***
Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
Il y a de bonnes et de mauvaises dates :
1921-2011 : il y a 90 ans le Haut-Karabakh était rattaché à l'Azerbaïdjan par décision des Bolchevicks de Moscou. Tout comme le Nakhitchevan, gouverné par la première république d'Arménie, quelques mois plus tôt.
Sept.1991- Sept.2011 : il y a vingt ans, l'Arménie devenait indépendante.
Sept.1991- Sept.2001 : il y a vingt ans le Haut-Karabakh s'autoproclamait république indépendante.
Oct.2009- Oct.2011 : L'Arménie et la Turquie signaient à Zurich les deux protocoles devant normaliser leurs relations.
Autant on peut classer le début des années 90 comme des dates mémorables car les Arméniens ont accédé à l'indépendance après plus de 70 ans de régime soviétique, autant la soviétisation de l'Arménie avec les pertes de territoires ou la signature ubuesque des protocoles arméno-turcs sous la pression de Washington sont à marquer d'une pierre noire.
Le processus de négociations de paix sur le Karabakh commence sérieusement à s'enliser malgré les relances exercées par les pays coprésidents du groupe de Minsk. Le seul point positif, et de taille, c'est que les discussions ne sont pas rompues. Cette situation de non guerre n'empêche pas Bakou de s'y préparer ardemment. Reste qu'il faudra tôt ou tard que le président Aliev se rende à l'évidence que le temps travaille contre lui, c'est probablement ce qu'à essayer de lui faire comprendre le président Medvedev à Sotchi.
Quant au processus de normalisation arméno-turc, on se demande comment les diplomates peuvent encore prononcer les mots ‘ratification des protocoles' en gardant leur sérieux.
* Brève
Lors de la conférence de presse après le sommet des dirigeants de la CEI, à Douchanbe au Tadjikistan, le président Serge Sarkissian a commenté les propos tenus sur le conflit du Karabakh, et a indiqué que la RHK pourrait utiliser son droit à l'autodétermination, comme l'Azerbaïdjan l'a fait en 1918.
Le Premier ministre azerbaïdjanais, Artur Rasi-Zadeh, qui remplaçait le président Ilham Aliev, a souligné la position non-constructive du leader arménien.
***
*
Appréciations sur l'Artsakh
* Edik Minassian
"L'Artsakh a fait un usage correct des événements et des développements des années 1990, et notamment avec la célèbre décision des RSS de faire sécession de l'Union soviétique", a déclaré le doyen de la Faculté d'histoire de l'Université d'Etat d'Erevan, Edik Minassian.
Pour l'universitaire, il faudrait attaquer les premiers. "Nous devrions prendre en compte la question des territoires arméniens occupés [en Azerbaïdjan] dans les débats. Nous sommes habitués à nous défendre, mais on oublie d'attaquer. La région de Chahoumian a été annexée par l'Azerbaïdjan, mais on oublie d'en parler dans les négociations. Très souvent aussi, nous oublions que la participation de l'Artsakh dans les négociations est également une question importante et une nécessité."
* Larisa Alaverdian
Pour sa part la députée Larisa Alaverdian, expert sur l'Artsakh au Conseil suprême, a déclaré : "Avec cette décision, l'Azerbaïdjan a déclaré son indépendance dans les frontières de l'Azerbaïdjan Musavat de 1918-1920, c'est-à-dire quand l'Artsakh n'était pas sous juridiction azerbaïdjanaise. Il a été rattaché à l'Azerbaïdjan qu'en 1921. Aussi, l'amalgame politique réalisé dans le processus de négociation contredit toutes les bases juridiques."
Elle a demandé à deux reprises au ministère des Affaires étrangères de savoir s'il existe une doctrine globale sur la question du Karabakh. "Ils ont dit qu'il est en cours d'élaboration. Ainsi, les gens ont réussi à sortir vainqueur d'une situation désespérée au cours des 20 dernières années, mais les organes de l'Etat et les politiques n'ont pas encore élaboré une doctrine sur le règlement du conflit du Karabakh. Il y a un certain nombre de bases juridiques que l'Arménie pourrait utiliser dans le processus de négociation."
Larisa Alaverdian n'est pas satisfaite non plus de l'activité de l'organe législatif. Tout d'abord son mécontentement est lié au fait que l'Assemblée nationale a longtemps refusé de mettre deux projets sur l'ordre du jour. La première concernant la reconnaissance de l'indépendance de l'Artsakh, la seconde, invitant à qualifier de ‘génocide' les actions de l'Azerbaïdjan entre 1988 et 1994.
