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Commentaires de Gérard Merdjanian et extraits de la presse française
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Commentaires
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Après
le coup d’Etat manqué de Vendredi soir, nombre d’observateurs et surtout de
chancelleries restent très circonspects.
Certes
tout le monde condamne le coup d’Etat mené par une partie de l’armée et trouve
normal que les putschistes soient jugés. Mais là où le bât blesse, c’est sur
les actions menées par le président Erdoğan, et pour certains sur la
réalisation du putsch lui-même.
La
Turquie, état moderne «démocratique» est coutumière du fait. En 1960 d’abord,
puis en 1971, 1980 et 1997, et à chaque fois, les militaires ont fait savoir manu
militari leur désapprobation du gouvernement qui s’écartait un peu trop de la
voie tracée par Mustapha Kemal en s’emparant des rênes du pouvoir. Aussi
lorsqu’on a assisté aux événements du 15 Juillet, on constate l’impréparation
des putschistes qui tranche sérieusement avec ceux cités précédemment. Bref, la
médiocrité de cette tentative nourrit depuis samedi sur les réseaux sociaux
turcs la théorie d'un putsch factice, servant de prétexte à Erdoğan pour
nettoyer encore plus la magistrature et l'armée. Et ce d’autant qu’Erdoğan a
depuis quelques années limogé et remplacé nombre de hauts gradés pour garder la
main sur l’armée et éviter toutes velléités de sa part.
Lorsqu’on
voit la rapidité avec laquelle le président Erdoğan a retourné la situation en
sa faveur, ça laisse perplexe et ouvre la porte aux suspicions.
En
effet comment dès le lendemain des milliers de personnes non militaires sont
arrêtées alors qu’aucune enquête n’a été diligentée ? Et comme «par hasard»
ces personnes sont suspectées d’avoir des accointances avec l’ancien imam Fethullah
Gülen, l’ennemi juré d’Erdoğan, qui vit exilé aux Etats-Unis.
Cela
me rappelle l’émergence du parti HDP pro-kurdes au parlement turc, impliquant ainsi
la non-majorité absolue du parti gouvernemental AKP, aux élections de juin 2015.
Elections suivies de deux attentats, lors de manifestations pro-kurdes et pacifistes, à
Suruç (20 Juillet 2015 - 28 morts) et à Ankara (10 Octobre 2015 - 103 morts), c'est-à-dire
juste avant de nouvelles élections en novembre, que le gouvernement a tout de suite
attribué à un terroriste de l’Etat islamique, mais que Daech n’a jamais
revendiqué.
Là
aussi, nombre d’observateurs s’est posé des questions sur les coïncidences
relevées et la victoire de l’AKP aux élections de novembre.
Semer
le trouble pour resserrer les rangs et gagner.
Rappelons-nous
qu’en 1915, le gouvernement Jeunes-Turcs pour assurer sa pérennité déportait et
massacrait 1,5 millions d’Arméniens.
Un
siècle plus tard, le sieur Recep Tayyip Erdogan ne semble pas non plus lésiner
sur les moyens, avec des méthodes moins barbares mais plus machiavéliques, pour
atteindre son but : régner en monarque absolu et instaurer un régime
néo-ottoman.
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Extraits de la presse française
Le figaro, le monde, le
parisien, l’obs, franceinfo, l’express, 20
minutes, etc …
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Un total de 7.543 militaires et
magistrats placés en garde à vue, près de 9.000 policiers, gendarmes et
fonctionnaires démis : l'ampleur du coup de balai est impressionnant.
*
Les autorités judiciaires ont par
ailleurs annoncé samedi que des juges dans tout le pays allaient être démis de
leurs fonctions. Alparslan Altan, l’un des 17 juges de la Cour
constitutionnelle, a été placé en détention pour des raisons inconnues.
Au-delà des arrestations qui ont
commencé dans l’armée, le président turc semble plus décidé que jamais à purger
la machine de l’Etat de tous ses adversaires réels ou supposés et en premier
lieu, ce qui reste de «gülenistes» ou prétendus tels.
*
M. Erdogan s’est adressé à une foule
de partisans lors d’une cérémonie en mémoire des victimes après la tentative de
putsch qui s’est soldée par la mort de 290 personnes à Ankara et
Istanbul : «Nous allons continuer d’éliminer
le virus de toutes les institutions étatiques [...], hélas, ce virus, comme un
cancer, s’est propagé à tout l’Etat.»
