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Traduction
Gérard Merdjanian - commentaires
A l’inverse
des pays coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE – Etats-Unis, Russie et France
– ou de l’UE, la Grande-Bretagne ne joue aucun rôle en Arménie. Son seul intérêt
dans le Sud-Caucase se limite essentiellement aux hydrocarbures de la Mer
Caspienne et donc aux accords qu’elle a ou qu’elle peut encore passer avec l’Azerbaïdjan.
N’oublions
pas que c’est BP qui a aidé Bakou à construire l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan
et qui en est le principal actionnaire, à hauteur de 33%. Il faut dire que la Grande-Bretagne
a été et est toujours très présente dans le Proche et le Moyen-Orient, héritage
du dépeçage de l’empire ottoman au lendemain de la première guerre mondiale. La
France se contentant des protectorats sur le Liban et la Syrie, ainsi que de la
Cilicie qu’elle a ‘gentiment offert’ avec le golfe d’Alexandrette en prime, à Mustapha
Kemal pour l’attirer vers l’Occident. Quant aux Etats-Unis, ils ont fait leur
entrée dans la région après la seconde guerre directement ou par OTAN
interposé, visant plus particulièrement les pays du Golfe.
L’Arménie
n’a ni richesses énergétiques en sous-sol, ni matières premières. Il ne faut donc
pas attendre grand-chose du royaume de sa gracieuse Majesté, qu’il soit
gouverné par les Travaillistes ou par les Conservateurs, tant sur le plan
économique, politique ou moral (Reconnaissance du génocide arménien). D’ailleurs
la première visite de David Cameron à l’étranger n’a-t-il pas été la Turquie ? Londres
est son plus fervent supporter pour son adhésion à l’UE, comme Washington bien
évidemment. Toutefois, comme dans toute règle, il y a des exceptions au
pays de la perfide Albion, venant de personnalités (la Baronne Cox), de municipalités
(Ealing) ou de régions (Pays de Galles).
Monsieur
Charles Lonsdale, en bon ambassadeur qu’il est, s’est donc strictement limité à
des généralités, pour ne pas dire des banalités. En terme familier, on appelle
cela : ‘parler pour ne rien dire’.
Il doit
quitter son poste actuel à compter du 1er Janvier 2012, et laisser la
place au couple de diplomates Jonathan James Aves - Catherine Jane Leach.
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"La
démarche ‘diplomatie du football’ du président Serge Sarkissian a été très
efficace. Malgré les déceptions, nous ne devons pas négliger les progrès. Le
processus de rapprochement entre l'Arménie et la Turquie est lent, néanmoins,
nous espérons voir des résultats rapidement," a déclaré l’ambassadeur
britannique en Arménie, Charles Lonsdale.
"Je
comprends la signification les événements de 1915 pour tous les Arméniens. Nous
nous souvenons et honorons les victimes du génocide, et nous accordons une
grande importance aux massacres et à la déportation. Le gouvernement
britannique de l'époque fermement condamné ces actes. Comme avant, nous pensons
que donner le point de vue britannique sur ces événements historiques ne serait
pas bon," a-t-il ajouté.
M.
Lonsdale a également souligné que la Grande-Bretagne ne peut pas changer sa
position sur le génocide arménien lors de son changement d’ambassadeur.
(…)
"Les
élections Parlementaire 2012 et celle de la présidentielle de 2013 sont d'une
grande importance pour l'Arménie. En termes de développement démocratique,
elles sont de bonnes chances de concrétiser l'avancement."
L’Ambassadeur
a indiqué que les récentes déclarations du président arménien signifiaient que le
pouvoir et les affaires doivent être différenciés et qu'il était impatient de voir
sa mise en œuvre dans le nouveau parlement.
Le
diplomate britannique a également déclaré qu’il soutenait les propos du président
Serge Sarkissian et de son Premier ministre, Tigrane Sarkissian, indiquant que
les prochaines élections seront les meilleurs et les plus transparentes de l'histoire
de l'État nouvellement formé.
