***
Traduction Gérard
Merdjanian - commentaires
Pendant que la bataille des experts et des universitaires a
repris de plus belle dans la presse française suite à la décision du Conseil
constitutionnel d’invalider le projet de loi sur la pénalisation des dénis de
génocides, la Turquie se frotte les mains, mettant en avant la défense de la
liberté d’expression et le droit des historiens à travailler sans entraves.
Si le sujet n’était pas aussi grave, cela prêterait à rire.
Quand on connaît ce que ce que signifie ‘liberté d’expression’ dans la bouche
des dirigeants turcs - dont les prisons regorgent de centaines d’intellectuels
et de journalistes - d’une part, et d’autre part les expurgations faites sur
ordre -concernant les massacres de 1915 - par les historiens turcs dans les
archives -, on pourrait s’étonner de voir nombre de parlementaires français qui
pensant que pareil chose [restriction de la liberté d’expression et travail
d’historiens] peut arriver en France, ont demandé l’invalidation de la loi.
En fait, les 142 parlementaires savent très bien que les
historiens peuvent mener leurs travaux et que la parole est libre sur les
génocides, la loi Gayssot est là pour le prouver depuis trente ans. Par contre,
de la lettre que l’ambassadeur de Turquie en France leur avait adressée
personnellement, ils ont retenus essentiellement la dégradation des relations entre
la France et la Turquie ; et cela n’a plus rien à voir avec l’histoire ou
la liberté d’expression. C’est purement et simplement de la politique. Ce que
le Conseil constitutionnel a très bien compris, en jugeant les tenants et surtout
les aboutissants d’une telle loi et non le texte lui-même.
On remarquera que l’Arménie est restée relativement discrète
dans ses réactions aussi bien au moment du vote par le Sénat qu’au moment du
rejet par le Conseil, cela change des vociférations et des menaces des
proférées par les dirigeants turcs. Les anti-lois mémorielles ont préféré les
gesticulations grandiloquentes de la Turquie.
Quoi qu’il en soit, le travail des Occidentaux pour
rapprocher les deux pays va encore prendre du plomb dans l’aile malgré la
confiance réitérée périodiquement par les Etats-Unis et l’Union européenne dans
les protocoles arméno-turcs signés à Zurich. Les Occidentaux mettent en avant
leurs visions stratégiques dans la région et peinent à faire progresser les
deux processus arméno-turc et arméno-azéri. Ils ont du mal à comprendre que
leurs valeurs ne sont pas celles des Turcs, qu’ils soient ottomans ou azéris,
et que pour ces gens là ‘faire la paix’ signifie ne rien céder dans les
négociations et menacer si les choses ne se déroulent pas selon leurs désirs.
Cette situation durera tant que les grandes puissances se
contenteront d’essayer de résoudre les effets et ne s’attaqueront pas aux
causes : La reconnaissance du génocide arménien et les réparations qui en
découlent pour l’un, le rétablissement de la vérité suite au charcutage
géopolitique et géo-ethnique effectués par Moscou pour l’autre.
Comme disait Paul Valéry : "La politique est l'art
d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde."
***
*
Les Etats-Unis ont leur part de blâme pour l'échec des
efforts de ces dernières années en vue de normaliser les relations entre
l'Arménie et la Turquie, selon le chercheur américain de renommée qui a été
activement impliqué dans le dialogue turco-arménien dans le passé.
Dans une vaste monographie publiée vendredi par l’Universitéde Columbia de New York, David Phillips indique que l'administration du président
américain Barack Obama n'a pas fait grand chose pour arrêter le gouvernement
turc qui voulait lier la ratification des accords de normalisation
turco-arméniens signés en 2009, avec le conflit du Haut-Karabakh. Il appelle
également à une "révision de la politique" des États-Unis sur les
relations Arménie-Turquie qui tiendrait compte de la possibilité de qualifier
officiellement les massacres des Arméniens dans l'Empire ottoman de 1915, de
génocide.
"Les Etats-Unis sont aussi à blâmer. Obama a raté une occasion,
quand il a visité la Turquie en Avril 2009, de réaffirmer la nécessité de
dissocier les protocoles d’avec les négociations sur le Haut-Karabakh. Les
officiels américains n'ont pas d'évalué avec précision le niveau d'opposition
de la Turquie à la ratification."
"Bien que l'influence américaine était forte pour la
signature des protocoles, l'administration bureaucratisée d’Obama n’a pas fait
le suivi. Elle aurait du nommer un Envoyé spécial pour ce faire. L'Envoyé
spécial aurait ainsi joué un rôle utile dans le maintien de l'élan, du travail
du système à Washington, et aurait focalisé les parties sur les prochaines
étapes, plutôt que de se contenter de conditions préalables."
