Le président de l’OSCE au Sud-Caucase



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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

Les années passent, les décideurs changent, mais leurs propos restent inchangés : « Faut qu’on – Y a qu’à » ; du moins en ce qui concerne le conflit du Haut-Karabakh, car pour d’autres situations conflictuelles (Iran, Syrie) les adjectifs, voire les invectives, ne manquent pas. Il faut dire que ces deux pays ne sont pas en train de négocier des contrats juteux avec l’UE et qu’ils ne dépensent pas des milliards de pétrodollars pour se fournir en biens civils et militaires auprès des Occidentaux.

L’OSCE, tout comme les coprésidents du Groupe de Minsk ou les dirigeants européens, n’échappe pas à la règle. Règle qui consiste à ne jamais nommer le récalcitrant, à ne jamais sortir du chemin balisé, à rappeler à tout bout de champs les règles et les normes internationales en s’appuyant sur des principes généraux, qui dans le cas du Karabakh deviennent ‘de base’ ; mais surtout éviter d’essayer de comprendre le pourquoi de cette situation.

Si l’important est que le conflit ne dégénère pas en guerre ouverte, en ne s’attaquant pas aux causes, il est clair que les dites causes produiront les mêmes effets. S’appuyer sur l’Acte final d’Helsinki c’est bien, seulement Helsinki date de 1975, depuis beaucoup de choses ont changés dans le monde, à commencer par les problèmes et les conflits générés suite à chute de l’Union soviétique et du bloc de l’Est, et ce que l’on croyait enfoui et/ou oublié à jamais, est remonté à la surface.

Quant à la Turquie il ne faut surtout pas y toucher, c’est la chasse gardée de l’Oncle Sam, Mme Clinton l’a d’ailleurs rappelée à mi-mots lors de son récent passage dans la région. Ankara peut se permettre de fouler aux pieds les accords qu’il a signés, être montré du doigt pour ses manquements aux libertés individuelles, pour ses maltraitances envers les minorités et d’une manière générale pour ses prises de positions qui frisent plus l’hypocrisie que la réelle diplomatie. Même l’Union européenne avec laquelle elle est en pourparlers d’adhésion depuis 2005, ne cesse de la caresser dans le sens du poil et d’avaler des couleuvres.

«Il y a des cas où tout l’art de la diplomatie consiste à maintenir les problèmes intacts le plus longtemps possible.» (André Frossard)



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* Eamon Gilmore à Erevan *

Le président Serge Sarkissian a reçu  la délégation conduite par le Président de l'OSCE en exercice, le Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la République d'Irlande, Eamon Gilmore.

Le Président arménien a félicité son hôte qui assume la présidence de l'OSCE pour 2012. La visite du Président constitue une bonne occasion de se familiariser sur place avec les problèmes et les défis de la région et de discuter des questions liées à l'activité de l'OSCE et de questions d'intérêt réciproque.

Les interlocuteurs ont parlé du processus de mise en œuvre des réformes dans les différentes sphères, des développements politiques internes, du processus de négociation sur le règlement du conflit du Karabakh, et des récents incidents à la frontière Arméno-Azerbaïdjanaise.

Le but essentiel de la visite consistait à contribuer au règlement pacifique du conflit du Karabakh. Et pour cela, il est nécessaire de respecter les principes de base du règlement.

"L’OSCE soutient les trois principes - droit des peuples à l'autodétermination, l'intégrité territoriale et non-usage de la force - et prend en charge l'activité du Groupe de Minsk visant à promouvoir le processus de règlement. L’OSCE est totalement contre l'utilisation de la force ou de la menace de la force et considère qu'il ne peut y avoir de solution militaire au problème."

Mr Gilmore a exprimé sa préoccupation au sujet des récents incidents à la frontière et sur la ligne de contact avec le Karabakh, et a souligné que "l'OSCE appuie tous les efforts visant à la création de mécanismes de prévention et d'enquête sur les incidents."

(...)

