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Traduction Gérard
Merdjanian – commentaires
La loi passera-t-elle ou ne passera-t-elle pas le filtre du
Conseil constitutionnelle ? Les pronostiques vont bon train.
Dans tous les cas les gouvernants turcs sortiront vainqueurs
car ils sont couverts par leur immunité diplomatique.
Dans tous les cas la Turquie, elle, sortira perdante car
l’acharnement mis à nier sa propre histoire, à quantifier les victimes par des
comptes d’apothicaire, à vociférer et à menacer comme un charretier, à courir
sur tous les fronts comme un dératé, à payer des personnes pour qu’elles
aillent manifester ou à engager des Cabinets-Conseil pour exercer un lobbying
sur les parlementaires français, ne peuvent que lui nuire.
Elle sort perdante car son image de marque, si tant est
qu’elle en a une, s’est encore dégradée d’un cran aux yeux de la communauté
internationale, avec son ministre de l’UE qui fanfaronne à Zurich en mettant au
défit les autorités suisses avec des propos négationnistes. On est bien loin de
l’image du pays démocratique qu’elle veut se donner dans l’espoir de rentrer
dans l’UE. Adhésion, dont la date est repoussée aux calendes grecques, un
comble pour la Turquie !
Hélas pour elle, les craquements se font également sentir à
l’intérieur du pays par l’intermédiaire d’intellectuels, d’universitaires ou de
journalistes, malgré les menaces de procès ou d’emprisonnements. Et par les
temps qui courent s’en prendre à sa propre population n’est vraiment pas bien
vue.
Mais qu’elle se rassure, les Occidentaux, Etats-Unis en
tête, ne l’abandonneront pas, sa situation géographique va encore une fois la
sauver, c’est d’ailleurs tout ce qu’il lui reste, tout G20 qu’elle est.
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* Les remous de la
loi française pénalisant le déni des génocides continuent *
* En France
Valérie Boyer, l'auteur
du projet de loi, propose de renouveler les tentatives si la loi est rejetée.
"Je ne
m’attendais pas à une telle réaction aiguë de certains sénateurs. Le projet de
loi réaffirme des valeurs globales comme la liberté, l'égalité et de
fraternité. Les médias ne semblent pas être intéressés à la question mais ils
continuent de publier les réactions opposées au projet de loi," a-t-elle
déclarée.
Mme Boyer compte contacter le cabinet du président au cas où
le Conseil constitutionnel déclarerait le projet inconstitutionnel.
* Au Parlement
européen
Le Président du Parlement européen, Martin Schulz, a rencontré le négociateur en chef de la Turquie
avec l'UE, Egemen Bagis. Le rôle de la Turquie en Syrie, le régime des visas et
la perspective d'adhésion turque à l'UE ont été parmi les sujets abordés.
Bagis a refusé de répondre à la question sur l'enquête
lancée par la Suisse pour ses remarques niant le génocide arménien. Toutefois,
Martin Schulz et Egemen Bagis ont commenté le projet de loi adopté par le
Parlement français. Martin Schulz a rappelé la position claire du Parlement européen, qui, en 2005 avait voté la
résolution appelant "la Turquie à reconnaître le génocide arménien,
estimant que cette reconnaissance est une condition préalable à l'adhésion à
l'Union européenne".
Le président Schulz a souligné : "En tant qu’Allemand,
je suis bien conscient de l'histoire de mon pays et du rôle que l'armée
allemande a joué. Néanmoins, ma recommandation aux autorités turques
d'aujourd'hui reste inchangée. Vous
devez faire face à votre propre histoire. Je respecte l'autonomie
parlementaire et l'indépendance du Parlement français et je respecte la loi
adoptée en France. Je sais qu'il y a beaucoup de gens dans l'Union européenne
qui partagent le point de vue des parlementaires français."
Dans sa réponse, le
ministre turc a précisé : "Cette question doit être abordée
uniquement par les scientifiques. Nous sommes des politiciens ; nous avons des
responsabilités dans l'élaboration de l'avenir, et non du passé. Les
politiciens ne doivent pas voler le rôle des historiens qui étudient l'histoire
et portent des jugements. D’où la nécessité de créer une Commission
internationale d'historiens et d'universitaires."
