***
Traduction Gérard Merdjanian
- commentaires
Les propos tenus par le président Aliev à New-York lors de
la réception officielle à l’ONU, n’en finissent de faire des vagues chez les
dirigeants arméniens, les élections électorales de dimanche dernier ayant
masqué pour quelques temps les réactions officielles.
Que le calife de Bakou, fort de ses pétrodollars, se
permette d’invectiver l’Arménie et les Arméniens n’est pas nouveau et n’a rien
de surprenant, et être à la tête, même pour un mois, de l’Assemblée la plus
puissante du monde, capable de décider en toute légitimité de la vie ou de la
mort d’un pays, risque de gonfler encore plus son ego. Une chance que la Turquie
ne fasse pas partie des quinze [membres], nous aurions assisté à un festival
anti-Arménie.
L’Azerbaïdjan cherche à tous prix à récupérer ses
territoires perdus et à remettre la main sur le Haut-Karabakh, de préférence vidée
de sa population, sinon il lui faudra plusieurs décennies pour arriver au même
résultat qu’au Nakhitchevan. Car il est clair qu’Aliev n’a que faire du Haut-Karabakh,
qui ne recèle ni richesses minières ni énergies fossiles ; la preuve en
est l’état d’abandon dans lequel a été laissée cette région depuis les années
20, date de rattachement à la RSS d’Azerbaïdjan. Aussi ce combat est avant tout
pour défendre la fierté du pays et ne pas perdre la face. Cela rappelle le
grand frère turc qui poursuit toute personne qui «Humilie l’identité turque, la
République, les institutions ou les organes d’Etat». (Article 301 du code
pénal).
Faire croire à la communauté internationale le contraire est
mensonger. Bakou joue au chat et à la souris avec les médiateurs, leur faisant
croire à des intentions pacifistes. Son surarmement, ses propos bellicistes et
racistes, ses violations constantes du cessez-le-feu, son refus de retirer ses
snippers, ne signifient qu’une chose : reprendre ce qu’il considère comme
sien, quel qu’en soit le prix à payer.
C’est dommage que les dirigeants azéris ne connaissent pas cette
citation de l’historien Tite-Live : "Mieux vaut la paix certaine que la victoire
espérée."
***
* Communiqué
du ministère des A.F arménien *
Le ministère des Affaires étrangères de l'Arménie a publié
une déclaration concernant le discours du président azerbaïdjanais du 4 mai au
Conseil de sécurité des Nations unies.
"La déclaration
du Président de l'Azerbaïdjan, le 4 mai au Conseil de sécurité, est basée sur
des mensonges, des déformations et des spéculations sans fondements. C’est bien
regrettable qu’une plate-forme aussi auguste soit utilisée pour de telles
déclarations. Au lieu de réaffirmer l'engagement de son pays à un règlement
pacifique du conflit du Haut-Karabakh,
le Président azerbaidjanais a abusé de l’importante tribune du Conseil sécurité
de l'ONU pour répéter les thèses éculées de la propagande anti-arménienne de
l'Azerbaïdjan ; et rappelons à ce sujet la célèbre thèse raciste du chef
de l’Etat azerbaïdjanais : "Les principaux ennemis de l'Azerbaïdjan
sont les Arméniens du monde entier."
Au cours de son
discours sur la lutte anti-terroriste, Monsieur Aliev a fait une tentative
infructueuse de porter sa propre responsabilité, sur des liens avec des groupes
terroristes, sur les autres ; vu qu’il est le chef d'un pays qui a
activement utilisé des milliers de mercenaires, étroitement liés aux réseaux
notoires du terrorisme international, dans la guerre déclenchée par Bakou visant
à l'anéantissement du peuple du Haut-Karabakh.
Il s'agit d'une
expression particulière de cynisme lorsque de vaines accusations sont exprimées
contre l'Arménie par le dirigeant d'un pays, dont les autorités ont orchestré les
massacres et les nettoyages ethniques contre les Arméniens par des méthodes
médiévales ; un pays, où les bouchers cruels sont glorifiés comme des héros
nationaux ; un pays où un prisonnier est humilié devant les caméras puis
tué comme cela se fait par des organisations terroristes bien connus ; un pays,
où les monuments culturels vieux de plusieurs siècles sont détruits de manière barbare
comme cela a été fait par les terroristes d’un pays voisin.