"L'Arménie a toujours souhaité la création de mécanismes d'investigation sur les incidents de frontière, et contrairement à l'Azerbaïdjan, quand nous sommes d'accord sur quelque chose, nous ne faisons pas marche arrière le jour suivant. Je voudrais rappeler que les éléments correspondants à la mise en place de mécanismes sont inclus dans les déclarations pertinentes faites par les Présidents de l'Arménie, de la Russie et de l'Azerbaïdjan en Mars 2011 et en Janvier 2012 à Sotchi. Nous respectons ces accords et nous sommes pour la création des mécanismes," a déclaré le ministre arménien des Affaires étrangères, Edouard Nalbandian, lors d'une conférence de presse conjointe avec son hôte, Eamon Gilmore.

Appelé à commenter la déclaration du ministère turc concernant les incidents de frontière, Edouard Nalbandian a déclaré:

"La déclaration du ministre turc des Affaires étrangères qui pleure seulement la perte des militaires azéris, a des relents racistes. Nous ne les avons jamais entendus être préoccupés par les assassinats de soldats arméniens suite aux actes subversifs de la partie azérie. Alors que la communauté internationale condamne les incidents sanglants et prie instamment les parties de s'abstenir d’user de la force, ce genre de déclarations turques ne fait qu’encourager les Azerbaïdjanais à de nouveaux actes subversifs."

"Ainsi, l'Azerbaïdjan non seulement ne réagit pas, mais rejette en permanence les propositions des coprésidents du Groupe de Minsk sur le retrait des tireurs d'élite de la ligne de contact, sur la consolidation de la trêve, sur la création de mécanismes d'enquête sur les violations du cessez-le-feu, et la Turquie tente de déplacer cette responsabilité de la partie azerbaïdjanaise sur les autres. La partie turque fait comme si elle ne savait pas à qui incombe la faute si des progrès n'ont pas pu être faits à Kazan pour parvenir à un accord sur des principes de base."

"Il y a 20 ans l'Arménie ne s’est pas opposée à l'entrée de la Turquie comme membre du Groupe de Minsk, parce que certains pays s'attendaient à ce que la Turquie se montre impartiale quant au règlement pacifique du conflit. Les 20 dernières années ont montré que la Turquie est non seulement partiale, mais grâce à sa position nuit au processus de règlement au Haut-Karabakh. Une question se pose : Est-ce qu’un tel comportement est compatible avec le fait d’être membre du Groupe de Minsk ?" a conclu Edouard Nalbandian.

Dans sa réponse, le président Gilmore a déclaré en substance :

"Je condamne fermement les récents incidents violents. Ce conflit ne sera pas résolu par l'utilisation de la force. Le cycle de la violence doit cesser, C'est le même message que je délivrerai en Azerbaïdjan jeudi. Le temps est venu de bâtir la confiance, ce qui nécessite de la volonté et de l'engagement de la part de tous ceux qui participent à la recherche de la paix."

"Nous en Irlande savons que trop bien le coût dévastateur des conflits. Et nous savons combien il est difficile de résoudre de telles situations. D'après notre expérience, il est essentiel d'avoir une politique claire et déterminée pour ne pas céder à la violence ou à la tentation d'exercer des représailles. Courage, persévérance et un engagement significatif sont nécessaires."

"L'OSCE peut aider à aplanir les divergences entre les pays et entre les peuples. Nous pouvons vous fournir un forum pour le dialogue et soutenir les côtés afin de renforcer le cessez-le-feu et trouver une solution négociée."

"Toutefois, afin de faire des progrès vers la résolution de ce conflit de longue date, les parties doivent faire avancer leur travail sur les principes généraux d'une résolution, retirer les tireurs d'élite de la ligne de contact, accepter un mécanisme d'enquête sur les incidents de frontière et trouver des moyens pour mettre en œuvre l'accord conclu récemment par les présidents pour développer les contacts entre les populations. Ce qui nécessite des mesures de confiance."

