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Commentaires
et Traductions de Gérard Merdjanian
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Commentaires
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La paix devient une notion
subjective tant pour l’Arménie que pour l’Azerbaïdjan.
Pour
le Premier ministre arménien Nigol Pachinian, c’est un accord qui est censé accorder
à son pays la possibilité de vivre en paix avec ses deux voisins, l’Azerbaïdjan
et la Turquie, d’échanger et de commercer sur nombre de sujets, en laissant de
côté tous les sujets qui fâchent.
Pour
le président azerbaïdjanais Ilham Aliev, c’est un moyen de bloquer les
revendications arméniennes basées sur l’Histoire, nonobstant des charcutages
opérés par les bolchéviks, et surtout permettre à son mentor, personnifié par
le sultan turc, de réaliser le rêve séculaire de l’empire ottoman : avoir
la continuité territoriale de la méditerranée à l’Asie centrale, plus connue
sous le vocable : Turcise ou turcique.
Avec
une Arménie, faible politiquement et militairement, l’objectif du dictateur risque
d’être atteint, sauf intervention d’une force étrangère. Malheureusement, les États-Unis
et l’Union européenne, qui savent très bien ce qui se passe dans le
sud-Caucase, n’en ont rien à faire de l’Arménie - économiquement
inintéressante, et encore moins de l’Artsakh (Haut-Karabakh). Quant à la
Russie, elle a d’autres chats à fouetter pour le moment.
L’objectif
de l’UE dans la région est exclusivement énergétique. Elle est prête à « lécher
les bottes » du potentat azéri, voire d’autres roitelets, pour quelques millions
de barils et/ou de m3 de gaz. Du gaz russe transitant par l’Azerbaïdjan,
mais de ça on n’en parle pas trop, faisant passer Bakou pour un parangon
vertueux engagé dans la production d’énergie verte, voire un défenseur acharné
de la nature. À l’instar de Henri IV qui déclarait « Paris vaut bien une
messe », Bruxelles a déclaré « L’énergie vaut bien mettre ses
Valeurs de côté » ! Merci Mme sofa, alias Ursula von der Leyen, pour
cette bassesse, Allah vous le rendra au centuple.
Au vu du « je-m’en-foutisme » des Occidentaux et du « laisser aller » du camarade Poutine depuis sa guerre contre l’Ukraine, le potentat azéri s’est enhardi à imiter le caporal de Bohème. L’usage des camps de concentrations et/ou d’exterminations n’étant plus à la mode, le nettoyage des Arméniens du Haut-Karabakh se fait de manière plus subtile.
Le
digne rejeton de son père a mis en place un blocus total depuis huit mois,
coupant les approvisionnements en gaz et en électricité des 120.000 Karabakhis,
ne laissant passer au compte-gouttes que les malades graves véhiculés par le
CICR. Un poste-frontière illégal a même été installé à l’entrée du cordon
ombilical (Couloir de Latchine) de l’Artsakh. Il n’a que faire des injonctions
de la communauté internationale, pas plus d’ailleurs des arrêtés de la CIJ ou
de la CEDH. Cet autocrate ne comprend que la méthode coercitive : les
sanctions et bien sûr la force.
Tant et si bien que l’ancien procureur général de la Cour Pénale Internationale (CPI), Luis Moreno Ocampo, a estimé pour sa part : « Le blocus du corridor de Latchine par les forces de sécurité azerbaïdjanaises, qui empêchent l'accès au Haut-Karabagh de toute nourriture, de tout matériel médical et d'autres produits de première nécessité [...] devrait être considéré comme un génocide contre les Arméniens ethniques du Haut-Karabakh en vertu de l'article II (c) de la Convention sur le génocide qui précise : "Le fait d'infliger intentionnellement au groupe des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique ».
L’objectif
principal du despote reste de réduire l’Arménie – un État souverain, à peau de
chagrin. Comment arriver à faire céder ce gouvernement, l’obligeant à signer un
accord de paix, conforme à ses prétentions ? La soldatesque azérie pouvait
jusqu’à récemment titiller les gardes-frontières arméniens par des tirs de
snipers, voire envoyer des soi-disant « quidams » qui se déclarant
perdus, ne les empêchaient pas de tuer des civils. Une opération juteuse qui
permet d’échanger le dit assassin avec un des nombreux prisonniers arméniens
qui pourrissent dans les prisons azerbaïdjanaises depuis la fin de la guerre de
44 jours.
