Arménie : Nouveau gouvernement, nouvelle diplomatie ?




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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

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Commentaires

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Quasiment toutes les chancelleries occidentales ont félicité l’Arménie pour le changement effectué sans trop de dommages de Premier ministre. On notera toutefois que la France, coprésidente du groupe de Minsk de l’OSCE, qui se vante d’être une « grande amie» de l’Arménie, s’est contentée de sortir un communiqué ministériel laconique. Cela reste dans la même lignée que la présence le 24 Avril du … ministre de la Transition écologique et solidaire, pour commémorer le 103ème anniversaire du génocide des Arméniens.

On est bien loin des événements de 2008 qui avait fait une dizaine de morts, quand Serge Sarkissian avait été élu président de la République. Après dix ans de pouvoir, son changement de casquette associé à une partie de «chaises musicales», ne lui a pas réussi. L’homme fort du petit état caucasien n’est plus le président de la république mais le Premier ministre, nouveau régime oblige.

Un grand déçu de ce chamboulement, en dehors du parti républicain d’Arménie, c’est l’Azerbaïdjan. Le gouvernement azéri espérait que les manifestations de rue allaient entrainer un climat de guerre civile, et donc une situation chaotique, moment idéal pour lancer une attaque. C’est pourquoi ces derniers jours l’armée azerbaidjanaise avait amassé du matériel et des hommes le long de la ligne de contact avec l’Artsakh, histoire de réitérer l’assaut d’Avril 2016 et gagner quelques hectares de terrain sur l’ennemi. A défaut, Ilham Aliev s’est contenté de réitérer pour la Nième fois le seul principe d’intégrité territoriale.

Quant à la Turquie, elle n’a pipé mot concernant l’élection du Premier ministre, vu qu’elle n’en a strictement rien à faire, se contenant de rester campée sur ses positions habituelles : - Pas de levée du blocus sans le feu vert de Bakou, sous-entendu sans un retrait total des forces arméniennes du Karabakh ; - Pas de reconnaissance du génocide arménien sans une validation par une commission mixte d’historiens Turcs et Arméniens.
Une nouveauté toutefois, Ankara par la voix de son Premier ministre Binali Yildirim, reprend à son compte la notion d’intégrité territoriale chère à Aliev et la nécessité de valider le tracé frontalier actuel avec l’Arménie ;

Nota : Ce tracé date du traité de Moscou (mars 1921) signé entre le Gouvernement de la Grande Assemblée nationale de Turquie, dirigé par Mustafa Kemal Atatürk, et la République socialiste fédérative soviétique de Russie de Lénine. Traité qui fut conforté quelques mois plus tard par le traité de Kars (octobre 1921) signé entre la Turquie kémaliste, d'une part, et les républiques soviétiques de la Transcaucasie de l'autre. L’Arménie actuelle n’a jamais reconnu et validé ces frontières qui lui ont été imposées par Moscou, c'est-à-dire les Bolchevicks.

Le député arméno-turc Garo Paylan qui avait déposé un projet de loi lié au 24 Avril, a été débouté. C’est encore une chance que l’on ne l’a pas poursuivi pour insulte à la nation turque (Art.301 du code pénal).

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Le nouvel élu, Nigol Pashinian, fera-t-il mieux ou moins bien que son prédécesseur ? Les promesses et les déclarations des premiers jours sont une chose, l’exercice du pouvoir et les actes, autre chose. A suivre.

En attendant, le Premier ministre arménien a effectué son premier voyage à Stépanaguerd, capitale de la république d’Artsakh, pour faire le point sur la situation à la ligne de contact, les questions de sécurité et les attentes des négociations de paix avec Bakou sous l’égide du groupe de Minsk de l’OSCE.

Aucun changement notable n’a été annoncé concernant la politique étrangère de l’Arménie. Les contrats passés avec la Russie et/ou avec l’Union européenne seront honorés et poursuivis.




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Traductions – revue de presse

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Arménie


Suite au vote lors de la session spéciale de l'Assemblée nationale de mardi, le chef de la faction Yelk et candidat au poste de Premier ministre, Nigol Pashinian a été élu Premier ministre d'Arménie, par 59 voix contre 42.

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«L’Arménie compte préserver la base russe sur son territoire. Je peux dire très simplement que l'Arménie a besoin de cette base militaire russe sur notre territoire.

Je ne sais pas si 


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Artsakh

«Les relations avec l'Artsakh continueront, et j'espère qu'un nouveau souffle sera donné à la reconnaissance internationale de l'Artsakh. Nous sommes tous convaincus qu'il y aura une coopération efficace pour assurer la sécurité de l'Artsakh et de l'Arménie; cette question sera au centre du gouvernement [arménien]. Nous avons convenu des étapes pour aller de l'avant, a déclaré Nigol Pashinian lors d'une conférence de presse à Stepanakert.

