Traductions et
commentaires de Gérard Merdjanian
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Commentaires
Depuis dix-huit ans,
le rôle dévolu aux médiateurs est d’aider au règlement du conflit à partir de
propositions basées sur le droit et les normes internationales. Mais attention,
il faut bien faire la distinction entre les trois médiateurs et le groupe de Minsk
de l’OSCE.
En fait ce sont les
trois pays appartenant au G8 – Etats-Unis, Fédération de Russie et France – qui
pilotent le groupe en tant que coprésidents et qui se déplacent sur le terrain.
D’ailleurs c’est préférable quand on voit la composition du groupe de Minsk. En
plus des trois pays sus-cités, le groupe comprend : l'Allemagne, la
Biélorussie, la Finlande, l'Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Suède, la
Turquie, ainsi que l'Arménie et l'Azerbaïdjan.
Logiquement trois pays
ne devraient pas en faire partie. L’Arménie et l'Azerbaïdjan car on ne peut
être à la fois juge et partie, acteur direct et spectateur ; et si besoin
était, ils pourraient toujours venir s’expliquer ou apporter des précisions
devant le groupe. Mais le plus étonnant reste la présence d’un Etat
génocidaire, la Turquie. Lequel par solidarité envers Bakou, maintient le
blocus de l’Arménie depuis le cessez-le-feu et refuse systématiquement de
ratifier les protocoles de normalisation des relations avec Erevan - signés il
y a trois ans en grande pompe devant la communauté internationale, pour l’obliger
à céder la zone de sécurité autour du Haut-Karabakh avant même qu’un quelconque
préaccord ne soit signé entre les parties. Comme impartialité il y a
mieux !
Il serait peut-être
temps que les prérogatives du groupe de Minsk soient étendues, sans pour autant
devenir une annexe du Conseil de sécurité. C’est sans doute les raisons pour lesquelles
nombre de pays, UE en tête, essaient de contourner le côté politique pour
travailler sur l’aspect ‘société civile’. Une question reste toutefois posée :
la population azerbaidjanaise aura-t-elle le poids suffisant pour faire
modifier la politique de son pays ?
Quelles que soient les
solutions choisies, il est indispensable que les dirigeants et/ou la population
du Haut-Karabakh participent de plein droit aux négociations de paix ; car
au final c’est eux les premiers concernés.
La déclaration de Khrouchtchev
à la tribune de l’ONU reste toujours valable cinquante ans après: «Ce
qui est à nous est à nous, ce qui est à vous est négociable».
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Traductions
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Communiqué
Les coprésidents du
Groupe de Minsk de l'OSCE - Robert
Bradtke (Etats-Unis), Igor Popov (Fédération de Russie), Jacques Faure (France)
ainsi qu’Andrzej Kasprzyk (Représentant personnel du Président de l'OSCE en
exercice) se sont rendus du 10 au13 Juillet à Bakou, puis au Haut-Karabakh, et
à Erevan.
A Bakou, les
coprésidents ont rencontré le Président Ilham Aliev et le ministre des Affaires
étrangères Elmar Mammadyarov ; au Haut-Karabakh, Bako Sahakian ; et à
Erevan, le Président Serge Sarkissian, le ministre des Affaires étrangères
Edouard Nalbandian, ainsi que le ministre de la Défense Seyran Ohanian. Le 11
Juillet, ils ont traversé la ligne de contact à pied vers le Haut-Karabakh et
de là se sont rendu à Erevan en passant par Kelbadjar - leur première visite
dans cette région depuis Octobre 2010 lors de la Mission d'évaluation sur le
terrain. Dans toutes leurs réunions, les coprésidents ont réaffirmé
l'engagement de leurs pays pour un règlement pacifique du conflit, tel que les
présidents des trois pays coprésidents ont souligné dans leur Déclaration
conjointe du 18 Juin à Los Cabos.
