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Commentaires et
Traductions de Gérard Merdjanian
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Commentaires
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Le 18 avril, alors que le Premier ministre Nigol Pachinian venait de terminer son intervention devant l’Assemblée nationale arménienne, le président Ilham Aliev prenait la parole à la télévision azerbaïdjanaise. (Cf. Nigol Pachinian vs Ilham Aliev)
Autant le dirigeant
arménien a essayé d’arrondir les angles et de minimiser les sujets qui fâchent,
notamment les reculs face à Bakou, autant le dictateur azéri a enfoncé le clou
sur tous les points de discordes. Chacun se basant sur la déclaration
tripartite du 9 novembre 2020, sur celle d'Alma-Ata du 21 décembre 1991, ou
encore sur les accords d’octobre 2022, le 6 à Prague et le 31 à Sotchi.
Le torchon brûle
entre les deux protagonistes. Le premier, fort de son impunité et de sa
puissance militaire, hausse le ton, précise ses menaces et annonce haut et fort
ce qu’il compte faire au Haut-Karabakh, et accessoirement à l’Arménie. Le
second, ne cesse de lâcher du lest envers son agresseur, pour ne pas dire plus,
se pliant de plus en plus aux désirs du potentat.
L’irresponsabilité du
dénommé Aram Nikolyan, citoyen arménien, styliste de son état, de brûler le
drapeau azerbaïdjanais en pleine cérémonie du championnat européen
d’haltérophile, a donné l’occasion à Ilham Aliev de déverser son fiel sur
l’Arménie en général et sur les Karabakhis en particulier. Menaçant les uns et
les autres d’une nouvelle guerre.
Aussi, on se
demande ce que signifie réellement « signer un accord de paix » pour
le dirigeant azéri ? Car à écouter/lire ses propos,
c’est en fait un acte de capitulation qui est demandé à l’Arménie. Ce qui se
traduirait par la cession de 145 km² de son territoire, en plus d’une large partie
du Syunik pour raccorder l’Azerbaïdjan au Nakhitchevan. Plus grave, abandonner les
Arméniens du Haut-Karabakh à leur triste sort, soit au mieux un nettoyage
ethnique, soit un début de génocide. Car ces derniers n’ont aucunement
l’intention de devenir des citoyens azerbaïdjanais.
Les termes employés(*) par un président de la République en
exercice, envers des personnes qui lui ont résisté, donnent une bonne image de
l’individu et de la haine anti-arménienne qui l’anime.
Si les Arméniens
commencent à avoir l’habitude de ses déclarations racistes et xénophobes, il
semble que les trois coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE – États-Unis,
Russie et France, plus l’Union européenne, ignorent superbement les propos de M. Ilham Aliev, mettant cela sur le compte de la communication intérieure. Ce
qui compte pour eux, ce sont les engagements pris lors de réunions officielles entre
dirigeants. Et tant pis si le despote ne tient pas sa parole et se fiche
royalement des injonctions concernant la libération du couloir de Latchine.
Le plus important
pour ces gens-là, c’est que la paix soit signée, que la région retrouve son
calme, et bien sûr, que les affaires reprennent. Quant au devenir des Arméniens
du Haut-Karabakh, pour la majorité d’entre eux, c’est un problème
arméno-azerbaïdjanais. Ils ont d’autres chats à fouetter.
N’étaient-ce pas les
médiateurs du groupe de Minsk de l’OSCE qui avaient proposé les trois principes
de base pour résoudre le conflit du Karabakh ? Principes acceptés par
l’OSCE et la communauté internationale.
- - intégrité
territoriale ;
- - non-usage de la force ou de la menace d’usage de la
force ;
- - égalité des droits
et autodétermination des peuples.
Quand la Russie
s’en est prise à l’Ukraine pour des raisons soviético-historiques, pourquoi ne
pas avoir classé cela dans la catégorie « problème russo-ukrainien »
et joué les Ponce-Pilate comme pour les Arméniens. Deux poids, deux mesures !
Pendant que le
népotisme du camarade Aliev croît et embellie d’année en année grâce aux juteux
contrats Occidentaux, le Premier ministre arménien s’affaiblie d’année en
année, persuadé que Bakou veut réellement la paix. Son point faible était
et reste la politique étrangère. Il est dû à ses lacunes de l’histoire turco-arménienne
et à sa vision à court terme. La sous-estimation de la stratégie développée par
le tandem turco-azerbaïdjanais complète le tableau.