Lorsqu'on lui a demandé quelles mesures devaient être prises pour que le Karabakh revienne à la table des négociations, le nouveau Premier ministre arménien a répondu: "Si l'Azerbaïdjan ou la communauté internationale veut résoudre le problème, il est illogique que 


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Turquie

«La Turquie n'a jamais abandonné l'idée d'adhérer à l'Union européenne. La Turquie n'a jamais renoncé à son statut de membre à part entière dans l'UE. Bien que nous ne voyions pas la même détermination ou le même empressement que nos interlocuteurs européens",» a déclaré le président Recep Tayyip Erdoğan.

En outre, Erdoğan a fait valoir que la Turquie devenait progressivement le pays le plus puissant de la région, et qu'elle serait une puissance mondiale, une force de premier plan 


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Azerbaïdjan

Le président Ilham Aliev a déclaré à nouveau le 10 mai :

"L’intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan ne fait pas l'objet de négociations pour le conflit du Haut-Karabakh, elle ne l'a jamais été et ne le sera jamais.

Notre position de principe dans le cadre du conflit reste inchangée. L'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan doit être garantie complètement et inconditionnellement, comme l'exige le droit international, car le Karabakh fait partie intégrante de l'Azerbaïdjan".

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Union européenne

Le Président Armen Sarkissian a eu une conversation téléphonique avec le Secrétaire Général du Conseil de l'Europe Thorbjørn Jagland.

Les parties ont discuté de la situation intérieure en Arménie et ont souligné l'importance de parvenir à une solution par le biais d'un dialogue constructif, dans le cadre de la Constitution et de la loi.

Le Président Sarkissian a salué 


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AP-OSCE

«L'Assemblée parlementaire de l'OSCE suit de près la situation en Arménie et se félicite du dialogue actif entre les forces politiques,» a déclaré le président de l'AP-OSCE, Géorge Tsereteli.

"J'espère un accord politique rapide sur l'impasse actuelle afin que le gouvernement puisse se concentrer sur les nombreux défis auxquels l'Arménie doit faire face. J'encourage les dirigeants politiques à continuer à dialoguer avec les parlementaires, ainsi qu'à travailler avec la société civile et la communauté internationale, pour trouver un résultat satisfaisant, qui doit être vu dans 


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Etats-Unis

«Les processus qui se déroulent en Arménie sont une affaire interne au pays. Nous sommes convaincus qu'ils vont résoudre le problème de manière pacifique et en accord avec la constitution et toutes les règles. Nous, en tant que pays ami et partenaire de l'Arménie, avons toujours encouragé le lancement d'un dialogue constructif afin de sortir de l'impasse politique. Maintenant, nous encourageons à former un nouveau gouvernement conformément à toutes les règles et pour le bénéfice de tous les Arméniens", a déclaré la porte-parole du Département d'Etat américain, Heather Nauert.

"Le gouvernement arménien et le peuple sont des partenaires précieux. Les Etats-Unis félicitent Nigol Pashinian en tant que nouveau Premier ministre d'Arménie. Nous sommes impatients de travailler en étroite collaboration avec le nouveau gouvernement et le peuple arménien, notamment l'intensification des échanges, le soutien à la démocratie ainsi qu’à l'Etat de droit et la sécurité régionale et mondiale," a-t-elle ajouté

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Russie

«La Russie a une politique cohérente sur le problème du Haut-Karabakh et continuera à fournir une assistance aux parties au conflit,» a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.

"Bien sûr, nous adhérons à une approche cohérente sur la question, et, en général, on ne s’en écarte pas, alors nous continuerons d'aider les parties. Cependant, je répète que nous devons attendre que la situation politique en Arménie se stabilise", a-t-elle ajouté.

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France

Le ministère français des Affaires étrangères a salué le dialogue entre les forces politiques qui a permis au Parlement arménien d'élire un nouveau Premier ministre le 8 mai, dans le respect de la Constitution et des droits fondamentaux des citoyens arméniens.

"La France lui présente, ainsi qu'au peuple arménien, ses meilleurs vœux de succès. Elle continuera à apporter son soutien à l'Arménie", indique le communiqué.


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Grande-Bretagne

Le ministre britannique de l'Europe, Sir Alan Duncan, a publié une déclaration sur l'élection du nouveau Premier ministre arménien:

"Je suis heureux qu'une solution à la situation politique en Arménie ait été trouvée, par le biais de négociations et par l'intermédiaire du Parlement, et nous félicitons Nigol Pashinian pour son élection en tant que nouveau Premier ministre arménien.

C’est à l'honneur de tous les participants que 


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Allemagne

La chancelière Angela Merkel a félicité Nigol Pashinian d'avoir été élu Premier ministre arménien.

"En tant que partenaire fiable, l'Allemagne continuera d'aider l'Arménie dans sa quête de modernisation et de mise en œuvre des réformes et s'efforcera d'approfondir les relations bilatérales amicales, ainsi que le développement pacifique de la région.

Je me réjouis du fait que tous ceux qui ont participé aux processus politiques des derniers jours et des dernières semaines ont fait preuve d'un grand sens des responsabilités à l'égard du peuple arménien. Je vous souhaite tout le succès et tout le meilleur dans la formation du nouveau gouvernement et tout au long de votre mandat".




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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Hurriyet, de l’OSCEainsi que de l’Union européenne.