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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian
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Commentaires
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À voir le comportement de l’exécutif de l’Union européenne, on est face à l’hypocrisie poussée à l’extrême. Quand son parlement, c'est-à-dire la représentation démocratique des peuples des vingt-sept pays qui la composent, demande à sa Commission d’agir par des actes face aux actions iniques de l’Azerbaïdjan, que fait sa présidente ? Elle va signer des accords commerciaux avec le président Ilham Aliev. Sans doute que le camouflet d’Erdoğan avec le coup du sofa, ne lui a pas suffit, ou bien a-t-elle une bienveillance particulière envers le tandem turco-azerbaidjanais ?
On comprend volontiers
que la guerre russo-ukrainienne occupe les Occidentaux à 99%, jusqu’à faire
craindre à certains que Moscou se lance dans une escalade sans borne. Ainsi
selon ces alarmistes, Poutine dépasserait allègrement le cercle des
ex-républiques soviétiques - « l’étranger proche », en s’attaquant à
l’Allemagne, à la France ou à la Grande-Bretagne, en gros à l’Europe de
l’Ouest, voire déclencherait la troisième guerre mondiale contre l’OTAN.
Le 12 décembre dernier,
l’Azerbaïdjan a mis en place le blocus total du Haut-Karabakh en bloquant la
seule voie de liaison avec l’extérieur, à savoir l’Arménie. Qu’attendent les
Arméniens, nationaux et diasporiques, de l’Union européenne ? Certainement
autre chose que des communiqués, lénifiants ou pas.
Est-ce ce genre de discours
qu’ont tenu les 27 lorsque la Russie a envahi l’Ukraine ? La Grande-Bretagne,
quant à elle, a pris tout de suite les devants en versant de l’argent et en
envoyant du matériel militaire. Il n’y a rien à attendre de la perfide Albion
envers les Arméniens. On connaissait ses sentiments turcophiles et russophobes depuis
le XIXème siècle, et depuis le XXème on peut ajouter, azerbaïdjanophiles.
Le sultan du Bosphore
joue sur du velours depuis le 24 février 2022. D’un côté il livre moyennant
finances, ses drones kamikazes - Bayraktar TB2, aux Ukrainiens. De l’autre, il
fait ami-ami avec les Russes, leur permettant d’écouler leur pétrole et leur
gaz vers l’Europe, malgré les sanctions. Si l’on ajoute à cela le chantage
d’Erdoğan de laisser rentrer la Suède et la Finlande dans l’OTAN pour des
motifs de politique intérieur ; En terme polie cela s’appelle de la
« fourberie », en terme politique de la « diplomatie », en
terme populaire un « faux-cul ».
Se croyant
suffisamment puissant dans ses babouches, et ayant réussi à faire passer le
PKK, le PYD et le YPG pour des terroristes auprès des Occidentaux, il compte
s’en prendre aux Kurdes de Syrie au motif qu’ils menacent de lancer des
attaques sur la Turquie. Les FTP étaient aussi des terroristes aux yeux des
Nazis.
N’oublions pas
qu’entre l’Allemagne et l’empire ottoman, c’est une histoire d’amitié centenaire,
pour ne pas dire plus. Aussi, ne faut-il pas plus s’étonner que Mme sofa,
ex-ministre des Affaires étrangères d’Allemagne, ne fasse les yeux doux au
tandem turco-azerbaidjanais, malgré la complicité de son pays lors du Génocide
de 1915 - Génocide qu’elle a reconnu.
Connaissant tout cela,
et suite aux accords tacites avec le maître du Kremlin, l’autocrate turc a un
boulevard devant lui pour mettre en œuvre ses ambitions. S’approprier une zone
frontalière de 50 km du territoire syrien et parallèlement, ouvrir le couloir
Nakhitchevan-Azerbaïdjan au détriment de l’Arménie pour accéder aux pays
turciques d’Asie centrale.
S’approprier le
territoire des autres n’est pas nouveau pour la Sublime Porte. On se souvient
encore du cadeau royal fait par la France à la Turquie en juin 1939, en lui octroyant
les 4.700 km² du golfe d’Alexandrette appartenant à la Syrie. En conséquence,
15.000 Arméniens ainsi que de nombreux autres chrétiens, tant Arabes
qu'Assyriens ou Grecs, ont pris le chemin de l'exil, laissant derrière eux tout
ce qu'ils possédaient. A l’inverse de la première guerre mondiale, la Turquie observera
une position de stricte neutralité et ne déclarera la guerre au Troisième Reich
qu’en février 1945. Pas folle la guêpe.