Suite à la proposition de l'Arménie concernant un déplacement en Artsakh, il a précisé : "Je vais discuter de cette question lors de la réunion avec les représentants du gouvernement azerbaïdjanais demain. Mais je vous indique clairement que je n'ai pas l'intention de me rendre dans le Haut-Karabakh."

Le président a conclu en se félicitant de l'excellente coopération entre l'Arménie et l'OSCE, qui soutient le pays dans son processus de réformes, dans les domaines : de la police, de la justice, de la réglementation et de l’économie.

* Eamon Gilmore à Bakou *

Suite à sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères Elmar Mammadyarov le jeudi 14 Juin, le président Eamon Gilmore a déclaré :

"Le conflit du Haut Karabakh a été au cœur des discussions lors de mes visites à Bakou et dans la région. L’OSCE exhorte les parties à continuer à se concentrer sur les principes de base du règlement du conflit, en particulier sur le non-usage de la force, sur la suppression des tireurs d'élite de la ligne de contact, sur un accord de mécanisme d'enquêtes des incidents sur les lignes de front, et, suite à l'accord conclu récemment par les présidents, de développer les contacts personnels entre les populations."

"Le cycle de la violence doit cesser. Ce conflit ne sera pas résolu par l'utilisation de la force. Il est temps que soient prises entre les parties d’importantes mesures de construction de la confiance. La présidence de l'OSCE soutient les efforts du Groupe de Minsk sur le renforcement du cessez –le-feu et pour trouver une solution négociée. L’OSCE soutient les côtés pour combler les différences entre les pays et entre les peuples."

"L’OSCE ne prend que des décisions par consensus. En outre, elle a clairement actualisée les principes de résolution des conflits. Pour ce faire, nous avons développé un ensemble de principes, sur la base desquels le conflit du Karabakh peut être résolu, avec l'accord des pays concernés."

"Nous voulons aider la région à progresser vers une paix durable. Nous en Irlande, à travers le processus de paix d’Irlande du Nord, pouvons témoigner de la réalité de l'empathie, de la tolérance, du respect et de l'inclusion (volonté de tenir compte des différences) qui sont la clé du succès des pourparlers de paix. Nous ne pouvons pas imposer une solution, mais nous pouvons fournir un forum pour le dialogue."

Dans ses réunions avec les divers responsables, le président s'est dit préoccupé par la liberté des médias dans le pays et par les arrestations de journalistes. Il a rencontré le personnel du Bureau de l'OSCE de Bakou et a discuté de la coopération. Le Bureau soutient les autorités dans les aspects humanitaires, politiques, économiques et environnementaux de la sécurité et de la stabilité.

Au cours de sa visite, le Président a rencontré le Premier ministre Artur Rasi-Zade, la Vice-présidente du Milli Mejlis (Parlement), Mouradova Bahar, les représentants des partis politiques et des azerbaïdjanais du Haut-Karabakh.

La visite à Bakou complète le voyage du Président de l'OSCE au Sud-Caucase qui a commencé à Erevan les 11 et 12 Juin et à Tbilissi les 12 et 13.

* Brève du Parlement européen *

La Commission des Affaires étrangères du Parlement européen a discuté du conflit du Haut-Karabakh au cours de l'audience du 15 juin.

Les coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE, l’américain Robert Bradke et le français Bernard Fassier ont exprimé l'espoir pour le prochain sommet trilatéral de Kazan, affirmant qu'un accord sur les principes de base pour régler le conflit est à portée de main.

Avec le directeur général responsable du Service ‘Action extérieure de l'Union européenne’, Miroslav Lajčák, ils ont insisté sur le fait que toute utilisation de la force militaire, ou de menaces militaires, est inacceptable et contraire au droit international. Les coprésidents pensent que la version la plus récente des principes de base qui sera présentée à Kazan, favorisera les deux côtés, mais qu’elle demandera plus de volonté politique pour l'accepter.

