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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
Un Ambassadeur, quel qu’il soit, représente son pays et
défend les intérêts et les positions de celui-ci. Ainsi, pour les anglo-saxons
(Anglais et Américains), il n’y a pas eu de génocide, mais seulement des
massacres de masses et c’est aux historiens des pays concernés de se mettre
d’accord sur la qualification des faits. Et gare à celui qui s’écarte de la
version officielle, l’ambassadeur John Evans en a fait les frais il y a
quelques années.
Si c’est aux historiens de décrire les faits, c’est aux
politiques d’en tirer les conséquences et d’éviter que de tels faits se
reproduisent. Un crime contre l’humanité, peut être discuté par tout à chacun,
vu que par définition cela concerne tout le monde. Un massacre de masse planifié par un
gouvernement est un génocide. Quand le gouvernement Jeunes Turcs ordonne la déportation
des Arméniens d’Anatolie dans les déserts de Mésopotamie, et les extermine le
long du trajet, c’est un acte réfléchi et planifié. Quand Mustapha Kemal,
ordonne la confiscation de tous les biens appartenant aux Arméniens d’Anatolie et
les déchoie de leur nationalité en les transformant en apatrides, c’est un acte
réfléchi et planifié.
Quand le gouvernement turc expurge ses archives de tous les
documents compromettants et claironne "venez consulter mes archives sur
cette période", c’est prendre ses interlocuteurs pour des imbéciles.
La France a reconnu officiellement le génocide arménien en
2001. (Si loi mémorielle il y a, c’est celle-là et non celle de 2012).
On comprend que les propos de l’ambassadeur de France à
Ankara, doivent tendre à dédramatiser le contentieux. Mais de là à prétendre
que c’est la mort de 2,5 millions de Turcs durant la première guerre mondiale,
qui a rendu les Turcs sensibles, c’est aller un peu vite en besogne. (Pour la
petite histoire, il y a avait plusieurs centaines de milliers d’Arméniens
enrôlés dans l’armée ottomane, et très peu sont revenus).
Ne serait-ce pas plutôt d’être accusé de pays
génocidaire ? Ne serait-ce pas plutôt de devoir réparer les crimes
commis ? Ne serait-ce pas de devoir également rendre des comptes aux
autres minorités, grecques ou assyro-chaldéennes ‘nettoyées’ en même temps que les Arméniens. Et
maintenant ce sont les Kurdes qui subissent le défoulement des dirigeants
turcs, certes d’une façon plus soft qu’à l’époque.
Si monsieur l’ambassadeur connaît aussi bien la communauté
arménienne de France, il devrait savoir que le contentieux du peuple arménien
n’est pas avec la population turque mais avec l’Etat turc.
***
*
Entretien exclusif de l’Ambassadeur de France en Turquie,
Laurent Bili au quotidien Zaman, 1er février 2012.
Extraits
(…)
Affirmant avoir, en sa qualité d’Ambassadeur, une double
tache, l’une auprès des Français et l’autre auprès des Turcs, l’Ambassadeur
explique : «Les souffrances endurées dans cette région sont très grandes. Près
de 1,6 millions de Français ont été tués pendant la période de la Première
guerre mondiale et l’effondrement de l’Empire ottoman. Mais personne ne sait en
France que les pertes turques s’élèvent également à 2,5 millions de personnes. Il faut, somme toute, expliquer aux
Français la raison pour laquelle ces événements sont si sensibles pour les
Turcs ».
«Pourquoi les Français légifèrent-ils sur notre histoire ?»
A cette question, l’Ambassadeur répond ainsi : «Il me faut expliquer ceci aux
Turcs : il y a en France dix fois plus de citoyens d’origine arménienne qu’en
Turquie. Les souffrances qu’ils ont endurées et la mémoire du génocide sont
devenus partie intégrante de l’histoire de France. 2015 approche. Il faut que
les plaies ouvertes en 1915 se referment. Il faut renforcer le dialogue».
«Je ne sais pas encore si je resterai. Depuis la Première
guerre mondiale, aucun ambassadeur français n’a été renvoyé de manière
permanente. Cette loi est peut être inopportune, comme cela été dit, mais elle
ne mérite pas une réaction excessive. Il y a beaucoup de débats en France sur
l’opportunité de ce type de loi. Une rupture de nos liens ne serait pas la
meilleure voie pour bâtir le monde de demain».
«Je souhaite inviter nos concitoyens d’origine arménienne en
Turquie. La Turquie a tellement changé, cela ils ne le savent pas. Je veux leur
présenter cette nouvelle Turquie. Peut-être que nous, les diplomates français,
nous n’avons pas suffisamment travaillé sur les questions de mémoire. Nous
avons fait comme si cette question n’existait pas, mais il n’est pas possible
de l’oublier. Si nous pouvions trouver une solution pour le rapprochement de la
Turquie avec la diaspora arménienne, cela serait plus bénéfique que d’oublier
cette question. Si je reste et si la partie turque l’accepte, une telle chose
pourrait être bénéfique». Ancien conseiller de Chirac pour le Caucase, l’Ambassadeur connaît bien la diaspora
arménienne. Il s’adresse ainsi aux Arméniens de France : « Venez en Turquie,
visitez-la, parlez à un Turc. Vous pouvez avoir intérêt à utiliser la nouvelle
stratégie de la Turquie de libéralisation du débat historique. Autrement
dit le rapprochement, le dialogue. Cela ne peut pas continuer ainsi. Une
nouvelle loi pourrait être promulguée. Il est temps de résoudre cela».
