Le Groupe de Minsk de l’OSCE : « Courage fuyons »

 


 

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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

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Commentaires

 

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Rien n’y fait. Que ce soit les coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE, les instances internationales ou la majorité des pays du G20 (Turquie mise à part) qui demandent la levée du blocus du Haut-Karabakh avec l’ouverture du couloir de Latchine à la libre circulation des biens et des personnes, ils font face à un mur : l’intransigeance de Bakou, qui considère cette région comme de son bien.

 

Rappelons que la région autonome (Oblast) du Haut-Karabakh ne faisait pas partie intégrante de la RSS d’Azerbaïdjan, mais y était simplement rattachée administrativement, tout comme la république autonome du Nakhitchevan. Si Bakou avait réussi à vider le Nakhitchevan de ses autochtones arméniens, (50% au moment de la soviétisation, environ 1% en 1990), il s’était cassé les dents avec les Arméniens du Karabakh.

 

En reconnaissant il y a quelques mois que le Haut-Karabakh fait partie intégrante du territoire de l’Azerbaïdjan, le premier ministre arménien Nigol Pachinian a mis le doigt dans un engrenage infernal. Il est loin le temps où il s’était écrié  « L’Artsakh, c’est l’Arménie, point final ! ». Pire, il a déclaré, il y a quelque semaines, reconnaitre que la superficie de l’Azerbaïdjan est de 86.600 km² - c'est-à-dire celle de la RSS d’Azerbaïdjan, s’attendant à ce que Bakou, en retour, reconnaisse les 29.800 km² de l’Arménie, qui est celle de la RSS d’Arménie. Un « flop » total, puisque pour Bakou, le Zanguézour occidental - c'est-à-dire la province arménienne du Syunik, doit faire également partie de l’Azerbaïdjan.

 

Ce durcissement d’Ilham Aliev est essentiellement du à la politique menée par Moscou dans la région, complétée par celle de Bruxelles.

 

Le camarade Poutine en novembre 2020 a mis fin à l’attaque meurtrière de l’Azerbaïdjan contre le Haut-Karabakh - aidé militairement par la Turquie, le Pakistan et dans une certaine mesure par Israël -, faisant 5.000 morts et des milliers de blessés dans les rangs arméniens. En faisant signer un accord de cessez-le-feu entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan le 9 novembre 2020, il a mis en place un contingent de 2.000 casques bleus russes pour protéger la population du Haut-Karabakh.

 

C’était méconnaitre les ambitions effrénées du dictateur azéri. Non content d’avoir récupéré 75% de l’Artsakh au bout des 44 jours de guerre, il a de suite commencé à s’attaquer aux 25% restant par des tirs sporadiques aussi bien sur les militaires arméniens, que sur les civils – des paysans en l’occurrence, ainsi que sur le matériel, empêchant ces derniers à travailler dans les champs.

 

Si au début, le contingent russe de la paix assurait tant bien que mal sa mission, rapidement les choses se sont dégradées et d’une posture de neutralité équilibrée, il est passé à neutralité bienveillance en faveur de la soldatesque azérie, allant jusqu’à les accompagner lorsqu’elle a franchi la frontière arménienne au pont de Hakari.

 

Deux événements sont à l’origine de cette dégradation. L’invasion de l’Ukraine en février 2022 et la reconnaissance par Pachinian de l’appartenance du Haut-Karabakh à l’Azerbaïdjan en Avril 2023. Moscou étant occupé, Aliev a lancé ses troupes. Il a commencé par bloquer le couloir de Latchine le 12 décembre 2022 aux civils arméniens, pour des raisons soi-disant écologiques. Et après l’énorme boulette de Pachinian, il a installé un poste frontière à l’entrée du couloir de Latchine, instaurant ce faisant un blocus total du Haut-Karabakh.

 

Soyons précis. Les Karabakhis ont le droit de franchir le poste frontière de Hakari. 1 – S’ils sont gravement malades accompagnés par le CICR ; 2 – s’ils déménagent définitivement vers l’Arménie. Dans les deux cas, il n’est pas question qu’ils retournent chez eux. Cela s’appelle du nettoyage ethnique. Quant a les affamer, cela s’appelle un Génocide !

