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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
Que la Turquie soit en froid avec Israël ne change pas grand-chose pour l'Arménie, l'industrie militaire israélienne continuera de vendre des armes et des équipements militaires à la Turquie aussi bien qu'à l'Azerbaïdjan. Quant à reconnaître le génocide, c'est un acte politique que la Knesset ne votera pas, mais qui sera instrumentalisé contre Ankara, à l'exemple d'ailleurs de Washington, piloté par le lobby Juif dès qu'il s'agit de la région.
Bien qu'Israël ne fasse pas partie de l'OTAN, il est clair que l'Etat juif est un atout tout aussi important pour les Etats-Unis que la Turquie. Il n'est donc pas question que ces deux bras armés au Proche-Orient soient antagonistes. En cas de crise grave avec l'Iran, la question ne se posera même pas.
Quand on fait le tour des voisins de la Turquie – Grèce, Bulgarie, Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan, Iran, Irak, Syrie et Chypre – on se rend compte que seuls trois pays n'ont pas de problèmes avec Ankara. Aussi, la déclaration du gouvernement turc : ‘zéro problème avec les voisins' semble tout aussi utopique que de voir un jour la Turquie adhérer aux valeurs de l'Europe. Cela s'appelle un ‘vœu pieux' ou mieux de la ‘poudre aux yeux'.
***
*
Le turcologue Ruben Melkonian a commenté la dégradation des relations entre la Turquie et Israël.
Israël a refusé les termes d'un récent rapport publié par l'ONU sur l'incident de Gaza qui l'a accusé d'avoir utilisé une force disproportionnée, mais a approuvé son blocus naval. Ce qui a eu pour effet d'exaspérer la Turquie et les Palestiniens et de dégrader encore plus les relations turco-israéliennes.
Suite à cette publication, Ankara a réagi en expulsant l'ambassadeur israélien et a suspendu les accords militaires avec l'Etat juif. Il a réitéré son appel pour une levée du blocus et a menacé de déposer une plainte contre Israël devant la Cour pénale internationale à La Haye.
"Pour éviter qu'Ankara augmente sa présence dans le monde islamique, l'Iran pourrait lancer une propagande antiturque. Cependant, Téhéran, qui partage la colère de la Turquie envers Israël, pourrait s'abstenir de mentionner les relations dégradées entre Ankara et Jérusalem. Les récents développements prouvent que la politique de la Turquie de ‘zéro problème avec les voisins' est une simple illusion, puisque apparemment, le pays a des problèmes avec la quasi-totalité de ses voisins", a déclaré le turcologue Ruben Melkonian.
Dans sa déclaration du 6 septembre, le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a précisé qu'il pourrait y avoir plus de sanctions contre Israël, voire une rupture totale des liens militaires. La Turquie avait déjà suspendu les accords militaires la semaine dernière, suite au refus d'Israël de s'excuser pour son raid sur une flottille de protestation pour Gaza, tuant neuf militants pro-palestiniens l'année dernière. Israël a seulement exprimé des regrets pour la perte de vies humaines. M. Erdogan a décrit ce raid comme étant une ‘sauvagerie' et a accusé Israël d'agir dans la région comme ‘un enfant gâté'.
Côté israélien, Amos Gilad du ministère de la Défense a déclaré : "Il n'y a pas de rupture [diplomatique] avec la Turquie : la preuve en est que notre attaché militaire à Ankara restera dans son bureau et que les services consulaires continueront à fonctionner. Une solution à cette crise doit être trouvée. Israël doit chercher à la résoudre avec l'aide de ses partenaires européens et américains, ainsi qu'avec l'OTAN. La Turquie a beaucoup à perdre avec une politique extrémiste."
Selon Melkonian : "Les médias turcs commencent à craindre que la Knesset puisse reconnaitre le génocide arménien. Israël est susceptible d'utiliser la question du génocide pour ses propres intérêts politiques. Ainsi, même la reconnaissance ne peut être considérée comme une démarche honnête. La reconnaissance du génocide par Jérusalem sera ‘une étape favorable à un moment favorable'."
"L'Arménie doit suivre les événements avec retenue. Cependant nous ne devons jamais permettre à notre tragédie d'être utilisée comme un outil à des fins de manipulations politiques."
*
Quant aux relations avec l'Arménie, l'expert n'exclut pas l'annulation des protocoles arméno-turcs vu que le processus est dans l'impasse depuis longtemps.
"Je ne crois pas que l'Arménie sera surprise par une telle décision. La question pourrait bien être incluse dans l'agenda de l'Arménie. Si, malgré les efforts entrepris, le rapprochement échoue, aucune organisation internationale ne croira que la Turquie tenait à normaliser les relations avec l'Arménie."
Cependant, l'expert n'a pas exclu que la Turquie tente d'impliquer les populations des deux pays dans le rapprochement, si tous les efforts politiques se révèlent inefficaces.
Commentant l'influence possible du règlement du conflit du Karabakh sur le succès de la normalisation arméno-turque, Ruben Melkonian a indiqué que "le règlement du conflit du Karabakh, à l'instar de la question chypriote, doit porter aucune référence à un rapprochement Arménie-Turquie."
