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Traduction
Gérard Merdjanian – commentaires
Ce n’est pas parce que l’on assume la présidence du Conseil
de Sécurité, que l’on peut choisir les sujets à débattre. Aussi, le Calife de
Bakou a du se contenter de parler du sujet qui lui tient à cœur – le Karabakh -
durant la réception officielle. Et même là, il a du se limiter à des considérations
onusiennes, laissant de côté ses propos bellicistes habituels.
Qu’à cela ne tienne, ce ne sont pas les occasions qui manquent.
Or depuis l’an dernier, les dates marquant les 20ème anniversaires
sont pléthores. Elles recouvrent non seulement l’indépendance mais également
toutes les batailles que l’Azerbaïdjan a livrées contre l’armée arménienne, d’abord
avec l’aide des Russes, puis seul.
Comme disait Adolf Hitler : "Un mensonge répété dix fois reste un mensonge ; répété
dix mille fois, il devient une vérité."
Ou dit autrement : "Plus le mensonge est gros...plus le
peuple le croira." Les dirigeants azéris ont fait leur cette citation.
C’est ainsi, alors que l’Artsakh célébrait la prise de Chouchidu 8 Mai 1992, la télévision d’Etat azerbaidjanaise– AzTv – a diffusé pendant
une bonne heure un documentaire sur les Arméniens. A partir d’images d’archives
récupérées auprès de la Turquie ou détournées de la TV arménienne, AzTV a donné
une version très spéciale du génocide arménien où il s’avère que ce sont les terroristes
Arméniens qui ont tué, massacré, violé et brulé vif la population turque. Même
les soldats que l’on voit conduire les colonnes de refuges civils turcs sont en
fait des Arméniens. Et de montrer les ruines encore debout dans les provinces
anatoliennes comme séquelles des massacreurs et fascistes arméniens ! Je
vous fais grâce des noms d’oiseaux utilisés pour les Arméniens. Bref comme
message haineux et raciste c’est un très bon travail de montage.
En tout cas, c’est la manière choisie par les dirigeants
azéris pour préparer leurs concitoyens à la paix. Si chaque bataille donne lieu
à ce genre de spectacle, on imagine aisément la propagande qui reste à faire pour
arriver jusqu’au cessez-le-feu de 1994.
Et les médiateurs du groupe de Minsk de l’OSCE vont aller
discuter avec ces mêmes dirigeants des principes de bases et voir comment
arriver à un accord de paix avec les Arméniens.
Il n’y a pas que les voies du Seigneur qui sont
impénétrables …
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Six mois après être devenu membre non permanent, et pour une
durée de deux ans, l'Azerbaïdjan vient de prendre la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU pour un mois,. Les dirigeants
azerbaïdjanais avaient déclaré en Octobre dernière qu’ils utiliseraient ce
siège prestigieux de l'ONU pour faire adopter une résolution sur le conflit du
Karabakh conforme à leurs souhaits. Mais ils n’ont rédigé aucun document à cet
effet jusqu'à présent.
Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev n’a pas abordé le sujet, lors de l’ouverture de la
séance du Conseil. Par contre à la réception
officielle Jeudi consacrée au 20ème anniversaire de
l’Azerbaïdjan comme membre de l’ONU, il
a rappelé les résolutions sur le Haut-Karabakh adoptées par le Conseil en
1993-1994 et a de nouveau accusé la partie arménienne de ne pas s'y conformer. "Le conflit du Haut Karabakh mine
sérieusement la sécurité et la paix internationale et viole grossièrement le
droit international. Le Haut-Karabakh est une terre natale des azerbaïdjanais
et la violation des droits du pays doit cesser et le droit rétabli dès que
possible," a-t-il déclaré.
"L'Azerbaïdjan
ne se permettra pas de proposer une résolution pro-azérie sur le Haut-Karabakh
au Conseil de sécurité des Nations Unies, même après avoir pris la présidence
tournante," a déclaré vendredi le ministre arménien des Affaires
étrangères, Edouard Nalbandian.
Nalbandian fait confiance aux pays coprésidents du Groupe de
Minsk - Etats-Unis, Russie et France - et membres permanents du Conseil de
sécurité, pour bloquer toute résolution azerbaïdjanaise avant même qu’elle ne
soit débattue. Il sait que les trois puissances mondiales partagent le point de
vue d’Erevan à savoir : que le Groupe de Minsk doit rester le principal
organe de médiation dans le conflit du Karabakh.
"Suite aux
déclarations faites par les présidents des États-Unis, de la Russie et de la
France à L'Aquila, Muskoka et Deauville, l'Arménie a déclaré qu’elle était prête
pour résoudre le conflit du Haut-Karabakh sur la base des propositions de paix [du
Groupe de Minsk]. C’est l'Azerbaïdjan qui les rejette, et je ne pense pas qu'il
soit réaliste de s'attendre à ce que une quelconque initiative unilatérale azerbaïdjanaise
trouve un soutien au Conseil de sécurité."
