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Traduction
Gérard Merdjanian - commentaires
Le ‘grand démocrate’ qu’est Ilham Aliev n’a pas réussi son
coup de bluff. Il pensait montrer à la communauté internationale que
l’Azerbaïdjan est un grand pays moderne tourné vers l’avenir, et que ses
valeurs sont celles des pays civilisés où les droits de l’homme et les libertés
s’exercent comme en Occident. Comme ceux du Golf persique, sans doute ?
Les dépenses somptueuses pour accueillir les concurrents de
l’Eurovision de la chanson n’ont pas masqué les dérapages criant d’Aliev et de
son clan. Quand on est classé en 162ème position sur 179 pays, (Cf.article de RSF), par Reporters Sans Frontières, il est très difficile de
faire oublier la corruption, les multiples violations des droits de l'homme, et
autres interpellations arbitraires.
Tout décrié qu’il est par nombre d’ONG (RSF, FIDH, Human Rights
Watch, etc …), cela ne changera en rien son comportement dictatorial, les
milliards de pétrodollars lui ayant définitivement tourné la tête. Son énorme
magot, bien que partagé dans la famille(1), ses proches et ses fidèles, ne
l’empêche pas de laisser son peuple dans le besoin, et de reloger les réfugiés
du Karabakh à dose homéopathique. De surcroit, il touche des subsides de la
communauté internationale (UN-HCR) pour ce faire, alors que les réfugiés
arméniens ayant fui l’Azerbaïdjan n’ont droit à rien. L’intérêt prime le droit et
l’équité chez certains.
La nomination de son pays à la tête du Conseil de sécurité de
l’ONU n’a fait qu’aggraver sa soif de vengeance, et si les trois pays
coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE – Etats-Unis, Russie et France - ne
le freinaient pas, il y a fort à parier qu’il attaquerait le Haut-Karabakh sans
hésiter, avec la bénédiction officieuse de la Turquie. Et dire que Washington
croit encore à la ratification des protocoles par Ankara !
"Le drame des
dictatures, c'est qu'elles donnent toute licence aux malades mentaux, aux
mégalomanes, aux méchants, aux malhonnêtes gens d'aller jusqu'au bout de leur
folie, de leur mégalomanie, de leur méchanceté, de leur malhonnêteté,"
disait Henri Amouroux.
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Le parti au pouvoir en Azerbaïdjan a accusé l'Arménie et le
"lobby arménien" de la diaspora de la montée des tensions entre leur
pays et l'Iran, ce qui a conduit Téhéran à rappeler son ambassadeur "pour
consultations", mardi.
Cela fait suite à des mois de récriminations amères par les
deux nations voisines d’une ingérence présumée dans les affaires de l’autre.
L'Iran a accusé les compatriotes musulmans chiites
d’Azerbaïdjan d'aider Israël à assassiner des scientifiques [nucléaires]
iraniens et de faciliter les possibles frappes aériennes israéliennes et
américaines contre les installations nucléaires de la République islamique. Le
gouvernement azerbaïdjanais a fermement démenti ces allégations, disant
implicitement que Téhéran lui-même a fomenté l'extrémisme islamique sur son
territoire. Cette année, des dizaines de personnes ont été arrêtées en
Azerbaïdjan soupçonnées de liens avec les Gardiens de la Révolution.
Début Mai, des centaines d'Azerbaïdjanais en colère ont
manifesté devant l'ambassade d'Iran à Bakou, organisées en sous-main par le
gouvernement. Ils ont condamné, entre autres choses, les liens chaleureux entre
l'Iran et l'Arménie chrétienne. Certains des manifestants portaient des photos
désobligeantes du président Ahmadinejad et du guide suprême, l'ayatollah Ali
Khamenei.
Téhéran a réagi avec colère aux manifestations de cette
semaine, et un haut dignitaire religieux iranien a exhorté les musulmans de la
région à protester contre le comportement "anti-islamique" du
gouvernement azerbaïdjanais. En particulier, l'ayatollah Sobhani qui a décrié
le concours de l'Eurovision de Bakou, commencé mardi.