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Extrait de PanArmenian.net
Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
Que la Turquie soit en froid avec Israël ne change pas grand-chose pour l'Arménie, l'industrie militaire israélienne continuera de vendre des armes et des équipements militaires à la Turquie aussi bien qu'à l'Azerbaïdjan. Quant à reconnaître le génocide, c'est un acte politique que la Knesset ne votera pas, mais qui sera instrumentalisé contre Ankara, à l'exemple d'ailleurs de Washington, piloté par le lobby Juif dès qu'il s'agit de la région.
Bien qu'Israël ne fasse pas partie de l'OTAN, il est clair que l'Etat juif est un atout tout aussi important pour les Etats-Unis que la Turquie. Il n'est donc pas question que ces deux bras armés au Proche-Orient soient antagonistes. En cas de crise grave avec l'Iran, la question ne se posera même pas.
Quand on fait le tour des voisins de la Turquie – Grèce, Bulgarie, Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan, Iran, Irak, Syrie et Chypre – on se rend compte que seuls trois pays n'ont pas de problèmes avec Ankara. Aussi, la déclaration du gouvernement turc : ‘zéro problème avec les voisins' semble tout aussi utopique que de voir un jour la Turquie adhérer aux valeurs de l'Europe. Cela s'appelle un ‘vœu pieux' ou mieux de la ‘poudre aux yeux'.
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Le turcologue Ruben Melkonian a commenté la dégradation des relations entre la Turquie et Israël.
Israël a refusé les termes d'un récent rapport publié par l'ONU sur l'incident de Gaza qui l'a accusé d'avoir utilisé une force disproportionnée, mais a approuvé son blocus naval. Ce qui a eu pour effet d'exaspérer la Turquie et les Palestiniens et de dégrader encore plus les relations turco-israéliennes.
Suite à cette publication, Ankara a réagi en expulsant l'ambassadeur israélien et a suspendu les accords militaires avec l'Etat juif. Il a réitéré son appel pour une levée du blocus et a menacé de déposer une plainte contre Israël devant la Cour pénale internationale à La Haye.
"Pour éviter qu'Ankara augmente sa présence dans le monde islamique, l'Iran pourrait lancer une propagande antiturque. Cependant, Téhéran, qui partage la colère de la Turquie envers Israël, pourrait s'abstenir de mentionner les relations dégradées entre Ankara et Jérusalem. Les récents développements prouvent que la politique de la Turquie de ‘zéro problème avec les voisins' est une simple illusion, puisque apparemment, le pays a des problèmes avec la quasi-totalité de ses voisins", a déclaré le turcologue Ruben Melkonian.
Dans sa déclaration du 6 septembre, le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a précisé qu'il pourrait y avoir plus de sanctions contre Israël, voire une rupture totale des liens militaires. La Turquie avait déjà suspendu les accords militaires la semaine dernière, suite au refus d'Israël de s'excuser pour son raid sur une flottille de protestation pour Gaza, tuant neuf militants pro-palestiniens l'année dernière. Israël a seulement exprimé des regrets pour la perte de vies humaines. M. Erdogan a décrit ce raid comme étant une ‘sauvagerie' et a accusé Israël d'agir dans la région comme ‘un enfant gâté'.
Côté israélien, Amos Gilad du ministère de la Défense a déclaré : "Il n'y a pas de rupture [diplomatique] avec la Turquie : la preuve en est que notre attaché militaire à Ankara restera dans son bureau et que les services consulaires continueront à fonctionner. Une solution à cette crise doit être trouvée. Israël doit chercher à la résoudre avec l'aide de ses partenaires européens et américains, ainsi qu'avec l'OTAN. La Turquie a beaucoup à perdre avec une politique extrémiste."
Selon Melkonian : "Les médias turcs commencent à craindre que la Knesset puisse reconnaitre le génocide arménien. Israël est susceptible d'utiliser la question du génocide pour ses propres intérêts politiques. Ainsi, même la reconnaissance ne peut être considérée comme une démarche honnête. La reconnaissance du génocide par Jérusalem sera ‘une étape favorable à un moment favorable'."
"L'Arménie doit suivre les événements avec retenue. Cependant nous ne devons jamais permettre à notre tragédie d'être utilisée comme un outil à des fins de manipulations politiques."
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Quant aux relations avec l'Arménie, l'expert n'exclut pas l'annulation des protocoles arméno-turcs vu que le processus est dans l'impasse depuis longtemps.
"Je ne crois pas que l'Arménie sera surprise par une telle décision. La question pourrait bien être incluse dans l'agenda de l'Arménie. Si, malgré les efforts entrepris, le rapprochement échoue, aucune organisation internationale ne croira que la Turquie tenait à normaliser les relations avec l'Arménie."
Cependant, l'expert n'a pas exclu que la Turquie tente d'impliquer les populations des deux pays dans le rapprochement, si tous les efforts politiques se révèlent inefficaces.
Commentant l'influence possible du règlement du conflit du Karabakh sur le succès de la normalisation arméno-turque, Ruben Melkonian a indiqué que "le règlement du conflit du Karabakh, à l'instar de la question chypriote, doit porter aucune référence à un rapprochement Arménie-Turquie."
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Extrait de PanArmenian.net