Les coprésidents ont
poursuivi les discussions à Paris avec les ministres des Affaires étrangères de
l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Les coprésidents ont exprimé leur profonde
préoccupation devant les récents incidents le long de la ligne de front, et ont
réitéré que la volonté politique des parties pour parvenir à la paix est la
meilleure preuve, de s'abstenir de positions maximalistes, de respecter
l'accord de cessez-le-feu de 1994 et de s'abstenir de la rhétorique hostile publique.
En ce qui concerne
l'ouverture prévue d'un aéroport dans le Haut-Karabakh, les coprésidents ont
reçu les assurances renouvelées des côtés qu'ils rejetaient toute menace ou
emploi de la force contre des avions civils, de poursuivre l'affaire par le
biais de mesures diplomatiques, et s'abstenir de politiser la question. Les
coprésidents ont réaffirmé que le fonctionnement de cet aéroport ne peut pas
être utilisé pour soutenir toute revendication portant sur un changement du
statut du Haut-Karabakh, et ont exhorté les parties à agir conformément au
droit international et à la pratique courante pour les vols au-dessus de leur
territoire.
Les coprésidents prévoient
de se retrouver séparément avec les ministres des Affaires étrangères de
l'Arménie et de l'Azerbaïdjan en vue de préparer une réunion conjointe des
ministres en Septembre.
(…)
Le ministre de la Défense arménien, Seyran Ohanian, a reçu les coprésidents du Groupe de Minsk de
l'OSCE lors de leur tournée dans la région.
Les parties ont discuté du processus de règlement du conflit
du Karabakh. À la demande des coprésidents, le ministre arménien de la Défense
a présenté la situation actuelle sur la ligne de contact, suite à l'escalade de
la tension, aux fréquentes violations du régime de cessez-le-feu, et qu’il attachait
de l'importance à la mise en œuvre des mesures de confiance.
* Brève de
l’ONU *
Des débats portant sur la paix post-conflit ont eu lieu au
Conseil de sécurité. Une fois par an, le Conseil de sécurité traite de la
question du processus et des mécanismes de rétablissement de la paix dans les
pays en conflit. Etaient présents, le Secrétaire général, des Représentants de
plus de dix pays membres, et notamment le Représentant permanent de l'Arménie,
l'Ambassadeur Karen Nazarian.
L’Ambassadeur arménien a indiqué que les programmes de
coopération peuvent servir comme d'importantes mesures de confiance, même dans
le cas où les parties en conflit sont en pourparlers de paix.
Ainsi, le Sud-Caucase a besoin de la coordination des
initiatives régionales et des programmes d'aide des organisations financières
internationales afin de promouvoir la mise en place d'une paix durable et d’efforts
ciblés sur le développement durable.
* Brèves de
l’Artsakh *
Le président de la Commission de la politique étrangère et
de la sécurité de la RHK a commenté le Rapport indiquant que l'Azerbaïdjan a
lancé un exercice militaire sur la ligne de contact.
Selon Massis Maïlian,
les exercices sont très probablement liés à l’élection présidentielle de
l'Artsakh du 19 juillet. "Ces
exercices sont généralement organisés par l'Arménie et/ou l'Azerbaïdjan, mais
le fait qu'ils se déroulent la veille du vote peut être lié à l'événement en
question."
Il considère la manœuvre de Bakou comme une autre tentative
d'influencer les processus démocratiques en Artsakh. Quoi qu’il en soit, la
confiance des dirigeants pour des élections réussies, avec la population de
l'Artsakh, est une nouvelle preuve de leur adhésion aux valeurs démocratiques.
(…)
"Au cours de sa
visite dans la région, la Secrétaire d'Etat Hillary Clinton a parlé de ‘nouvelles
propositions’ qui vont bientôt être mises en place dans le cadre des
négociations de paix sur le conflit du Haut-Karabakh. Mais les coprésidents du
Groupe de Minsk n'en ont pas parlé. Par conséquent nous pouvons conclure que les
dites propositions relèvent des États-Unis, et non du Groupe de Minsk,"
indique le quotidien kharabakhi, Hayots Achkhar.
