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Commentaires
et Traductions de Gérard Merdjanian
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Commentaires
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«Le prix de la liberté, c'est la solitude» disait Hervé Godec ; le Haut-Karabakh vient d’en payer le prix fort et par voie de conséquence l’Arménie. Est-ce que pour autant l’objectif de liberté a-t-il été atteint ?
Hélas
absolument pas, non seulement la zone tampon (les 7 districts entourant le
Haut-Karabakh) a été reprise par les Turco-azéris, mais le Haut-Karabakh lui-même
a perdu toute la région de Hadrut et la ville de Chouchi, soit un quart du
territoire initial.
En France, lorsqu’on veut faire traîner un problème, on crée une commission. Il semblerait que la résolution, même partielle, du différend arméno-azéri, suive le même chemin. La création d’un groupe de travail tripartie, Arménie-Russie-Azerbaïdjan, qui est sensé résoudre une grande partie des problèmes en suspend, est en fait un recul pour mieux sauter. Mais pour qui ?
Une
chose est sûre : Moscou n’ira pas se battre pour les Arméniens du
Haut-Karabakh. Pas plus que Bakou ne touchera aux soldats de la paix russes ou
qu’il lancera ses chars sur Erevan. L’Arménie fait partie de l’OTSC et a des
accords militaires avec Moscou.
Ilham
Aliev ne rendra rien et surtout pas Chouchi. Au contraire, il grignote le
territoire de l’Arménie, vu qu’en face il n’y a aucune résistance, à croire que
les militaires et/ou les gardes-frontière arméniens sont aux abonnés absents,
et ce sont les villageois qui doivent faire face aux soldats azéris. N’oublions
pas que pour la communauté internationale, la région autonome du
Nagorny-Karabakh fait partie de la république d’Azerbaïdjan. Aliev joue sur du
velours, et le temps joue pour lui.
Autres
points fort pour Aliev. 1- Le soutien indéfectible de la Turquie qui tient
absolument à la continuité territoriale (le panturquisme) vers l’Asie centrale
en traversant l’Arménie. 2- La supériorité militaire sur l’Arménie grâce
notamment aux armements turco-israéliens. 3- La grande faiblesse de l’Arménie
sur le plan diplomatique suite au limogeage du ministre des Affaires étrangères
Zohrab Mnatsakanian et la prise en main par le Premier ministre Nigol Pachinian,
domaine qu’il ne maitrise pas. 4- L’ouverture de toutes les voies de
communication va essentiellement profiter à l’Azerbaïdjan. On voie mal
l’Arménie traverser l’Azerbaïdjan et pour aller où ? 5- Le non traitement
du devenir des Arméniens du Haut-Karabakh (c'est-à-dire le statut), point qui
ne fait pas partie des sujets du groupe de travail.
Quid
du groupe de Minsk de l’OSCE dans tout cela ?
Là
aussi c’est Ilham Aliev qui donne le tempo. Sa victoire militaire éclatante sur
les Arméniens lui donne suffisamment d’assurance pour passer outre les
recommandations des Médiateurs. Il sait pertinemment, comme tout le monde
d’ailleurs, que les pays coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE ne lèveront pas
le petit doigt, militairement parlant, leur intervention se limitant en
recommandations sur ce qu’il y a lieu de faire ou de ne pas faire. C’est ce
qu’ils ont fait et font depuis 28 ans. Même les résolutions du Conseil de
sécurité de l’ONU ne sont pas toujours suivies des faits ; Le problème
Israélo-palestinien ou celui chypriote, en est une preuve.
En
attendant de récupérer toutes «ses» terres, le potentat joue au chat et à la
souris avec les Arméniens. Il leur resitue peu ou prou les cadavres des soldats
morts, quant aux prisonniers, vu qu’il les considère comme des terroristes et
non comme des militaires, il se fait un malin plaisir de jouer avec les nerfs
des autorités arméniennes, faisant fi des normes internationales en la matière.
Force
est constater qu’au final c’est toujours Moscou qui mène la danse dans cette
région du monde. Si la Turquie a pu mettre son nez dans les Affaires du
Sud-Caucase, c’est avec l’accord tacite de la Russie. L’aval de Poutine ne
couvrait pas toutefois la totale récupération du Karabakh, mais seulement les
sept districts entourant le Haut-Karabakh, comme Lavrov l’avait proposé aux
intéressés en 2018. Laisser se dérouler un nettoyage ethnique en chassant les
150.000 Arméniens natifs du Haut-Karabakh, cela fait désordre, même pour le
camarade Poutine, l’un des trois coprésidents.