Le départ de l'ambassadeur d'Iran a attiré une forte
condamnation des parlementaires azéris de la majorité gouvernementale. "Le lobby arménien est derrière la propagande
anti-azerbaïdjanaise, menée dans le contexte du concours d’Eurovision de la
chanson. Les sites Internet arméniens avaient signalé au préalable le scénario
de la campagne anti-azerbaïdjanais lancée en Iran. Il existe des preuves de
cela," a déclaré le président du parlement, Oktay Asadov.
Mubariz Gurbanli,
le secrétaire adjoint du Parti présidentiel, Yeni Azerbaycan [Azerbaïdjan
Nouveau], a même allégué mercredi une coopération étroite entre les dirigeants
iraniens et ‘le lobby arménien’. "Certains
milieux ainsi que des groupes au sein du régime iranien actuel, reprennent la
rhétorique arménienne et exécutent leurs ordres."
Ainsi, les Arméniens seraient également à l’origine des
dernières manifestations anti-Aliev de Tauris, une ville au Nord de l'Iran
principalement peuplée d’Azéris. Mais fait valoir Gurbanli, la victoire de
l'Azerbaïdjan à l'Eurovision 2011 qui lui donne le droit d’organiser celle de
2012, démontre : "la
supériorité de son pays sur l'Arménie. Inquiet de ce succès azerbaïdjanais,
l'Arménie ne ménage aucun effort pour empêcher cet événement et la dénigrer aux
yeux des autres. "
Rappelons que l'Arménie boycotte l'Eurovision suite à la
déclaration d’Ilham Aliev du 1er Mars stipulant que "les Arméniens du monde entier sont l'ennemi
principal de l’Azerbaïdjan". Le 16 Avril, il a réitéré ses propos,
disant : "Pour nous,
l'ennemi N°1 est le lobby arménien," accusant la diaspora
arménienne de la critique occidentale des manquements de son gouvernement en
matière de droits de l'homme.
* Des
sénateurs en Artsakh *
Le sénateur français Bernard
Fournier a confirmé la préparation d'un nouveau projet de loi pénalisant la
négation du génocide arménien en France, conformément à la promesse du
président François Hollande. "En
tant qu'amis de l'Arménie, nous serons heureux d’avoir le consensus sur la
question," a-t-il souligné.
Le sénateur Philippe
Marini, a donné ses impressions sur la visite au mémorial du génocide
arménien et du Musée du Génocide. "Dans
la matinée, nous avons rendu hommage aux victimes du premier génocide du 20ème
siècle. La visite du Musée nous a permis d'approfondir les connaissances sur la
criminalité qui s'est abattue sur la nation arménienne, " a-t-il souligné.
Il a aussi parlé de l'accueil chaleureux et convivial qu'ils
ont reçu en Artsakh et des intéressantes discussions échangées les dirigeants
de la RHK ainsi qu’avec l’archevêque de l'Eglise apostolique arménienne.
Pour sa part, la sénatrice Sophie Joissains a commenté la décision de l'Azerbaïdjan de porter ses
collègues Philippe Marini, Bernard Fournier et elle-même, sur la ‘liste noire’
pour avoir visité l’Artsakh.
"Nous avons
répondu à l'invitation des autorités du Haut-Karabakh et avons décidé de voir par
nous-mêmes ce qui se passe là-bas. Pour autant que nous le sachions, le
territoire n'est pas fermé et de nombreuses délégations parlementaires l’avaient
déjà visité avant nous. À notre avis, le Sénat français peut également s’y
rendre et constater de visu son évolution. Nous étions heureux de voir la
bravoure des habitants de l'Artsakh, qui restent attachés aux valeurs
démocratiques. Les Arméniens y ont résidé pendant des siècles et nous ferons le
maximum pour assurer la paix et l'harmonie dans le pays. En tant que démocrate,
j’étais moi-même impatiente de voir l'aspiration d’une nation à porter des
valeurs démocratiques," a-t-elle déclaré lors d'une conférence de
presse à Erevan.
* Brève
Arménie *
"Les
États-Unis continuent de presser la Turquie pour normaliser sans conditions ses
relations avec l'Arménie. Nous avons encore très bon espoir que le processus va
reprendre d’autant que ce n'est pas lié à d’autres questions. Alors nous
continuons à travailler avec la Turquie et l’incitons à faire la bonne démarche,"
a déclaré mercredi à Erevan l'ambassadeur américain, John Heffern.