* Edgar Hovannissian
"Non seulement l'Azerbaïdjan doit reconnaître l'indépendance de l'Artsakh, mais doit aussi être reconnaissant au peuple de l'Artsakh, vu que l'Azerbaïdjan a acquis son indépendance à la suite du mouvement ‘Karabakh' de 1988," a déclaré le directeur-adjoint des Archives Nationales, Edgar Hovannissian.
Et de citer Andreï Sakharov qui déclarait : "Le Mouvement Karabakh a été la pierre de touche qui a accéléré l'effondrement de l'Union soviétique."
* Sergueï Minassian
Pour le politologue Sergueï Minassian, bien que la République du Haut-Karabakh ne soit pas reconnue internationalement, elle a sa place que nombre d'Etats membres des Nations-Unies, quand on voit notamment toutes les élections qui se sont tenues en Artsakh, depuis vingt ans.
*
Appréciations sur les protocoles arméno-turcs
* Gagik Haroutiounian
"L'Arménie a montré au cours des deux ans du processus arméno-turc qu'elle restait fidèle à ses principes, tandis que la Turquie, qui avait adopté la politique du ‘zéro problème avec les voisins', a encore aggravé ses relations avec ses voisins. En plus de ‘ses voisins', elle a aggravé ses relations avec l'Union européenne et les États-Unis," a déclaré le Président de la Fondation Noravank, Gagik Haroutiounian.
"Ainsi, l'Arménie peut sortir du processus avec un capital politique positif. Ce qui n'est pas le cas de notre voisin occidental. Les protocoles arméno-turcs ont été retirés de l'agenda du Parlement turc, nouvellement formé. Est-ce à dire que la Turquie ne prend pas le processus au sérieux ? Il devient évident que la Turquie n'est pas prête à poursuivre le processus," a-t-il souligné.
* Artak Chakarian
Dans un mois, cela fera deux ans que les protocoles arméno-turcs auront été signés. Le turcologue Artak Chakarian conseille aux autorités arméniennes de profiter de l'occasion pour enfin mettre fin au processus.
C'est la décision du gouvernement turc de restituer les biens confisqués aux Chrétiens, qui lui a donné l'idée. "Elle crée un précédent. Bien que cela soit le résultat de la pression de la Cour européenne."
* Hagop Chakerian
Pour un autre turcologue, Hagop Chakerian, l'inquiétude réside sur les bénéficiaires. "Qui va recevoir et qui va contrôler ces biens ?" Par ailleurs, on ne sait pas très bien ce que la Turquie va restituer. Même le Patriarcat arménien de Constantinople s'abstient d'avancer des chiffres.
Selon l'expert, tout ce qu'ils restitueront représentera un grain de sable en comparaison de tout ce que nous avons perdu.
* Vartan Oskanian, rapporté par Marie Yovanovitch, extrait de Wikileaks
Le site Wikileaks a publié une dépêche classée, envoyée par l'ambassadeur américain en Arménie, Marie Yovanovitch, le 25 Février 2010 relatif à une réunion avec l'ancien ministre des Affaires étrangères, Vartan Oskanian.
Oskanian a exprimé son scepticisme sur le sort des protocoles Arménie-Turquie, et a accusé le président Serge Sarkissian d'avoir mal géré l'ensemble du processus. Aussi, la controverse entourant les protocoles a empêché toute évolution du conflit du Haut-Karabakh et a même compromis sa résolution potentielle. Selon Oskanian le président "a mis la charrue avant les bœufs".
"Oskanian ne comprend pas pourquoi le Président Sarkissian a commencé très officiellement le processus avec la Turquie, alors qu'il n'était pas préparé à la réaction négative du public. Avant de se lancer dans la normalisation avec la Turquie, le gouvernement d'Arménie avait un document pour résoudre le conflit du Haut-Karabakh, basé sur les Principes de Madrid, et prometteur pour les deux côtés. Le président aurait du présenter les éléments aux Arméniens de la diaspora et les persuader que certains territoires [entourant le Haut-Karabakh] doivent être restitués à l'Azerbaïdjan. Avec le problème du Haut-Karabakh réglé, c'est ensuite qu'il aurait du aborder les questions avec la Turquie. Oskanian a déclaré que cela avait été son plan en tant que ministre des Affaires étrangères : d'abord parvenir à un accord sur le Haut-Karabakh, et ensuite dialoguer avec la Turquie."