Le texte de 130 pages contient une description détaillée et
une analyse de l’échec du processus de normalisation ainsi que les événements
qui ont précédé son lancement effectif par la Suisse à la fin 2007, plusieurs
mois avant que Serge Sarkissian ne soit élu président. L’auteur a coordonné le
travail de la Commission de réconciliation arméno-turc (CRAT), une structure
montée en 2001-2004 par les Etats-Unis et parrainée par des diplomates à la
retraite et d'autres personnalités publiques.
La médiation de la Suisse, entièrement soutenue et facilitée
par Washington, a abouti en Octobre 2009 à la signature en grande pompe à
Zurich, de deux protocoles permettant à Ankara et à Erevan l'ouverture de la
frontière turco-arménienne - fermée par la Turquie en 1993 par solidarité avec
l'Azerbaïdjan lors de la guerre du Haut-Karabakh - et l’établissement de
relations diplomatiques.
Face au tollé de l'Azerbaïdjan, Ankara a immédiatement
précisé que le parlement turc ne ratifiera les protocoles jusqu'à ce qu'il y
ait un progrès décisif vers une résolution du conflit acceptable pour Bakou. La
partie arménienne a dénoncé cette position, arguant que le document ne fait
aucune référence au conflit du Karabakh. Serge Sarkissian a gelé le processus
de ratification en Avril 2010 et depuis, a menacé à plusieurs reprises de
dénoncer les Accords soutenus par l'Occident.
Phillips, qui est maintenant directeur de programme pour
l'étude des droits de l'homme à l'Université de Columbia, partage pour
l'essentiel le point de vue d’Erevan sur la question. "Les Protocoles ne
comprenaient pas de conditions préalables ou de lien avec Haut-Karabakh. Le
Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a toutefois inséré une pré-condition
quand il est allé à Bakou en 2009 et a déclaré que les protocoles ne seraient
pas ratifiés à moins que la souveraineté de l'Azerbaïdjan n’ait été restaurée.
Erdogan aurait pu ignorer les protestations véhémentes azerbaïdjanaises s'il
s’était ‘véritablement engagé’ à normaliser les relations
turco-arméniennes."
Les responsables turcs ont toujours affirmé que les
protocoles font références de façon indirecte et implicite au Karabakh. Une
source anonyme du ministère turc des Affaires étrangères interrogée par
Phillips indique qu'il y avait "accord tacite" entre Ankara et Erevan
pour que les relations bilatérales et le conflit du Karabakh soient
"traités en parallèle." James Jeffrey, l'ancien ambassadeur des
États-Unis en Turquie, a confirmé, selon Phillips, que les deux questions
n’étaient pas tout à fait dissociées.
"Selon Jeffrey, Obama n'a pas discuté du ‘lien’ avec le
président Abdullah Gül ou avec Erdogan lors de son voyage d’Avril 2009. Au lieu
d'affirmer la dissociation de ces deux questions, Obama est resté muet."
Il cite d'autres diplomates américains pour lesquels Washington avait un «plan
B» au cas où que les Turcs refuseraient de mettre en œuvre les protocoles de
manière inconditionnelle. Par contre, "Il n’y avait pas de plan de repli
autre que convaincre Sarkissian de suspendre les Accords plutôt que de retirer
sa signature."
Par ailleurs, Phillips a appelé à augmenter la pression des
États-Unis sur Ankara quand il s'est rendu à Erevan en Février 2010. "A
moins que l'administration Obama presse les dirigeants Turcs, la probabilité de
voir Ankara ratifier les protocoles va diminuer."
Dans sa monographie, Phillips reproche d'avoir accepté que
l'Arménie annonce, dans une déclaration commune avec la Turquie, une "feuille de route" pour la
normalisation le 22 Avril 2009, deux jours avant la commémoration annuelle des
victimes du génocide arménien. Une source anonyme arménienne a confirmé que
cela que cela avait été fait pour faciliter le travail d’Obama à tenir sa
promesse de campagne de reconnaître le génocide, une fois élu président.
"Washington a
voulu que nous annoncions l'accord avant le 24 Avril afin que le président
Obama n'ait pas à mentionner le mot ‘génocide’ dans sa déclaration. Les Turcs
nous dirons 'non', mais nous les avons trompés."
La FRA-Dachnaktsoutioun s'est retirée de la coalition
gouvernementale quelques jours seulement après la déclaration turco-arménienne.
Le principal parti d'opposition, le Congrès National Arménien, a également
accusé Sarkissian d'aider la Turquie à contrecarrer la reconnaissance du
génocide.
"Le timing de l'annonce a galvanisé l'opposition et un
large éventail de la société arménienne, qui ont pensé que les protocoles
seraient manipulés par Ankara pour saper la reconnaissance du génocide" souligne Phillips. Il a également
considéré que c’était une erreur de la part d'Erevan d'avoir accepté de
divulguer les protocoles turco-arméniens quatre mois seulement après qu'ils
aient été secrètement finalisés en Avril 2009.