Les
tentatives d’incursion d’Ilham se sont avérées payantes, d’autant que l’OTSC
(Organisation du Traité de Sécurité Collective) plutôt que d’intervenir, s’est
contentée de tergiverser, très probablement sur ordre de Poutine. Ainsi, le
potentat a pu mener à bien la «borderisation».
Laquelle
«borderisation» est une série d'actions par lesquelles l’Azerbaïdjan empiète
sur le territoire arménien. Elle constitue une guerre silencieuse contre Erevan
et comprend des actions telles que l'installation de barbelés, de bornes
frontalières et de clôtures illégales, de campements militaires et, plus
important encore, de la confiscation des terres arméniennes. À ce jour, cette
main mise représente 145 km² de territoire arménien. Rappelons que Bakou n’a
toujours pas reconnu les 29.800 km² de l’Arménie, alors qu’Erevan a reconnu les
86.600 km² de l’Azerbaïdjan.
Et
le dénommé Charles Michel de s’envoyer des satisfécits sur la bonne marche des
négociations Arménie-Azerbaïdjan !
Quelques
grains de sable dans la mécanique bien huilée de Bakou. Comme la
présence d’une cinquantaine d’observateurs de l’UE sur le territoire arménien,
empêchant le népote de « borderiser » les terrains frontaliers
arméniens.
Et
que fait Erdoğan ? Il attend que son larbin fasse le travail. Il joue sur
du velours. Il a passé des accords avec Poutine et cerise sur le gâteau, même
Nigol Pachinian est venu lui présenter ses hommages pour sa réélection, jusqu’à
refouler le génocide de 1915 dans les oubliettes de l’Histoire.
Non
mais, il ne faut pas croire, la realpolitik n’est pas que l’apanage des
puissants !
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Traduction
Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am et de ONU-Droits-de-l’homme.
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Arménie-Artsakh
Appel poignant du président de la République d’Artsakh (Haut-Karabakh), Arayik Haroutiounian, lancé aux organisations internationales et aux Arméniens :
À
la République d'Arménie
Afin d'adopter une résolution impliquant des actions urgentes et spécifiques, je demande instamment que la catastrophe humanitaire résultant du blocage par l'Azerbaïdjan du corridor de Latchine et du blocus illégal de l'Artsakh, qui a dégénéré en crime de génocide, soit immédiatement présentée à la discussion du Conseil de sécurité des Nations Unies.
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États-Unis
Le porte-parole du Département d'État américain, Matthew Miller, a commenté l'évaluation de la Russie relative aux négociations de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, ainsi que sur le rôle que la Turquie pourrait jouer dans le conflit dans le Caucase du Sud.
La semaine dernière, des responsables
russes ont mis en garde les deux parties, l'Arménie et l'Azerbaïdjan, concernant
la signature de tout accord de paix, affirmant qu'on devait s'attendre à un
nouveau conflit s'ils précipitaient la signature.
« Je ne veux pas parler de la Russie quand il
s'agit de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan. Je veux parler de ces deux pays qui
sont directement liés – qui sont des parties directes dans ce différend.
Nous nous sommes engagés directement avec ces
pays. L'envoyé spécial Bono s'est rendu dans la région la semaine dernière et
s'est entretenu directement avec eux. Et nous pensons, malgré les commentaires
d'autres pays qui ne sont pas parties prenantes, qu'un accord reste à portée de
main, et nous continuerons à travailler avec eux pour ce faire.
La Turquie a un rôle productif à jouer dans
le processus », a déclaré Miller
lorsqu'on lui a demandé s'il était temps pour l'Occident de dénoncer les propos
de la Russie pour avoir sapé les efforts occidentaux pour instaurer la paix.
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ONU
« Un groupe d'experts de l'ONU a exprimé lundi 8 août son inquiétude face au blocus en cours du corridor de Latchine – la seule route reliant le Haut-Karabakh à l'Arménie, qui a conduit à une grave crise humanitaire dans le Haut-Karabakh », a indiqué le bureau du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme dans un communiqué.
« Le blocus, obstruant la seule route reliant le Haut-Karabakh à l'Arménie depuis sept mois, a laissé la population confrontée à de graves pénuries de denrées alimentaires, de médicaments et de produits d'hygiène, a eu un impact sur le fonctionnement des établissements médicaux et éducatifs et a placé la vie des résidents – en particulier
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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am et de ONU-Droits-de-l’homme.