En réponse à la question de l'ambassadeur sur la façon de faire avancer le processus, Oskanian a répondu "qu'il doit y avoir certains mouvements en Turquie, et que les protocoles ne peuvent être laissés en suspens pendant que les parties portent leur attention sur le conflit du Haut-Karabakh." Il pense que le gouvernement turc doit être le premier à prendre des mesures, peut-être en entrouvrant la frontière pour les piétons ou les ressortissants de pays tiers. Cependant, d'après Oskanian et au vue de ses contacts turcs, la Turquie n'est pas prête à un tel geste et même ils ne sont pas intéressés à faire avancer le processus. De plus, Oskanian estime que le gouvernement arménien ne ratifiera pas les protocoles sauf s'il est assuré que la Turquie va lui emboîter le pas. Il pense qu'il serait mieux pour le Président Sarkissian d'utiliser sa majorité au Parlement arménien pour ratifier les protocoles maintenant, pendant qu'il a encore un certain soutien et qu'il n'existe aucun lien explicite entre ces protocoles et le Haut-Karabakh. Il a ajouté qu'il ne prend aucun plaisir de la situation actuelle dans laquelle se trouve Sarkissian. Il espère vraiment que les protocoles seront ratifiés par les deux parties.
D'après Oskanian, la rhétorique belliqueuse du président azerbaïdjanais Ilham Aliev n'aide pas à faire avancer les problèmes avec la Turquie. "La Turquie et l'Azerbaïdjan serrent la vis des deux côtés sur l'Arménie. De plus, une nouvelle guerre au Haut-Karabakh serait une action risquée pour l'Azerbaïdjan, malgré cela, Oskanian voit deux éléments qui indiquent que la situation s'aggrave : 1- les gens perdent espoir dans le processus diplomatique pour régler le problème, et 2- l'équilibre militaire dans la région évolue en faveur de l'Azerbaïdjan."
Pour Oskanian, les protocoles empêchent toute résolution du conflit du Haut-Karabakh. "Bien que cela ne soit pas pour les protocoles, je voyais le Président Sarkissian faire pression pour le retour de cinq des sept districts du Haut-Karabagh à l'Azerbaïdjan, tout en gardant les deux autres pour des discussions futures. Mais maintenant, ce serait un ‘suicide politique', car une telle mesure serait considérée comme donner foi à la théorie du complot qui prétend qu'il existe une disposition cachée dans les protocoles qui les relient à des concessions sur le Haut-Karabakh," indique la dépêche américaine.
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Extrait de la Radio Publique d'Arménie et de PanArmenian.net
Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
Il y a de bonnes et de mauvaises dates :
1921-2011 : il y a 90 ans le Haut-Karabakh était rattaché à l'Azerbaïdjan par décision des Bolchevicks de Moscou. Tout comme le Nakhitchevan, gouverné par la première république d'Arménie, quelques mois plus tôt.
Sept.1991- Sept.2011 : il y a vingt ans, l'Arménie devenait indépendante.
Sept.1991- Sept.2001 : il y a vingt ans le Haut-Karabakh s'autoproclamait république indépendante.
Oct.2009- Oct.2011 : L'Arménie et la Turquie signaient à Zurich les deux protocoles devant normaliser leurs relations.
Autant on peut classer le début des années 90 comme des dates mémorables car les Arméniens ont accédé à l'indépendance après plus de 70 ans de régime soviétique, autant la soviétisation de l'Arménie avec les pertes de territoires ou la signature ubuesque des protocoles arméno-turcs sous la pression de Washington sont à marquer d'une pierre noire.
Le processus de négociations de paix sur le Karabakh commence sérieusement à s'enliser malgré les relances exercées par les pays coprésidents du groupe de Minsk. Le seul point positif, et de taille, c'est que les discussions ne sont pas rompues. Cette situation de non guerre n'empêche pas Bakou de s'y préparer ardemment. Reste qu'il faudra tôt ou tard que le président Aliev se rende à l'évidence que le temps travaille contre lui, c'est probablement ce qu'à essayer de lui faire comprendre le président Medvedev à Sotchi.
Quant au processus de normalisation arméno-turc, on se demande comment les diplomates peuvent encore prononcer les mots ‘ratification des protocoles' en gardant leur sérieux.
* Brève
Lors de la conférence de presse après le sommet des dirigeants de la CEI, à Douchanbe au Tadjikistan, le président Serge Sarkissian a commenté les propos tenus sur le conflit du Karabakh, et a indiqué que la RHK pourrait utiliser son droit à l'autodétermination, comme l'Azerbaïdjan l'a fait en 1918.
Le Premier ministre azerbaïdjanais, Artur Rasi-Zadeh, qui remplaçait le président Ilham Aliev, a souligné la position non-constructive du leader arménien.