"Les efforts internationaux visant à résoudre le conflit sont entrés dans «la phase de mise en œuvre», ce qui implique un rôle accru de l'Union européenne dans le processus de paix. Nous passons de l’étape négociations de l'accord’ à celle de la ‘mise en œuvre’  - je pense qu'il n'y aura plus à faire pour tous les pays, et pour jouer un rôle plus important dans le soutien au processus de paix. Et notamment pour l'Union européenne," a déclaré Robert Bradke.

* Brèves du Haut-Karabakh *

Du 10 au 16 juin, selon l'armée de défense de la RHK, environ 1000 violations du cessez-le-feu ont été comptabilisées, représentants plus de 5500 tirs d'armes de calibres différents vers les positions arméniennes.

(…)

Le Porte-parole du ministère de la défense de l'Artsakh, Senor Hasratian, a commenté les rapports des médias azéris, qui stipulaient que des hélicoptères et des avions de chasse azerbaïdjanais ont à maintes reprises infiltré l'espace aérien de la RHK. "Les forces armées azéries ne peuvent pas s'infiltrer dans l'espace aérien du Karabakh, car la défense aérienne de la RHK  est équipée de matériels modernes susceptibles de contrer les incursions azéries."

* Brève d’Azerbaïdjan *

"Les co-rapporteurs de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) pour le suivi de l'Azerbaïdjan, Pedro Agramunt (Espagne, PPE/DC) et Joseph Debono Grech (Malte, SOC) sont réticents à reconnaître les violations des droits de l'homme en Azerbaïdjan contre les défenseurs des droits de l’homme," a déclaré la directrice de l'Institut azerbaïdjanais pour la Paix et la Démocratie, Leyla Yunus.

Elle a indiqué que les rapporteurs poursuivent des objectifs personnels, après avoir été soudoyés par le gouvernement azerbaïdjanais. Elle a cité le rapport préliminaire sur la situation en Azerbaïdjan, et la réunion avec les rapporteurs pour motiver ses accusations.

Ainsi, les représentants de l'OSCE ont ignoré tous les matériaux sur les violations des droits de l'homme en Azerbaïdjan, préférant les exclure de leur rapport préliminaire.

"Le document semble avoir été écrit par l'administration présidentielle azérie. En particulier, sur les circonstances de la mort par torture dans les prisons du ministre de la Sécurité nationale du Nakhitchevan, Turac Zeynalov, de la militante Zeynal Bagirzade, de même que les tortures infligées aux deux journalistes de la chaîne de télévision ‘Khayal’, n'ont pas été incluses dans le rapport. La détention des journalistes Avaz Zeynalli et Anar Bayramli, et de leurs passages à tabac, ainsi que le harcèlement d’Idrak Abbasov et de Khadija Ismailova sont passés sous silence."

Yunus a déclaré qu’une plainte avait été déposée auprès de l'APCE sur le manque de confiance envers les rapporteurs concernant 20 militants de la société civile.

* Brève de Turquie *

"Les efforts de la Russie et de la France dans le règlement du conflit du Haut Karabakh dans le cadre du Groupe de Minsk de l'OSCE n'ont donné aucun résultat. Pour cette raison, la Turquie espère que la France intensifiera son rôle dans la résolution du conflit," a déclaré le ministre turc des Affaires européennes, Egemen Bagis.

Il a souligné la nécessité pour la France de "répondre aux questions liées au règlement du conflit du Karabakh et sur le sort des réfugiés azerbaïdjanais, plutôt que de traiter du Génocide arménien."

* Brève des Etats-Unis *

Le  professeur d'histoire de l'Université Clark, Taner Akcam, a exhorté le président Obama et ses alliés européens à «encourager la Turquie à reconnaître le génocide arménien et à suivre l'exemple de l'Allemagne en indemnisant les descendants des victimes».

