La Turquie tire
les ficelles azéries
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Commentaires
et Traductions de Gérard Merdjanian
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Commentaires
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Les Arméniens se sont exprimés dimanche dernier : La liste du premier ministre par intérim Nigol Pachinian a remporté les élections législatives avec 54% des voix. Son challenger n’a obtenu que 21%. Son discours était exclusivement axé sur la politique intérieure, passant sous silence le désastre de sa politique étrangère.
La
population a préféré reprendre les mêmes qui pourtant les ont conduits à la
défaite et à la perte de 80% du Haut-Karabakh. C’est leur droit le plus absolu
de choisir qui ils veulent. Pachinian leur a promis paix et prospérité avec
l’ouverture des voies de communications régionales avec l’Azerbaïdjan et très
probablement avec la Turquie.
Les
Arméniens peuvent lui faire confiance quant à sa méthode d’assainissement des
cercles politiques, basée sur le dégagisme et la chasse aux sourcières. Autant
on pouvait comprendre sa croisade des premières années envers les oligarques de
tout poil et les petits chefs, autant sa chasse des opposants, par des propos injurieux
et par des procès, n’avait plus rien de démocratique.
Mais
parlons plutôt de l’avenir, lequel ne semble pas aussi radieux qu’annoncé.
Depuis
la fin de la guerre, les propos haineux et anti-arméniens du dirigeant azéri
n’ont pas diminué, d’autant qu’il n’a pas encore atteint l’ensemble de ses
objectifs. Qu’ils soient à court-termes (récupération des terres limitrophes de
l’Arménie) ; à moyen-termes (mises en œuvre des voies de communication
terrestres et ferroviaires avec le Nakhitchevan) ; à long-termes
(récupération de la totalité du Haut-Karabakh ; et à très long-termes
(récupération du Zanguézour).
Là-dessus
le nouveau-ancien premier ministre arménien n’a pipé mot. On ne connaît
absolument pas le «deal» qui a été passé avec le potentat azéri sous l’égide de
Moscou.
Quid
en échange des prisonniers, à part des cartes de champs de mines ? Quid du
tracé exact de la frontière Sud avec l’Azerbaïdjan, sachant que le népote
s’appuie sur le Traité de Kars (13/10/1921) ?
Quid du statut exact de la liaison Nakhitchevan-Azerbaïdjan ? Et surtout
quid du statut définitif du Haut-Karabakh, avec le risque majeur d’un échange
de territoire et l’isolement de l’Arménie, c'est-à-dire quid de
l’influence réelle des coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE ?
Reste
sans doute la grande inconnue des conséquences de la guerre de 44 jours :
La Turquie et ses visées néo-ottomanes.
Le
discours du sultan Erdoğan à Chouchi en compagnie de son acolyte Aliev, suivi
de la signature des accords turco-azerbaidjanais, nous fournissent toutefois
quelques indications.
Implantation
d’un consulat turc à Chouchi qui deviendra un centre culturel turc,
renforcement de l’alliance militaire turco-azerbaidjanais, et cerise sur le
gâteau, dixit Erdoğan : «En cas de menace d'un État tiers contre l'indépendance ou
l'intégrité territoriale de l'une des parties, la Turquie et l’Azerbaïdjan se
fourniront l'assistance nécessaire.»
Cela
signifie en clair qu’il est fort probable que les territoires récupérés par
Bakou en 2020 ne seront jamais restitués, à commencer par Chouchi. Dit
autrement, les coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE n’ont plus la capacité
d’infléchir le cours des événements. Il suffit qu’Aliev déclare qu’il se sent
menacé par l’Arménie pour que le Sultan coure à son secours.
Pour
éviter cela, il aurait fallu appliquer des sanctions à Bakou, voire à Ankara,
en lieu et place de communiqués moralistes. Or, ni Moscou, ni Washington, ni
Paris ne se lanceront dans une telle démarche, pas plus d’ailleurs que l’Union
européenne qui a peur de son ombre dès
qu’il s’agit de politique étrangère commune. Quand on voit leur comportement
face aux dérapages de la Turquie, ou leur inaction quand Aliev a lancé son
offensive contre le Haut-Karabakh, il ne faut pas s’attendre à autre chose qu’à
réitérer leurs communiqués.
