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Traduction Gérard
Merdjanian - commentaires
Suite au travail des représentants turcs et surtout
azerbaidjanais dans les diverses instances européennes pour déplacer la
résolution du conflit du Haut-Karabakh à d’autres organismes que le groupe de
Minsk de l’OSCE, il y a quelques semaines, la Commission des Affaires
étrangères de l’UE avait soulevé le problème et dans quelles mesures elle pouvait
s’impliquer dans sa résolution. Les députés européens devaient statuer sur la
marche à suivre en séance plénière, ce fut chose faire le 18 Avril. Les recommandations
portent sur les critères (Valeurs) de démocratie dans le cadre du partenariat
oriental (Libertés et droits de l’homme) et sur le conflit du Karabakh. Si dans
le premier cas Erevan est plutôt bien noté et Bakou critiqué, c’est l’inverse
concernant le conflit du Karabakh.
L’UE s’est clairement calquée sur les positions des
médiateurs internationaux et a refusé de s’immiscer dans la résolution
politique du problème. Comme il fallait s’y attendre, tout doit se dérouler
selon les normes et le droit international et sur la base des principes d’Helsinki.
Par contre l’UE désire fortement s’impliquer dans la résolution par le biais des
sociétés civiles et serait assez favorable de rentrer dans le groupe de Minsk.
Lorsqu’on regarde en détail la Résolution sur l’Arménie et celle sur l’Azerbaïdjan, on remarque qu’elles sont loin d’être équilibrées. Bakou est
beaucoup plus avantagé que Erevan tant dans les attendus que dans les
recommandations. A cela plusieurs explications.
La première remarque
est que les résolutions ne tiennent absolument pas compte des déclarations hors
réunions des uns et des autres, du comportement des uns et des autres sur la
ligne de contact, des achats d’armes (montant ou type) des uns et des autres,
et mettent tout le monde dans le paquet. Seuls comptent les déclarations faites
à l’issue des réunions officielles. Ce qui enlève une grande part de crédibilité
aux deux Résolutions qui se transforment en une liste théorique type : ‘Faut
qu’on – Y a qu’à’.
Au même titre que toutes les organisations internationales, l’UE
traite le conflit du Karabakh à partir de la guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan,
c’est à dire sans chercher à comprendre les tenants, s’efforçant exclusivement
de régler les aboutissants. Or ignorer volontairement les causes profondes
datant de la soviétisation de la région revient à ‘mettre un cautère sur une
jambe de bois’. Pour l’UE, l’Arménie est l’agresseur, et en tant que tel elle
doit retirer ses forces de l’Azerbaïdjan, restituer tous les territoires,
permettre le retour des réfugiés y compris dans le Haut-Karabakh. Un referendum
sur le Statut futur de cette enclave aurait lieu à une date indéterminée et on demandera
à toute la population, c'est-à-dire un million d’Azéris et 155.000 Arméniens s’ils
veulent ou pas se scinder de l’Azerbaïdjan ? [Trouvez l’erreur !]
La seconde remarque,
beaucoup plus importante et inquiétante, porte sur le déséquilibre des attendus
et des recommandations. Le lobby turco-azéri a mis les bouchées doubles pour
atteindre ses objectifs, à savoir : faire désavouer le comportement de l’Arménie.
Il a réussi en partie. Les moyens utilisés par ces deux pays, que ce soit sur
le plan quantitatif (nombre de lobbyistes) ou le plan financier, dépassent et
de loin tous ceux de l’Arménie.
Pensez à ce qui s’est passé pour la loi française de
pénalisation du déni des génocides, et multipliez ces moyens par dix pour
comprendre le travail réalisé par le tandem turco-azéri. Comme en France où
nombre de personnes (élus ou pas) ont succombé aux sirènes de la Turquie pour
des raisons plus ou moins avouables (liberté d’expression, commerciales), à
Bruxelles (ou plus exactement à Strasbourg), nombre d’eurodéputés ont suivi les
recommandations de leur pays quant à l’entrée de la Turquie en Europe (sur 27 il
n’y en a pas beaucoup qui sont contre) ou sur la nécessité de caresser Bakou
dans le sens du poil pour des raisons énergétiques, le tout facilité par la
propagande turco-azérie.
La stratégie de l’Arménie reste certainement la meilleure :
Il faut garder le format actuel du Groupe de Minsk de l’OSCE avec les trois
coprésidents – Etats-Unis, France, Russie. A ce jour, si Washington a une
neutralité bienveillante envers Bakou, Paris et Moscou ont la même avec Erevan.