Toutefois, il a
fini par comprendre que :
1-
vouloir jouer sur
deux tableaux – Occident et Russie, à son arrivée au pouvoir en 2018, n’a pas
eu l’effet escompté, et Poutine lui a fait payer cher cette ambiguïté à
l’automne 2020 ;
2-
aucune aide
militaire n’est à attendre de la Russie, surtout depuis un an. Le refus
d’intervenir de l’OSCE à l’automne dernier, ajouté à la nonchalance des soldats
de la paix russes au Karabakh face aux agressions répétées des Azéris, sont des
signes révélateurs. Pour Moscou, un front à la fois suffit ;
3-
aucune aide
militaire, non plus, n’est à attendre de l’Occident. Tout au plus un soutien
moral, voire financier ;
4-
la communauté
internationale, et plus particulièrement occidentale, est occupée à 99% par la
guerre en Ukraine. Un pays qui est devenu le « terrain de
« jeu », entre l’Occident et la Russie, permettant de renouveler les
vieux stocks et de tester les nouvelles armes. Un autre « terrain
de jeu », n’est pas d’actualité.
Par contre, il n’a
toujours pas compris que :
1- - l’envoi par l’UE d’Observateurs
sur le terrain, n’apportera aucun changement au comportement d’Aliev, si ce
n’est l’irriter encore plus ;
2- - le jeu du tandem
Turco-Azerbaïdjanais consiste à prendre l’Arménie en tenaille. Les premiers
pour réaliser le rêve séculaire de panturquisme et en finir avec les
« restes de l’épée », les seconds pour récupérer le Zanguézour dans
son ensemble et se raccorder au Nakhitchevan. La notion de paix reste une
« carotte » tendue par les duettistes ;
3- - le blocage du couloir de Latchine depuis le 12 décembre, et la mise en place d’un poste de contrôle sur ce couloir depuis le 23 avril, annoncent une accélération des objectifs de Bakou.
(*) « Nous avons chassé Serge Sarkissian, Robert Kotcharian
et Seyran Ohanian, les principales figures des séparatistes, hors du Karabakh
comme des chiens et les avons mis à genoux. Tous trois se sont enfuis de
nos terres comme des lapins. »
« Les séparatistes
actuels, qui s'inventent des noms fictifs - l'un se dit président, un autre se
dit ministre, un autre se dit président d'un parlement - ce groupe de clowns
doit enfin comprendre, etc. »
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Traduction
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Arménie-Artsakh
Le gouvernement arménien a présenté les détails concernant les négociations en cours avec l'Azerbaïdjan.
Comme
indiqué dans le rapport sur la mise en œuvre du plan du gouvernement pour 2022,
le processus de négociation entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan s'est déroulé dans
les directions principales suivantes :
- - traité de paix et d'établissement de
relations entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan ;
- - règlement
de la question du Haut-Karabakh ;
- - déblocage des transports et les communications économiques dans la région ;
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Groupe
de Minsk de l’OSCE +
Le 11 avril, les troupes arméniennes effectuant des travaux d'ingénierie près du village de Tegh (Syunik) près de la frontière avec l'Azerbaïdjan ont essuyé des tirs nourris par les forces azerbaïdjanaises, lors d'une attaque non provoquée. Quatre soldats arméniens ont été tués et six autres blessés. Trois soldats azerbaïdjanais sont morts et plusieurs autres blessés.
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OSCE
Le Président en exercice de l'OSCE, le ministre des Affaires étrangères de la Macédoine du Nord, Bujar Osmani, a conclu sa visite en Géorgie, en Azerbaïdjan et en Arménie.
La
visite s'est concentrée sur les défis de sécurité existants et les efforts en
faveur d'une paix durable, ainsi que sur le renforcement de la coopération
entre l'OSCE et les trois États de la région du Caucase du Sud.
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Turquie-Azerbaïdjan
"Le ministre des Affaires étrangères de l'Azerbaïdjan et le ministre des Affaires étrangères de la Macédoine du Nord ont tenu une réunion dans un format élargi et ont échangé des vues sur l'agenda de la coopération entre l'Azerbaïdjan et l'OSCE", a tweeté le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères.
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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de APA, et de Azernews