"Le premier ministre islamiste turc, Recep Tayyeb Erdogan, persiste à refuser le processus du génocide, qui a réduit la population chrétienne du pays, estimée à 30% en 1914, à moins de 1 % aujourd'hui. Il a par ailleurs cherché à utiliser la religion comme une dernière ligne de défense avançant «qu’il n'est pas possible pour un musulman de commettre un génocide»," a déclaré l’universitaire lors d’une série de conférences sur l'avenir des minorités religieuses au Moyen-Orient organisées par Solidarité International Chrétienne (CSI).

* Brève de l’Institut pour l'économie et la paix *

L'Arménie a été classée 115ème sur l’index annuel de Paix Globale (GPI) par l'Institut pour l'économie et la paix, qui mesure le niveau de paix.

L'Azerbaïdjan occupe la 132ème position, la Turquie la 130ème, l'Iran la 128ème, la Géorgie la 141ème. La situation de la Russie semble bien pire, car elle se retrouve reléguée à la 153ème place.

L'Islande est une nouvelle fois classée en tête, suivie par le Danemark et la Nouvelle-Zélande. La Somalie ferme la marche avec le N°158.

Le GPI est constitué de 23 indicateurs et observe 158 pays. Il mesure le niveau de sécurité générale, la sécurité dans la société, et examine dans quelle mesure les conflits nationaux ou internationaux impactent le pays. Sont également pris en compte les dépenses militaires, les relations avec les pays voisins, et le niveau de respect des droits de l'homme. Entrent également dans le calcul une gamme "d’indicateurs pilotes", des déterminants de la paix, portant sur les niveaux de démocratie, de transparence, tout comme l'éducation et le bien-être national.

* Brève d’Israël *

Le ministre israélien de l’environnement, Gilad Erdan, a déclaré : "l'Etat juif doit changer sa politique et reconnaître les massacres des Arméniens en 1915 par les Turcs ottomans comme un acte de génocide."

Proche allié du Premier ministre Benjamin Netanyahu, il répondait ainsi à une motion déposée par l’opposition pour marquer l’anniversaire des massacres.

"Je pense qu'il est approprié actuellement que le gouvernement israélien reconnaisse officiellement l'Holocauste perpétré contre le peuple arménien."

Israël a longtemps évité de reconnaître les massacres d'Arméniens comme étant un génocide, par déférence envers la Turquie, laquelle a fortement insisté auprès du gouvernement israélien pour écarter toute discussion à ce sujet.

Rappelons que les relations avec la Turquie sont tendues depuis 2010 suite à la mort de neuf militants turcs lors d’un raid de commando sur un navire se dirigeant vers Gaza. La Turquie avait rappelé son ambassadeur et suspendu la coopération militaire.

Erdan a déclaré que le gouvernement israélien n'avait pas officiellement changé sa politique sur la tragédie arménienne, ajoutant : "Nous devrions certainement soutenir la tenue d'une ouverture et d’une discussion approfondie pour analyser les données et les faits."

Le député et personnalité publique Ze’ev Elkin a déclaré : "rien de nouveau a été dit lors de la discussion. La question avait déjà été soumise pour examen à la Commission Education et Culture de la Knesset. La discussion a été purement formelle. Aucune nouvelle question liée au génocide n’a été soulevée, lors de la séance plénière."

Le débat public a été lancé à la demande de la députée Zahava Gal-On (Meretz) et soutenu par le président la Knesset, Reuven Rivlin.

* Le coin des experts *

* Lévon Kévorkian et Daron Simonian

"Du point de vue du droit international, les récents actes subversifs organisés par l'Azerbaïdjan sont une violation de l'article 2.4 de la Charte des Nations Unies, qui stipule que : "tous les Membres doivent s’abstenir, dans leurs relations internationales d’user de la force ou de la menace de la force contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique de tout Etat." Les actions de l'Arménie sont considérées comme la réalisation du droit de la légitime défense, conformément à l'article 51 de la Charte. Ce sont les caractéristiques juridiques des récents incidents," ont indiqué les co-fondateurs de l’ONG ‘Centre du Droit international et comparé’, Lévon Kévorkian et Daron Simonian.

