Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait menacé
Paris de représailles si le projet de loi pénalisant le déni des génocides était
voté par l’Assemblée nationale, à savoir :
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suspension des visites bilatérales,
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rappel de l'ambassadeur turc pour consultations,
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exercices militaires communs avec la France et
toutes les activités militaires avec ce pays annulés,
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la Turquie statuera désormais au cas par cas les
demandes militaires françaises d'utiliser son espace aérien et refusera toute
visite des ports turcs par des bâtiments de guerre français.
C’est chose faite. Il a commencé à mettre ses menaces à
exécution.
"L'ambassadeur Tahsin Burcuoglu ‘est rentré pour
consultations’", a déclaré le porte-parole de l’ambassade, Engin
Solakoglu.
Le Parti de la Justice et du Développement (AKP) au pouvoir ainsi
que les deux principaux partis de l’opposition, le CHP fondé par Mustafa Kemal
Atatürk et le MHP d’extrême droite, condamnent en chœur l’initiative française.
Ce matin, M. Erdogan a encore haussé le ton, accusant la
France d'avoir commis un "génocide" en Algérie et a accusé Nicolas
Sarkozy, de jouer sur "la haine du musulman et du Turc" à des fins
électoralistes. "Malheureusement, cette proposition de loi a été adoptée
malgré tous nos avertissements (...) Cela va ouvrir des plaies irréparables et
très profondes dans les relations bilatérales", a averti le chef du
gouvernement et d’ajouter : "La politique (de la France) est fondée
sur le racisme, la discrimination et la xénophobie". Il s'agit là d'un
premier train de sanctions contre la France, alliée de la Turquie au sein de
l'Otan, et que, "progressivement", d'autres mesures pourraient être
mises en œuvre :
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La Turquie ne participera pas à un comité
économique mixte France-Turquie prévu pour janvier à Paris,
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La Turquie met aussi fin aux consultations
politiques avec la France, notamment sur des dossiers sensibles comme la Syrie
où Ankara joue un rôle central.
"L'Histoire et les peuples ne pardonneront pas à ceux
qui exploitent les faits historiques à des fins politiques", a estimé M.
Erdogan, qui s'est en revanche abstenu d'annoncer des sanctions commerciales
contre la France, important partenaire économique de son pays. Le volume
bilatéral des échanges s'est chiffré à près de 12 milliards d'euros en 2010. Les
affaires sont les affaires.
L’ambassadeur français à Ankara ne sera pas rappelé pour
consultations, qui d’ailleurs, se trouve actuellement en vacances en France.
La Turquie reconnaît que jusqu'à 500.000 Arméniens sont
morts pendant des combats et pendant leur déportation, mais non pas par une
volonté d'extermination et d’affirmer qu'un "tel génocide ne s'était
jamais produit dans [l'] histoire [de la Turquie]". Ce chiffre était de
300.000 il y a quelques années, et les dirigeants turcs ajoutaient que c’était
équivalent au nombre de Turcs tués par les Arméniens.
Ces représailles sont "une première étape" et
elles seront adaptées en fonction de l'issue de l'examen du texte au Sénat,
programmé avant la fin de la session parlementaire.
Rassembler plusieurs milliers de manifestants devant le Palais
Bourbon avec des drapeaux turcs, n’a pas été au goût des députés ; Le sera-t-il
à celui des sénateurs dans deux mois ? Sinon, il restera au Grand Vizir à
envoyer ses janissaires devant le palais de l’Elysée pour empêcher Sarkozy de
promulguer la loi.
Gérard Merdjanian
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Elaboré à partir des communiqués de l’AFP