Traductions et
commentaires de Gérard Merdjanian
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Commentaires
La guerre fait rage,
une partie de la population civile fuit, l’autre essaie de survivre dans les
zones de combat. Si au départ, cela ressemblait fortement aux ‘printemps’ des
pays arabes Sud-méditerranéens, ce qui se passe actuellement en Syrie n’est
plus comparable.
Certes elle n’était
pas un modèle de démocratie. D’ailleurs pas plus ni moins qu’un autre pays
arabe, on pourrait même dire ‘plus’ quand on voit ce qui se passe dans certains
pays du Golf ou les droits de l’homme, ou plus exactement ceux de la femme,
sont foulés aux pieds et où la femme sert avant tout à procréer. Seulement dans
le Golf il y a des énergies fossiles, et les pétrodollars des divers rois,
émirs, ou autres princes arrosent généreusement l’Occident. D’où un regard
occidental plus que pudique pour ne pas dire complaisant.
Que l’on soit pour ou
contre le régime syrien, les exactions commises par l’une ou l’autre des
parties ne sont pas tolérables, encore faut-il que l’ONU puisse faire appliquer
ses décisions, sans aller pour cela envoyer des troupes étrangères sur le
territoire syrien, comme ce fut le cas en Lybie. Seulement les ‘Amis du peuple
syrien’ se substituent petit à petit aux Nations-Unis et envoient non seulement
de l’aide humanitaire, ce qui est tout à fait louable, mais également des armes
de moins en moins légères, ce qui n’est plus louable du tout. Quant à l'information diffusée à grand renfort de médiatisation, il y a ce qui est, et ce que l'Occident veut que cela soit. Les 'frères musulmans', plus connus sous le nom plus médiatique de «Observatoire syrien des droits de l'homme»
ou plus simplement «ONG» - soutenus par les sunnites du Golf, y pourvoient.
Le résultat final fait
de moins en moins de doute. A armer de plus en plus l’opposition, les
‘rebelles’ finiront par avoir le dessus et chasseront (ou pire) les dirigeants
actuels. La question qui se pose est la suivante : Et après ? Parce croire
que ce qui suivra sera meilleur est une vue de l’esprit, avoir un régime
islamiste à caractère salafiste ou djihadiste (ou pire) n’est probablement pas
le souhait des défenseurs des valeurs occidentales. La Syrie est un patchwork
d’ethnies, de communautés et de religions, sans compter son contentieux avec
Israël et sa proximité avec l’Iran. En clair, créer le chaos dans ce pays,
revient à le transformer en Irak bis, version pire.
Washington n’a que
faire de semer la pagaille dans un pays, quitte à inventer des prétextes
fallacieux, du moment que cela lui permet d’atteindre ses objectifs
géostratégiques. L’Irak n’a pas suffi.
On peut regretter que
la France de 2012 ne soit plus celle du 14 février 2003 qui avait défendu son
point de vue devant le Conseil de Sécurité par la voix de son ministre des
Affaires Etrangères, Dominique Villepin. Le cap impulsé par Sarkozy est
maintenu : Devenir le godillot des Etats-Unis.
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Traduction
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Une autre version de la guerre
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Un conte et
deux sièges de sécurité
Le conflit syrien est beaucoup complexe qu’il n’y parait. La
Syrie est actuellement le théâtre d'une guerre froide entre les États-Unis,
l'OTAN, Israël, et le Conseil de Coopération du Golf (CCG) d'un côté, et la
Russie, la Chine, l'Iran, et le bloc de la résistance de l’autre. Au milieu des
combats entre le gouvernement syrien et forces anti-gouvernementales, une
guerre intense du renseignement a également eu lieu.
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Le
bombardement du siège de la sécurité nationale syrienne de Damas et de sa
cellule de Crise
Il y a encore beaucoup de questions sans réponse au sujet du
bombardement du quartier général de la sécurité nationale syrienne dans le
quartier d'Al-Rawda au Nord-ouest de Damas, le 18 Juillet 2012. Ce qui s'est
passé exactement est très peu connu. Par ailleurs, la télévision syrienne et
les médias n'ont pas montré les scènes de l'explosion, scènes que les gens se sont
habitués à voir. Cela est peut être dû à la nature sécuritaire sur l'emplacement
des explosifs.
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L’opération
Ajax de Damas
L'attaque contre le quartier général de la sécurité
nationale syrienne d'Al-Rawda a été soigneusement coordonnée avec l'assaut sur
Damas par les différents groupes armés de l’ASL. Il est clair que les
États-Unis et ses alliés ont plus ou moins utilisé la même tactique pour Damas que
celle utilisée en 2011 pour renverser le gouvernement libyenne à Tripoli. Les
deux sont des réincarnations modernes de l'Opération
Ajax, laquelle avait été lancé en 1953 par les gouvernements américain et
britannique pour renverser le gouvernement démocratique du premier ministre iranien
du Dr Mohammed Mossageh. Washington et Londres ont installé à sa place une
dictature brutale et répressive sous le règne de Mohammed-Reza Shah et l'Iran est
passé de facto d'une monarchie constitutionnelle à une monarchie absolue.
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Un nouveau
chef des renseignements saoudien : Le retour du prince "Bandar Bush"
Le lendemain de l’attentat du siège de la sécurité nationale,
un décret royal a été adopté à Riyad pour remplacer le Prince Muqrin (Mogren)
bin Abdulaziz Al-Saoud, par le prince Bandar bin Sultan Al-Saoud en tant que
directeur-général des services de renseignement d'Arabie Saoudite,
Al-Istikhbarat Al-Amah (General Intelligence).
Depuis 2005, le prince Bandar était le secrétaire général du
Conseil national de sécurité de l'Arabie saoudite, mais son nouveau poste a
fait tourner les têtes pour en déduire que l'Arabie saoudite a une politique étrangère
beaucoup plus agressive. Que signifie cette nomination ?
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Les deux sièges
de la sécurité
Quelques jours après la nomination du prince Bandar et
l'attaque de la cellule de crise syrienne, une attaque contre le siège des
renseignements généraux à Riyad a été signalée par l’agence de presse yéménite,
Al-Fajr, puis repris par les médias iraniens. L'explosion aurait tué l’adjoint
de Bandar, le directeur général adjoint des renseignements de l'Arabie, alors
qu'il entrait dans l'immeuble. Selon certaines rumeurs Bandar aurait été blessé
voire tué. L'Arabie saoudite a gardé le silence sur la question.
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La
politique de ‘Redirection’ initiée par Bush Jr. est manifeste sous Obama
Au Yémen, l'armée nationale a été démembrée et divisée avec
succès, et c’est exactement ce que veulent faire les Américains, l’OTAN, le CCG
et leurs alliés en Syrie. Le changement
de régime n'est pas leur seul but, ils veulent de plus la destruction et la
balkanisation de la République arabe syrienne. Pour eux, le sectarisme et
de la balkanisation doit prendre racine au Moyen-Orient. Pour paraphraser les
soi-disant dirigeants spirituels de l’ASL, les forces anti-gouvernementales
commencent à dire qu’ «Israël et les Sunnites sont des alliés objectifs contre
les Chiites» ou que «tous les Alaouites doivent être exterminés», il est clair que l’objectif final est conquérir
et de diviser à l'échelle régionale les populations du Moyen-Orient, en les
opposant les unes aux autres.
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Par Mahdi Darius
Nazemroaya – Réseau Voltaire
Mahdi Darius Nazemroaya est chercheur associé au Centre de
recherche sur la Mondialisation (CRM), spécialisé en géopolitique et stratégie.