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Traduction Gérard
Merdjanian - commentaires
Tout comme les années précédentes, les déclarations se
suivent et se ressemblent. Celle du 22 Mars n’échappe pas à la règle. Si les
déclarations se ressemblent, il n’en est pas de même des positions des parties
en conflit.
On se souvient qu’après les entretiens de Key West en Avril
2001 entre les présidents Robert Kotcharian et Haydar Aliev, un Accord-cadre a
… failli être signé. L’argument avancé pour la non réalisation de l’Accord
était que les populations n’étaient pas préparées, car il signifiait dans les
faits que l’Azerbaïdjan, bien que récupérant des districts, perdait le
Haut-Karabakh.
Seulement deux faits nouveaux, et de taille, se sont
produits depuis cette période : 1 - Ilham a succédé à son père
Haydar ; 2 – les pétrodollars ont commencé à couler à flots.
Résultat : le calife de Bakou s’est cru suffisamment puissant pour
‘effacer’ les erreurs de son père et refuser tout net de céder quoi que ce soit
aux Arméniens.
Ces faits nouveaux entrainent de la part des dirigeants
azéris un jeu du ‘chat et de la souris’ qui consiste à dire ‘oui’ aux
propositions des médiateurs et de ne rien faire une fois rentré à Bakou. Si les
coprésidents français et surtout russe sont tout à fait conscients de cette
hypocrisie, le médiateur américain joue les naïfs, pensant que l’on peut
appliquer in extenso les principes de Madrid et leurs corollaires ; à
croire qu’il ne comprend pas les propos du sieur Aliev.
Monsieur Bradtke indique que dans une négociation c’est
donnant-donnant, c'est-à-dire faire des compromis avec la partie adverse. Après
vingt ans d’indépendance, il est illusoire de croire que le Haut-Karabakh va
retourner sous administration azérie. Quand Ilham Aliev dit que le
Haut-Karabakh ne sera jamais indépendant, à quoi cela sert-il de
négocier ? Quand Ilham Aliev refuse de retirer ses snippers de la ligne de
contact et persiste à violer le cessez-le-feu, à quoi cela sert-il de
négocier ? Monsieur Bradtke ne fait que caresser le mini-dictateur dans le
sens du poil en vue d’une guerre potentielle contre le voisin du Sud. Des
Arméniens et du Haut-Karabakh, Washington n’en a que faire, l’Arménie n’a pas
de richesses et est l’alliée de Moscou, aussi, l’important n’est pas de régler
le conflit, mais d’assurer les intérêts des Etats-Unis dans la région, à
commencer par le pétrole et le gaz et la sécurité d’Israël.
Les médiateurs n’arriveront pas à régler le conflit pour la
simple raison qu’ils ne prennent en compte que la situation à partir de la fin
des hostilités, c'est-à-dire de 1994, faisant fi de tout ce qui a précédé la
guerre : La déclaration de sécession du Haut-Karabakh conformément aux
lois soviétiques en vigueur en 1988, les massacres d’Arméniens avant que l’Azerbaïdjan
envoie son armée mater les ‘insurgés’ du Haut-Karabakh, et je laisse de côté
les charcutages territoriaux des bolchevicks dans les années 1920.
La question que devraient se poser les médiateurs n’est pas
de savoir quand un Accord-cadre sera conclu, mais quand Monsieur Aliev lancera
ses troupes sur la petite république de l’Artsakh ?
"Les
aveugles sont ceux qui ne voient que ce qu'ils veulent voir." (Dan Brown)
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La Secrétaire d'Etat Hillary Clinton, le ministre russe des
Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue français Alain Juppé, dans
une déclaration conjointe, publiée le 22 Mars pour le 20e anniversaire de la
création du Groupe de Minsk de l'OSCE, ont appelé les parties à une résolution
rapide et pacifique du conflit au Haut-Karabakh.
"A l'occasion
du 20e anniversaire de la demande formelle de convoquer une conférence sur le
conflit du Haut-Karabakh, nous, les ministres des Affaires étrangères, des pays
coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, appelons les parties à faire preuve
de la volonté politique nécessaire pour atteindre un règlement durable et
pacifique. Comme les présidents Medvedev, Obama et Sarkozy ont réaffirmé dans
leur déclaration commune à Deauville le 24 mai 2011, seul un règlement négocié
peut mener à la paix, à la stabilité et la réconciliation, et toute tentative
d'utiliser la force pour résoudre le conflit ne fera qu’'apporter davantage de
souffrances à une région qui connait l'incertitude et l'insécurité pendant trop
longtemps.
