***
Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
Les événements du 1er mars 2008 après l'élection qui a vu la victoire de Serge Sarkissian sur Lévon Ter-Pétrossian, avaient fait une dizaine de morts et entrainé l'emprisonnement de figures politiques. L'APCE avait vigoureusement condamné ces faits et demandé à l'Arménie de faire le nécessaire pour que tout rentre dans l'ordre et que de tels événements ne se reproduisent plus ; et de voter trois résolutions pour ce faire. [1]
Trois ans et demi plus tard, le dossier va se clore, mais le malaise reste profond dans l'opposition. Il est a souhaité que la prochaine élection présidentielle, en Février 2013, se déroule sans heurts et sans violence extrême.
Sentant le vent tourner, Bakou utilise tous les moyens pour externaliser le problème du Karabakh et ne plus le faire traiter par le seul groupe de Minsk de l'OSCE. Et c'est pour faire plaisir aux Azéris que le président actuel, d'origine turque, Mevlut Cavusoglu, a réactivé la Sous-commission sur le Karabakh, au grand dam de la délégation arménienne. De plus, Monsieur Cavusoglu sait très bien que le conflit du Karabakh est un tout, et que l'on ne peut pas dissocier l'aspect humanitaire du reste des aspects : économique, géographique, historique, sécuritaire, etc.
***
*
La session d'automne de l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe vient de commencer à Strasbourg. L'Assemblée est appelée à examiner le projet de résolution sur « Le fonctionnement des institutions démocratiques en Arménie » basé sur le rapport établi par Axel Fischer (Allemagne, PPE/DC) et John Prescott (Royaume-Uni, SOC).
Le projet de résolution note que "Les résultats de la dernière amnistie générale en Arménie, le nouvel élan pour enquêter sur les dix décès au cours des événements du 1er Mars 2008, et le début résultant d'un dialogue constructif entre l'opposition et la coalition au pouvoir signifie que le chapitre sur les événements post-législatifs peut enfin être considéré comme clos. La Commission se félicite de la volonté politique manifestée par les autorités pour dialoguer avec toutes les forces politiques afin de résoudre cette question en conformité avec les normes du Conseil de l'Europe et ses recommandations."
Selon la Commission, les événements de 2008 et leurs conséquences ont établi des priorités claires pour le développement démocratique du pays : "la conduite d'élections législatives véritablement démocratiques, la création d'un environnement politique robuste démocratique et pluraliste qui a la pleine confiance du public arménien, la création d'un environnement ouvert et pluraliste des médias, la réforme de la police et celle du système judiciaire en vue de garantir son indépendance à la fois en droit et en pratique."
Concernant une question sur ce sujet lors d'une conférence de presse à Strasbourg, le président de l'APCE, Mevlut Cavusoglu, a déclaré qu'il se félicitait des réformes mises en œuvre en Arménie et qu'il s'attendait à voir l'enquête sur les événements du 1er Mars, progresser.
La Sous-commission ad hoc de l'APCE sur le Haut-Karabakh se réunira aujourd'hui à 18 heures, à Erevan. La délégation arménienne maintient son boycott de la dite Sous-commission jusqu'à présent, arguant qu'elle ne peut en aucun cas contribuer au règlement pacifique du conflit du Karabakh.
"La Sous-commission ad hoc ne compte pas dupliquer les travaux du Groupe de Minsk de l'OSCE, elle se concentre essentiellement sur les aspects humanitaires du conflit", a déclaré Mevlut Cavusoglu aux journalistes, souhaitant que la délégation arménienne participe à ses réunions.
*
* Karabakh : Moscou met les points sur les i *
Moscou a ouvertement mis en garde l'Azerbaïdjan d'abandonner ses tentatives de transférer le processus de règlement du conflit du Haut-Karabakh à l'ONU.
"C'est au Groupe de Minsk, et non à l'ONU de traiter du conflit du Haut-Karabakh," a déclaré le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Alexander Lukashevich, en réponse à la question d'un journaliste azéri qui lui demandait de commenter le non-respect par l'Arménie de la résolution du Conseil de Sécurité de l'ONU sur le Karabakh.
Lukashevich a également mentionné que les résolutions de l'ONU sont non contraignantes et que "ceci est un motif suffisant pour ne pas transférer la résolution du conflit du Karabakh à cette institution."
Une des raisons pour laquelle le souhait de Bakou n'est pas avantageux pour Moscou, est le rôle de ce dernier dans le règlement du conflit. La Russie en tant que un pays coprésident du Groupe de Minsk de l'OSCE, avec la France et les Etats-Unis, a acquis un rôle moteur dans le processus, ce qui lui permet de garder le contrôle sur Erevan et sur Bakou. Si l'ONU prenait l'initiative, la Russie devrait céder aux États-Unis des positions dans le Sud-Caucase, ce qui est hautement indésirable.