Ce à quoi Martin Schulz a répondu : "Chaque jour
je suis confronté avec le passé de mon pays. Être aussi ouvert que possible sur
le passé est la meilleure façon d’élaborer l'avenir."
* En Arménie
Certains analystes sont pessimistes quant à l’aboutissement
de la loi. Le vice-président de l’Académie géopolitique de Russie, Arayik Sarkissian, et l’analyste Stépan Chakariants pensent que la loi
ne pourra pas être promulguée, et que le vote du Sénat était une simple performance.
"Je m'excuserai le jour où Sarkozy promulguera la
loi," a déclaré Sarkissian. Il pense que la signature présidentielle
dépend d'un accord turco-français. Il estime que la Turquie et la France ont
décidé d'assumer une politique différente sur la Syrie, en contournant la
Russie. Par conséquent, il y a certains accords bilatéraux, dont la France se
passerait bien mais qu’elle doit prendre en considération.
Quant au politologue Stépan Chakariants, il se dit tout
aussi pessimiste, et considère que cette initiative visait surtout à montrer
les leviers de pression sur la Turquie.
(…)
Le politologue Sergei
Chakariants a indiqué que la Russie et la France ont des intérêts
similaires concernant les liens avec la Turquie.
Et de donner comme exemples : la réunion de Sotchi du
23 Janvier entre les trois présidents portant sur le conflit du Karabakh, et le
débat le même jour au Sénat français du projet de loi de pénalisation.
"La France tente de maintenir la Turquie loin du
processus de l'UE, et la Russie fait de même avec celui du Karabakh," a
souligné l'expert.
* En Allemagne
Selon certains Allemands, l'Allemagne devrait suivre
l’exemple de la France et de la Suisse concernant la pénalisation du déni de
génocides.
"Le génocide arménien est un sujet de droit
international et de la convention des Nations Unies sur les génocides, et donc
de nature ‘jus cogens’ [droit impératif], et le terme peut être appliqué à des
événements survenus avant son adoption," indique un article sur le Web,
invitant à l’établissement d’un dialogue entre les autorités allemandes et le
public.
Des citoyens allemands insistent sur la nécessité pour leur
pays d’exhorter la Turquie à envisager de revoir son passé et à aborder la
question du génocide des Arméniens et des Assyro-Chaldéens.
"La politique négationniste contredit l'idée d’une
communauté libre et ouverte," peut-on lire plus loin.
* En Azerbaidjan
La ministre des Affaires étrangères azéri, Elmar
Mammadyarov, a rencontré une délégation de sénateurs français conduite par Nathalie Goulet de passage à
Bakou.
La délégation était composée de Sylvie Goy-Chavent, de Jean-Marie
Bockel, d’Hervé Maurey, d’André Reichardt et de Jeanny Lorgeoux, c'est-à-dire
de parlementaires ayant signé le recours à la Cour constitutionnelle pour faire
échec à la loi votée le 23 Janvier.
Le sénateur André
Reichardt a précisé qu’il y a une forte probabilité de rejet par le Conseil.
"La position de la France visant à accélérer le
règlement du conflit du Haut-Karabakh restera inchangée quelle que soit la
décision du Conseil constitutionnel sur la loi de pénalisation," ont
déclaré à l’unisson les membres de la délégation y compris Mme Goulet.
Le ministre Mammadyarov a souligné l'importance de la visite
pour le développement des relations bilatérales, notant que les Azerbaïdjanais
ont montré une approche émotionnelle au projet de loi.
(…)
Le vote de la loi par le Sénat français a déclenché des
appels pour exclure la France en tant que coprésident du Groupe de Minsk de
l’OSCE.
"Le Groupe de Minsk de l'OSCE, composé de onze pays,
dont la Turquie et l'Allemagne, doit discuter de l'exclusion de la France en
tant que médiateur sur le règlement du conflit du Haut-Karabakh. L'Azerbaïdjan,
à son tour, doit faire campagne pour l'admission d'un pays neutre comme
coprésident, car la France ne peut plus être considérée comme impartiale,"
a déclaré Furad Muradov.