Faire rentrer l’UE - qui ne dispose pas de gouvernance
politique avec 27 Etats cherchant avant tout leurs intérêts, ou pire la
Turquie, ne peut qu’apporter des déboires à la population du Haut-Karabakh. Il
n’est pas nécessaire d’avoir une force d’interposition poreuse quand on est
aussi bien servi par soi-même. Le seul changement acceptable par Erevan, c’est
de faire participer Stépanaguerd aux négociations de paix.
Il faut éviter comme disait Jean Giraudoux, que "la paix soit
l'intervalle entre deux guerres!"
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Session plénière
Commerce extérieur/international (Cf. document)
Contexte
Les négociations des accords d'association avec l'Arménie et
l'Azerbaïdjan ont été lancées en juillet 2010: Jusqu'à présent, 24 chapitres de
négociation sur 28 ont été clôturés pour l'Arménie et 13 sur 28 pour
l'Azerbaïdjan. Les dialogues en vue de faciliter les visas avec ces deux pays
ont été lancés en mars de cette année. Les deux accords doivent obtenir le
consentement du Parlement pour pouvoir entrer en vigueur.
Les accords d'association que l'UE négocie actuellement avec
l'Arménie et l'Azerbaïdjan devraient rendre la région plus sûre, à la fois par
la promotion d'un règlement pacifique du conflit du Haut-Karabakh et en faisant
de leur performance en matière de droits de l'homme et de réformes
démocratiques une condition du soutien de l'UE. Pour ces mesures, les deux pays
ont encore "un long chemin à parcourir", soulignent les résolutions
adoptées mercredi.
Les résolutions énoncent les recommandations du Parlement à
l'attention du Conseil et de la Commission en matière d'orientations à prendre
lors de la négociation des accords d'association avec l'Arménie et
l'Azerbaïdjan. Les résolutions ont été adoptées par 520 voix pour, 32 voix
contre et 24 abstentions pour l'Arménie et 508 voix pour, 29 contre et 27
abstentions pour l'Azerbaïdjan.
Les députés louent les ambitions de réforme de l'Arménie et
la coopération énergétique actuelle avec l'Azerbaïdjan, mais mettent en garde
contre des violations des droits de l'homme dans le cadre des préparatifs du
concours de l'Eurovision de la chanson 2012 à Bakou, en Azerbaïdjan, et lors
des élections législatives du 6 mai en Arménie.
Conflit du
Haut-Karabakh
Les députés demandent aux deux parties prenantes du conflit
d'agir davantage en vue de résoudre le conflit du Haut-Karabakh. Les
résolutions condamnent la militarisation de la région et les dépenses
militaires importantes respectives de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie. Elles
appellent également les États membres de l'UE à cesser de fournir des armes et
des munitions aux deux pays.
Le Parlement appelle également les dirigeants de l'Arménie
et l'Azerbaïdjan à modérer leurs propos et à éviter les déclarations incendiaires,
de manière à ouvrir la voie à un véritable dialogue.
Les deux rapporteurs ont souligné que les accords
d'association avec l'UE, sans pouvoir résoudre le conflit, devraient s'efforcer
de contribuer à la stabilité de la région, par exemple en mettant en évidence
le rôle important des échanges de jeunes et de la mobilité universitaire, en
vue de promouvoir la confiance, lors des négociations sur la facilitation des
visas et les accords de réadmission.
Azerbaïdjan
Les autorités azerbaïdjanaises devraient veiller à ce que
toute expulsion ou réinstallation de populations, en vue de faire place à la
construction de nouveaux bâtiments à Bakou pour la tenue prochaine du concours
de l'Eurovision de la chanson, soit conforme à la législation en la matière.
Les députés font part également de leur préoccupation devant les critiques
croissantes du gouvernement à l'encontre des défenseurs des droits de l'homme
qui utilisent cette manifestation culturelle pour améliorer la situation du
pays en matière de démocratie et de droits de l'homme.
Le rapporteur, Anneli
Jäätteenmäki (ADLE, FI), a souligné que la coopération énergétique avec
l'Azerbaïdjan, bien qu'importante, "pourra
uniquement se développer si les droits des peuples sont pris en compte et nous
devons admettre de grandes lacunes à cet égard en Azerbaïdjan. Des personnes
sont arrêtées, des maisons sont fouillées.