Sachant comment
manœuvrer les uns et les autres, officiellement ce n’est pas Erdoğan qui est
aux manœuvres quand il s’agit des Arméniens, mais son larbin des basses œuvres,
Ilham Heydar öglu Aliev, potentat local autoproclamé, mais surtout assis sur
des gisements énergétiques. Gisements qui intéressent fortement Mme sofa. Et
comme cela ne suffisait pas, elle a signé en décembre dernier un nouveau
contrat avec Aliev portant sur la fourniture en électricité à l'Union
européenne grâce à un nouveau câble sous-marin Azerbaïdjan-Hongrie, long de
1.195 km, dont la mise en service se fera au plus tôt en 2029.
Reste l’acteur le plus
important du Caucase, sans lequel rien d’important ne peut se faire : La
Russie. S’il y a eu la guerre de 44 jours en 2020, c’est qu’elle a donné le feu
vert au tandem turco-azéri pour s’emparer du Haut-Karabakh. Si le dictateur
azéri se permet en permanence de lancer des attaques contre les Arméniens,
nationaux ou du Haut-Karabakh, cela est conforme à sa politique de mettre
Erevan au pas et l’éloigner des Occidentaux. Si Aliev a mis en œuvre un blocus
sévère contre les Artsakhiotes, c’est suite à l’accord, secret bien sûr, entre
Poutine et Erdoğan de laisser le champ libre au maître des gisements
énergétiques.
La prochaine étape
sera fort probablement une attaque, en bon et du forme de ce qui reste de
l’Artsakh, par l’Azerbaïdjan, comme en septembre 2020. Poutine n’interviendra
pas car officiellement c’est le territoire azerbaidjanais. Le potentat aura
juste pris deux ans d’avance sur le calendrier de l’accord tripartite de Moscou
du 09/11/2020.
La suivante, et
certainement la plus grave, ce sera une nouvelle guerre contre l’Arménie.
Objectif conquérir le Sud de l’Arménie (Syunik) et ouvrir le corridor du
Zanguézour par une attaque en tenaille Azerbaïdjan-Nakhitchevan. Le matériel
militaire est prêt, tout comme Erdoğan. Là aussi et suite aux déboires avec
l’Ukraine, Poutine ne devrait pas intervenir, malgré l’accord militaire
Erevan-Moscou et les obligations de l’OTSC. Une guerre à la fois suffit.
Le rêve de la Turquie
et des pays turciques pourra enfin se réaliser : Avoir la continuité territoriale
de la méditerranée à l’Asie centrale ; avec comme bonus, l’éradication des
Arméniens de la région.
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Traduction
Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Trend et de APA,
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Arménie-Artsakh
Le Représentant permanent de l'Arménie auprès du Conseil de l'Europe, Armand Khatchatrian, a appelé le Comité des Ministres du CoE à prendre des mesures décisives pour assurer le respect par l'Azerbaïdjan des arrêts de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH).
"L'ambassadeur Khachatrian lors de la réunion des Délégués des Ministres a indiqué que le blocus du corridor de Latchine par l'Azerbaïdjan entraîne de graves conséquences humanitaires pour le Haut-Karabakh. L'Arménie appelle
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Union européenne
P9_TA(2023)0012 - Résolution du Parlement européen du 19 janvier 2023 sur les conséquences humanitaires du blocus dans le Haut-Karabakh (2023/2504(RSP))
– vu ses résolutions antérieures sur l’Arménie et l’Azerbaïdjan,
– vu l’article 144, paragraphe 5,
et l’article 132, paragraphe 4, du règlement intérieur
A. considérant que la seule route qui relie le
Haut-Karabakh à l’Arménie et au monde extérieur, à savoir le corridor de Latchine,
est bloquée depuis le 12 décembre 2022 par des écologistes
azerbaïdjanais autoproclamés; que cela perturbe l’accès aux biens et aux
services essentiels, y compris la nourriture, le carburant et les médicaments,
des 120.000 Arméniens qui vivent dans cette zone et qui se trouvent, de
fait, sous le coup d’un blocus;
B. considérant que
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OTAN
Le sous-secrétaire adjoint de l'OTAN pour les Affaires politiques et la politique de sécurité et représentant spécial pour le Caucase et l'Asie centrale, Javier Colomina, s'est rendu cette semaine en Arménie et en Azerbaïdjan.
