Veille et lendemain du 24 Avril 1915



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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

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Commentaires

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En cette période de commémorations du centenaire, il y a eu de nombreuses reconnaissances du génocide des Arméniens par de petits pays mais également d’Etats du G20, sans compter évidemment le coup d’éclat du pape François. Après le tonnerre religieux, la foudre de Barack Obama (G-word,) attendue par tout un chacun, n’est pas tombée.

Toujours est-il que la Turquie ne s’y est pas trompée vu les ambassadeurs qui ont été rappelés pour consultation, et Hüseyin Karslioglu devrait bientôt rejoindre ses collègues le 30 Avril après le vote du Bundestag.

Toutefois, le gouvernement turc, bien que fortement perturbé, peut dormir sur ses deux oreilles, Washington reste son allié fidèle suivi en cela par Israël, conformément à la géostratégie régionale mise en place par les Etats-Unis depuis des décennies. Le jour où la Maison-Blanche en aura assez du double jeu d’Ankara sur les Djihadistes-islamistes et autre Daesh, le couperet du G-Word tombera. Seulement alors, les jours du négationnisme d’Etat seront comptés.

Quant à la perfide Albion il n’est pas sûr qu’elle abandonne sa politique séculaire pro-Turc pour des raisons bassement matérielles, énergétiques en l’occurrence. Comme en Turquie, la politique du pays n’est pas toujours du gout de la société civile. En attendant, on a vu le Prince de Galles en tenue d’apparat, accompagné des dirigeants de l’ANZAC - Tony Abbott et John Key, se pavaner aux côtés d’Erdoğan pour célébrer la victoire de l’empire ottoman ou si vous préférez commémorer la défaite des troupes franco-britanniques à Gallipoli. On peut honorer ses morts autrement qu’en se prêtant au jeu bassement politique des dirigeants turcs.

Dans la même veine, je ne pouvais pas passer sous silence le message de l’ambassadeur britannique d’Arménie, Mme Kathy Leach : "En ce jour solennel de commémoration, nous nous inclinons avec l'Arménie et les Arméniens à travers le monde pour nous souvenir ensemble des nombreuses victimes, plus d'un million d'âmes, qui ont été tuées dans les déportations et les massacres de 1915. Notre espoir en cette année de commémorations est que l'Arménie et la Turquie trouvent un moyen de faire face ensemble à cette tragique histoire".

Pour commémorer un centenaire, c’est vraiment d’une banale neutralité. Au moins Obama a donné la définition du mot génocide sans le prononcer.

Mais, j’ai mieux. Le pompon du «propos le plus bête» revient au ministre turc des Affaires européennes Volkan Bozkir qui a déclaré : «s’il y avait eu «génocide» dans l'histoire turque, Ankara n’aurait pas ouvert ses archives.»

Il n’est pas venu à l’idée de ce Monsieur qu’on pouvait expurger des documents avant de les ouvrir au public et que toutes les archives, notamment militaires, ne sont pas ouvertes. J’espère pour lui qu’il a des arguments plus intelligents lorsqu’il négocie l’adhésion de son pays à l’UE que sa réaction épidermique au lendemain du vote par le parlement européen  de la résolution sur le génocide des Arméniens : «une telle résolution est nulle et non-avenue pour la Turquie et la nation turque».


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Traductions – revue de presse

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Etats-Unis

Le chef d'état-major du Président Barack Obama, Denis McDonough, et le Vice-président de la NSA, Ben Rhodes, ont confirmé aux dirigeants américano-arméniens, lors d'une réunion à la maison blanche, que le Président n’utilisera pas le mot «génocide » dans sa déclaration du 24 avril concernant le centenaire de ce crime. Dont voici un extrait 

"Cette année, nous célébrons le centenaire du Meds Yeghern (le Grand Massacre), la première atrocité de masse du 20ème siècle. À partir de 1915, la population arménienne de l'Empire ottoman a été déportée, massacrée, et marchée à la mort. Sa culture et son patrimoine dans son ancienne patrie ont été effacés. Au milieu de cette terrible violence qui a vu la souffrance de tous les côtés, un million et demi d'Arméniens ont péri."