En même temps qu'il affirmait son
respect du droit, le Premier ministre Binali Yildirim ajoutait que "la demande du peuple [sur la peine de mort] ne peut être
ignorée". Sans compter que la
rhétorique à l'égard des auteurs du pustch manqué est de plus en plus violente.
Les rebelles sont désormais qualifiés de "groupe terroriste" par le
ministère des Affaires étrangères.
(…)
La purge, lancée immédiatement après
l’échec du coup d’Etat, a suscité de vives inquiétudes et de fermes mises en
garde de l’étranger.
*
Le commissaire européen à
l'Elargissement, Johannes Hahn a
estimé lundi que ces arrestations rapides laissent penser que le gouvernement
disposait, au préalable, d'une liste à cette fin. "On a au moins l'impression que quelque chose avait été
préparé. Les listes sont disponibles, ce qui laisse penser que cela était
préparé pour servir à un moment ou un autre. Je suis très préoccupé. C'est
exactement ce que nous redoutions."
Federica Mogherini, la haute
Représentante de l'Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité
commune, a demandé pour sa part au gouvernement turc de ne pas prendre de
mesures qui contreviendraient à l'ordre constitutionnel. "Nous avons été les premiers (...) durant la tragique
nuit, à dire que les institutions légitimes devaient être protégées. Nous
disons aujourd'hui que l'Etat de droit doit être préservé dans le pays."
*
Angela
Merkel a fait une courte
déclaration et en parfaite harmonie avec les autres dirigeants occidentaux,
elle a condamné sans réserve les putschistes et rappelé que les changements
politiques doivent respecter l’Etat de droit et les institutions en place. La
chancelière a exprimé sa solidarité avec
«toutes les forces politiques, de
la majorité comme de l’opposition».
Toutefois, Angela Merkel n’a jamais cité
le nom du président turc, Recep Tayyip Erdogan. Rien, dans sa déclaration, ne
laisse d’ailleurs penser qu’elle a été en contact avec lui ces dernières
heures.
*
Pour parer à tout «châtiment collectif»,
le ministre des affaires étrangères canadien, Stéphane Dion, a appelé son homologue turc Mevlut Cavusoglu à «régler l’après-coup d’Etat selon les principes fondamentaux
de la démocratie».
*
«Le coup d’Etat raté en Turquie n’est pas un
chèque en blanc au président turc pour faire des purges. Nous voulons que
l’Etat de droit fonctionne pleinement en Turquie»,
a déclaré de son côté le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault.
*
Le ministre autrichien des Affaires
étrangères, Sebastian Kurz, a appelé
dimanche Ankara à «ne pas utiliser à mauvais
escient le coup d’Etat manqué et de ne pas en faire une carte blanche pour
l’arbitraire».
*
L’homme fort de Turquie a accusé les
États-Unis d'abriter le cerveau du putsch, son ancien
allié devenu ennemi juré,
Fethullah Gülen. « Il y a un jeu avec l'armée, et
cela est lié à des forces extérieures. J'en appelle à l'Amérique, j'en appelle au
président Obama. Monsieur le président, je vous le dis, renvoyez ou livrez nous
cette personne».
«Certains dirigeants organisent de faux
attentats-suicides pour renforcer leur pouvoir, et ces gens ont ce genre de
scénarios en tête», a déclaré pour sa
part Fethullah Gülen.
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Le président américain, Barack Obama, a, lui aussi, exhorté
toutes les parties en Turquie à "agir dans le respect de l'État de
droit", selon un communiqué de la Maison Blanche publié samedi. Plusieurs
cadres turcs, dont le ministre du Travail, ont suggéré que les Etats-Unis
soient secrètement favorables aux militaires rebelles, ce que le secrétaire
d'État américain John Kerry a nié
avec colère, et de déclarer : «Les
insinuations ou affirmations publiques à propos du rôle que les États-Unis
auraient pu avoir dans la tentative avortée de coup d’État sont tout à fait
fausses, et nuisible à nos relations bilatérales.»
Extrait de la presse française
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Le président russe, Vladimir Poutine,
a souhaité pour sa part, lors d’une conversation téléphonique avec son
homologue turc, un rapide retour à la stabilité, lui demandant d’assurer la
sécurité des touristes russes. Les deux présidents ont prévu de se rencontrer
la première semaine d’août, selon l’agence de presse turque Anatolie. Cette
rencontre doit être la première entre les deux dirigeants depuis la crise
bilatérale déclenchée en novembre, après que la chasse turque ait abattu un
avion russe en mission en Syrie.
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Extrait de la presse française
Le figaro, le monde, le
parisien, l’obs, franceinfo, l’express, 20
minutes, etc …