Comme beaucoup d'autres experts, Phillips pense que les
protocoles ne peuvent guère être relancés dans ‘leur forme actuelle’. "Toutefois
la frontière turco-arménienne peut être rouverte, même sans leur entrée en
vigueur. Erdogan peut marquer l'histoire en ordonnant l’ouverture de la
frontière et en normalisant les voyages et le commerce comme une étape vers des
relations diplomatiques."
Phillips a également abordé la poursuite du financement par
les États-Unis pour des contacts directs entre les sociétés civiles et les
hommes d'affaires des deux pays. Il exhorte l'administration Obama à repenser
sa politique sur les relations turco-arméniennes et à envisager «des idées
novatrices», proposées par des experts américains ou autres. "La
discussion pourrait porter sur la réaffirmation par les États-Unis de sa
reconnaissance du génocide [proclamée par le président Ronald Reagan en 1981],
ce qui supprimerait la reconnaissance utilisée comme monnaie d'échange, créant
ainsi des conditions plus propices à la réconciliation."
La monographie réaffirme la vision de Phillips selon
laquelle une étude historique commandée par le CRAT au Centre international
pour la justice transitionnelle (ICTJ) pourrait servir de modèle ultime pour la
réconciliation turco-arménienne. L'ICTJ avait conclu en 2003 que les massacres
des Arméniens comprenaient tous les éléments constitutifs «d’un crime de
génocide» tel que défini par la convention des Nations Unies en 1948. Mais il a
aussi indiqué que les Arméniens ne pouvaient pas utiliser la convention pour
exiger une quelconque réparation de la Turquie.
"En tout état de cause, la reconnaissance du génocide
ne devrait pas être un élément des négociations. Elle ne doit pas être échangée
contre des concessions politiques. Non seulement négocier ce point revient à
déshonneur les victimes du passé, mais il envoie aussi un signal aux futurs
auteurs qu'ils peuvent agir en toute impunité quand les grandes puissances jugent
le [génocide] politiquement opportun," conclut Phillips.
**
* Brève Etats-Unis *
Lors d’une conférence intitulée : "Etats-Unis et
Europe : Relever les défis mondiaux", qui s’est tenue à l’Institut
international d'études stratégiques le 1er Mars, Philip Gordon, le
Secrétaire d'Etat adjoint pour les Affaires européennes et eurasiennes a
déclaré: "Nous continuons notre haut niveau d'engagement au sein du Groupe
de Minsk de l'OSCE pour aider à trouver une solution durable et pacifique au
conflit du Haut-Karabakh."
* Brèves Turquie *
La Turquie développe une nouvelle stratégie en vue du 100e
anniversaire du génocide arménien, selon le ministre turc des Affaires
étrangères.
Ahmet Davutoglu a indiqué qu’une action à long terme va être
menée dans cette direction, avec des changements au niveau des déclarations et
des mesures à prendre. "Les canaux de communication doivent nous être
ouverts pour partager l'histoire. La Turquie est prête à partager la douleur."
Concernant les affiches du 20e anniversaire du ‘génocide’ de
Khodjalou placardées à Istanbul et portant des inscriptions anti-arméniennes, le
ministre a qualifié ces actes d’inadmissibles.
(…)
La démonstration du dimanche 26 février était remplie de
sentiments ultranationalistes, avec des groupuscules appelant à une " revanche"
sur les Arméniens. On pouvait lire : "Vous les Arméniens, vous êtes
tous des bâtards", se référant au slogan utilisé lors de l’assassinat de
Hrant Dink : «Nous sommes tous des Hrant. Nous sommes tous des Arméniens».
Suite à quoi, le ministère de l'Intérieur a sorti un
communiqué le 29, déclarant : «Les banderoles, les mots et les
comportements de groupes provocateurs qui jettent une ombre sur l'objectif et
l'esprit de la manifestation ne peuvent pas être approuvés."
Parallèlement aux autorités d'Istanbul qui «s’activent» pour
déterminer l’identité des manifestants qui brandissaient des banderoles provocatrices
lors de la manifestation commémorant les «massacres» de Khodjalou en 1992,
l’hebdomadaire turco-arménien Agos condamnait de son côté les dérapages.
L’hebdomadaire Agos a présenté à la Une la déclaration
condamnant l'incident et a appelé à la paix et la vie, au lieu de vengeance et
de sang.
"Laissez-nous défendre non pas la fatalité, mais la
vitalité. La vitalité, c'est la vie et le droit de chacun d'entre nous. Le jour
où nous nous retrouverons solennellement sur cette place et partagerons [les
uns des autres] la douleur, sera le jour où nous serons en mesure de subvenir
aux besoins de chacun. Par la présente nous appelons à ce jour, car nous
pouvons ensemble créer ce jour-là. Laissez-nous trouver la vitalité dans
l'autre."
