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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
Comme je l’indiquais dans mes propos d’hier, il ne fallait
pas s’attendre à du nouveau. La réaction des pays coprésidents s’appuie bien
évidement sur les déclarations conjointes faites par les présidents de ces
trois Etats – Russie, France et Etats-Unis - déclarations reprises sur le
terrain par les trois ambassadeurs-médiateurs coprésidents du Groupe de Minsk
de l’OSCE. Les autres pays leur emboitent le pas.
Autre non-surprise, la position de la Turquie qui soutient à
100% les propositions et les griefs de l’Azerbaïdjan, voire par l’utilisation
de mots identiques. Quant à l’Azerbaïdjan, alors que d’habitude il ‘attaque’ l’Arménie
bille en tête, l’accusant de tous les maux, a, cette fois-ci, joué profil bas.
Il faut dire que ses refus successifs d’accepter deux des trois principes
proposés par les médiateurs (non recours à la violence ou à sa menace et droit
à l’autodétermination des peuples) auxquels s’ajoute le non-retrait des
snippers de la ligne de contact, jouent difficilement en sa faveur dans le cadre
d’une telle réunion.
Aussi, le ministre des Affaires étrangères, Elmar Mammadyarov,
a essentiellement parlé de la paix et de la stabilité régionale. Ce qui concerne
beaucoup plus les pays de l’OSCE avec les projets de gazoduc, tels Nabucco ou
South-Stream. Quant à la menace de son
intégrité, ni Erevan ni Stépanaguerd n’ont l’intention d’ouvrir les hostilités ou
de reprendre la guerre et encore moins d’envahir l’Azerbaïdjan. Ce qui n’est
vrai pour l’inverse.
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Dalia Grybauskaitė, la présidente de la Lituanie, en
accueillant les 56 ministres et représentants des Etats membre à la réunion de
deux jours au 18ème Conseil des ministres de l’OSCE, a déclaré : "Il
est important de continuer votre travail en vue de résoudre les conflits
prolongés, face aux nouvelles menaces et défis, et de consolider les valeurs
fondamentales de l'OSCE. Il est essentiel que les droits de l’homme et les
principes fondamentaux de la démocratie soient transférés dans les politiques
et pratiques nationales. Ceci s'applique à tous les droits de l'homme et des
libertés fondamentales, allant des élections libres à la sécurité des
journalistes. Assurer la sécurité dans la région de l'OSCE exige des efforts
supplémentaires pour faire face aux menaces transnationales, prévenir et
résoudre les conflits, et s'engager de façon significative avec des partenaires
de la Méditerranée et de l'Asie."
Le Président en exercice de l'OSCE, le ministre lituanien
des Affaires étrangères, Audronius Ažubalis, a rappelé la vision d'un espace
euro-atlantique et eurasiatique de sécurité communautaire, énoncée par les
dirigeants lors du Sommet de l'OSCE à Astana l'année dernière, et a exhorté les
Etats membres à respecter leurs engagements.
Il a souligné les progrès déjà accomplis dans la lutte
contre les menaces transnationales, a appelé à un engagement accru avec
l'Afghanistan, et a exhorté les présents à soutenir les pays de l'OSCE
partenaires méditerranéens dans leur transition démocratique, soulignant que "leurs
progrès, leur sécurité et leur stabilité sont aussi les nôtres". Le
Président a également souligné les progrès récents réalisés sur le redémarrage
des négociations officielles sur le conflit de la Transnistrie, exhortant les
parties "à saisir cette opportunité" et a appelé à des efforts accrus
pour résoudre les autres conflits prolongés dans la région de l'OSCE.
Le Secrétaire général de l'OSCE, Lamberto Zannier, a
souligné pour sa part la nécessité d'aller vers la réalisation d'une sécurité
communautaire euro-atlantique et eurasiatique : "Cette vision doit
maintenant être mieux articulée et opérationnalisée. Notre tâche collective au
cours des deux prochains jours est de s'appuyer sur cet effort, afin de fournir
un nouvel élan au travail des présidences prochaines." Il a souligné la
nécessité d’une voie d'avenir pour l'Organisation qui comprendrait des
propositions pour consolider et renforcer les efforts visant à lutter contre
les menaces transnationales et à travailler avec les pays partenaires, ainsi qu’une
l'interaction accrue entre l'OSCE et la communauté universitaire. Il a
également apporté son soutien aux efforts de la Présidence pour renforcer la
capacité de l'OSCE à répondre à toutes les phases du cycle de conflit et a
exhorté les ministres à prendre des décisions concrètes dans ce domaine.