On peut facilement comprendre pourquoi la Russie a "fermé la porte de l'ONU" devant l'Azerbaïdjan, qui essaie en vain de se frayer un chemin de gré ou de force.
*
* Le Coin des experts *
L'Institut du Caucase organisait un débat sur "La coexistence pacifique, après un conflit militaire : Le précédent de l'Indonésie et du Timor oriental", débat animé par le président de l'ONG "Intégration européenne", le politologue Karen Bekarian et le directeur de l'Institut du Caucase Alexander Iskandarian, en présence de responsables de ces deux pays.
Après avoir étudié le conflit entre les pays mentionnés ci-dessus, les experts ont tenté d'établir des parallèles avec le problème du Karabakh. L'étude a été menée dans le cadre du programme financé par l'Union européenne et mis en œuvre par l'organisation britannique ‘Alarme internationale'. Des représentants du Haut-Karabakh et l'Azerbaïdjan ont également participé au programme.
Le Timor oriental qui a acquis son indépendance suite à une longue et dure guerre avec l'Indonésie, est devenu membre de l'ONU en 2002. Cependant, l'ancienne colonie portugaise est restée complètement seule après l'indépendance, une situation que Karen Bekarian a décrite comme un "vide". Le Timor oriental est indépendant de fait, mais en même temps, il n'a pas les qualités particulières d'un Etat indépendant. Il n'y a pas d'institutions étatiques, pas même d'infrastructures. Aussi, faire des parallèles entre le Timor oriental et le Haut-Karabakh est inutile. Cependant, l'expérience du Timor oriental est intéressante et éducative.
Toutefois, l'expert est convaincu que dans dix ans, le peuple du Timor oriental aura un pays dont ils ne peuvent que rêver aujourd'hui. "Toutes les conditions morales préalables existent pour cela," a-t-il souligné.
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Extrait de la Radio Publique d'Arménie et de PanArmenian.net
Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
Les événements du 1er mars 2008 après l'élection qui a vu la victoire de Serge Sarkissian sur Lévon Ter-Pétrossian, avaient fait une dizaine de morts et entrainé l'emprisonnement de figures politiques. L'APCE avait vigoureusement condamné ces faits et demandé à l'Arménie de faire le nécessaire pour que tout rentre dans l'ordre et que de tels événements ne se reproduisent plus ; et de voter trois résolutions pour ce faire. [1]
Trois ans et demi plus tard, le dossier va se clore, mais le malaise reste profond dans l'opposition. Il est a souhaité que la prochaine élection présidentielle, en Février 2013, se déroule sans heurts et sans violence extrême.
Sentant le vent tourner, Bakou utilise tous les moyens pour externaliser le problème du Karabakh et ne plus le faire traiter par le seul groupe de Minsk de l'OSCE. Et c'est pour faire plaisir aux Azéris que le président actuel, d'origine turque, Mevlut Cavusoglu, a réactivé la Sous-commission sur le Karabakh, au grand dam de la délégation arménienne. De plus, Monsieur Cavusoglu sait très bien que le conflit du Karabakh est un tout, et que l'on ne peut pas dissocier l'aspect humanitaire du reste des aspects : économique, géographique, historique, sécuritaire, etc.
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La session d'automne de l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe vient de commencer à Strasbourg. L'Assemblée est appelée à examiner le projet de résolution sur « Le fonctionnement des institutions démocratiques en Arménie » basé sur le rapport établi par Axel Fischer (Allemagne, PPE/DC) et John Prescott (Royaume-Uni, SOC).
Le projet de résolution note que "Les résultats de la dernière amnistie générale en Arménie, le nouvel élan pour enquêter sur les dix décès au cours des événements du 1er Mars 2008, et le début résultant d'un dialogue constructif entre l'opposition et la coalition au pouvoir signifie que le chapitre sur les événements post-législatifs peut enfin être considéré comme clos. La Commission se félicite de la volonté politique manifestée par les autorités pour dialoguer avec toutes les forces politiques afin de résoudre cette question en conformité avec les normes du Conseil de l'Europe et ses recommandations."
Selon la Commission, les événements de 2008 et leurs conséquences ont établi des priorités claires pour le développement démocratique du pays : "la conduite d'élections législatives véritablement démocratiques, la création d'un environnement politique robuste démocratique et pluraliste qui a la pleine confiance du public arménien, la création d'un environnement ouvert et pluraliste des médias, la réforme de la police et celle du système judiciaire en vue de garantir son indépendance à la fois en droit et en pratique."