"L'interprétation de l'histoire ne peut pas changée
tant que l'identité arménienne est associée à une ‘bâtardise’, tout comme la
démarche d’un groupe auprès du journal Agos, faisant l'éloge des assassins de
Hrant Dink, et intercepté in extremis, dimanche dernier."
"En outre, ceux qui aspirent à écrire d'un avenir
différent verront leurs stylos se briser, vu que vous ne pouvez pas écrire tous
les mots avec le sang."
* Brève Azerbaidjan *
Le premier vice-président du parlement azerbaïdjanais, Ziyafat
Askerov, appelle les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE à entreprendre
des actions spécifiques pour la résolution du conflit du Karabakh.
"Si les coprésidents du Groupe de Minsk se contentent
de déclarations, le règlement du conflit ne progressera pas. Si les médiateurs
sont réellement intéressés par le règlement du conflit, ils doivent ‘influer’ sur
l'Arménie et lui faire prendre une démarche ‘constructive’. Sinon, leurs
activités ne seront pas efficaces ni couronnées de succès."
* Le coin des experts/commentateurs
*
* Sergueï Markedonov
Concernant la décision du Conseil constitutionnel français
sur la pénalisation des dénis de génocides, le politologue russe Sergueï
Markedonov qui se trouvait au Centre des Etudes Stratégiques Internationales
(CSIS) de Washington a déclaré :
"La décision n'est pas surprenante, car la
reconnaissance ou la négation de tout génocide a toujours été politisée. Le
Conseil, comme tout organe conservateur, a fondé sa décision sur des motifs
politiques. La décision fait suite à une logique bureaucratique. De toute
évidence, les décideurs se sont inquiétés qu’une définition juridique claire
pourrait conduire à des spéculations. Pourtant, quelle que puisse être la
décision du Conseil, de nombreux hommes politiques français se sont engagés à
poursuivre la lutte. Ce qui signifie que le différend entre la justice
historique et pragmatisme, sera poursuivi."
* Ali Birand
Le journaliste turc Mehmet Ali Birand travaillant sur canal
D, commentant la décision Conseil constitutionnel français, a indiqué que cela
a empêché la détérioration définitive des relations franco-turques :
"La décision du Conseil constitutionnel a prouvé l'importance vitale de la
liberté d'expression. Cependant, la question ne peut pas être encore considérée
comme résolue."
* Chahan Kandaharian
"La Turquie avait besoin d'une manifestation condamnant
les événements de Khodjalou, laquelle a dégénéré en une marche hostile envers
les Arméniens à un niveau sans précédent," écrit le rédacteur en chef duquotidien Aztag de Beyrouth, Chahan Kandaharian.
La manifestation qui visait à montrer la puissance de la
Turquie face aux Arméniens, a été organisée place Taksim à Istanbul à la veille
de la décision du Conseil constitutionnel français sur le projet de loi
pénalisant la négation des génocides. Le thème de Khodjalou a été choisi pour
des motifs d'intimidation.
"La propagande du tandem Ankara-Bakou qui a organisé
les rassemblements à Istanbul et à Bakou, ne ciblait pas seulement Khodjalou.
Une couronne noire a été déposée à l'ambassade française, et les Azéris vivant
en Turquie ont appelé à assimiler les événements de Khodjalou au génocide
arménien, bien que l'accent soit mis sur Khodjalou," indique l’article.
Quant à la décision du Conseil constitutionnel français,
Kandaharian pense que la négation du génocide arménien et la reconnaissance des
événements Khodjalou sont la base de la politique menée par Ankara en faveur de
l'Azerbaïdjan.
"Les contradictions au sein de la politique intérieure
française ont été révélées par la décision politique du Conseil
constitutionnel, qu’il faut mentionner encore une fois. Pourquoi le déni de
l'Holocauste devrait être pénalisé, et donc être en conformité avec la
Constitution, et déclaré inconstitutionnel le génocide arménien ? Tout cela est
suffisamment clair pour comprendre que la décision n'était pas fondée sur la
Constitution du pays, mais était une censure politique. Il est douloureux pour
les Arméniens de se rendre compte que le génocide arménien est devenu une autre
carte dans les jeux politiques. Ce jeu implique la révision de la loi, son
adoption et la soumission au Conseil constitutionnel, c'est à dire que le même
circuit sera répété. La partie arménienne ne doit pas céder aux émotions, elle
doit poursuivre son travail politique en conformité avec les réalités politiques.
Encore une fois, il est devenu évident que les jugements légaux en France sont
transmis par le Conseil constitutionnel, lequel se base sur des considérations
politiques actuelles."
**