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Traduction Gérard
Merdjanian – commentaires
Dicton français qui va comme un gant aux dirigeants des
grandes puissances qui refusent de reconnaître le génocide arménien. Les
pensionnaires de Washington s’étant forgé une spécialité dans l’usage immodéré
de la périphrase dans leur message du 24 Avril.
"La Turquie
doit affronter ‘les démons de son passé’ si elle veut se classer parmi les 10
meilleures économies du monde en 2023, date du centenaire de la République de Turquie.
Chaque grand pays a des périodes rayonnantes dans son histoire, dont il est
fier, mais il a également des moments de douleur et de peine. Les historiens
ont besoin d'appréhender ces périodes de peine avec ouverture d'esprit et
honnêteté afin que vous puissiez parvenir une reconnaissance complète et
franche de ce qui s'est passé. Nous pensons que vous commencez à faire cela,"
avait déclaré en Janvier dernier l'ambassadeur des Etats-Unis à Ankara, Francis
Ricciardone, dans son interview aux médias turcs.
Quelques jours plus tard, lors d’une conférence de presse,
la Secrétaire d’Etat, Hillary Clinton avait déclaré : "Je pense qu’il est juste de dire que
c’était toujours vu, et à juste titre, comme un débat historique plutôt que
politique. Et je pense qu’est la position juste pour le Gouvernement des
Etats-Unis car même si l’évènement fut épouvantable, employer la puissance du gouvernement
pour résoudre les questions historiques est, je pense, une porte très
dangereuse à franchir. La question est très émotionnelle, je le reconnais, et
j’ai une grande sympathie pour ceux qui sont si incroyablement passionné par
cela."
Il est clair que par ces temps de crise, Washington n’a nul
envie de reconnaître le génocide arménien ; Les Etats-Unis ont besoin de
la Turquie pour réaliser leurs objectifs au Moyen-Orient, aidés en cela par
Londres et Paris. Quant à l’Union européenne, c’est certes un argument entendu
et qui ressort au grand jour quand le besoin s’en fait sentir. Dit autrement,
les Européens ont suffisamment d’arguments pour faire trainer en longueur,
voire des décennies, les négociations d’adhésion
avec la Turquie.
C’est vrai qu’on ne peut pas récriminer Ankara et signer des
contrats juteux ou lui demander son aide dans la région.
(…)
A l’Est rien de nouveau.
L’Azerbaïdjan continue de se surarmer auprès d’Israël et de
la Turquie ; ses snippers continuent de violer le cessez-le-feu le long de
la ligne de contact avec le Haut-Karabakh, plusieurs dizaines de fois par jour ;
les dirigeants azéris, après avoir cosigné des documents internationaux les
engageants, continuent de diffuser leur haine anti-arménienne une fois rentré
chez eux ; les médiateurs coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE, constatent
et donnent la direction à suivre ; les missions d’Observation du
cessez-le-feu de l’OSCE, qui se rendent sur le terrain depuis des années, ne relèvent
jamais de violations alors qu’il y a des dizaines de victimes de par et d’autre
de la ligne de front ; etc, etc.
C’est vrai qu’on ne peut pas récriminer Bakou et signer des
contrats juteux et, très probablement, lui demander son aide dans la région.
***
*
Le ministre arménien des Affaires étrangères, Edouard
Nalbandian, a rencontré à Varsovie les coprésidents
du Groupe de Minsk de l'OSCE - Robert Bradtke, Igor Popov, Jacques Faure et
le Représentant personnel du Président en exercice de l'OSCE Andrzej Kasprzyk.
Les discussions ont porté sur le processus de règlement du
conflit du Karabakh, la mise en œuvre des dispositions indiquées dans la
déclaration adoptée par les Présidents de l'Arménie, de la Russie et de l'Azerbaïdjan,
lors du Sommet de Sotchi en Janvier dernier.
