***
Commentaires et
Traductions de Gérard Merdjanian
***
Commentaires
***
Le président de
l’Azerbaïdjan, Ilham Aliev, adore prendre comme modèle des hommes forts qui ne
se laissent pas marcher sur les pieds.
()
En premier lieu, le sultan ottoman, son grand frère, turc comme lui, qui est depuis toujours son mentor sur tout ce qui a lieu de faire quand il s’agit des Arméniens – ces « nuisibles » qu’il convient d’éliminer pour le bien-être du monde turcique : Recep Tayyip Erdoğan.
Ses ancêtres ottomans ont
montré la marche à suivre. D’abord, en 1894-96 avec le Sultan Abdülhamid II qui
massacra 200.000 Arméniens, puis en 1909, il remet ça à Adana avec
« seulement » 30.000 Arméniens de tués. Ses successeurs, les « Jeunes
Turcs », ont parachevé le travail en 1915 avec un million et demi de
morts, le premier génocide du XXᵉ siècle.
À croire que cela fait
partie de leur ADN.
Recep Tayyip Erdoğan,
grand saigneur, donne à son élève azéri également quelques conseils judicieux
quand il s’agit de se ficher de la tête des démocraties occidentales, Union
européenne en tête. Entre autocrates, c’est la moindre des choses.
Et, cela fonctionne au-delà
de toute espérance. L’UE continue de verser des subsides à Ankara dans le cadre
des négociations d’adhésion (si, si) en plus des milliards pour bloquer les migrants, et madame sofa (alias Ursula von der
Leyen) vient de signer avec le maître de Bakou - un
irrespectueux notoire de sa parole, mais selon la présidente de la Commission
européenne : « un interlocuteur fiable » pour des projets de
transport gazier et électrique. Pas belle la vie ?
()
En second lieu, le « gardien » de l’espace postsoviétique et notamment caucasien, le descendant très indirect des Tsars de toutes les Russies : Vladimir Vladimirovitch Poutine. Le maître du Kremlin aime jouer avec ses « sujets », surtout lorsque ceux-ci sont dociles. De plus, il assure ses contrats avec ses voisins pour que son économie ne trinque pas trop de la guerre avec l’Ukraine. Ainsi, il caresse Bakou dans le sens du poil, alors qu'Erevan n’est plus en odeur de sainteté depuis l’arrivée au pouvoir de Nigol Vovayi Pachinian.
Le
Premier ministre arménien est persuadé que ce dernier va l’aider dans ses
problèmes avec l’Azerbaïdjan et plus particulièrement pour les habitants du
Haut-Karabakh. Ce qui explique qu’il lui téléphone toutes les semaines, quand
il ne se déplace lui-même à Moscou ou à Sotchi. L’ennui, c’est que le camarade
Poutine a fait sa B.A. en novembre 2020, en mettant en place 2.000 soldats de
la paix au Haut-Karabakh. Lesquels casques bleus commencent de plus en plus, à
assurer un service minimum, voire une neutralité plus que bienveillante envers
la soldatesque azerbaïdjanaise.
Ne
voyant rien arriver de concret du côté Moscou, Pachinian tente désespérément de se
raccrocher à l’UE et aux États-Unis, lesquels n’en ont rien à faire de l’Arménie
et encore moins du Haut-Karabakh. Un Artsakh, que le très érudit haut
fonctionnaire chargé de la politique étrangère et de sécurité commune de l’UE –
Josep Borrell, a traité d’un revers de
main d’Oblast postsoviétique. Tout comme son homologue américain, il a
conseillé au dirigeant arménien de reconnaitre que le Haut-Karabakh faisait
partie de l’Azerbaïdjan afin d'arriver au plus vite à un traité de paix. Chose que ce dernier s’est empressé de faire. Funeste
décision.
Le
potentat azéri a quasiment atteint ses objectifs, il ne reste plus qu’à verrouiller
l’histoire de la liaison, routière et ferroviaire, avec le Nakhitchevan. Ce qui
explique son satisfecit au sortir des rencontres multilatérales de ces derniers
mois. Conséquence directe, il a remplacé le barrage des soi-disant écolos, par
un poste frontière à l’entrée du couloir de Latchine, ce qui a entrainé un
blocus total des 120.000 habitants du Haut-Karabakh, couloir compris. S'il arrive à tenir tête à la Cour internationale de Justice, alors l'Arménie à côté ne fait pas le poids.
Croire qu’Ilham Aliev a diminué la pression sur les Arméniens, nationaux ou Karabakhis, c’est tout le contraire qui se passe. Plusieurs fois par semaine, des coups de feu, d’armes légères ou plus lourdes, sont tirés du territoire azerbaïdjanais au motif que les Arméniens ont commencé les premiers. C’est tellement simple de faire avaler ça aux Occidentaux. Quant aux Observateurs de l’UE, ils observent et prennent des notes. D'autant qu'ils préviennent du circuit qu'ils vont emprunter.
Nigol
Pachinian fait tout son possible pour plaire à ses deux voisins, jusqu’à regretter
que certains persistent à commémorer le 108ᵉ anniversaire du
génocide des Arméniens et surtout demandent aux descendants des auteurs, la
reconnaissance. Il espère qu’en faisant profil bas, qu’en laissant saccager le
patrimoine arménien, les Turco-Azerbaïdjanais vont laisser l’Arménie poursuivre
son développement.
C’est
dommage qu’il n’écoute pas à fond les propos de ces deux voisins.
***
Traduction
***
Arménie-Artsakh
« La mise en place d'un point de contrôle illégal dans le corridor de Latchine, le blocus de l'approvisionnement en électricité et en gaz naturel du Haut-Karabakh pendant plus de six mois ont extrêmement aggravé la situation humanitaire », a déclaré le Premier ministre Nigol Pachinian lors de la séance hebdomadaire du gouvernement.
« Tout au long du mois précédent, l'Azerbaïdjan a fourni un accès par le corridor de Latchine par l'intermédiaire de la Croix-Rouge et des soldats de la paix russes à des fins de propagande, depuis hier, même l'approvisionnement en nourriture essentielle du Haut-Karabakh a été interrompu.
***
Union européenne – France
« La décision unilatérale de l'Azerbaïdjan de mettre en place un point de contrôle dans le corridor de Latchine est véritablement contraire aux efforts qui ont été déployés pour instaurer la confiance entre les parties », a déclaré le haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, lors du débat au Parlement européen sur les relations arméno-azerbaïdjanaises et la situation dans le corridor de Latchine.
« La zone ne relève pas de la responsabilité de la mission de l'UE en Arménie. Mais, nous essayons de trouver une sorte de solution à ce problème particulier en ce moment, ne dites pas que nous ne faisons rien.
***
Russie
Le Premier ministre Nigol Pachinian a rencontré le président Vladimir Poutine à Sotchi. Ils se sont rencontrés pour la dernière fois en marge du sommet de l'Union économique eurasienne qui s'est tenu à Moscou le 25 mai.
"Je suis très heureux de parler à nouveau de l'état actuel des relations bilatérales et des questions régionales, dont nous avons discuté en détail lors de la réunion précédente", a déclaré Poutine au début de la réunion.
*
**
***
Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, et de APA