Toutefois, cela ne signifie pas que le concours de l'Eurovision de la chanson
doive être boycotté. Si nous négocions un accord d'association et si vous
voulez approfondir la coopération avec l'Azerbaïdjan, alors pourquoi boycotter
le concours de l'Eurovision ?" a-t-elle ajouté.
Arménie
Les députés saluent la poursuite de réformes ambitieuses en
Arménie visant à intégrer les bonnes pratiques et les recommandations de
l'Union dans les domaines de la justice, de la liberté et de la sécurité,
particulièrement les résultats tangibles obtenus dans le domaine des
migrations, mais soulignent la nécessité de veiller à ce que ses élections
législatives de mai soient libres et équitables.
"Les
élections législatives du 6 mai constitueront un test pour la détermination de
l'Arménie à avoir de bonnes relations avec l'UE. Si elles sont libres et
équitables, et je crois que ce sera le cas, cela démontrera que l'Arménie tient
ses engagements de manière sérieuse", a déclaré Piotr Poreba (ECR, PL).
Faisant observer que lors des précédentes élections en
Arménie, l'intervention de la police lors de la dispersion des manifestants a
causé des victimes, la résolution souligne la nécessité de mener à bien une
enquête transparente, indépendante et impartiale sur les événements du 1er mars
2008.
(…)
Les Amis européens de l'Arménie (EuFoA) saluent le fait que le P.E a réitéré les valeurs
fondamentales pour le partenariat oriental, en particulier sur une démocratisation
continue et une approche équilibrée du conflit du Haut-Karabakh. Si le rapport
est particulièrement favorable pour l'Arménie, il rappelle toutefois les points
noirs restants.
Le Parlement européen soutient fermement tous les points des
Principes de Madrid du Groupe de Minsk comme un tout, y compris pour la
première fois explicitement "(…)
de véritables garanties internationales en matière de sécurité, qui comprennent
une véritable opération multinationale de maintien de la paix, afin de créer
des conditions concertées favorables pour l'expression future d'une volonté,
libre et juridiquement contraignante, concernant le statut définitif du
Haut-Karabakh."
Le Dr Andreï
Kovatchev, membre du Conseil Consultatif Europe-Arménie, a déclaré en
séance plénière que : "Le
conflit ne peut être résolu que par des moyens pacifiques dans le cadre du
droit international et conformément aux principes proposés par le Groupe de
Minsk. Le renforcement du rôle de l'UE dans la région nous oblige à être prudents
et corrects dans nos évaluations sinon nous serions comme un éléphant dans un
magasin de porcelaine, et au lieu d'aider à parvenir à une solution
mutuellement acceptable, nous aggraverions la situation."
Le secrétaire général de l’EuFoA, Mikael Kambeck, a indiqué que : "le Parlement européen a de nouveau soutenu pleinement les
efforts du Groupe de Minsk de l'OSCE et a défendu cette position d'équilibre
contre une campagne de lobbying sans précédent de l'Azerbaïdjan. Je suis
heureux qu’une fois que les députés se sont penchés attentivement sur les
questions, ils ont relevé les pièges. De nombreux députés ont estimé que
c'était tout à fait inapproprié."
* Brève OTAN *
Le 19 Avril, le ministre
arménien des Affaires étrangères, Edouard
Nalbandian, a participé à la séance prolongée de l'OTAN sur l'Afghanistan,
avec plus de 50 ministres des Affaires étrangères des Etats membres et des pays
contribuant à la Force internationale d'assistance à la sécurité en
Afghanistan.
Lors de la séance, le ministre Nalbandian a réitéré la
volonté de l'Arménie à continuer de contribuer aux efforts visant à
l'établissement de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afghanistan,
et ce, même après le départ en 2014 des forces d’assistance à la sécurité. "L'Arménie est venue en Afghanistan
pour participer aux efforts internationaux déployés pour aider ce pays à
établir la paix avec lui-même, ses voisins et la communauté internationale, et
non pour permettre des actions destructrices par les forces terroristes en
Afghanistan et ailleurs."
En marge de la réunion, Edouard Nalbandian s’est entretenu
avec certains de ses homologues.