Le ministre Nalbandian a mis l’accent sur les ‘déclarations’
de Bakou, qui contredisent les accords conclus à Sotchi. Ainsi, la rhétorique militaire,
les propos anti-arméniens et racistes sont devenus plus actifs depuis quelques
mois, empêchant la création d'une atmosphère favorable pour le processus de
négociation.
Et de rappeler que le Président Ilham Aliev a qualifié les
Arméniens de «fascistes» au cours de la séance plénière de l'Assemblée
parlementaire Euronest à Bakou. La déclaration a suscité la réaction de la
délégation arménienne qui a qualifié ce comportement d’injurieux et au-delà des
normes diplomatiques. Le Représentant de la délégation Euronest et d'autres
pays ont également exprimé leur mécontentement quant à la conduite du président
Aliev.
* Brève OSCE *
Le 12 Avril, conformément aux Accords conclus avec les
autorités de la République du Haut-Karabakh et celles de l’Azerbaïdjan, la Mission de surveillance de l’OSCE s’est
rendue sur la ligne de contact dans la région d'Askeran.
Côté RHK, le groupe était composé d’Antal Herdich (Hongrie),
d’Irjie Aberle (République tchèque), ainsi que du Colonel Andreï Barashkin.
Côté Azerbaïdjan, l’équipe était constituée de Peter Kee
(Grande-Bretagne), de Hristo Hristov (Bulgarie) et d’Ilhami Deirmenoghlu
(Turquie).
Comme à chaque fois, aucune violation du régime du
cessez-le-feu n’a été relevée.
* Brève APCE *
Le Président Serge Sarkissian, également chef du Parti
Républicain, a reçu la délégation de l'Assemblée parlementaire du Conseil de
l'Europe (APCE), dirigée par la baronne Emma
Nicholson, dans le cadre de la surveillance pré-électorale des élections
parlementaires du 6 Mai prochain.
La délégation a salué la coopération de l'Arménie avec les
structures du Conseil de l'Europe et la participation active du pays dans le
cadre de l'Organisation dans les débats sur les multiples questions paneuropéennes
à l’ordre du jour.
Le président Sarkissian a souligné l'importance du Conseil
dans la protection des droits de l'homme et de la démocratie, du respect de la
primauté du droit et du développement, soulignant au passage que l'adhésion de
l'Arménie au Conseil de l'Europe est un facteur important pour la mise en œuvre
de réformes en Arménie.
Il a indiqué qu'un travail considérable avait déjà été fait
dans différents domaines, ce qui permettra de conduire les prochaines élections
en conformité avec les normes démocratiques. Cette démarche renforcera son tour
l'approfondissement et le renforcement de la démocratie en Arménie.
(…)
La baronne Emma Nicholson avait récemment déclarée : "Nous attendons de l'Arménie qu’elle
remplisse ses obligations."
Interrogée sur la stratégie de lutte contre un autre
scénario du type ‘Hrazdan’ dans lequel des électeurs avaient été soudoyés, la
baronne a indiqué que la vaste expérience des observateurs internationaux
contribuera à prévenir la récurrence de l'incident. En plus des observateurs
internationaux, des médias locaux et des représentants des missions
diplomatiques à Erevan, 16.000 observateurs arméniens seront également présents
dans les bureaux de vote.
1074 candidats appartenant à huit partis politiques et une Alliance se disputent les 131
sièges(1) : - le Parti Républicain,
Arménie prospère, la FRA-Dachnaktsoutioun, Pays de lois, le Parti Héritage, le
Parti Démocratique, le Parti communiste et le Parti Arménie Unie - ainsi que le
bloc électoral représenté par le Congrès National Arménien.
* Brève Haut-Karabakh
*
Le porte-parole du ministère de la Défense de Haut-Karabakh,
Senor Hasratian, a réfuté les propos des médias azéris indiquant que "deux
soldats azerbaïdjanais ont été blessés au cours d’une violation du
cessez-le-feu par les Arméniens," déclarant que : "c’est encore une autre désinformation
azérie."
Peu de temps après, l’agence Trend corrigeait le communiqué
initial précisant qu’un soldat azerbaïdjanais a été blessé par un tireur
Arménien, ce qui a entrainé la riposte des Azéris qui ont blessé un soldat coté
Karabakh.