* En Turquie
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a exprimé sa
satisfaction sur la position de l'Azerbaïdjan concernant la loi de
pénalisation.
"Nous sommes heureux de la position de l'Azerbaïdjan
sur la loi française concernant la pénalisation. Aussi, nous devons faire le
maximum pour que nos deux pays se soutiennent mutuellement sur toutes les
questions."
(…)
Le ministre de l’Economie turc, Zafer Caglayan, a indiqué que les progrès économiques réalisés par
le Premier ministre, turc Recep Tayyip Erdogan, sont la principale raison qui a
poussé le président Sarkozy à faire adopter par le Sénat français le projet de
loi de pénalisation.
Il a en outre souligné l'importance de la double citoyenneté
qui permettra aux Turcs vivant à l'étranger de former une puissante diaspora.
(…)
Le journaliste turc Ergun
Babahan a récemment publié un article consacré à la reconnaissance du
génocide arménien et la liberté d'expression en Turquie. L'auteur a présenté la
politique à long terme des autorités, en soulignant leur propagande et les
obstacles existants à la liberté d'expression, et de donner comme un exemple
l’assassinat de Hrant Dink.
"Le génocide arménien est une vérité. Les autorités
turques ne doivent empêcher ni la reconnaissance du génocide arménien par
d'autres États, ni le vote de projets de loi pénalisant sa négation,"
écrit-il.
Selon M. Babahan, de nombreux enregistrements de
conversations entre des représentants du gouvernement et des éditeurs, prouvent
que la politique des autorités turques vise à contrôler les médias.
(…)
Selon les médias turcs, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, aurait déclaré son
scepticisme quant à la promulgation de la loi, lors de la réunion annuelle de
la coordination des organisations arméniennes d'Europe, suite à la saisine du
Conseil constitutionnel par cent quarante deux parlementaires (77 sénateurs et 65
députés).
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* Brèves Turquie *
L’écrivain arménien Sevan
Nichanian, basé à Istanbul, a été emprisonné pour la construction illégale
d'un cimetière dans le district de Selçuk (province d'Izmir).
Sevan Nichanian a été maintes fois arrêté pour le même motif.
Il y a quelques années, il avait rénové d’anciennes bâtisses pour en faire des
hôtels.
(…)
Une statue érigée à l'entrée de l’Université Dumlupinar de Turquie a été retirée pour des raisons
inconnues. La statue en marbre avec des images sculptées d'un lion et d’un
aigle, était censée symboliser l'unité de la nation turque.
Cependant Oktay Eksi, du Parti Républicain du Peuple (CHP),
a soulevé la question au Parlement sur cette suppression, relevant que la
statue comportait certaines ressemblances avec des symboles arméniens : "Les
animaux représentés sur la statue sont ceux des armoiries de l'Arménie. Est-ce
un motif suffisant pour déplacer la statue? "
* Brève Allemagne *
Le ministre turc des Affaires avec l’UE a été invité en
l'Allemagne pour résoudre les différends historiques entre la France et la
Turquie sur le génocide arménien.
Comme l’a indiqué Egemen
Bağış au quotidien Die Welt, les archives allemandes doivent avoir conservé
des documents sur le génocide de 1915, "source de tant de disputes."
Aussi, il a exhorté Berlin de permettre l'accès des historiens aux archives en
question.
* Brève Suisse *
Le Professeur de droit international, Eric Wyler, de l’Institut international de Recherche de Genève, a
répondu à une question de l'agence Haberturk sue les propos du ministre Egemen
Bağis affirmant que "il n'y avait pas eu de génocide arménien."
"Bağış court un risque avec ces mots. Il est
susceptible d'être déclaré coupable si une affaire au pénal est déclenché,"
a précisé Eric Wyler.
* Brèves Azerbaïdjan
*
Le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères, Elmar
Mammadyarov, a rencontré la délégation dirigée par Philippe Lefort, Représentant spécial de l’UE pour le Sud-Caucase
et la crise géorgienne.
"La résolution du conflit du Haut-Karabakh est une
priorité de la politique étrangère de l'Azerbaïdjan, ce conflit est le plus
grand problème de notre pays. Nous pensons qu’il est important de changer le
statu quo," a souligné le ministre.
