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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
Les éclaircissements demandés par le président Dimitri Medvedev à ses homologues Arméniens et Azerbaidjanais, n'ont pas modifié le semi-échec de la réunion de Kazan.
Bien que les réponses faites par les parties en conflit n'aient pas été rendues publiques, au vues des réactions des uns et des autres et surtout par les propos tenus depuis un mois, le préaccord tant espéré par la communauté internationale n'est pas pour tout de suite.
Il n'y a aucune entente sur les trois principes de bases proposés par les coprésidents du groupe de Minsk.
Le Principe d'intégrité territoriale, le seul qu'accepte Aliev, est compris différemment à Bakou et à Erevan. Pour le premier, le territoire azéri est celui de la RSS d'Azerbaïdjan avec le Haut-Karabakh, alors que pour les Arméniens, le Haut-Karabakh ne fait pas partie du territoire azerbaidjanais vu que, conformément à la loi soviétique en vigueur, la région autonome du Haut-Karabakh avait demandé sa sécession de la RSS d'Azerbaïdjan en 1989.
Le Principe de non usage de la violence, ou de sa menace, est bafoué en permanence par Bakou, sauf quand la mission d'observation de l'OSCE se rend sur la ligne de front. ‘Cerise sur le gâteau', l'Azerbaïdjan refuse de retirer ses snippers de la ligne de contact malgré les appels réitérés du président de l'OSCE et du Secrétaire général de l'ONU.
Quant au Principe du droit des peuples à s'autodéterminer, cela consiste pour Bakou, à avoir au mieux un haut degré d'autonomie au sein de la République d'Azerbaïdjan, mais certainement pas une quelconque indépendance.
Plus le temps passe, plus Bakou s'excite, et plus les esprits se cristallisent. Si faire la guerre n'est certes pas la solution, entretenir un dialogue de sourd depuis des années ne l'est pas non plus.
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* Brèves US *
"Les Etats-Unis participent de manière très active dans la résolution du conflit du Haut-Karabakh. Nous pensons que le Groupe de Minsk de l'OSCE est très efficace, qu'il travaille déjà dans le cadre du processus pour trouver un accord de règlement du conflit, et que le Groupe de Minsk doit le conduire jusqu'à la fin," a déclaré l'ambassadeur des Etats-Unis en Azerbaïdjan, Matthew Bryza, et de rappeler que le président Barak Obama et la secrétaire d'Etat Hillary Clinton sont intéressés à la résolution du conflit au Haut-Karabakh.
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La Commission de la Chambre des Représentants américaine ne prévoit pas d'aide à l'Azerbaïdjan. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères arménien, Tigrane Balayan, a déclaré que la décision de la Commission est le début d'un long processus.
"Suite aux coupes budgétaires, seuls quelques pays recevront une subvention, l'Arménie en fait partie avec un montant de 40 millions de dollars. Certains pays, tels le Haut-Karabakh et l'Azerbaïdjan, sont sur une liste qui sera soumise à la Sous-commission des Appropriations, commune à la Chambre et au Sénat. Si la dite Sous-commission est restée silencieuse sur l'Azerbaïdjan, elle a approuvé l'aide étrangère pour le Haut-Karabakh, pour répondre à des besoins humanitaires. Toutefois, si le principe a été acté le montant n'a pas été encore arrêté," a précisé le porte-parole.
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Après l'adoption de la résolution sur l'intégrité territoriale de la Géorgie par le Sénat américain, l'Organisation ‘Réseau des Azéris d'Amérique', a demandé au Sénat de reconnaître aussi l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan.
Le journal azéri "Zerkalo", écrit qu'il est peu probable que le Sénat américain accepte la demande des Azéris des Etats-Unis : "Il n'y a peu de chance que la demande adressée au Sénat par la diaspora azérie des Etats-Unis, aboutisse à un résultat positif. Dans les conflits de la Géorgie et de la Moldavie, la communauté internationale s'est fondée sur un seul point du droit international - le principe d'intégrité territoriale, mais dans le cas de l'Azerbaïdjan, le principe d'autodétermination nationale tient une place importante."
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* Une Géorgie déboussolée *
"Une information organisée s'attaque à l'Arménie" – c'est en ces termes que le politologue Levon Chrinian a décrit la déclaration du président géorgien Mikhaïl Saakachvili. "La géostratégique envers l'Arménie s'est déplacée et les mesures politiques ne sont pas en adéquation avec la situation réelle. L'Arménie a un gros potentiel non utilisé aujourd'hui."
Rappelons que le 30 Juillet dans le magazine ‘Business Tear', le président géorgien avait déclaré : "la Géorgie et l'Azerbaïdjan ont des vues communes et ils doivent se soutenir mutuellement, l'ennemi de l'un est l'ennemi de l'autre."
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* Une vision pesimiste *
S'exprimant sur le Sud-Caucase et notamment sur le conflit du Karabakh, le politologue Andrei Yepifantsev pense que la Russie a connu le plus grand échec diplomatique à la réunion trilatérale de Kazan. "L'échec de cette rencontre était prévisible. Il n'y a aucun règlement diplomatique du conflit disponible actuellement qui conviennent aux deux parties, toutes les variantes ont été essayées et rejetées depuis des années et rien de nouveau ne peut être inventé," écrit Yepifantsev dans son article paru sous le titre : ‘la Russie en Transcaucasie : quel est le problème ?' publié sur globalaffairs.ru
"Le règlement n'est possible que sur la base d'un gros compromis entre les parties, mais la population, tant arménienne qu'azérie n'est pas prête pour cela. À savoir les personnes, pas des leaders, sont concernées. Ni Aliev, ni Sarkissian n'ont le mandat pour signer un accord qui ne soit pas celui de la victoire. Il est illogique de poursuivre les négociations dans ces circonstances, c'est une imitation de négociations. Actuellement je pense le changement possible selon deux scénarios :
a) Elaboration d'une position unifiée et plus dure de la communauté internationale en faveur du Groupe de Minsk, soutenu par l'ONU, obligeant les parties à mettre en œuvre la variante proposée. Cela peut être une solution, si l'Arménie considère que la médiation de la Russie la désavantage.
b) Renoncer aux pourparlers en indiquant clairement une disposition interdisant formellement le règlement du conflit par voie militaire. Il est nécessaire d'influencer le public arménien et azerbaïdjanais pour leur faire comprendre l'importance du compromis et le refus de la position dure. Après plusieurs années de propagande, en cas de changement de l'image renvoyée, les négociations peuvent être relancées."
Propose le politologue russe.
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Extrait de la Radio Publique d'Arménie et de PanArmenian.net