* Brève
Arménie *
Edouard Nalbandian a reçu son homologue uruguayen Luis Almagro. Les discussions ont porté sur des sujets
économiques et l’augmentation des
échanges bilatéraux, mais également sur les problèmes politiques et notamment
le règlement du problème du Haut-Karabakh. À cet égard, il a été souligné que
le règlement pacifique fondé sur les propositions présentées par les médiateurs
n’a pas d'alternative.
Lors de la conférence de presse conjointe à l’issue de la
rencontre, Luis Almagro a rappelé que la solution doit être basée essentiellement
sur le principe de l'autodétermination des peuples, défendu par les Arméniens. "Le Haut-Karabakh est étroitement lié à
l'Arménie. C'est l'avenir du Karabakh, il peut lui-même choisir, en utilisant
son droit à l'autodétermination. Il est évident pour nous que la solution du
problème réside dans l'autodétermination, plutôt que dans l'utilisation de la
force militaire," a déclaré le ministre uruguayen et d’indiquer que
qu'il a des sentiments des plus chaleureux à l'égard du peuple arménien et
envers l'Arménie, et a souligné le rôle
de la communauté arménienne dans la vie du pays et les fortes relations
intergouvernementales.
Dans sa réponse, Edouard Nalbandian a indiqué : "L'Arménie et l'Uruguay sont à des milliers
de kilomètres, mais l'Uruguay est un pays très proche et amical pour l'Arménie
et les Arméniens. L'Uruguay a été le
premier pays au monde à reconnaître le génocide arménien en 1965 et ce
n'est pas par hasard que le ministre des Affaires étrangères de l'Uruguay ait
commencé sa visite officielle en Arménie en se rendant au Mémorial du génocide.
Nous sommes très reconnaissants envers à la population uruguayenne et à ses dirigeants
d’avoir ouvert ses portes et avoir fournir un abri à nos compatriotes - les rescapés
du génocide. Des milliers d'Arméniens vivent en Uruguay, pour lesquels l'Uruguay
est devenu une seconde patrie. Nous avons des relations très étroites et
chaleureuses avec l'Uruguay."
Luis Almagro a dit qu'il était très impressionné par la
visite du Musée-Institut du Génocide arménien.
"Le génocide
arménien est un crime non seulement contre les Arméniens, mais contre
l'humanité. Des génocides ont encore lieu dans le monde moderne, vu que
malheureusement, les leçons n’ont pas été tirées du passé," a-t-il
déclaré, soulignant au sujet du génocide le besoin de mémoire, de vérité et de
justice, dans son message au monde. Après avoir signé le livre d’or, il a
planté un sapin dans l'Allée de la mémoire avant de poursuivre sa visite
officielle.
Le Haut diplomate va rencontrer le Président Serge
Sarkissian, ainsi que le Catholicos Karékine II.
Dans son périple il sera également accompagné par le
directeur du Bureau de Cause arménienne, Kiro Manoyan et du député de FRA-Dachnaktsoutioun,
Armen Rustamian.
(…)
"Le ministère
azerbaïdjanais des Affaires étrangères étudie la déclaration du ministre uruguayen
des Affaires étrangères," a déclaré le porte-parole du ministère
des Affaires étrangères azerbaïdjanais, Elman
Abdullayev.
"L'ambassade
d'Azerbaïdjan en Argentine a été chargée d'examiner la position du ministre des
Affaires étrangères uruguayen et la fiabilité de ses propos. Le ministère
azerbaïdjanais des Affaires étrangères fera une déclaration officielle," a ajouté Abdullaev.
* Brève OSCE
*
Les coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE - Robert Bradtke, Unis, Igor Popov, et
Jacques Faure - accompagné du Représentant personnel du Président de l'OSCE
en exercice, l'Ambassadeur Andrzej Kasprzyk, se rendront dans la région du 11 au
13 Mai. Ils commenceront par l’Arménie le11, le Karabakh le 12 et l’Azerbaïdjan
le 13.
* Brève Israël
*
Le premier ambassadeur israélien en Arménie a déclaré avoir
assisté à un progrès majeur du pays depuis sa première visite en 1993. Baruch Ben Neria a indiqué que
l'Arménie a encore un grand potentiel de développement. Il a souligné le
renforcement des liens commerciaux et économiques mais également des relations Arménie-Israël,
auxquelles Jérusalem attache de l’importance. "Les
pays pourraient également coopérer dans des secteurs tels que le tourisme et
l'informatique."
Sur la situation actuelle d’Israël, l'ex-envoyé spécial a
souligné la situation complexe et imprévisible dans laquelle son pays s'est
trouvé, précisant : "Le printemps
arabe et les changements politiques dans les Etats arabes ont radicalement
changé les perspectives pour le Moyen-Orient, ce qui rend les prédictions sur
leur avenir politique impossibles. Israël entreprend des efforts importants
pour développer des liens avec les nouveaux Etats démocratiques."
* Des 24
Avril dans le monde *
* Boston
Le monument du génocide arménien qui sera le point central
du Parc du patrimoine arménien à Boston, a été dévoilé lors d'une réception
parrainée et organisée par les Chevaliers et les Filles de Vartan.
