Les Etats-Unis et les deux processus arméniens



 

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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian
 
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Commentaires

Par ses propos, le coprésident américain du groupe de Minsk de l'OSCE, James Warlick, a mis les pieds dans le plat, non parce qu'il a sorti une énormité dans un sens ou dans un autre, mais plus prosaïquement parce qu'il a présenté la position de son pays, inchangée depuis 2007.

Il a repris mot pour mot les propositions faites par le groupe de Minsk en novembre 2007 lors du 15ème Conseil ministériel de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), et qui stipulaient :

-   Retour des territoires entourant le Haut-Karabakh sous contrôle azerbaïdjanais

-   Un statut pour le Haut-Karabakh en prévoyant des garanties pour la sécurité et l'auto-gouvernance

-   Un couloir reliant l'Arménie au Haut-Karabakh

-    Une détermination dans le futur du statut juridique définitif du Haut-Karabakh par le biais d'une expression juridiquement contraignante d’un referendum

-   Le droit pour les toutes les personnes déplacées et/ou des réfugiés à retourner dans leurs anciens lieux de résidence

-   Une garantie de sécurité internationale incluant une opération de maintien de la paix.

Lesquelles sont coiffées par les trois principes de base issus des principes fondamentaux de l'Acte final d'Helsinki qui sont :

-   intégrité territoriale

-   non usage de la force ou de la menace d’usage de la force

-   égalité des droits et autodétermination des peuples.

En reprenant à l'identique ce qui a été présenté il y a sept ans à Madrid, cela revient à dire que les Etats-Unis n'ont pas modifié leur vision durant cette période, qu'ils n'ont absolument pas tenu compte des bouleversements dans la région, que le comportement des uns et des autres n'a pas eu d'impacts sur leur position, que les discours belliqueux et arménophobes de Bakou ne signifient pas grand-chose, pas plus le surarmement offensif du potentat azéri que l'évolution démocratique de l'Artsakh. Le peuple du Haut-Karabakh s'est autodéterminé en 1991, donc pas question pour lui de retourner sous administration azerbaidjanaise.

On ne voit pas très bien dans ces conditions pourquoi l'on discute et l'on négocie si la paix ne peut se faire que si l'on prend les dites propositions dans leur ensemble; c'est ça ou rien du tout. On attendait mieux du médiateur américain, grand "gazouilleur" (Tweet) devant l'éternel, pourtant présenté comme un diplomate aguerri connaissant les arcanes de la négociation politique. Sans doute que les remarques du vice-ministre des Affaires étrangères azerbaïdjanais, Araz Azimov, ont porté (Cf. mon commentaireprécédent). C'est tout juste s'il ne propose pas de "restituer" le Haut-Karabakh à l'Azerbaïdjan en octroyant à l'Arménie un droit de visite!

A côté de cela, l'Etat de Californie vient d'adopter, comme quatre autres Etats, la Résolution AJR32 reconnaissant la République de Haut-Karabakh comme un Etat souverain.

Ce doit être une constante chez les politiciens et les diplomates américains de chercher à résoudre un conflit sans intégrer le pourquoi et l'historique du différend, se contentant de renvoyer les protagonistes dos à dos pour régler cet aspect du problème. Washington a procédé de même lorsqu'il a mis sur pied la Commission de réconciliation arméno-turque (CRAT) et/ou les protocoles de normalisation des relations arméno-turques.

Que ce soit le processus de normalisation des relations arméno-turques ou le processus des négociations de paix arméno-azéries, les Etats-Unis cherchent avant tout la mise en œuvre de leur vision géopolitique dans la région. L'Arménie est pour eux un épiphénomène qui sert ou dessert leurs desseins suivant leur humeur. Leur objectif avec leurs deux alliés de toujours, la Turquie et Israël, avec en plus maintenant les pays du Golf, consiste à juguler l'influence de la Russie et les velléités de l'Iran, quitte pour cela à s'appuyer sur des groupuscules extrémistes et/ou tout bonnement djihadistes. Mettre en avant la démocratie, la liberté et autres valeurs occidentales, est un écran de fumée pour cacher leurs sales besognes et se donner bonne conscience.

Une normalisation ou un Accord final ne peuvent se faire sans Vérité/Reconnaissance et sans Justice/Réparations. Oublier l'Histoire et fermer pudiquement les yeux sur les "charcutages" géographiques et ethniques réalisés au siècle dernier par les vainqueurs ou les potentats, resurgit tôt ou tard de façon plus âpre. Si les politiciens ont la mémoire courte, ce n'est pas le cas des peuples.


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Traductions – revue de presse

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La résolution du conflit selon James Warlick.



Dans son allocution à laFondation Carnegie pour la paix internationale, le
coprésident américain du Groupe de Minsk de l'OSCE James Warlick a déclaré :

"Bien que je sois le coprésident américain du groupe de Minsk de l'OSCE, je ne parle pas au nom des coprésidents. Mon message est la position officielle du gouvernement américain qui guide notre engagement pour aider les parties à trouver la paix.

(…) Il y a six points qui doivent faire partie de tout accord de paix si l'on veut qu'il perdure. Bien que le séquençage et les détails de ces éléments demeurent l'objet de négociations, ils doivent être considérés comme un ensemble intégré. Toute tentative de sélectionner certains éléments au détriment d'autres empêchera de parvenir à une solution équilibrée.

D'abord, à la lumière de l'histoire complexe du Haut-Karabakh, les parties doivent s'engager à déterminer son statut juridique final par un commun accord et juridiquement contraignant, expression de la volonté à l'avenir. Ce n'est pas une option. Le statut intérimaire ne sera que temporaire.

Deuxièmement, l'ancienne région autonome du Haut-Karabakh non contrôlée par Bakou, doit avoir

Suite
 
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Etats-Unis (autre vision)

La Commission du règlement de l'Assemblée de l'Etat de Californie, vient d'adopter par 70 voix contre 1, la Résolution AJR32 présentée par Mike Gatto reconnaissant la République de Haut-Karabakh comme un Etat souverain et a demandé aux États-Unis de faire de même, conformément à l'histoire des États-Unis concernant les droits du peuple à l'autodétermination et l'indépendance démocratique.

Le député Adam Schiff (D-CA) s'est félicité du vote, déclarant : "J'ai longtemps soutenu le droit à l'autodétermination du peuple du Haut-Karabakh et j'applaudis la Commission du règlement de l'Assemblée pour l'adoption d'une résolution affirmant l'indépendance du Haut-Karabakh. Je salue l'expression de soutien pour le droit du peuple d'Artsakh de choisir son propre destin, indépendamment de toute contrainte azérie et exhorte l'Assemblée à adopter la résolution sans délai."

La Californie devient ainsi le cinquième Etat américain – après le Rhodes Island, le Massachusetts, le Maine et la Louisiane – à reconnaître l'indépendance du Haut-Karabakh.
 

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian et de APA