Discours d’Edouard
Nalbandian
Prenant la parole, le ministre arménien Edouard Nalbandian a
déclaré en substance : "L’Arménie met en œuvre les réformes visant à
poursuivre la consolidation des structures démocratiques, la promotion de la
suprématie du droit, l'amélioration dans les secteurs de la législation
électorale, de la défense des droits de l’homme, de l’environnement des
affaires, de l'augmentation du rôle de la société civile. Les autorités arméniennes
comptent organiser les procédures d'élection parlementaire en pleine conformité
avec les normes internationales."
"L'Arménie a encore du travail à accomplir pour
atteindre les objectifs annoncés en 2010 au Conseil ministériel de l’OSCE
d’Astana. A cet égard, nous souhaitons la bienvenue à la présidence de
l'Irlande et souhaitons la mise en œuvre de l'agenda de l'OSCE."
Il a poursuivi en exprimant ses regrets sur les violations
actuelles des accords de contrôle des armements dans la région.
De plus, Nalbandian a donné une évaluation très positive aux
efforts de la présidence lithuanienne, ainsi des membres du Groupe de Minsk
pour le règlement du conflit Karabakh.
Il a attiré l'attention sur l’augmentation déstabilisante du
budget militaire de Bakou qui contrevient ainsi à ses obligations
internationales et aux principes de sécurité, le tout assorti d’une poursuite de
la rhétorique militaire, de la xénophobie et d’une propagande anti-arménienne.
"Ainsi, le 24 Juin le Sommet de Kazan entre la Russie,
l'Azerbaïdjan et l'Arménie, s’est achevée sans accord sur les principes
fondamentaux d’un règlement du conflit car l’Azerbaïdjan n’était pas prêt à accepter
les documents. Pas plus qu’il ne l’était à Sotchi en Mars 2011, ou à Astrakhan
en Octobre 2010, ni même à Saint-Pétersbourg en Juin 2010."
"L'Azerbaïdjan continue d'entraver la mise en œuvre de
l'accord sur le développement de mécanismes pour enquêter sur les incidents sur
la ligne de contact, portant ainsi la responsabilité des vies perdues par
violation du cessez-le feu. Bakou a maintes fois ignoré les préconisations du
Secrétaire général de l'ONU, du président de l'OSCE en exercice, et des coprésidents
du groupe de Minsk de l'OSCE, de retirer les snipers de la ligne de contact et de
s'abstenir de violer cessez-le feu."
"Quoi qu’il en soit, l’Arménie adhère aux principes d’un
règlement pacifique du conflit et continuera ses efforts pour sa réalisation
malgré la position non-constructrice de Bakou," a conclu le ministre
arménien.
(...)
En marge du Conseil, Edouard Nalbandian a eu un certain
nombre de réunions bilatérales notamment avec son homologue ukrainien
Kostiantyn Hryschenko, l'Australie Kevin Rudd, le Représentant spécial de l'UE
pour le Sud-Caucase et la crise Géorgienne, Philippe Lefort, ainsi que le
Secrétaire général de l'OSCE, Laberto Zannier.
L'observation du cessez-le-feu sur la ligne de contact, la
promotion de la confiance dans la zone du conflit du Haut Karabakh et le
retrait des tireurs d'élite ont été au cœur de ces rencontres.
** Les Réactions **
Réaction arménienne
Le ministre a commenté la déclaration de son homologue russe,
Sergueï Lavrov, exhortant l’Arménie et l’Azerbaïdjan à accepter les
propositions sur le Karabakh développées au cours des deux dernières années,
lors des réunions présidentielles initiées par Dmitri Medvedev.
L'Arménie soutient la suggestion de Sergueï Lavrov présentée
à la séance plénière du Conseil : C'est-à-dire la poursuite des
négociations sur les propositions faites par les médiateurs, avec à la clé, une
prochaine rencontre entre présidents arménien et azerbaidjanais.
Réaction française
"2011 n’a vu aucun de progrès dans le règlement du
conflit du Haut-Karabakh, malgré les efforts des présidents russe, français, et
américain ainsi que ceux des médiateurs, pour tenter d'obtenir des résultats tangibles,"
a déclaré le ministre français des Affaires européennes, Jean Leonetti.
Il a exprimé l'espoir que 2012 sera témoin de l’intensification
du processus de négociation, et a appelé les parties en conflit à soutenir les
principes de Madrid révisés.