Les responsables américains ont appelé à plusieurs reprises
le gouvernement turc d’abandonner la pré-condition liée à la résolution du
conflit du Haut-Karabakh. En Décembre dernier, le Vice-président Joe Biden avait
exhorté Ankara à ratifier les protocoles "dans les mois à venir." La Secrétaire
d'Etat Hillary Clinton avait transmis un message similaire lors de sa visite en
Juillet 2011. Les dirigeants turcs n’ont rien changé à leur position.
Les relations turco-arméniennes auraient été sur l'ordre du
jour des pourparlers entre le président Barack Obama et son homologue Abdullah
Gul qui ont eu lieu en marge du Sommet de l'OTAN de Chicago.
Le président Serge Sarkissian avait menacé l'an dernier de
revenir sur les accords signés en Octobre 2009 si le côté turc n’abandonnait
pas sa pré-condition liée au Karabakh. Mais jusqu’à présent, il n'a pas mis sa
menace à exécution.
"Nous nous
réunissons, bien sûr, tout le temps avec les dirigeants arméniens et turcs, et nous
continuons à les pousser à la ratification. Nous sommes très heureux que le
président arménien ait montré la direction à suivre et continue de garder les
protocoles prêts à la ratification à l'Assemblée nationale [arménienne], dans
l'espoir que la Turquie fasse de même," a poursuivi Heffern.
L’ambassadeur s’exprimait après l'inauguration d'une exposition au Musée du Génocide Arménien d’Erevan,
dédiée à Clara Barton, la fondatrice
de la Croix-Rouge américaine (ARC). Mme Barton a été honorée par la direction
du musée en reconnaissance des secours apportés aux Arméniens suite aux
massacres de 1896 perpétrés par le Sultan Abdul Hamid II dans l'Empire ottoman et
qui avaient fait près de 300.000 morts.
Mme Barton avait organisé la distribution de nourriture, de
semences, d'outils et de bétail à des centaines de villages arméniens, ainsi
que la lutte contre les épidémies.
"Pour nous,
le thème de l'événement d'aujourd'hui est l'amitié profonde et de longue date
entre le peuple arménien et le peuple américain et le rôle que Clara Barton a
joué dans l'approfondissement de cette amitié. Le musée et le mémorial
consacrés aux 1,5 million d'Arméniens massacrés dans l’empire ottoman durant la
Première Guerre mondiale sont un partenaire important et un enseignement pour
chacun d'entre nous dans la communauté internationale’," a souligné
Heffern.
"Clara Barton
a ouvert une page importante dans l'histoire américaine et dans l'histoire de
l'amitié arméno-américaine," a déclaré le directeur du musée, Haïk Demoyan.
* Brèves Etats-Unis
*
Le 22 mai à Boston, le ministre arménien des Affaires
étrangères, Edouard Nalbandian et la
ministre de la Diaspora, Héranouche Hagopian,
ont participé à l'inauguration du parc Héritage Arménien et du mémorial du
génocide.
Le maire de Boston Thomas Menino, le gouverneur du
Massachusetts, Deval Patrick, le député Ed Markey, le président de la Fondation
Héritage Arménien, James Kaloustian et d'autres officiels, participaient à
l'événement.
Edouard Nalbandian a remercié la direction de l'Etat pour son
soutien : "Le mémorial
dédié aux victimes du génocide désigne la contribution de la communauté
arménienne à la culture des États-Unis. Le parc est la démonstration de la
gratitude des Arméno-Américains envers l'Etat du Massachusetts, et de la nation
qui a recueilli des milliers de survivants du génocide. La négation du génocide
et son impunité créent un précédent pour d'autres crimes. Indépendamment des
intérêts géopolitiques et autres, la communauté internationale doit lutter
conjointement pour condamner et prévenir des génocides." Il a
exprimé l'espoir que le parc devienne un lieu de pèlerinage non seulement pour
les descendants des victimes du génocide, mais aussi pour les descendants des
auteurs du crime contre l'humanité.