En réponse à cette interrogation, le porte-parole du président
Sahakian, David Babayan, a déclaré :
"je crois que l'accent sera principalement
mis sur les mesures de maintien de la paix et de la stabilité, plutôt que sur de
nouvelles propositions. Depuis quelques temps, les pays médiateurs essaient d’introduire
une approche humanitaire, et non plus des mesures essentiellement politiques, ce
qui peut être considéré comme une démarche assez rare pour un règlement de
conflit."
* Brève de franco-arménienne
*
L'Ambassadeur de France d’Arménie, Henri Reynaud, a donné une interview à l’occasion de la fête
nationale française.
Comment
qualifieriez-vous la dynamique des relations arméno-françaises?
La dynamique des
relations arméno-françaises est constamment confirmée dans divers domaines,
surtout après la visite du président arménien en France et du voyage du
président français en Arménie en 2011, ainsi que les visites des maires de
Paris et de Lyon. Sur le plan politique, la France est coprésidente du groupe
Minsk de l'OSCE et travaille à trouver une solution au conflit du
Haut-Karabakh. En termes de relations bilatérales, le Président Hollande a
réitéré sa déclaration précédente concernant la pénalisation de la négation du
génocide.
Concernant les
liens économiques, la France reste le premier et plus grand investisseur
occidental en Arménie. En outre, les entreprises françaises développent des
projets en Arménie. Un nouvel élan à la coopération économique a été l'Agence
française de développement.
Quant à
l'Université française en Arménie, il a obtenu un grand succès, y compris sur le
marché du travail. Le travail est en cours pour créer un lycée franco-arménien
qui viendra compléter la chaîne du réseau de l'éducation intégrée - de la
maternelle à l'université en langue française. Ceci est particulièrement
important dans le contexte où l'Arménie va devenir un membre à part entière de
l'Organisation de la Francophonie.
Le peuple français a
commencé la lutte pour les droits de l'homme et des valeurs démocratiques il y
a plus de 200 ans. Les citoyens arméniens ont beaucoup à apprendre. Qu’en
est-il du développement de la coopération sur ce point ?
Concernant les
"droits de l'homme", je suppose que la question concerne l’inviolabilité
les droits de l’homme universels qui sont énoncés dans la Déclaration
universelle des droits de l'homme. Il est également vrai que le concept a été fondé
au 18ème siècle en France et que de nombreux pays considèrent la France comme la
patrie des droits de l'homme. L'Etat de droit est étroitement lié à la question
des droits de l'homme.
Dans ce domaine,
la coopération franco-arménienne se manifeste de différentes manières. Des
ateliers sur les droits de l'homme, sur la liberté d'information, avec la
participation de la fondation d'Alembert, et une conférence sur la
réconciliation se sont tenus. Nous fournissons également une assistance aux
jeunes avocats qui vont en France pour se former sur la protection des droits
de l'homme. En collaboration avec l'OSCE, nous avons aidé certains membres de
la Commission électorale centrale à suivre les dernières élections législatives
en France. Enfin, les étudiants de l'Université française d’Arménie et les
entreprises françaises qui travaillent en Arménie sont les porteurs de valeurs
démocratiques.
Les peuples français
et arménien ont une affection et une amitié mutuelle. Quel est le volume du
chiffre d'affaires du commerce entre les deux pays ? Combien de sociétés à
capitaux entièrement français ou mixtes travaillent en Arménie ?
Les relations
commerciales entre la France et l'Arménie qui avaient ralenti en raison de la
crise mondiale, ont repris. A titre de comparaison, le CA qui en 2010 s'élevait
à 44 millions de dollars, a atteint 59 millions en 2011. L’an dernier, les
biens importés d'Arménie en France ont représenté 15 millions, et la France a exporté
vers l’Arménie pour 44 millions. Le travail visant à accroître ces volumes des
échanges est en cours.