* Brève Etats-Unis *
Le Sénat de l’Etat du Maine a reconnu le génocide arménien,
le mardi 10 Avril. [Ndlt : A noter
que la Chambre des Représentants l’avait déjà reconnu en 2001.]
La résolution stipule : "l'Empire
ottoman a lancé une campagne visant à éliminer le peuple arménien, ce qui a
entrainé la mort de plus de 1,5 millions de personnes. Certains survivants se
sont établis ici dans le Maine, et ils veulent faire reconnaître leurs
contributions à notre Etat, et exprimer leur sympathie aux familles de ceux qui
sont morts."
* Brève Europe *
Selon le Forum des Associations Arméniennes d'Europe (FAAE),
un scandale politique enflamme l’Azerbaïdjan et la Turquie concernant la
Slovaquie.
De nombreux médias turcs et azerbaïdjanais décrient la
déclaration en Novembre 2011du président du Conseil suprême de la Slovaquie, Stefan Harabin, stipulant que la
Slovaquie a pénalisé la négation du génocide arménien depuis Septembre 2009.
Le fait est que Harabin avait personnellement mis au point
le texte de loi et l'avait soumis au parlement de son pays pendant son mandat
de Vice-Premier ministre et ministre de la Justice.
Les médias ont fait référence à la déclaration erronée de
l'ambassadeur slovaque en l'Arménie et en l'Azerbaïdjan, Josef Migaš, indiquant que "la
loi pénalisant le génocide arménien n'a jamais été mise en œuvre dans son pays et
qu’elle n'a même pas été discutée au parlement."
Le président du FAAE, Achod
Krikorian, a demandé à M. Migaš de s’expliquer sur sa maladresse et l'a
averti que cela peut entrainer un grave scandale. Demande restée sans réponse.
Aussi, les représentants du FAAE ont publié une lettre
ouverte adressée à l'ambassadeur Josef Migaš, indiquant que "des démarches nécessaires doivent
être entreprises pour prévenir la menace d’un scandale politique."
* Le coin des experts
*
* Ardzroun
Hovannisian
Selon l'expert militaire arménien, Ardzroun Hovannisian, les
armes israéliennes achetées récemment par l'Azerbaïdjan, ne sont pas très efficaces
dans le Haut-Karabakh : "Les
drones achetés à Israël ne sont pas armés, et il n’y a aucune possibilité de
les transformer en avions d'attaque. De plus, le système de défense antimissile
de l'Arménie peut se coupler à celui de l'OTSC(2). L'Arménie n’est pas totalement désarmée
face à l'Azerbaïdjan, elle le surpasse même sur certains types d'armement."
Le contrat d'armement entre Israël et l'Azerbaïdjan, estimé
à 1,6 milliards de dollars, porte entre autres sur des missiles mer-mer Gabriel,
cinq drones Heron(3) et cinq drones Searcher.
La possibilité de déployer des systèmes de défense
antimissiles sur son territoire répond aux intérêts de l'Arménie. L'expert a
souligné la nécessité pour la Russie de construire un nouveau système moderne pour
atteindre les objectifs initialement prévus pour la Station radar Gabala, située
en Azerbaïdjan, et ce même si l'accord de prolongation de location est agréé
par Bakou. "La Russie peut donner
son accord sur le déploiement d'un nouveau complexe en Arménie. Par ailleurs,
la position géographique de l'Arménie permet un fonctionnement plus efficace des
systèmes de missiles," a déclaré M. Hovannisian.
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Extrait de Radiolouret de PanArmenian
(1)
: 90 des 131 sièges de l’Assemblée
nationale sont pourvus par un scrutin ‘à la proportionnelle’. Les 41 restants,
le sont par un scrutin uninominal.
(2)
: Organisation du Traité de Sécurité
Collective
(3)
: La version Heron TP, susceptible d’être
armée de missiles, ne fait pas partie des livraisons.