Nous rappelons que
les peuples de la région ont le plus souffert des conséquences de la guerre, et
tout retard dans la réalisation d'un règlement ne fera que prolonger leurs
souffrances. Une nouvelle génération a atteint l'âge sans aucun souvenir des
Arméniens et des Azéris vivant côte à côte, et en continuant de prolonger ces
divisions artificielles, on ne fait qu’approfondir les plaies de la guerre.
Pour cette raison, nous demandons instamment aux dirigeants des parties de
préparer leurs populations à la paix, et non à la guerre.
Des progrès vers
la paix ont été faits. Les déclarations communes de nos trois présidents à
L'Aquila en 2009, Muskoka en 2010, et Deauville en 2011, décrivent les éléments
d'un cadre pour un règlement de paix global. Récemment, le 23 Janvier 2012, la
déclaration conjointe faite à Sotchi (Russie) par les présidents Aliev,
Sarkissian et Medvedev, a exprimé l'engagement des deux parties à accélérer la conclusion
d'un accord sur les principes de base. Nous demandons instamment aux dirigeants
des parties d’achever les travaux dès que possible sur l'accord-cadre et après,
passer au règlement final - basé sur les principes de l'Actefinal d'Helsinki - non-utilisation de
la force ou sa menace, intégrité territoriale, et autodétermination et égalité
des droits des peuples ; la Charte des Nations Unies, et les normes et
principes du droit international. Ce qui permettra à l'ensemble de la région à
se déplacer du statu quo vers un avenir plus sûr et plus prospère. "
Ces mêmes ministres avaient déclaré en Décembre que : "il ne peut y avoir de solution militaire
au conflit du Haut-Karabakh" et que : "le statu quo est inacceptable dans un conflit non-résolu."
A noter que leur déclaration ne précise pas si les
médiateurs pensent que les parties peuvent et/ou doivent surmonter leurs
divergences avant les élections présidentielles prévues l'année prochaine en
Arménie et en Azerbaïdjan.
(…)
De son côté, le médiateur américain du Groupe de Minsk,
Robert Bradtke, a résumé les progrès accomplis et les obstacles qui existent
toujours.
"Je pense que
le Groupe de Minsk a fait trois choses importantes :
Premièrement, il a
contribué à constituer un facteur de stabilité. A désamorcer les tensions. A
prévenir l'apparition d'une nouvelle guerre, et notamment quand les violations du
cessez-le-feu se produisent - et elles sont nombreuses depuis 1994. A garantir
que ces violations du cessez-le-feu ne dégénèrent pas en quelque chose de plus
grave.
La deuxième chose
que le Groupe de Minsk a fait, c'est d’être un canal de communication entre et
parmi les parties.
Et la troisième
chose qui faisait partie de notre mandat et que nous avons faite dans cette
période, est de développer une base commune pour la négociation. Au cours des 5
dernières années notamment, et qui a fait l'objet du travail des coprésidents,
pour mettre au point un document-cadre - appelé ‘les principes de base’, qui
comprennent la restitution des terres entourant le Haut-Karabakh, le droit au
retour des déplacés personnes ; un statut intérimaire pour le
Haut-Karabakh avec des garanties à la sécurité et à une auto-gouvernance ; un
corridor reliant l'Arménie et le Haut-Karabakh ; et un accord afin de
déterminer le statut juridique final du Karabakh à un certain moment dans le
futur.
Nous avons
travaillé très dur avec les parties pour essayer de développer ce
document-cadre. Nous n'avons pas encore réussi. Il ne fait aucun doute que nous
sommes plus près que nous n’étions il y a 20 ans."
De toute évidence,
nous avions espéré voir davantage de progrès à Kazan et nous regrettons le fait
qu'il n'y avait pas eu plus de progrès. Mais cela ne signifie pas que tout est
perdu. Cela ne veut pas dire que nous n'avons pas de points sur lesquels les
parties ne sont pas d'accord, ou que nous ne pouvons pas encore aller de
l'avant à partir du travail qui a été fait. Cela signifie que nous prenons une
grande respiration et cherchons des moyens d'aller de l'avant.