Me Kévorkian a noté que : "les dirigeants de Bakou déforment l'essence du conflit en présentation Erevan comme un agresseur. Partant de ce principe, les autorités azerbaïdjanaises se réservent le droit de lancer des contre-attaques à tout moment. Un tel comportement est sans fondement du point de vue juridique."

Quant à Me Simonian, il indique que : "Bien que le maintien de la paix et de la sécurité internationale soient de la responsabilité du Conseil de sécurité de l'ONU, c'est le Groupe de Minsk de l'OSCE qui traite du règlement politique du conflit du Karabakh. Ce qui n’empêche pas les approches juridiques de s’appliquer également dans ce cas." Contrairement aux politiciens, les avocats ne voient pas d’antagonismes entre les deux principes de base du règlement, c’est à dire : intégrité territoriale et droit des peuples à l'autodétermination.

S'exprimant sur les principes de Madrid du document, les avocats indiquent que les approches politiques l'emportent, et que la partie arménienne est dans une position plus avantageuse du point de vue juridique.

* Edgar Hovannisian

"Le cessez-le-feu ne signifie pas encore la paix. L’Azerbaïdjan n’a pas besoin forcément d’une guerre. Les démarches de notre voisin visent à résoudre un problème différent," a déclaré le directeur adjoint des Archives nationales d'Arménie, l'historien Edgar Hovannisian. Il reste confiant quant au fait que les actions militaires ne s'intensifieront pas dans un avenir proche. Toutefois, la possibilité d’une reprise de la guerre, n’est pas totalement à écarter. "L'Azerbaïdjan ne dispose pas actuellement de réelles chances de déclencher la guerre. Par ailleurs, la communauté internationale se dresse contre toute reprise de la guerre."

Selon lui, l'Azerbaïdjan n'a pas besoin de guerre pour plusieurs raisons : - l'élite politique du pays est engagée dans la politique pétrolière, -l'Azerbaïdjan a des problèmes avec tous ses voisins, - Bakou veut faire contrepoids au côté arménien qui présente la République Haut-Karabakh, laquelle se développe dans le respect des principes démocratiques et qui va bientôt procéder à l’élection présidentielle.

Selon l’expert, la question sera finalement résolue à la table des négociations, toutefois, les termes dans lesquels le Karabakh rejoindra les négociations sont encore mal connus. Les médiateurs internationaux ont fini par comprendre que le règlement de la question est impossible sans la participation de l'Artsakh.

"L'Azerbaïdjan ne laissera pas se développer des mécanismes d’enquête sur les incidents sur la ligne de contact. L’Azerbaïdjan déjouera les accords qui seront conclus lors de la prochaine réunion ministérielle à Paris."

Et de rappeler les propos du célèbre chancelier allemand, Otto Von Bismarck, "Ne me parlez pas des souhaits de l'ennemi, parlez-moi de ses capacités."

Il a en outre souligné la nécessité pour l'Arménie d'intensifier sa présence et d’attirer l'attention communauté internationale sur la politique agressive de sa voisine.

"L'Azerbaïdjan cherche à faire grimper les prix, à obtenir des concessions plus fortes, à contraindre l'Occident à ‘fermer les yeux’ sur la situation de la démocratie et des droits de l'homme dans le pays, tout comme le transfert du pouvoir par voie héréditaire."

Il a noté avec regret que l'Occident ferme les yeux sur le comportement Bakou en raison de son intérêt pour le pétrole azerbaïdjanais.

De surcroit, M. Hovannisian a souligné que le transfert du pouvoir à son fils Haydar Aliev (1), âgé de 12 ans, reste l'objectif principal de l’élite politique de l'Azerbaïdjan ; pays dirigé par une main de fer par Ilham Aliev et son épouse.

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Extrait de Radiolour et de PanArmenian


(1)       : Voir l’article (en anglais) concernant les richesses d’un enfant de 12 ans, digne fils de son père Ilham.