Concernant une question sur ce sujet lors d'une conférence de presse à Strasbourg, le président de l'APCE, Mevlut Cavusoglu, a déclaré qu'il se félicitait des réformes mises en œuvre en Arménie et qu'il s'attendait à voir l'enquête sur les événements du 1er Mars, progresser.
La Sous-commission ad hoc de l'APCE sur le Haut-Karabakh se réunira aujourd'hui à 18 heures, à Erevan. La délégation arménienne maintient son boycott de la dite Sous-commission jusqu'à présent, arguant qu'elle ne peut en aucun cas contribuer au règlement pacifique du conflit du Karabakh.
"La Sous-commission ad hoc ne compte pas dupliquer les travaux du Groupe de Minsk de l'OSCE, elle se concentre essentiellement sur les aspects humanitaires du conflit", a déclaré Mevlut Cavusoglu aux journalistes, souhaitant que la délégation arménienne participe à ses réunions.
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* Karabakh : Moscou met les points sur les i *
Moscou a ouvertement mis en garde l'Azerbaïdjan d'abandonner ses tentatives de transférer le processus de règlement du conflit du Haut-Karabakh à l'ONU.
"C'est au Groupe de Minsk, et non à l'ONU de traiter du conflit du Haut-Karabakh," a déclaré le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Alexander Lukashevich, en réponse à la question d'un journaliste azéri qui lui demandait de commenter le non-respect par l'Arménie de la résolution du Conseil de Sécurité de l'ONU sur le Karabakh.
Lukashevich a également mentionné que les résolutions de l'ONU sont non contraignantes et que "ceci est un motif suffisant pour ne pas transférer la résolution du conflit du Karabakh à cette institution."
Une des raisons pour laquelle le souhait de Bakou n'est pas avantageux pour Moscou, est le rôle de ce dernier dans le règlement du conflit. La Russie en tant que un pays coprésident du Groupe de Minsk de l'OSCE, avec la France et les Etats-Unis, a acquis un rôle moteur dans le processus, ce qui lui permet de garder le contrôle sur Erevan et sur Bakou. Si l'ONU prenait l'initiative, la Russie devrait céder aux États-Unis des positions dans le Sud-Caucase, ce qui est hautement indésirable.
On peut facilement comprendre pourquoi la Russie a "fermé la porte de l'ONU" devant l'Azerbaïdjan, qui essaie en vain de se frayer un chemin de gré ou de force.
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* Le Coin des experts *
L'Institut du Caucase organisait un débat sur "La coexistence pacifique, après un conflit militaire : Le précédent de l'Indonésie et du Timor oriental", débat animé par le président de l'ONG "Intégration européenne", le politologue Karen Bekarian et le directeur de l'Institut du Caucase Alexander Iskandarian, en présence de responsables de ces deux pays.
Après avoir étudié le conflit entre les pays mentionnés ci-dessus, les experts ont tenté d'établir des parallèles avec le problème du Karabakh. L'étude a été menée dans le cadre du programme financé par l'Union européenne et mis en œuvre par l'organisation britannique ‘Alarme internationale'. Des représentants du Haut-Karabakh et l'Azerbaïdjan ont également participé au programme.
Le Timor oriental qui a acquis son indépendance suite à une longue et dure guerre avec l'Indonésie, est devenu membre de l'ONU en 2002. Cependant, l'ancienne colonie portugaise est restée complètement seule après l'indépendance, une situation que Karen Bekarian a décrite comme un "vide". Le Timor oriental est indépendant de fait, mais en même temps, il n'a pas les qualités particulières d'un Etat indépendant. Il n'y a pas d'institutions étatiques, pas même d'infrastructures. Aussi, faire des parallèles entre le Timor oriental et le Haut-Karabakh est inutile. Cependant, l'expérience du Timor oriental est intéressante et éducative.
Toutefois, l'expert est convaincu que dans dix ans, le peuple du Timor oriental aura un pays dont ils ne peuvent que rêver aujourd'hui. "Toutes les conditions morales préalables existent pour cela," a-t-il souligné.
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Extrait de la Radio Publique d'Arménie et de PanArmenian.net
[1] - Résolution 1609 du 17 Avril 2008
Résolution 1620 du 25 Juin 2008
Résolution 1643 du 27 Janvier 2009
et une Proposition de Résolution (Doc. 11970) du 24 Juin 2009, devenue un document de suivi des recommandations.
Résolution 1620 du 25 Juin 2008
Résolution 1643 du 27 Janvier 2009
et une Proposition de Résolution (Doc. 11970) du 24 Juin 2009, devenue un document de suivi des recommandations.