Les parties sont plus
proches d'un accord qu'elles ne le pensent. En raison du manque de confiance, cela
rend plus difficile pour eux de le voir. L'une des choses essentielles dans
tout processus de paix, que j'ai appris, c'est que les côtés viennent à se
considérer comme des partenaires - qu'ils reconnaissent qu'ils ne feront pas de
progrès tant qu'ils voient l'autre comme quelqu'un qui a des problèmes et qu’il
faut aider à résoudre. Ce n'est pas une question de «Comment puis-je obtenir
tout ce que je veux et l’autre rien ? Si telle est l'approche, alors il n’y
aura pas de progrès. Ils ont besoin de voir ce processus comme «Il n'y aura pas
de paix à moins qu'il obtienne quelque chose et que je reçoive quelque chose,
et comment puis-je lui obtenir quelque chose dont il a besoin et comment
peut-il me donner quelque chose dont j'ai besoin ?"
*
* Brève France *
La Fédération
Euro-Arménienne pour la Justice et la Démocratie (FEAJD) a le plaisir de
vous informer que sa Présidente, Mme Hilda Tchoboian, a été élue Conseillère
régionale de Rhône-Alpes. Afin d’assumer pleinement la responsabilité de ses
engagements, Mme Tchoboian a mis un terme à sa fonction de présidente de la
Fédération Euro-Arménienne.
Mme Tchoboian,
militante engagée de la cause arménienne depuis les années 70, a participé
activement à la reconnaissance et à la réparation du génocide des Arméniens.
Elle a porté, au sein des institutions européennes, les revendications en
faveur des droits de l’Homme et des minorités en Turquie et au Caucase, dénonçant
notamment les conditions de vie dérisoires des Arméniens du Djavaghk, et
insistant sur le droit à l’auto-détermination des Arméniens du Karabakh.
Depuis 2002, Mme Tchoboian a fait de la Fédération
Euro-Arménienne le porte-parole des Européens d’origine arménienne,
représentant ainsi leurs intérêts auprès des organismes européens. M. Kaspar
Karampetian, ancien président du CDCA Grèce et membre du Conseil
d’administration de la FEAJD, lui succède à la tête de l’organisation.
La Fédération Euro-Arménienne souhaite à Hilda Tchoboian
beaucoup de réussites dans ses nouvelles fonctions.
* Brève UE *
La Commission des Affaires
étrangères du Parlement européen a adopté un document sur l'Arménie lors de
sa session générale du 22 Mars.
Entre autres dispositions, le document propose que l'Union
européenne remplace la France dans le groupe Minsk de l'OSCE.
La proposition doit encore être mise aux voix lors de la
session plénière du Parlement européen, qui aura lieu d’ici un mois.
* Brève OSCE *
Le Bureau de l'OSCE pour les Institutions démocratiques et
des droits de l'homme va commencer son observation des élections législatives
en Arménie.
"Nous sommes
venus pour suivre si les élections législatives en Arménie vont correspondre
aux normes internationales. Nous allons suivre strictement les principes prévus
dans notre mission, ce qui signifie qu’en tant qu'observateurs nous resterons
impartiaux, professionnels et objectifs. Nous observerons les faits, et
seulement les faits. L'OSCE/BIDDH
n'est pas une police des élections, pas plus que nous essaierons de remplacer
vos autorités. Nous observons les élections dans d'autres pays de la même manière,
nous utilisons notre méthodologie," a déclaré la responsable de la
mission d'observation de l'OSCE/BIDDH, Radmila
Shekerinska.
Un groupe de 13 experts internationaux et de 24 observateurs
sur une longue période, arriveront prochainement en Arménie. En outre, 250
observateurs ponctuels suivront les processus électoraux et le décompte des
voix dans toute la république. Le lendemain des élections, ils présenteront
leurs premières conclusions.
Les membres de la mission d'observation rencontreront les
commissions électorales, les représentants des partis, la société civile et les
médias, et présenteront les conclusions définitives des élections du 6 Mai, dans
les deux mois suivants.
Outre les observateurs des Etats membres de l'OSCE, seront
également présents des représentants de l'Assemblée parlementaire de l'OSCE.
Concernant les remarques des journalistes que la mission
d'observation en Géorgie a été plus importante en nombre, Shekerinska a indiqué
que "il ne faut pas utiliser
l'arithmétique pour tirer des conclusions politiques."
* Brève Canada *
La Fédération de la Jeunesse
arménienne du Canada (AYF) a organisé une manifestation devant l'ambassade
d'Azerbaïdjan à Ottawa, le vendredi 23 Mars. Des centaines d’Arméno-Canadiens du
pays ont organisé cette manifestation pour exprimer leur inquiétude sur
l'agression permanente de l'Azerbaïdjan envers les Arméniens.