(…)
La Secrétaire d'État Hillary
Clinton se rendra au Danemark, en Norvège, en Suède du 31 mai au 3 Juin. Puis
elle poursuivra son périple par :
L’Arménie le 4 juin, où elle rencontrera les dirigeants
arméniens, ainsi que des dirigeants de la société civile.
Le 5, elle ouvrira la session plénière de la Commission de
partenariat stratégique Géorgie-États-Unis à Batoumi (Géorgie) avant de
rencontrer comme en Arménie, les dirigeants géorgiens, ainsi que des dirigeants
de la société civile.
Le 6, un scénario
identique se déroulera à Bakou avant de s’envoler pour Istanbul pour coprésider le Forum ministériel Global
Counterterrorism. Les mêmes personnalités turques seront consultées avec en
plus des thèmes abordés dans les capitales précédentes - problèmes importants
de sécurité régionale, de démocratie, de développement économique et de lutte
contre le terrorisme -, un chapitre consacré à la Syrie et à l'Iran.
* Des
Experts russes commentent la déclaration de l’OTAN *
* Yana Amelina
"L’OTAN a réitéré
son appel à la Russie de renoncer à la reconnaissance de l'indépendance de
l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, tout en soutenant l'aspiration de la Géorgie
à rejoindre l'Alliance. Apparemment, la puissance militaire géorgienne serait
susceptible de ‘restaurer’ l'intégrité territoriale de la Géorgie, c.-à-dire le
‘retour’ de l'Ossétie du Sud et de l’Abkhazie [dans le giron géorgien]. L'OTAN
soutient Tbilissi dans ce sens," a déclaré la chef du Département Caucase
de l'Institut russe d'Etudes Stratégiques, Yana
Amelina.
Ces notions d' "intégrité territoriale" et de
"résolution pacifique des conflits religieux" ont également été
adressées à l'Arménie, à l'Azerbaïdjan et à la Moldavie.
"De telles
déclarations font partie de la guerre de l'information mais elles n'affecteront
pas la situation," a ajouté l'expert, soulignant la nécessité pour
la Russie d'accorder de l’importance à la cohérence des exigences de l'OTAN.
* Sergueï Markedonov
"La
déclaration adoptée à Chicago par le sommet de l'OTAN comprend une clause sur
les conflits régionaux dans l'espace postsoviétique, exhortant les parties en
conflit à respecter le format des négociations de règlement. Elle appelle
également à s'abstenir de compromettre la sécurité des mesures régionales et
internationales," a déclaré le politologue Sergueï Markedonov du Centre d’Etudes Stratégiques et
Internationales (CSIS).
"Le Sommet a
confirmé que la modification du statu quo est impossible sans tenir compte de
la position de l'autre partie. La déclaration confirme le soutien de l'Alliance
à l'intégrité territoriale de la Géorgie, de la Moldavie, de l'Azerbaïdjan et de
l'Arménie. Ce n'est pas par hasard que l'Arménie a été incluse dans la liste. En
effet, l'Arménie ne possède pas de formations
non reconnues ou de régions séparatistes, elle n’est qu’impliquée dans la lutte
avec l'Azerbaïdjan sur le Haut-Karabakh. Bakou ne cache pas d’ailleurs la
possibilité de représailles en reprenant
par la force le contrôle du Haut-Karabakh et des régions adjacentes.
La réaction de
l'OTAN est compréhensible dans ce contexte : une telle approche ne peut pas
être mise en œuvre sur le territoire de l'Arménie. Toutefois, la déclaration ne
suggère pas de mécanisme de maintien de la paix, et la question ne figure pas
sur l'ordre du jour de l'Alliance. Le Sommet de Chicago a soutenu le groupe
Minsk de l'OSCE en tant que format de règlement du conflit du Karabakh. L’Alliance
n'a pas l'intention de demander un changement du statu quo ou de suggérer des
idées particulières, par manque total d’actualité," a-t-il
souligné.
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Extrait de
Armenialiberty et de PanArmenian
(1) : A quatre ans son fils avait déjà sur son compte
plusieurs millions et était propriétaire d’immeubles dans les émirats du golfe.