(…)
*
* Brève Arménie *
"Même si le Conseil constitutionnel déclare la loi
anticonstitutionnelle, cela ne signifiera pas la fin du monde. Le texte peut
être modifié pour correspondre aux remarques du Conseil. Il est clair que le
combat ne va pas être facile, mais personne ne doit céder au désespoir. Aussi,
le fait même qu'un pays comme la France continue de travailler en vue de
l'adoption du projet de loi, c’est déjà source d'inspiration. Arriver aussi
près que possible de la reconnaissance internationale du génocide, doit nous
encourager à promouvoir l'adoption de lois similaires," a déclaré le directeur du Bureau Hay Tad et
des Affaires politiques de la FRA-Dachnaktsoutioun, Giro Manoyan.
Giro Manoyan considère que la Turquie a joué un rôle certain
dans la saisine, puisque la plupart des législateurs qui ont signé l'appel sont
soit du Centre, soit du parti de Sarkozy. (ndlt : armenews donne le détaildes signataires)
Sarkozy a déjà déclaré qu'il va présenter un nouveau projet
de loi punissant la négation du génocide arménien, en cas de rejet de la loi
actuelle.
Il est question que les représentants de la communauté
arménienne de France rencontrent le président Nicolas Sarkozy pour discuter de
la situation.
* Brève Iran *
Abraham Niziblian,
de l’Université McGill de Montréal, dans le Washington Post en réponse à l’article
de Stephen Blank du 7 janvier intitulé «drones américains au voisinage de
l’Iran», écrit :
"Concernant les menaces iraniennes contre l'Azerbaïdjan,
elles semblent infondées quand on voit les efforts continus de l'Azerbaïdjan pour
approfondir les liens économiques et politiques entre les deux pays.
Le mois dernier, les ministres des Affaires étrangères de
l'Azerbaïdjan, de la Turquie et de l'Iran se sont rencontrés pour explorer les
domaines de coopération mutuelle. Comme par hasard, la rencontre a eu lieu au
Nakhitchevan, là où les troupes azéries ont balayé les derniers vestiges de la
communauté arménienne, vieux de plusieurs siècles, en détruisant en 2005 les
milliers de pierre-croix (Khatchkars) du cimetière de Djoulfa.
En attendant, l'Azerbaïdjan travaille en collaboration avec
la Cie nationale iranienne Naftrian Intertrade (NICO) dans l'exploration du
champ de gaz naturel Shah-Deniz. C'est sûrement une source d’indigestion pour
les dirigeants de Washington, qui cherchent à sanctionner l'Iran pour ses recherches
nucléaires.
Les menaces de M. Blank et de la communauté internationale devraient
plutôt porter sur les propos de l'Azerbaïdjan à l’encontre de l'Arménie voisine
et du Haut-Karabakh. Dix-huit ans après l'établissement d'un cessez-le-feu dans
le conflit du Karabakh - signé par les dirigeants de l'Azerbaïdjan, de
l'Arménie et du Karabakh – Bakou s'oppose à la participation du Karabakh dans
les négociations du Groupe de Minsk de l’OSCE pour trouver une solution durable
au conflit. Pire encore, les menaces continuelles du président Ilham Aliev pour
résoudre les violations permanentes du cessez-le-feu sur la ligne de contact,
ne servent qu’à déstabiliser davantage la situation.
Depuis une vingtaine d’années, le Haut-Karabakh promeut les
valeurs universelles de démocratie et de droits de l’homme au sein de ses
frontières tout en résistant contre un voisin autoritaire et agressif. S’il lui-même
veut cesser d'être la cible de menaces, l'Azerbaïdjan devrait suivre l'exemple
du Karabakh sur ce point."
* Brève Turquie *
Lors d'une expédition archéologique à Diyarbakır (Turquie),
les scientifiques ont découvert une sépulture près de la ville forteresse d’Içkale.
Les scientifiques ont d'abord pensé que c'était un lieu de
sépulture de Kurdes tués par le JITEM (service de renseignements de la
gendarmerie turque) dans les années 1990. Toutefois, il s'est avéré avec une
étude plus poussée que les restes dataient de plus de 90 ans, ce qui laisserait
entendre qu’ils peuvent appartenir aux Arméniens massacrés pendant le génocide ;
rapporte le quotidien Taraf.
Selon les archives, 56.166 Arméniens vivaient à Diyarbakır en
1914. 97% d’entre eux ont ‘disparu’ en l’espace d’un an.
* Brève Russie *
Le chef du Parti libéral démocratique russe, Vladimir Jirinovski, estime qu’un
règlement du conflit de Haut Karabakh est impossible sans la médiation russe, et
de suggérer que pour résoudre le problème, l’Arménie et l'Azerbaïdjan devraient
rejoindre la Russie en tant que région fédérale du Sud-Caucase. Dans une
interview à l'agence de presse azérie, Jirinovski indique que :
"L’Azerbaïdjan doit gouverner la région fédérale compte
tenu de l’importance de sa population, avec des Vice-gouverneurs Arméniens. Nous
reconnaîtrons l'indépendance du Karabakh, au cas où l’Arménie et l'Azerbaïdjan refuseraient
la proposition. La reconnaissance de l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan
par la Russie nuira aux liens avec l'Arménie. Nous avons besoin de l'Arménie
comme levier de pression sur la Turquie. L'Arménie assure la protection de
notre frontière avec la Turquie, qui à son tour, entrave la résolution du
conflit du Karabakh", a explicité M. Jirinovski.
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Extrait de Radiolour et
de PanArmenian