Dans leur communiqué, l’AYF indique que le gouvernement azerbaïdjanais
poursuit activement une politique d'hostilité contre les Arméniens : - exil
et les pogroms dans les années 1980, - constante rhétorique belliciste menaçant
de mettre fin à l'accord de cessez-le-feu avec la République du Haut-Karabakh.
Plus récemment, la destruction planifiée des Khatchkars arméniens (pierre-croix)
au Nakhitchevan - déclarés depuis comme éléments du patrimoine mondial par
l'UNESCO, prouvent au monde que l'Azerbaïdjan a pris des mesures actives pour
un effacement de la mémoire des Arméniens de leur pays.
La manifestation marque également le 24e anniversaire des
pogroms meurtriers de Soumgaït du 27 Février 1988, marquant le début d'une
campagne systématique par les forces spéciales de l'Azerbaïdjan (OMON) à utiliser les massacres et la violence pour
forcer les Arméniens à quitter l'Azerbaïdjan et le Haut -Karabakh. La tragédie
de Soumgaït et ses répétitions sanglantes en Azerbaïdjan, de 1988 à 1991, a
conduit au départ des 450.000 Arméniens vivant en Azerbaïdjan.
La communauté canadienne d'origine arménienne estime que la
paix dans la région doit être construite sur une fondation solide de la vérité
et que l'indépendance du Haut-Karabakh doit être universellement reconnue. En
outre, les gouvernements à travers le monde doivent condamner l'Azerbaïdjan
pour son affichage continu d'intolérance religieuse, d'agression et de
déstabilisation constante du Caucase.
* Brève Turquie *
La Cour d'appel suprême de la Turquie a confirmé le 21 Mars la
peine de prison d’Ogün Samast pour le meurtre du journaliste turco-arménien
Hrant Dink.
Condamné à 22 ans et 10 mois de prison en Juillet dernier
par un tribunal pour mineurs d’Istanbul, Ogün Samast n’effectuera que les deux
tiers de sa peine selon le Code pénal turc. Ayant déjà passé les cinq dernières
années en prison, il sera libéré en 2022.
* Brève Etats-Unis *
Les sénateurs Robert Menendez (D-NJ) et Mark Kirk (R-IL) ont
présenté le 20 Mars une loi, S.Res.399, demandant au gouvernement des
États-Unis de reconnaître le génocide arménien et d'utiliser les leçons de
cette atrocité pour prévenir les crimes contre l'humanité à venir, indique le
Comité National Arménien d'Amérique (ANCA).
"Il est temps
pour les États-Unis de se joindre aux dix-neuf nations - dont la Belgique, le
Canada, la France, l'Italie et l'Union européenne - qui ont officiellement qualifié
les actions menées par l'Empire ottoman de 1915 à 1923 de génocide, Le génocide
arménien est un fait historique et fut l'un des incidents sur lesquels la
convention sur le génocide a été fondée. C'est seulement en reconnaissant
précisément les crimes du passé que nous pouvons espérer avancer d'une manière
légitime et prévenir que de tels crimes contre les droits de l'homme ne se
produisent à l'avenir," a déclaré le sénateur Robert Menendez.
"Le génocide
arménien est bien documenté et reconnu officiellement par onze alliés de l'OTAN
et l'Union européenne. Cette résolution caractérise avec précision les
événements de 1915-1923 comme étant un génocide, honore la mémoire des
victimes, et renforce le leadership moral de l'Amérique sur les droits de
l'homme et la prévention des atrocités de masse à travers le monde,"
a déclaré le porte-parole du sénateur Mark
Kirk.
De nombreux autres élus, sénateurs et représentants, ont
coparrainé le projet de loi de Messieurs Menendez et Kirk.
"Nous nous
joignons avec les Arméniens du New Jersey, de l'Illinois, et à travers tout le
pays, pour remercier les sénateurs Menendez et Kirk pour leurs nombreuses
années de leadership passées à contrecarrer les pressions de la Turquie sur la
condamnation américaine et la commémoration du génocide arménien. La Turquie
n'a pas le droit de retenir l'Amérique en otage
pour imposer son refus délibéré en tant qu’État d'accepter la vérité, la
résolution juste et complète de ce crime contre l'humanité tout entière,"
a déclaré directeur exécutif de l'ANCA, Aram
Hamparian.
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Extrait de Radiolour
et de PanArmenian