Toutefois, la déclaration du président Obama n’a pas

 
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Arménie

Discours du président Serge Sarkissian (extraits):

"Sans aucun doute, la reconnaissance du génocide par les Turcs est le plus court chemin pour la réconciliation de nos nations. Et c'est ma ferme conviction que, si c'est fait sincèrement, je crois, dans un court laps de temps, les relations entre l'Arménie et la Turquie pourraient atteindre un nouveau et élevé niveau.

Les événements qui vont commémorer les victimes du génocide contiennent en eux-mêmes quelques messages.

Le premier est celui du souvenir. Nous pensons que les crimes contre l'humanité ne peuvent pas être oubliés avec le temps. Le deuxième est la gratitude, qui est directement liée au message du souvenir. Le troisième est un mélange de souvenir et de reconnaissance qui mène vers la prévention contre la répétition de tels crimes, et il est de notre devoir de découvrir et de souligner les tendances et les relations de causalité qui peuvent par la suite se transformer dans ce type de crime. Et un message général final, le quatrième,


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Turquie

Le patriarcat arménien de Turquie a reçu un message de condoléances du premier ministre Ahmet Davutoğlu sur les massacres d'Arméniens en 1915.

«C'est un message important, je suis heureux. C’est un rameau d'olivier, tout comme l'année dernière et ils ne doivent pas sécher,» a déclaré l’archevêque Aram Atechian, le patriarche par intérim, rappelant que le premier ministre d’alors, Recep Tayyip Erdoğan, avait envoyé un message similaire l'an dernier.

«Les peuples arménien et turc doivent trouver une voie commune, comme dans le passé. Il s'agit d'un service pour les Arméniens ottomans et pour toutes les personnes qui ont


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Azerbaïdjan

Arrivé la veille à Bakou venant d’Arménie, le président François Hollande a rencontré son homologue Ilham Aliev le lendemain.

Au cours de la séance, les côtés se sont dits satisfaits de l'état actuel des relations bilatérales et ont insisté sur le développement dynamique des relations entre les deux pays. Ils ont également souligné la contribution des visites réciproques des présidents au cours des dernières années sur la poursuite du développement des liens bilatéraux, ils ont noté que les deux pays ont de grandes opportunités. De plus, lors de la réunion, les interlocuteurs
 
Suite

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Allemagne

Lors d'une messe à Berlin, le Président allemand Joachim Gauck a déclaré :

«Le sort des Arméniens se présente comme exemplaire dans l'histoire des exterminations de masses, de nettoyage ethnique, de déportations et oui, de génocide, qui ont marqué le XXe siècle de manière terrible.

Les Allemands portent également une part de responsabilité voire d’une certaine complicité concernant le génocide des Arméniens».

Le principal partenaire commercial de la Turquie dans l'Union européenne et le principal foyer de 3,5 millions de Turcs, l’Allemagne, a

 
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Israël

Le président Reuven Rivlin a organisé dans sa résidence une cérémonie dans le cadre du centième anniversaire du génocide arménien, à laquelle ont assisté les dirigeants de la communauté arménienne résidant en Israël. Rivlin a déclaré : «le peuple arménien a été la première victime des massacres de masse moderne, commémorer la tragédie du peuple arménien est notre obligation juive, comme être humain et comme moral."

Au cours de sa longue carrière politique, Rivlin a été un ardent défenseur de la reconnaissance officielle en tant que génocide des massacres d'Arméniens dans la Turquie ottomane en 1915. Cependant, suite à son élection au poste de chef d’Etat, il a calqué sa position sur celle de la politique du gouvernement israélien : Le mot «Génocide» est banni des discours officiels.