Les menaces continuelles
à la paix et à la sécurité régionales, la diffusion de déclarations
provocatrices, belliqueuse et propagatrices de haine par les dirigeants azerbaïdjanais,
qui sont en totale contradiction avec les buts et les principes de la Charte des
Nations Unies, ne sont pas compatibles avec un État membre de l'ONU et sapent
l'autorité du Conseil de sécurité."
* Brève
Suède *
Le 9 mai 2012, le parlement suédois a rejeté la motion
parrainée par l'Azerbaïdjan sur le Haut-Karabakh.
La motion, introduite l'an dernier par le député Vert Mehmet Kaplan, appelait la Suède à
participer activement dans la résolution du conflit du Karabakh, exigeant
"le retrait immédiat et
inconditionnel de toutes les forces armées arméniennes des territoires occupés
de l'Azerbaïdjan et au travail des organisations internationales pour garantir
la sûreté et l'autonomie de la minorité arménienne du Haut-Karabakh dans les
limites territoriales de l'Azerbaïdjan."
La motion diverge de manière significative des propositions
existantes négociées, et notamment des Principes de Madrid. La motion, soi-disant
signée par une seule personne, n'a pas donné lieu à un examen séparé, mais a
été votée avec un certain nombre d'autres questions, indique l'Union des
Associations Arméniennes de Suède.
Au final, le parlement
a adopté la position de la Commission des Affaires étrangères qui
stipule : "Le conflit du
Haut-Karabakh nécessite d'une solution pacifique et il existe un mécanisme pour
traiter de la question. C'est la responsabilité du Groupe de Minsk. La Commission
soutient les efforts qui sont en cours dans le cadre de l'OSCE."
Le texte de la Commission des Affaires étrangères inclut également
une réflexion sur le programme en cours du partenariat oriental de l'UE, en particulier
dans les domaines "de la
démocratie, de la liberté de la presse et du respect des droits de
l'homme" et de souligner : "La
Commission note que les négociations avec les trois pays du Sud-Caucase sur le
traité d'Association avec l'UE continuent, et si Géorgie et l'Arménie ont fait
de grands progrès, les négociations avec l'Azerbaïdjan ont été plus compliquées."
* Brève Turquie
*
Le Vice-ministre turc Naci
Koru a déclaré aux journalistes à Konya que la Turquie espère que les
problèmes avec la France disparaitront avec le nouveau président, aussi il est
difficile de dire quoi que ce soit sur les relations futures, et que la Turquie
attendra de voir.
Koru a ajouté que : "la Turquie espère améliorer les relations
avec la France, car c’est un pays important avec lequel la Turquie coopère
depuis de longues années. La Turquie va tourner une nouvelle page avec le
nouveau président de la France, ce qui aura un impact positif sur les relations
entre les deux pays."
De son côté, le ministre des Affaires étrangères Ahmet
Davutoglu a déclaré aux journalistes que les relations turco-françaises
remontent loin dans l'histoire et que la Turquie estime qu’Hollande prendra des
mesures positives dans le processus de transformation de la France. Il a
exhorté la France à agir de manière rationnelle et conforme à sa tradition,
ajoutant que la Turquie a toujours agi avec ces principes.
* Brève Belgique
*
Les autorités de la ville de Namur (Belgique) ont interdit
une réunion de turcs ultranationalistes - les Loups gris.
Le Parti Mouvement Nationaliste, ou MHP, dirigé par le
négationniste et ultranationaliste turc Devlet
Bahçeli, comptait organiser un colloque à Namur le 20 mai.
La communauté arménienne a alerté Maxime Prévot, le nouveau
maire de la ville, qui a immédiatement informé le propriétaire et gestionnaire
du Centre où la réunion devait avoir lieu. Après vérification, la réunion qui a
été déclarée comme étant une rencontre culturelle, a été interdite en raison de
son caractère raciste.
L’organisateur de l'événement, La Fédération Turque de
Belgique (Belçika Federasyon Türk), la branche belge des Loups Gris, a décidé
de porter plainte.
* Brève Autriche
*
"L’entrée de
la Turquie dans l'UE ne ferait qu'accroître le danger d'islamisation de
l'Europe," a déclaré le député européen autrichien, Johann Ewald Stadler. L’eurodéputé a
été l’un des membres de la mission d'observation du Centre International des
Systèmes Electoraux (CIEM). S'exprimant au parlement de l'Autriche le 24 Avril
dernier, J.E. Stadler a appelé la Turquie à reconnaître le génocide arménien.