Il
a souligné que la mise en œuvre du programme de l'UE sera prise en charge et que
l’ambassade coopérera avec l’UE pour surveiller le bon déroulement de ces élections. "Ces
deux élections attireront notre attention."
(…)
"Ces
quatre dernières années, nous avons vu la dégradation des réunions sur le Haut-Karabakh."
Selon
l'ambassadeur, tout doit être fait pour arriver à un règlement pacifique du
conflit par des négociations, et le Royaume-Uni continuera à soutenir le Groupe
de Minsk de l'OSCE.
"Nous
aimerions voir aboutir un accord de paix : cela dépend des deux gouvernements.
Bien qu'il n'y ait encore aucun accord définitif, nous ne devons pas oublier
que les négociations procèdent sur une grande envergure, et qu’il existe une
base pour la signature d'un accord. Certes, c’est louable pour les deux
gouvernements, mais parvenir à un accord final est une question de volonté
politique," a souligné le diplomate.
*
Le coin des experts *
* Yasser
Karamzade
"Les
autorités azerbaidjanaises ont suspendu les droits élémentaires de la
communauté Talish, guidées qu’elles sont par leur idéologie absurde panturque.
Parler Talish ou faire des études en Talish est un crime en Azerbaïdjan. Ceux
qui effectuent des études en Talish sont strictement contrôlés par les forces
de sécurité azerbaïdjanaises. Dans la foulée de la politique non-démocratique
adoptée par les autorités de Bakou, l’’universitaire Novruzali Mamedov,
d’origine Talish, a été emprisonné et est mort en prison il y a deux ans,"
a déclaré l’intellectuel Irano-Talish, Yasser Karamzade.
Karamzade
a indiqué qu’après l'effondrement de l'URSS, les Talish ont déclaré leur
indépendance en 1993, mais que les autorités panturques azéries ont détruit la
nouvelle République Talish-Muganian.
Il
a souligné que l'Azerbaïdjan a forcé les Talish à se battre contre les
Arméniens, mais a ajouté que les Arméniens sont désormais membres de leur
famille, qu'ils saluent l'indépendance de la République du Haut-Karabakh et
espèrent qu'un jour ils pourront également acquérir leur indépendance.
*
Mehdi Nalbandi
"Avant
la ratification des traités de Gulistan et de Turkmenchay, il n’existait pas
d’Etat appelé Azerbaïdjan. Le territoire actuel de l'Azerbaïdjan était une
région de l'Iran, mais a été ensuite séparé de l'Iran," a indiqué l’universitaire
iranien Mehdi Nalbandi.
Son
collègue Vali Jebari a ajouté que le territoire de la République d'Azerbaïdjan
était autrefois inclus dans la région historique d'Aran, administrée par
l'Iran.
*
Alexander Iskandarian
"La
Turquie est plus alarmée par les événements dans les régions orientales du pays,
notamment par la guerre le long de la frontière syrienne. Elle est contrainte
de prendre des mesures drastiques, y compris avec le Nord de l'Irak, ce qui
rend la vie des experts turcs très trépignant," a déclaré le directeur de
l'Institut du Caucase, Alexander Iskandarian.
"En
clair, l'initiative de Monsieur Davutoglu du ‘zéro problème avec les voisins’
ou même sans cela, est aujourd'hui confrontée à de sérieux défis avec presque
tous ses voisins."
Se
référant aux déclarations israéliennes d'attaque militaire contre l'Iran,
l'expert a souligné : "l'Iran n'est pas l'Irak, les installations de
recherche nucléaire de l'Iran sont situées en profondeur dans les montagnes, donc
difficile à attaquer, en outre, l'Iran a les capacités de lancer des contre-offensives.
Aussi, je considère ces déclarations comme des menaces d'un format défini."
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Extrait
de Panorama.am