A & A Industries, dont les propriétaires-exploitants sont
Anahid et Aurélien Mardiros et leurs fils, sont les concepteurs du projet. La
famille Mardiros a fait don de la sculpture au parc du patrimoine arménien.
Elle sera montée au-dessus d’un miroir d'eau, et reconfiguré annuellement.
La sculpture aura 24-26 configurations différentes, qui
symbolisent la dispersion et l’arrivée des immigrants de différents rivages.
* Barcelone
L’Espagne a accueilli un certain nombre d'événements
consacrés au 97e anniversaire du génocide arménien.
Le 29 Avril, une soirée de commémoration a eu lieu à l’Eglise
Santa Maria del Pi de Barcelone. Une messe a été célébrée, suivie par des
prières de représentants des religions catholique, protestante et des Églises
luthériennes.
La soliste Anahid Mekhitarian accompagnée de l’organiste
espagnol Juan de la Rubia, ont animé le programme culturel de la soirée.
* Stockholm
Du 23 au 27 Avril, la salle de l'Église catholique de Stockholm
a présenté une exposition intitulée "le génocide arménien et la réponse
scandinave", organisée par l'Union des Associations Arméniennes de Suède
et le Musée-Institut du génocide arménien (AGMI). Pour sa première,
l'exposition a eu lieu au Musée-Institut marquant ainsi le 150e anniversaire de
la naissance du grand humaniste, Fridtjof Nansen.
L'exposition lancée à Stockholm a présenté l'activité des
diplomates scandinaves, des politiciens et des missionnaires au cours du
génocide arménien. Douze rapports diplomatiques de l'ambassade de Suède à
Constantinople traitant de l'extermination des Arméniens, ont été également
exposés.
Des grands quotidiens suédois ont écrit sur l'exposition, laquelle
se déplacera dans différentes villes, universités et bibliothèques du pays.
* Le coin
des experts *
* Stanislav Tarasov
Selon Stanislav
Tarasov, "Bakou est encore
sous la pression de l'Accord de Zurich sur la normalisation des relations entre
l'Arménie et la Turquie. D'autant plus que les documents sont en attente de
ratification dans les parlements des deux pays ; même si Ankara, reste
sous la pression de Bakou pour lier la ratification des protocoles à la
résolution des conflits Karabakh. Toutefois, la Turquie peut modifier sa
politique si la situation politique change, si ce n'est que pour préserver son
influence régionale."
Sur la situation avec l'Iran, l'expert a souligné :
"Les principaux acteurs
internationaux ont suffisamment à faire pour se concentrer sur la Transcaucasie
ou sur l’Iran.
Selon Mamedov, les
liens étroits de Bakou avec l'Occident ont causé une certaine tension dans ses
relations avec l'Iran. Téhéran fait pression sur Bakou pour mettre fin à la
coopération avec les États-Unis et Israël, en tant qu’ennemis de l'Azerbaïdjan
et de l'Iran. Ce qui signifie que Bakou étudie le scénario d'une l'union
politique avec les préoccupations de Téhéran. Les préoccupations de Bakou sont
justifiées. Tout d'abord, Bakou peut servir de tremplin potentiel pour une attaque
de l'Ouest sur l'Iran. Si les Occidentaux s’en prennent à l'Iran, ce dernier attaquera
les alliés de l'Occident à savoir la Turquie et l'Azerbaïdjan. De plus, Bakou
estime qu’en cas de nécessité, 5% des Azéris d'Iran vont intensifier leurs
efforts pour déraciner le régime de Téhéran. Toutefois, ces mêmes Azéris
pourraient organiser un mouvement de libération dirigé contre Bakou. Et si la
tension augmente, la question du statut du Haut-Karabakh gagnera en urgence
dans la région," a conclu l'expert.
* Mateusz Piskorski.
"La
reconnaissance du Haut-Karabakh comme Etat indépendant n'a pas la faveur de
certains milieux géopolitiques. Les acteurs géopolitiques tirent bénéfice de
tout conflit, et le Karabakh ne fait pas exception," a déclaré le
directeur du Centre européen d'analyse géopolitique, Mateusz Piskorski.
"L’existence
de conflits est une méthode parfaite pour exercer des pressions. Toutefois, le
Haut-Karabakh a une chance de devenir indépendant, à savoir par le travail de la
diaspora arménienne qui a déjà abouti à la reconnaissance du génocide arménien
par de nombreux pays. Les mêmes tactiques peuvent se révéler fructueuse avec le
Karabakh, mais cela reste un processus à
long terme."
Piskorski a ajouté que le projet Grand Proche-Orient peut
entraîner de graves complications dans la situation régionale et affecter la
résolution du conflit du Karabakh.
"La
déstabilisation en Iran et l'établissement d’un ‘Grand Azerbaïdjan’ sont des
sources de menace. Pourtant, je suppose que ce n'est pas trop mal. La région
est le site d’une confrontation entre les Etats-Unis et la Russie, chacun avec
leurs alliés. Espérons que cela n'entraînera pas des hostilités ouvertes,"
a souligné l'expert politique.
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Extrait de
Armenialiberty, de Radiolour et de PanArmenian