En 2011, dans un discours mémorable il
avait exigé le renvoi de l'ambassadeur turc de Vienne.
Interview :
Pensez-vous que l'adhésion de la Turquie à l'UE soit quelque
chose de possible dans un futur proche?
Non, pour deux
raisons. D'abord parce que les pays qui la soutiennent bluffent, et particulièrement
la Grande-Bretagne, ils agissent juste pour leurs intérêts, mais ils savent que
c’'est irréaliste. Deuxièmement, parce que les sondages dans les pays à forte
population, notamment en Pologne et en Autriche, montrent que 75 à 80% des sondés
s'opposent à l'adhésion de la Turquie à l'UE. Enfin, il devrait y avoir un
référendum final où l’entrée de la Turquie risque fort d’être rejetée.
Comment estimez-vous le danger de l'islamisation de l'Europe
dans son ensemble?
Le danger est
énorme, vu que le taux de natalité des musulmans dépasse de loin celui des
chrétiens, l'immigration musulmane ne fait qu’accentuer le déséquilibre. L’entrée
de la Turquie dans l'UE ne ferait que l’aggraver encore plus.
Pensez-vous qu'il y ait des possibilités pour la
reconnaissance du génocide arménien par la Turquie?
La Turquie devra
reconnaître le génocide des Arméniens parce que le débat sur les génocides tient
toujours compte des génocides historiques. La Turquie devra admettre sa faute
historique et ses crimes contre les Arméniens.
Avez-vous des commentaires sur les relations Arménie-Autriche
... ?
Nous avons des
liens étroits basés sur une identité chrétienne commune et une solidarité, et
d'ailleurs, il y a aussi une solide base morale, parce que des Autrichiens,
comme Franz Werfel, se sont beaucoup efforcés de faire respecter les droits et
la justice pour l'Arménie.
* Brève des
Pays Non Alignés *
Le 10 mai, le ministre arménien des Affaires étrangères, Edouard Nalbandian, a prononcé un discours en marge de la réunion ministérielle du Mouvement des Pays Non Alignés
(NAM) à Charm el-Cheikh (Egypte).
En tant que pays Observateur, l’Arménie partage les valeurs
du Mouvement.
Abordant le règlement du conflit du Karabakh, le ministre a souligné
la rhétorique militaire azerbaidjanaise, notant que les déclarations de Bakou vont
à l'encontre de l'esprit du groupe de Minsk de l'OSCE. "L’approche azérie ne menace pas seulement
le processus de paix et la situation fragile dans la zone de conflit, mais est aussi
en contradiction avec les principes fondamentaux de la NAM. L'Azerbaïdjan,
membre du Mouvement depuis un an seulement, a violé les principes de Bandung,
tout en favorisant la discrimination et la haine ethnique. C'est la seule
explication à la récente déclaration du leader azerbaidjanais annonçant que :
‘les Arméniens du monde entier sont l'ennemi n°1 de l'Azerbaïdjan’."
En marge de la réunion, le chef de la diplomatie arménienne a
rencontré son homologue iranien, Ali Akbar Salehi. Le ministre iranien a
rappelé les liens historiques entre l'Iran et l'Arménie, et a souligné que les
pays voisins doivent travailler ensemble dans une ambiance conviviale afin
d'éviter tout malentendu.
Edouard Nalbandian l’a invité à se rendre en Arménie.
* Le coin
des experts *
* Oleg Smirnov
L’expert ukrainien, Oleg
Smirnov, a commenté le discours que le président azerbaïdjanais a adressé au
Conseil de sécurité des Nations unies.
"Quels sont
les possibilités d'Ilham Aliev à utiliser tous les outils diplomatiques et
plates-formes possibles pour la promotion de sa vision du règlement du conflit
du Haut Karabakh ? Très faibles. Par ailleurs, la rhétorique
anti-arménienne est susceptible de devenir le leitmotiv de la présidence azérie
en Mai du Conseil de sécurité de l'ONU.
De plus, les
démarches de Bakou auront une faible efficacité, étant donné les réalités
géopolitiques actuelles et le refus des pays coprésidents du Groupe de Minsk de
l'OSCE à vouloir modifier le statu quo actuel et déstabiliser la situation dans
la région."
**
Extrait de Radiolour
et de PanArmenian