Cette visite s'inscrivait dans le
cadre des consultations politiques régulières de Colomina dans ces deux
importants pays partenaires de l'OTAN.
En Arménie, il a rencontré le Premier ministre Nigol Pachinian, le ministre des Affaires étrangères Ararat Mirzoyan, le ministre de la Défense Souren Papikian et d'autres responsables. Colomina a
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APCE
« La souffrance des 120.000 personnes du Haut-Karabakh mérite une plus grande attention. Mais avant toute chose, ils méritent que leurs droits humains fondamentaux soient respectés, » a déclaré la députée suédoise Boriana Åberg lors du débat de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) sur les conséquences humanitaires du blocus du corridor Latchine.
« Ce n'est pas une question d'intégrité territoriale. Ce n'est pas une question sur l'Arménie ou sur l'Azerbaïdjan. C'est une question de droits de l'homme. Depuis que le corridor de Latchine, la seule route qui relie le Haut-Karabakh à l'Arménie, a été bloqué par des soi-disant écologistes le 12 décembre, une crise humanitaire frappe sa résidence. Il y a
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OSCE
Ararat Mirzoyan a prononcé mardi 17 janvier un discours lors de la session spéciale du Conseil permanent de l'OSCE initiée par Erevan et a soulevé les revendications territoriales continues de l'Azerbaïdjan contre l'Arménie. Extraits :
« J'aurais aimé pouvoir venir ici pour parler des réalisations de l'Arménie dans le renforcement de sa démocratie, des droits de l'homme et de l'État de droit et du processus de mise en œuvre réussie de réformes à grande échelle, du système judiciaire à la police, de la lutte contre la corruption à l'amélioration de la situation sociale cohésion et justice. Malheureusement, la crise de sécurité et les défis qui
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Russie
« La partie russe confirme qu'elle est prête à organiser des pourparlers entre les ministres des Affaires étrangères de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie à Moscou sous les auspices du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Nous en avons informé Bakou et Erevan, nous en avons parlé publiquement. Nous pensons que les complications qui surviennent périodiquement sur le terrain ne doivent pas devenir un obstacle, une raison pour une sorte de "gel" du processus de négociation », a déclaré la représentante officielle du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova lors d'un point de presse.
Elle a souligné qu'il était
nécessaire de reprendre le travail sur toutes les pistes de la normalisation
des relations arméno-azerbaïdjanaises dès que possible, y compris le déblocage
des communications de transport, la délimitation de la frontière, la conclusion
d'un traité de paix et les contacts à travers la société civile.
«Sur la situation le long du corridor de
Latchine, le ministère russe de la Défense et le commandement du contingent
russe de maintien de la paix sont en contact permanent avec toutes les parties
intéressées. Les efforts se poursuivent pour normaliser la situation.
Contrairement à la plupart des acteurs extérieurs, qui se limitent à des
déclarations appelant à la désescalade, la partie russe recherche de vraies
solutions sur le terrain et fournit une aide humanitaire.
Nous appelons au déblocage complet du
corridor de Latchine conformément à la déclaration des dirigeants de la Russie,
de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie en date du 9 novembre 2020, et nous appelons
Bakou et Erevan à faire preuve de volonté politique afin de résoudre rapidement
les désaccords existants, » a-t-elle conclu.
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Etats-Unis
Le secrétaire d'État américain a exhorté lundi le dirigeant azerbaïdjanais à rouvrir le corridor clé reliant l'Arménie à l'enclave brûlante du Haut-Karabakh,
« Antony Blinken s'est entretenu par
téléphone avec le président Ilham Aliev pour demander une réouverture immédiate
du corridor de Latchine au trafic commercial, l’avertissant qu'un blocus
pourrait raviver le conflit avec Erevan. Il a souligné que le risque d'une
crise humanitaire dans le corridor de Latchine compromettait les perspectives
de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan ", a déclaré le porte-parole du
département d'État, Ned Price.
Le Secrétaire Blinken a encouragé le
Président Aliev à redoubler d'efforts dans les discussions de paix bilatérales
avec l'Arménie. Il a également soulevé les préoccupations concernant les droits
de l'homme en Azerbaïdjan.
La semaine dernière, Blinken s'était
également entretenu avec le Premier ministre Nigol Pachinian et avait exprimé
sa "profonde inquiétude face à l'aggravation de la situation humanitaire
au Haut-Karabakh" en raison du blocage du corridor.
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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Trend et de APA,