniens seront ratifiés par le parlement turc," a-t-il souligné.
Le Président de l'APCE a de nouveau lié la résolution du conflit du Karabakh et la normalisation des relations arméno-turques, comme étant une condition préalable. Ce que rejette la partie arménienne tout comme d'ailleurs la communauté internationale, comme non-conforme au traité.
Une réunion de la Sous-commission ad hoc de l'APCE sur le Haut-Karabakh s'est déroulée le premier jour de la session d'été de l'APCE. Elle a débuté ses travaux avec la participation de la délégation azerbaïdjanaise et les représentants du Secrétariat de l'APCE. La délégation arménienne a refusé de participer à la réunion, rappelant que sa position restait inchangée sur la création d'une telle Sous-commission.
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"La réunion de Kazan est un défi pour les parties en conflit et pour le groupe Minsk de l'OSCE. On décidera si le processus de Minsk va continuer ou non. Si aucun progrès n'est enregistré à Kazan, il sera question de l'efficacité du format actuel. Si Ilham Aliev refuse de signer le document, le format en tant que tel changera. L'OSCE ne peut pas attendre éternellement que l'Arménie et l'Azerbaïdjan règlent leurs problèmes et arrivent à un accord," a déclaré le politologue Andreas Ghougassian.
Il a attiré l'attention sur le fait que le document fondateur du groupe de Minsk de l'OSCE - l'Acte final d'Helsinki - n'a pas fonctionné depuis Novembre 2007, alors que le conflit du Karabakh devait être réglé sur la base des principes de ce document.
De son côté le politologue Alexander Markarov a indiqué que les pourparlers sur le changement de format du Groupe de Minsk sont infondés. Selon lui, les rumeurs sont revenues périodiquement au cours des 15 dernières années. Il a souligné que le processus de négociation avait travaillé pour le bien de la paix, plutôt que pour le bénéfice de l'une des parties.
Tous deux sont convaincus qu'à ce stade il n'y a pas de conditions préalables à la participation du Haut-Karabagh dans le processus de négociation. Selon eux, la participation de l'Arménie à la réunion de Kazan sera formelle, vu que l'Arménie a depuis longtemps donné son accord au document actuel. Les développements futurs dépendront de la position d'Ilham Aliev.
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Il en va différemment de la vision des dirigeants de l'Artsakh. "Les développements dans le règlement du conflit du Karabakh sont dans l'impasse," selon le Conseiller du Ministre des Affaires étrangères de la RHK, Ruben Zakarian. Car en exigeant les sept districts entourant le Haut-Karabakh, l'Azerbaïdjan pourra aisément envahir tout le Haut-Karabakh.
Ruben Zakarian n'attend pas de changements, positifs ou négatifs, dans le processus de négociation, vu qu'aucune des parties ne veut aggraver la situation.
"L'impasse est le résultat du format déformé des négociations, où devraient figurer l'Arménie, l'Azerbaïdjan et le Haut-Karabakh. Le processus actuel de négociation ne représente pas l'image réelle du conflit du Karabakh, où les principaux protagonistes sont le Haut-Karabakh et l'Azerbaïdjan. La détermination du statut de n'importe quel peuple est le droit absolu de ce peuple," a-t-il souligné.
Pour lui, le conflit doit être réglé sur la base de plusieurs points :
la détermination du statut par le peuple du Haut-Karabakh,
la reconnaissance définitive du statut de l'Artsakh par la communauté internationale,
la restauration de l'intégrité territoriale de l'Artsakh,
et l'exclusion de l'usage de la force ou la menace de la force.
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Extrait de Armenialiberty, de Radiolour et de PanArmenian.net
[1] Ancien ministre turc des Finances, ex-hiérarque de la Banque mondiale et récent administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).