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Appréciations sur l'Artsakh
* Edik Minassian
"L'Artsakh a fait un usage correct des événements et des développements des années 1990, et notamment avec la célèbre décision des RSS de faire sécession de l'Union soviétique", a déclaré le doyen de la Faculté d'histoire de l'Université d'Etat d'Erevan, Edik Minassian.
Pour l'universitaire, il faudrait attaquer les premiers. "Nous devrions prendre en compte la question des territoires arméniens occupés [en Azerbaïdjan] dans les débats. Nous sommes habitués à nous défendre, mais on oublie d'attaquer. La région de Chahoumian a été annexée par l'Azerbaïdjan, mais on oublie d'en parler dans les négociations. Très souvent aussi, nous oublions que la participation de l'Artsakh dans les négociations est également une question importante et une nécessité."
* Larisa Alaverdian
Pour sa part la députée Larisa Alaverdian, expert sur l'Artsakh au Conseil suprême, a déclaré : "Avec cette décision, l'Azerbaïdjan a déclaré son indépendance dans les frontières de l'Azerbaïdjan Musavat de 1918-1920, c'est-à-dire quand l'Artsakh n'était pas sous juridiction azerbaïdjanaise. Il a été rattaché à l'Azerbaïdjan qu'en 1921. Aussi, l'amalgame politique réalisé dans le processus de négociation contredit toutes les bases juridiques."
Elle a demandé à deux reprises au ministère des Affaires étrangères de savoir s'il existe une doctrine globale sur la question du Karabakh. "Ils ont dit qu'il est en cours d'élaboration. Ainsi, les gens ont réussi à sortir vainqueur d'une situation désespérée au cours des 20 dernières années, mais les organes de l'Etat et les politiques n'ont pas encore élaboré une doctrine sur le règlement du conflit du Karabakh. Il y a un certain nombre de bases juridiques que l'Arménie pourrait utiliser dans le processus de négociation."
Larisa Alaverdian n'est pas satisfaite non plus de l'activité de l'organe législatif. Tout d'abord son mécontentement est lié au fait que l'Assemblée nationale a longtemps refusé de mettre deux projets sur l'ordre du jour. La première concernant la reconnaissance de l'indépendance de l'Artsakh, la seconde, invitant à qualifier de ‘génocide' les actions de l'Azerbaïdjan entre 1988 et 1994.
* Edgar Hovannissian
"Non seulement l'Azerbaïdjan doit reconnaître l'indépendance de l'Artsakh, mais doit aussi être reconnaissant au peuple de l'Artsakh, vu que l'Azerbaïdjan a acquis son indépendance à la suite du mouvement ‘Karabakh' de 1988," a déclaré le directeur-adjoint des Archives Nationales, Edgar Hovannissian.
Et de citer Andreï Sakharov qui déclarait : "Le Mouvement Karabakh a été la pierre de touche qui a accéléré l'effondrement de l'Union soviétique."
* Sergueï Minassian
Pour le politologue Sergueï Minassian, bien que la République du Haut-Karabakh ne soit pas reconnue internationalement, elle a sa place que nombre d'Etats membres des Nations-Unies, quand on voit notamment toutes les élections qui se sont tenues en Artsakh, depuis vingt ans.
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Appréciations sur les protocoles arméno-turcs
* Gagik Haroutiounian
"L'Arménie a montré au cours des deux ans du processus arméno-turc qu'elle restait fidèle à ses principes, tandis que la Turquie, qui avait adopté la politique du ‘zéro problème avec les voisins', a encore aggravé ses relations avec ses voisins. En plus de ‘ses voisins', elle a aggravé ses relations avec l'Union européenne et les États-Unis," a déclaré le Président de la Fondation Noravank, Gagik Haroutiounian.
"Ainsi, l'Arménie peut sortir du processus avec un capital politique positif. Ce qui n'est pas le cas de notre voisin occidental. Les protocoles arméno-turcs ont été retirés de l'agenda du Parlement turc, nouvellement formé. Est-ce à dire que la Turquie ne prend pas le processus au sérieux ? Il devient évident que la Turquie n'est pas prête à poursuivre le processus," a-t-il souligné.
* Artak Chakarian
Dans un mois, cela fera deux ans que les protocoles arméno-turcs auront été signés. Le turcologue Artak Chakarian conseille aux autorités arméniennes de profiter de l'occasion pour enfin mettre fin au processus.
C'est la décision du gouvernement turc de restituer les biens confisqués aux Chrétiens, qui lui a donné l'idée. "Elle crée un précédent. Bien que cela soit le résultat de la pression de la Cour européenne."