* Brève Russie *
"La composante
morale joue un rôle essentiel dans la question de la reconnaissance du génocide
arménien. L'adhésion de la Turquie à l'UE est impossible sans la reconnaissance
de ce crime contre l'humanité," a déclaré le président de
l'organisation ‘Union Internationale Civile’, Armen Mardirossian, lors d'une table ronde sur "Le Génocide arménien : L'impunité génère la
rechute" qui s’est déroulée le 13 Avril à Kiev suite à la
projection du film "Un génocide
ordinaire : Maragha, 10 Avril 1992"
L'événement a rassemblé d’éminents analystes politiques
ukrainiens, des scientifiques, des journalistes, des personnalités civiles et
politiques, des représentants des Cosaques.
A l’issue de la rencontre, un texte a été élaboré demandant
la reconnaissance sur le plan législatif du 24 Avril, comme la Journée de
commémoration du génocide arménien, puis envoyé au président ukrainien Viktor Ianoukovitch
et au président du parlement Rada Lytvyn Volodymyr
* Brève Iran *
"Le
gouvernement le plus dictatorial au monde et qui a le plus mauvais système de
sécurité se situe en Azerbaïdjan, dont le président est Ilham Aliev"
écrit le site iranien tabnak.ir.
Le site réagit au ministère azerbaidjanais de la sécurité
nationale qui a publié il y a quelques jours un communiqué affirmant que :
‘les terroristes d'Al-Qaïda, après
avoir été formés en Iran, ont été arrêtés en Azerbaïdjan’.
Tabnak.ir souligne que l'Iran et Al-Qaïda ont des positions
très différentes - Al-Qaïda indique que la coopération avec Shia est ‘haram’
(interdite), et que par conséquent, l'Iran ne peut coopérer en aucune façon
avec ce groupe.
"L'Azerbaïdjan,
en conflit avec l'Arménie, communique avec le Nakhitchevan en passant par
l'Iran. En raison de la faible réaction du ministère des Affaires étrangères iranien,
les dirigeants azerbaïdjanais se permettent de telles allégations. Par
conséquent, le gouvernement iranien est instamment prié d'utiliser la question
du Nakhitchevan pour contrer le lavage de cerveau lancé par
l'Azerbaïdjan," conclut le site.
* Le coin des experts
*
* Richard
Guiragossian
"La politique
de négation du génocide arménien par la Turquie se durcit d'année en année. Peu
de pays soutiennent cette politique de négation et elle devient inefficace.
L'Azerbaïdjan semble plus engagé dans ce processus, que les descendants des auteurs
eux-mêmes," a déclaré le Directeur du Centre d’études régionales, Richard Guiragossian.
L'expert prévoit des attaques diplomatiques intensives
contre la campagne de reconnaissance du génocide arménien, sur le conflit du
Haut-Karabakh et sur la politique étrangère de l'Arménie.
"La Turquie a
commencé la mise en œuvre d'une nouvelle politique consistant à créer sa propre
diaspora. Le gouvernement turc tiendra en Juin un colloque réunissant quelques
500 représentants d'ONG turques à travers le monde, et un autre similaire est
prévu pour la fin de l'année avec la participation de 2000 représentants."
À ce sujet, M. Guiragossian a indiqué la nécessité de mettre
œuvre des mesures ad hoc pour résister aux attaques turques et azerbaïdjanaises
contre la diaspora arménienne.
"Nous devons
nous préparer pour le jour où la Turquie reconnaîtra le génocide arménien. Les
Arméniens doivent également réfléchir à la formulation de leurs demandes, Cette
reconnaissance signifiera que la Turquie sera confrontée et acceptera son
passé. C'est aussi un test du genre de pays que la Turquie deviendra à
l'avenir, en ce sens, c’est une chance pour décider de son futur."
* Lévon Chirinian
"L'Arménie
doit mettre en avant la sécurité du pays et la reconnaissance de l'indépendance
du Haut-Karabakh parallèlement à la reconnaissance du génocide arménien. Les
excuses n’auront aucune valeur, si elles ne sont donnent pas lieu à des
réparations," a déclaré le politologue Lévon Chirinian.
"Nous avons
besoin d'adopter une stratégie claire. Le processus de reconnaissance du
génocide arménien par la Turquie n'a pas subi de modification de contenu, mais
il a officiellement changé. Si les Turcs ne disent pas qu'ils rendront leurs terres
aux Arméniens, cela signifie qu'ils mentent. Cela dit, ils n'ont pas changé,"
a-t-il souligné.
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Extrait de Radiolour et de Panarmenian