Pénalisation des
Génocides : La Turquie menace la France de tous les maux
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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
On savait déjà que de
nombreux passages des livres turcs d’Histoire, concernant les exactions commises
par les Sultans Ottomans envers les minorités, chrétiennes ou non, ou envers
les pays occupés, avaient été retirés ou mieux encore falsifiés, en faisant
passer les victimes pour les bourreaux.
En clair, tout pays
qui a l’outrecuidance de transcrire dans ses lois ‘la décision-cadre de l’UE en
date du 28/11/2008 relative à la lutte contre certaines formes et
manifestations de racisme et de xénophobie au moyen du Droit pénal’, s’attirera
les foudres d’Ankara si la dite transposition risque de s’appliquer aux
Arméniens, disséminés à travers l’Europe. Et la Turquie sait ce que c’est qu’un
génocide, puis qu’elle a signé la Convention pour la prévention et la
répression du crime de génocide, adoptée par l'assemblée générale des Nations
unies, le 9 décembre 1948.
Seulement, comme vous
le savez, lorsque la Turquie appose sa signature au bas d’un document, celui-ci
est toujours assorti d’une pré-condition, implicite pour Ankara, mais que les
autres signataires découvrent après coup. Rappelez-vous de l’extension de l’accord
douanier aux dix derniers pays rentrés dans l’UE, sauf chypre, ou plus récemment
la non ratification des protocoles de normalisation des relations arméno-turques.
D’ailleurs les
dirigeants turcs sont des personnes très au fait de l’Histoire puisque pour eux
la France est un pays génocidaire ayant massacré 45.000 algériens en 1945 ?
Dixit Monsieur Davutoglu !
Décidemment, il ne
fait pas bon d’étudier l’Histoire dans les livres turcs, que ce soit l’histoire
du pays ou celle du Monde.
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Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a
menacé la France de rétorsion si le Parlement français approuve le projet de
loi sur la criminalisation de la négation du génocide arménien.
"Si la France adopte le projet de loi, la Turquie
prendra des mesures de représailles et fera adopter un projet de loi sur la
reconnaissance du génocide commis par la France en Algérie en 1945 qui a coûté
la vie à 45.000 personnes", a-t-il déclaré.
(…)
Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré de son
côté que la Turquie ripostera par tous les moyens diplomatiques, si le Sénat
français approuve le projet.
"Je tiens à réaffirmer que nous aurons recours à tous
les moyens diplomatiques pour nous opposer à ces tentatives populistes,
illégales injustes et partiaux," a-t-il déclaré lors d'une conférence de
presse conjointe avec le chef du Conseil national de transition de la Libye, M.
Moustafa Abdel Jalil.
(…)
Le 22 Décembre, plusieurs associations nationalistes turques
comptent organiser une manifestation devant le Parlement français contre le
vote de la loi.
Un appel a été lancé sur Internet expliquant que : "Cette
loi n'est pas compatible avec la liberté d'expression qui est une valeur
universelle. Il faut défendre la France contre le clientélisme pro-arménien.
Laissez l'histoire aux historiens."
(…)
Lors de la discussion au parlement turc du budget 2012, l'un
des députés a inopinément rappelé les massacres organisés par les autorités
turques.
Sirri Sakik, membre du parti Paix et Démocratie (pro-kurde),
s’est adressé à ses collègues en disant que le carnage et la destruction avait
été longtemps inculqué à la population turque.
"En 1978, il y a seulement 33 ans, des milliers
d'Alévis ont été massacrés à Marash, tandis que 1915 a vu le massacre des Arméniens,
des Juifs et suivi plus tard par le massacre des Kurdes."
Interrogé à la fin du discours par les médias, Sakık a
indiqué que "la Turquie devrait revoir son histoire."
(…)
"Il n'est pas possible pour nous d'accepter ce projet
de loi, qui nous prive de la liberté de rejeter les accusations injustes et
infondées visant notre pays et notre nation. Je veux espérer que la France ne fera
pas le sacrifice de l’amitié séculaire turco-française, des intérêts communs et
ce pour de petits calculs politiques," a déclaré le président turc
Abdullah Gül.
"Si cette loi est adoptée, il y aura beaucoup de dégâts
avec des conséquences pour les deux pays", a déclaré de son côté Rifat
Hisarciklioglu, le président de l'Union turque des Chambres de commerce et de
la Bourse (TOBB), venu en France avec l’Association turque des hommes d’Affaires
et des Industriels (TUSIAD) pour faire pression sur le gouvernement.
"La Turquie ne restera pas silencieuse. Cela aura
évidemment des conséquences. Nous avons déjà discuté de nos plans, si la loi
est adoptée ce jeudi à l'Assemblée nationale française. En particulier, près de
1000 entreprises françaises en Turquie, ainsi que celles en partenariat avec
des entreprises turques, seront exclues des marchés publics, notamment dans le
domaine des transports," a indiqué une autre source officielle.
(…)
Le ministère français des Affaires étrangères a averti le
gouvernement turc contre le recours à des représailles économiques. Le
porte-parole du ministère, Bernard Valero, a rappelé à Ankara ses engagements
internationaux : "L’adhésion de la Turquie à l'Organisation mondiale
du commerce et l'Union douanière avec l'Union européenne impliquent un
traitement non discriminatoire à l'égard des entreprises de l'Union européenne."
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* Brève Arménie *
"Les récents déchainements turques ont l’odeur d’Ogun
Samast," a déclaré le Directeur de l’Institut du Musée du Génocide
arménien, Hayk Demoyan, se référant aux récentes déclarations de responsables
turcs, qui continuent de présenter le règlement de la question du Karabakh
comme une condition préalable pour une éventuelle normalisation des relations
arméno-turques.
"Aucun historien sérieux ne s’assiéra et discutera
d'une question historique avec un citoyen turc, tant que ce pays persistera à
nier les faits, maintiendra dans son arsenal juridique l'article 301 qui
restreint la liberté d'expression, et tant que la Turquie refusera d'ouvrir les
archives de son état-major général."
Il a indiqué qu'une commission a été créée à l'occasion du
100e anniversaire du génocide arménien, qui organisera des expositions dans
différents pays du monde au cours des trois prochaines années.
* Brève OSCE *
Arrivé à Bakou le 18 décembre pour faire ses adieux en sa
qualité de coprésident du Groupe de Minsk de l'OSCE, Bernard Fassier a fait le
point sur les critiques adressées aux médiateurs.
"Nous avons travaillé très efficacement pour permettre
aux parties de discuter de toutes les questions tant au niveau présidentiel que
ministériel. À la fin de l'année 2007, nous avons introduit les principes de
base, puis d'autres proposant une version modifiée. Malheureusement les espoirs
qui existaient avant la réunion de Kazan n’ont débouché sur aucun résultat. Le
règlement d'un tel conflit est un processus très compliqué. Par exemple, quand
j'ai assumé ce poste, aucun membre de la Communauté internationale ne pourrait
visiter le Haut-Karabakh, alors que présentement, c’est déjà mieux. Deux
missions de ce type ont déjà été réalisées (la première en 2005, la deuxième en
Octobre 2010)."
"Le processus de règlement doit être accéléré afin
d'améliorer la situation. Le moment est venu de régler le conflit du Karabakh. Vous
voyez ce qui se passe aujourd'hui au Moyen-Orient. La prolongation des conflits
complique leur résolution," a-t-il souligné.
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Extrait de
Radiolour et de PanArmenian