Seul
Nigol Pachinian est persuadé que ce sont les pays coprésidents (Etats-Unis,
Russie et France) qui vont rétablir la situation et permettre aux Arméniens du
Haut-Karabakh de s’autodéterminer et accéder à l’indépendance. Si coprésidents
peuvent au moins influer sur le dictateur azéri pour que les opérations
humanitaires et d’échanges de prisonniers se passent bien, c’est déjà beaucoup.
On
notera au passage la montée en puissance du Médiateur arménien et défenseur des
droits de l'homme, Arman Tatoyan, lequel assure quasiment la fonction de
ministre des Affaires étrangères, contactant les organismes internationaux sur
les dysfonctionnements des autorités azerbaidjanaises.
Quant aux équipes du Bureau de l’OSCE qui surveillaient le bon déroulement du cessez-le-feu de 1994 sur la ligne de contact entre Arméniens et Azerbaidjanais, vu que ce point est pris en charge au Haut-Karabakh par les soldats de la paix russes, ils pourraient, avec l’aval de l’OSCE, surveiller la ligne de contact, en clair la frontière, entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, ce qu’ils faisaient déjà.
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Traductions –
revue de presse
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Arménie-Russie-Azerbaïdjan
Le 11 janvier le président russe Vladimir Poutine a invité le Premier ministre arménien Nigol Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliev à discuter des nouvelles étapes dans les domaines clés du règlement du Haut-Karabakh.
«La Russie apprécie le partenariat et les relations de bon voisinage qui lient nos pays et nos peuples, c'est pourquoi nous avons suivi l'éclatement d'un conflit armé avec inquiétude et sincèrement préoccupé du sort des peuples», a déclaré Poutine en
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France
Le président Emmanuel Macron s'est engagé à œuvrer pour un processus équilibré afin de trouver une solution politique durable au Haut-Karabakh.
Macron a pesé sur la question lors
d'un appel téléphonique avec le Premier ministre arménien Nigol Pachinian le
mercredi 6 janvier, réitérant la disponibilité de la France à fournir une aide
humanitaire aux personnes touchées par la guerre. La conversation a eu lieu un
jour après l'arrivée à Erevan d'un cinquième avion affrété par le gouvernement
français, transportant
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Etats-Unis
L'ambassadeur américain à la retraite, ex-coprésident du groupe de Minsk de l’OSCE de 1999 à 2001, Carey Cavanaugh, a déclaré :
"Aspect positif de la réunion
trilatérale : le président Vladimir Poutine s'est engagé à travailler sur le
Karabakh. Aspect troublant : le président Ilham Aliev a agi comme si le
conflit était résolu. Ce n'est pas le cas, des problèmes clés demeurent. Un
règlement global est nécessaire pour établir les bases d'une paix et d'une
prospérité durables."
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Azerbaïdjan
«Aucun citoyen étranger ne peut entrer dans cette zone sans notre autorisation. Aucune organisation internationale, à l'exception du Comité international de la Croix-Rouge, ne peut s'y rendre. C'est notre territoire. Le monde entier reconnaît cette région comme faisant partie intégrante de l'Azerbaïdjan,» a déclaré le président Ilham Aliev parlant des visites illégales dans le Haut-Karabagh dans son discours lors de la réunion consacrée au bilan de l'année 2020.
«Ministre arménien des Affaires étrangères,
attention ! Si cela se répète, notre réponse sera très dure. Pour la première
fois, nous vous avons prévenus par l'intermédiaire du ministère des Affaires
étrangères. Ensuite,
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Turquie
Après avoir mis en cause la “santé mentale” de Macron, la Turquie a changé son discours.
«Nous avons eu une discussion constructive avec le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. La Turquie ne veut jamais avoir de mauvaises relations avec aucun pays et, si la France est sincère, la Turquie est prête à normaliser sa relation avec elle,» a déclaré
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Extrait de Radiolour,
de PanArmenian, de News.am, de News.az, et de RT