«Les chiens ne font pas des chats»
Bakou
a donné son feu vert à l’UNESCO pour qu’il vienne constater la dégradation des
monuments culturels et cultuels au Haut-Karabakh. Les visites se dérouleront
sous la conduite des officiels azéris, à Chouchi, Aghdam et Fizuli. Devinez
quels monuments seront visités ?
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Traductions –
revue de presse
Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Trend, de Azernews, de Hurriyet, ainsi que de l’Union européenne.
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Arménie
Mercredi, les chefs de la défense arménienne et russe Vagharchag Haroutiounian et Sergueï Choïgou ont discuté par téléphone des moyens de résoudre la situation à la frontière arméno-azerbaïdjanaise.
Le ministre arménien a déclaré à Shoïgou
que la partie arménienne respecte l'appel de ses partenaires pour une
résolution pacifique de la situation, ajoutant cependant que la position
d'Erevan reste inchangée, à savoir : l'armée azerbaïdjanaise doit abandonner le
territoire souverain de l'Arménie sans conditions préalables.
Les deux ont également discuté du
déploiement de gardes-frontières arméno-russes à Syunik et à Gegharkunik, ainsi
que de l'activité du contingent russe de maintien de la paix au Haut-Karabakh
(Artsakh).
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Coprésidents
du Groupe de Minsk de l’OSCE
Russie
Le Premier ministre arménien par intérim Nigol Pachinian a eu une conversation téléphonique avec le président Vladimir Poutine. Le président Poutine l’a félicité pour le bon déroulement des élections en Arménie et pour sa victoire.
Les interlocuteurs ont également
évoqué la situation dans la région et la mise en œuvre des dispositions des
déclarations trilatérales du 9 novembre 2020 et du 11 janvier 2021.
Dans ce contexte,
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Russie
«La Russie a apporté une contribution historique au règlement du conflit autour du Haut-Karabakh. Les hostilités ont cessé,» a déclaré le président Vladimir Poutine le mercredi 23 juin dans un message vidéo aux participants et invités de la IXe Conférence de Moscou sur la sécurité internationale.
«Les soldats de la paix russes garantissent la paix et la sécurité dans la région et font beaucoup pour améliorer la situation humanitaire, en déminant les territoires et en restaurant
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Union
européenne
Les États-Unis et l'Union européenne sont déterminés à œuvrer pour une paix à long terme dans le Caucase du Sud.
"Nous sommes déterminés à continuer de
soutenir la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale des
partenaires orientaux de l'UE ainsi que la voie des réformes de l'Ukraine, de
la Géorgie et de la République de Moldavie",
indique le communiqué conjoint basé sur les résultats du sommet États-Unis-UE.
"Nous sommes résolus à œuvrer pour la
paix, la résilience et la stabilité à long terme dans le Caucase du Sud."
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Turquie
«Avec le protocole Chouchi, nous avons déterminé la feuille de route de nos relations dans le nouveau mandat. Il est très important que ce protocole ait été matérialisé à Chouchi. Ce protocole contient de nombreux aspects de nos relations ainsi que la vision concernant notre région», a déclaré Erdoğan lors d'une conférence de presse avec Aliev.
Erdoğan a informé que la Turquie prévoyait d'ouvrir un consulat général à Chouchi dans le but d'intensifier la contribution de la Turquie à la reconstruction par l'Azerbaïdjan de
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Azerbaïdjan
Selon une vidéo publiée en ligne, l'épouse du président Recep Tayyip Erdoğan, Emine Erdoğan, a tenu des propos sournois alors que les deux présidents et leurs épouses se rendaient au Karabakh.
Aliev a été filmé en train de dire au groupe d’officiels que l'obtention de toutes les cartes des champs de mines leur donnera un gros avantage, vu que le déminage de tous les territoires prendra beaucoup de temps. La femme d'Erdoğan intervient alors pour s'assurer qu'il y a toujours des captifs arméniens en Azerbaïdjan, ce à quoi Aliev
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Avis
d’expert
«Je vois trois messages dans le document intitulé ‘Accord de Chouhi’», a déclaré le turcologue et membre de l’Académie nationale des sciences, Ruben Safrastian, faisant référence à l'accord signé entre Aliev et Erdoğan à Chouchi.
Premièrement, c'est un message adressé au peuple arménien, et avec cela ils montrent que, "Regardez, nous avons gagné la guerre d'Artsakh de l'automne dernier, et nous continuerons notre agression en
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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Trend, de Azernews, de Hurriyet, ainsi que de l’Union européenne.