Il y a environ 150
entreprises françaises qui travaillent en Arménie. Vingt-quatre entreprises
sont entièrement ou partiellement des joint-ventures. Parmi elles on peut citer
Pernod Ricard, le Crédit Agricole, Orange, Air France, SOAR ou Veolia.
Combien d'Arméniens
ont visité la France depuis le début de l'année et combien de touristes
français ont visité l'Arménie ?
L'Arménie et la
France ont développé le tourisme, un nouvel élan dû notamment aux efforts de la
communauté arménienne. En parallèle, les français sont de plus en plus intéressés
par l'Arménie, ainsi, ils découvrent toute la richesse culturelle et historique
de ce pays. Il est encourageant de voir l'Arménie mettre en valeur le potentiel
exceptionnel du tourisme, l'ouverture de nouvelles opportunités pour aborder
les questions d'emploi, le développement économique.
En tant que coprésident
du Groupe de Minsk de l'OSCE pour le règlement du conflit du Karabakh, quel est
votre sentiment de voir l'Azerbaïdjan refuser de retirer les snipers et refuser
de créer des mécanismes pour enquêter sur les incidents à la ligne de contact ?
Quelle est votre attitude à l'égard de la course aux armements initiée par Bakou
?
Il n'y a pas de
solution militaire au conflit du Haut-Karabakh. Cela a été confirmé par le président
du Conseil européen - Van Rompuy, et par le Secrétaire général de l'OSCE - Lamberto
Zannier, au cours de leurs récentes visites à Erevan. Par conséquent, il est
nécessaire de travailler en permanence vers un règlement du conflit du Karabakh
par le biais des pourparlers de paix dans le cadre du Groupe de Minsk de
l'OSCE. Cela s'est reflété dans l'appel des présidents des pays coprésidents du
groupe de Minsk de l'OSCE dans leur communiqué publié à Los Cabos. Il est donc nécessaire
de prendre des mesures pour renforcer la confiance comme il a été convenu lors
du sommet de Sotchi en 2011. Cela permettra aux parties en conflit de parvenir
à un accord en rapprochant leurs positions. Les parties doivent travailler à
instaurer une confiance, il est nécessaire de choisir la voie du dialogue, et
non celle de la confrontation. C'est le seul moyen pour aider à délimiter les
perspectives de la région.
Malgré les appels
répétés à ne pas lier la normalisation des relations arméno-turques avec le
règlement du conflit du Karabakh, Ankara continue de s’obstiner en refusant de
ratifier les protocoles arméno-turcs. Quelle est l'attitude de la France sur la
position d'un membre de l'OSCE qui continue le blocus d'un autre Etat membre ?
La normalisation
des relations arméno-turques est la plus grande priorité. Les relations
diplomatiques doivent être établies et les frontières doivent être ouvertes. Il
est nécessaire de ratifier rapidement les protocoles signés en 2009. C’est le
seul moyen possible pour préparer le terrain à la communication et à l'échange,
afin d’ouvrir la porte à la réconciliation entre les deux pays. En fait,
l'exemple de la France et l'Allemagne montre qu'il n'y a pas de plaies
incicatrisables. L’histoire de la réconciliation Franco-allemande depuis 50 ans
mérite d'être méditée.
Comment voyez-vous la
coopération entre l'Arménie et la France au sein des organismes internationaux
et en particulier, l'assistance de la France à l'intégration européenne de
l'Arménie ?
L'Arménie a choisi
un modèle européen de développement entrant dans le processus de convergence
avec l'UE. Des progrès ont été enregistrés dans les pourparlers sur l'Accord
d'Association. Les négociations sur la facilitation du régime des visas et de
réadmission sont satisfaisantes. Les entretiens sur la zone de Libre-échange
approfondi et global ont été lancés. L'UE est déjà devenue le partenaire commercial
n°1 de l'Arménie. La France, à son tour, appuie inconditionnellement le
processus de convergence UE-Arménie.
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Extrait de Radiolour,
de PanArmenian et de News.am