(…)
"L'Union européenne est en discussion avec
l'Azerbaïdjan et les autorités arméniennes sur de nouvelles propositions visant
à accélérer la résolution du conflit de Haut Karabakh», a déclaré le chef de la
délégation de l'UE Roland Kobia en
Azerbaïdjan.
A ce sujet, la présidence azerbaïdjanaise a rappelé que le
Haut Commissaire de l'UE, Catherine Ashton, avait déclaré que l'UE intensifiera
ses efforts dans le règlement de conflit de Haut Karabakh et notamment :
"Nous soutenons et saluons les efforts du Groupe de Minsk, mais nous
voulons proposer de nouvelles idées pour parvenir à une solution rapide du
conflit, en particulier pour établir la confiance entre les parties en conflit."
Kobia a déclaré que ces points ont été discutés avec les
dirigeants des deux pays : "Bien sûr, nous allons annoncer avancer des
idées, mais nous avons l'intention d'en discuter préalablement avec les deux
côtés."
* Brève OSCE *
La protection des droits de l'homme et des libertés
fondamentales ainsi que des progrès sur la résolution des conflits de longue
durée, sont les priorités pour 2012 de la présidence irlandaise de l'OSCE, a
déclaré à la Commission d'Helsinki à Washington le Président de l'OSCE en exercice,
le vice-Premier ministre irlandais, Eamon
Gilmore.
Il a exprimé la volonté de la présidence de s'appuyer sur l’exemple
du processus de règlement de la Transnistrie lors d'une réunion dans le format "5 +2" à Dublin ce mois-ci,
ainsi que son engagement à faciliter les progrès sur d'autres conflits
prolongés dans la région de l'OSCE.
Soulignant les leçons potentielles tirées de l'expérience
propre de l'Irlande dans la résolution des conflits, il a ajouté : "Comme
vous le savez, nous en Irlande pouvons faire preuve d'empathie avec ceux qui
sont engagés dans des conflits apparemment insolubles. En Irlande du Nord, le
courage des dirigeants des deux côtés à négocier et à faire des compromis dans
l'intérêt de la paix, conjointement avec la persévérance des gouvernements
irlandais et britannique, ainsi que le soutien international - en particulier
des États-Unis - a donné lieu à une solution durable."
* Brève Arménie *
"Personne n'utilise le terme Holocauste pour décrire le
génocide arménien," a déclaré le ministre des Affaires étrangères arménien,
Edouard Nalbandian, à l'Assemblée
nationale en réponse à une déclaration de son homologue israélien, qui déclarait
que "le terme Holocauste n'est pas applicable au génocide arménien."
"Le terme arménien ‘Medz Eghern’ se traduit par le
terme ‘génocide’ et non seulement parce que des dizaines de pays et d’organisations
internationales l’ont reconnu. Lorsque Raphaël Lemkin a suggéré le terme ‘génocide’
pour la première fois, il faisait allusion au ‘Medz Eghern’ arménien. Plus tard, ce terme a était utilisé
par différentes organisations internationales, dans différents documents
internationaux," a déclaré le ministre.
Il a rappelé que le directeur de l'Institut de l'Holocauste de
Jérusalem et le du génocide, Israël Charny, avait dit : "il est temps
de mettre fin à ce jeu de mots, à cette mascarade et qu'Israël reconnaisse enfin
le génocide arménien."
"En disant cela, Charny n'a pas été guidé par des
considérations politiques. Tout le monde en Israël se rend compte que Charny
connaît très bien le sens des mots Holocauste et Génocide," a souligné
Nalbandian.
* Brève Russie *
Lors d'une réunion à Moscou, le vice-ministre des Affaires
étrangères russe, Grigori Karassine,
et le Représentant spécial de l'UE pour le Caucase du Sud et la crise géorgienne,
Philippe Lefort, ont discuté de la
résolution du conflit du Haut-Karabakh.
Les parties ont également échangé des vues sur d'autres
questions concernant la région, y compris la situation aux frontières avec l'Abkhazie
et l'Ossétie du Sud.
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Extrait de Radiolour
et de PanArmenian