Les principes soumis à l'Arménie et l'Azerbaïdjan en
Novembre 2007 à Madrid (Espagne) proposaient :
-
Des garanties de sécurité avec le déploiement de
casques bleus internationaux;
-
Le retrait des forces arméniennes et du Karabakh
des territoires entourant le Haut-Karabakh, avec des modalités particulières
pour les villes de Kelbadjar et de Latchine;
-
Le retour des personnes déplacées;
-
Un statut intérimaire permettant la réouverture
de tous les moyens de transports et des routes commerciales, avant un statut
final ;
-
Le statut final du Haut-Karabakh sera déterminé
éventuellement par un vote plusieurs années après.
Depuis lors, le document a subi des modifications
importantes. L’Azerbaïdjan ne retenant que le principe d’intégrité territoriale
avec l’intangibilité des frontières et un haut niveau d’autonomie pour le
Haut-Karabakh.
Réaction russe
Sergueï Lavrov a appelé les parties en conflit sur le Haut-Karabakh
à "utiliser" des propositions élaborées à la suite des rencontres
initiées par le président Dmitri Medvedev.
Le ministre russe a rappelé que ces propositions ont été validées
par les présidents des pays coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE à
Deauville, et ont fait l’objet d’une déclaration sur le règlement du conflit du
Karabakh, en marge du Sommet du G8 le 26 mai dernier. Les trois présidents ont fermement
appelé les dirigeants arménien et azerbaïdjanais "à démontrer la volonté
politique et à finaliser les principes de base ... d'un accord de paix."
Réaction américaine
"Les Etats-Unis soutiennent les efforts du Groupe de
Minsk de l'OSCE concernant le règlement
du conflit du Karabakh," a déclaré la Secrétaire d'Etat, Hillary Clinton.
Mme Clinton a souligné la nécessité de poursuivre les pourparlers
entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan pour l'établissement d’une paix et d’une
stabilité dans la zone du conflit du Haut-Karabakh, et de rappeler :
"Barack Obama, Nicolas Sarkozy et Dmitri Medvedev ont adopté une
déclaration commune sur le règlement du conflit du Karabakh, en marge du Sommet
du G8 de Deauville. Les trois présidents ont fermement appelé les dirigeants
arménien et azerbaïdjanais à faire preuve de volonté politique et à finaliser
les principes de base d'un accord de paix."
Réaction lettone
"L'OSCE devrait examiner les possibilités d'approfondir
les négociations sur le règlement du conflit au Haut Karabakh. Approfondir les
négociations est essentielle pour parvenir à une coopération et à des progrès
dans les négociations, " a déclaré pour sa part le ministre des Affaires
étrangères de la Lettonie, Edgars Rinkēvičs
Quant à la situation en Géorgie, M. Rinkēvičs a déclaré que
son pays soutient "l'intégrité
territoriale et la souveraineté de la Géorgie" et a ajouté que la mission
de l'OSCE devrait être relancée.
Réaction turque
"La Turquie reconnaît les efforts du groupe de Minsk de
l'OSCE, mais juge nécessaire d'intensifier son activité. L'initiative des
coprésidents du Groupe de Minsk à donner un nouvel élan aux discussions sur le
Haut-Karabakh n'a donné aucun résultat," a déclaré le ministre turc des
Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu.
Il a en outre indiqué que la Turquie est pour une résolution
pacifique des conflits prolongés, basée sur le principe de "l'unité,
l'intégrité territoriale et la souveraineté", alors que l'incapacité de
l'OSCE à résoudre de tels conflits, sape la confiance envers l'organisation.
Réaction azerbaidjanaise
"Les progrès dans les négociations du Haut-Karabakh
dépendent entièrement de la position de l'Arménie à changer le statu quo. Le
statu quo dans le Haut-Karabakh est inacceptable, mais, malheureusement, aucun
progrès dans le règlement du conflit n’est observé, malgré la médiation de
l'OSCE, qui va marquer son 20e anniversaire l'an prochain," a déclaré le
ministre des Affaires étrangères Elmar Mammadyarov.
"L'Azerbaïdjan est un acteur clé dans la région, et la menace
à son intégrité territoriale est une question de sécurité pour le Sud-Caucase dans
son ensemble. L’existence de conflits non résolus dans l'espace de l'OSCE, y
compris celui du Haut-Karabakh, sape l'autorité et la confiance dans
l'organisation."
"Les relations de bon voisinage sont la garantie de
réussite du développement de toute la région, et l'Azerbaïdjan est prêt à faire
des compromis au sein de normes internationales visant à parvenir à la paix et à
la stabilité dans le Sud-Caucase. L'ouverture des frontières dans la région
rendrait possible la réussite du développement et la prospérité au Sud-Caucase,"
a-t-il souligné.
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