* Hagop Chakerian
Pour un autre turcologue, Hagop Chakerian, l'inquiétude réside sur les bénéficiaires. "Qui va recevoir et qui va contrôler ces biens ?" Par ailleurs, on ne sait pas très bien ce que la Turquie va restituer. Même le Patriarcat arménien de Constantinople s'abstient d'avancer des chiffres.
Selon l'expert, tout ce qu'ils restitueront représentera un grain de sable en comparaison de tout ce que nous avons perdu.
* Vartan Oskanian, rapporté par Marie Yovanovitch, extrait de Wikileaks
Le site Wikileaks a publié une dépêche classée, envoyée par l'ambassadeur américain en Arménie, Marie Yovanovitch, le 25 Février 2010 relatif à une réunion avec l'ancien ministre des Affaires étrangères, Vartan Oskanian.
Oskanian a exprimé son scepticisme sur le sort des protocoles Arménie-Turquie, et a accusé le président Serge Sarkissian d'avoir mal géré l'ensemble du processus. Aussi, la controverse entourant les protocoles a empêché toute évolution du conflit du Haut-Karabakh et a même compromis sa résolution potentielle. Selon Oskanian le président "a mis la charrue avant les bœufs".
"Oskanian ne comprend pas pourquoi le Président Sarkissian a commencé très officiellement le processus avec la Turquie, alors qu'il n'était pas préparé à la réaction négative du public. Avant de se lancer dans la normalisation avec la Turquie, le gouvernement d'Arménie avait un document pour résoudre le conflit du Haut-Karabakh, basé sur les Principes de Madrid, et prometteur pour les deux côtés. Le président aurait du présenter les éléments aux Arméniens de la diaspora et les persuader que certains territoires [entourant le Haut-Karabakh] doivent être restitués à l'Azerbaïdjan. Avec le problème du Haut-Karabakh réglé, c'est ensuite qu'il aurait du aborder les questions avec la Turquie. Oskanian a déclaré que cela avait été son plan en tant que ministre des Affaires étrangères : d'abord parvenir à un accord sur le Haut-Karabakh, et ensuite dialoguer avec la Turquie."
En réponse à la question de l'ambassadeur sur la façon de faire avancer le processus, Oskanian a répondu "qu'il doit y avoir certains mouvements en Turquie, et que les protocoles ne peuvent être laissés en suspens pendant que les parties portent leur attention sur le conflit du Haut-Karabakh." Il pense que le gouvernement turc doit être le premier à prendre des mesures, peut-être en entrouvrant la frontière pour les piétons ou les ressortissants de pays tiers. Cependant, d'après Oskanian et au vue de ses contacts turcs, la Turquie n'est pas prête à un tel geste et même ils ne sont pas intéressés à faire avancer le processus. De plus, Oskanian estime que le gouvernement arménien ne ratifiera pas les protocoles sauf s'il est assuré que la Turquie va lui emboîter le pas. Il pense qu'il serait mieux pour le Président Sarkissian d'utiliser sa majorité au Parlement arménien pour ratifier les protocoles maintenant, pendant qu'il a encore un certain soutien et qu'il n'existe aucun lien explicite entre ces protocoles et le Haut-Karabakh. Il a ajouté qu'il ne prend aucun plaisir de la situation actuelle dans laquelle se trouve Sarkissian. Il espère vraiment que les protocoles seront ratifiés par les deux parties.
D'après Oskanian, la rhétorique belliqueuse du président azerbaïdjanais Ilham Aliev n'aide pas à faire avancer les problèmes avec la Turquie. "La Turquie et l'Azerbaïdjan serrent la vis des deux côtés sur l'Arménie. De plus, une nouvelle guerre au Haut-Karabakh serait une action risquée pour l'Azerbaïdjan, malgré cela, Oskanian voit deux éléments qui indiquent que la situation s'aggrave : 1- les gens perdent espoir dans le processus diplomatique pour régler le problème, et 2- l'équilibre militaire dans la région évolue en faveur de l'Azerbaïdjan."
Pour Oskanian, les protocoles empêchent toute résolution du conflit du Haut-Karabakh. "Bien que cela ne soit pas pour les protocoles, je voyais le Président Sarkissian faire pression pour le retour de cinq des sept districts du Haut-Karabagh à l'Azerbaïdjan, tout en gardant les deux autres pour des discussions futures. Mais maintenant, ce serait un ‘suicide politique', car une telle mesure serait considérée comme donner foi à la théorie du complot qui prétend qu'il existe une disposition cachée dans les protocoles qui les relient à des concessions sur le Haut-Karabakh," indique la dépêche américaine.
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Extrait de la Radio Publique d'Arménie et de PanArmenian.net