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APCE

«La Turquie doit reconnaître le génocide arménien et accepter les faits historiques. Elle doit accepter ce fait que le monde a accepté il y a longtemps - cela a été le premier génocide du 20e siècle. Les massacres d'Arméniens ont été prouvés par des faits historiques,» a déclaré le président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Stefan Schennach ; et d’ajouter :

«L’Autriche a reconnu ses crimes de guerre pendant la période du Troisième Reich.»

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Conseil de l'Europe

Le Secrétaire général du CoE, Thorbjørn Jagland, a appelé l'Arménie et la Turquie à revenir au processus de normalisation turco-arménien lors du forum mondial "Contre le Crime de génocide" dans la capitale arménienne.

"J'appelle les deux parties à ne pas laisser passer cette chance à travers leurs doigts. J'espère que le conflit de 100 ans n’effacera pas la possibilité de coexistence pacifique.

Ce qui a été commis contre le peuple arménien il y a cent ans, a été la perte non seulement des Arméniens, mais aussi du monde entier.

Je suis triste, je pense à ceux qui ont péri au cours de cette tragédie. Je suis très heureux d'être ici. Pour éviter de nouvelles tragédies, nous devrons sympathiser avec ceux qui ont souffert et payé de leur vie.

Tous les Etats ont la responsabilité de prévenir les violations des droits contre des personnes innocentes. Tout d'abord, ce sont les États qui ont le devoir d'empêcher les nettoyages ethniques et les organisations internationales doivent les soutenir.

L'Arménie est un État qui inspire l'espoir. Vous avez été en mesure de transformer vos souffrances en force, et tout le monde peut le voir cette semaine."

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Parlement européen

Le Président du Parlement européen, Martin Schulz a déclaré :

"Aujourd'hui, nous commémorons le 100e anniversaire d'un million et demi de victimes innocentes arméniennes tuées dans l'Empire Ottoman. Le 24 avril 1915, intellectuels et leaders communautaires ont été arrêtés par les autorités de l'Empire Ottoman. Cette journée a marqué le début d'une des plus grandes tragédies du XXe siècle. Après la 1ère guerre mondiale, le 24 avril est devenue une journée de commémoration pour les Arméniens et dans le monde.

Le Vice-président Czarnecki est aujourd'hui à Erevan pour représenter le Parlement européen lors de la cérémonie de commémoration. Il exprimera les condoléances de tous nos membres et sans oublier les événements tragiques qui ont bouleversé les fondements de ce grand pays, avec une longue histoire et un patrimoine culturel riche. Lors de la session plénière de mercredi dernier, le Parlement européen a adopté une résolution sur la question avec une majorité écrasante. Dedans, les députés européens ont exhorté les deux parties à utiliser le centenaire à «ouvrir la voie à une véritable réconciliation entre les peuples turc et arménien».

Je comprends que la réconciliation entre l'Arménie et la Turquie soit difficile. De nombreuses plaies sont encore ouvertes ; de nombreuses voix doivent encore se prononcer. Le processus de guérison prendra de temps. Mais il ne faut pas oublier que des étapes importantes vers la réconciliation et la reconnaissance du passé ont été faits ces dernières années. Maintenant, il est important que nous continuions dans cette direction positive.

En tant qu'allemand, je suis confronté avec le passé de mon pays tous les jours. Je sais combien il est important de se rappeler l'histoire et à être aussi ouvert que possible vers le passé. Cependant, le souvenir doit toujours venir avec l'intention véritable de réconciliation. Nulle part ceci est mieux connu qu'en Europe, qui n'était pas seulement le théâtre de certaines des pires atrocités de l'histoire humaine, mais aussi le lieu de la réconciliation remarquable pour renouer avec l'histoire, montrant au monde entier ce que peut accomplir le pouvoir de la paix et la compréhension mutuelle.

L'objectif doit être de surmonter le mutisme et parler les uns avec les autres. La seule façon de progresser est un dialogue franc entre les Turcs et les Arméniens sur un passé horrible et comment la commémoration peut conduire à une meilleure relation entre les deux pays à l'avenir."


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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de Today.az, de Zaman, et de Hurriyet