 

Bruxelles, pensant bien faire, a mis son nez dans le conflit au lendemain de la guerre des 44 jours, en remplaçant peu ou prou le groupe de Minsk de l’OSCE pour essayer de résoudre le différend arméno-azerbaidjanais. Il a été aidé en cela par Pachinian lui-même, qui, ne sachant sur quel pied danser avec Moscou, malgré ses très nombreux coups de fil à Poutine, s’est tourné vers l’Union européenne pour obtenir un appui sérieux.

 

Hélas, l’UE a d’autres soucis en tête, à commencer par la guerre Russie-Ukraine et ses conséquences énergétiques. Mme sofa – alias Ursula von Der Leyen, a mis bon ordre en passant des accords gaziers avec Bakou. « Un pays fiable » selon la présidente de la Commission européenne.

 

Le président du Conseil de l’UE, Charles Michel, a de son côté convié plusieurs fois les deux protagonistes, Pachinian et Aliev, a se rencontrer. Résultat : Pachinian a de nouveau lâché du lest face à Aliev. L’UE pour ne pas être en reste, a envoyé en Arménie une mission d’observation d’une cinquantaine de personnes. Mais RIEN au Haut-Karabakh. Aliev s’y est opposé fermement au motif que c’est de l’ingérence dans les affaires intérieures de son pays.

 

Bruxelles s’interdit toute sanction envers le récalcitrant et laisse le potentat azéri se défouler sur les Arméniens, qu’ils soient Nationaux ou Karabakhis. L’aveuglement politique de l’exécutif européen, qui n’a rien de naïf, va jusqu’à proposer l’ouverture de la route Aghdam-Stépanaguerd pour des raisons soi-disant humanitaires et de droits humains. Ce qui en pratique reviendrait à « laisser entrer le loup dans la bergerie ». L’objectif de Bakou.

 

La ligne politique de l’exécutif européen consiste à voir que ce qu’il a envie de voir, jouer à l’occasion les naïfs et surtout ne jamais citer l’agresseur, cela pourrait vexer Ilham Aliev, ce qui est mauvais pour le business. On ressort à l’occasion le dénommé Josep Borrell, qui n’a toujours pas compris qui étaient les bons qui étaient les méchants, se contentant comme d’habitude, de renvoyer, à l’image de ses semblables, les belligérants dos à dos.

 

Quant à Washington, il ne lève pas le petit doigt et se contente de donner aux belligérants des conseils soi-disant « judicieux », en s’appuyant sur le droit international. Il est intéressé avant tout par les relations Russie-Turquie. Surveillant parallèlement les activités de Téhéran par l’intermédiaire du tandem israélo-azéri, le tout au détriment de l’Arménie, cela va de soi. Il suffit de regarder les bâtons mis par l’Administration aux efforts des membres de la « Cause arménienne » du Congrès quand il s’agit du soutien financier et des aides apportées à l’Azerbaïdjan.

 

Et final, c’est toujours des Arméniens qui meurent.

 

 

 

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Traduction

 

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de APA, ainsi que de l’Union européenne.


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Conseil de Sécurité de l’ONU (suite)

 


« La France s'apprête à soumettre une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU pour venir en aide aux 120.000 habitants de l'Artsakh au bord de la famine en raison du blocus imposé par l'Azerbaïdjan, » écrit dans un article le directeur adjoint du Figaro, Christophe Buisson.

 

« Par ailleurs, Paris et les grandes régions françaises affrètent la semaine prochaine un convoi humanitaire vers l'Arménie. La vie de 120.000 hommes, femmes et enfants est entre les mains du Conseil de sécurité de l'ONU.

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Arménie-Artsakh

 


Le Premier ministre arménien Nigol Pachinian a déclaré jeudi 31 août lors de la réunion du Cabinet :

 

"L'objectif principal de l’Azerbaïdjan est de débarrasser le territoire du Haut-Karabakh des Arméniens.

 

Comme je l'ai dit plus tôt, l'un des scénarios pour la mise en œuvre de ce plan monstrueux est le suivant : l'Azerbaïdjan envisage, au stade le plus aigu de la crise humanitaire, d'ouvrir unilatéralement un couloir, de permettre aux gens de quitter le Haut-Karabakh et d'en interdire l'entrée. Cette politique de génocide et de déportation se déroule au XXIe siècle sous les yeux de la communauté internationale. »

Suite


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France

 


Lors d’un entretien avec l’hebdomadaire le Point, le président Emmanuel Macron a commenté le blocus du Haut-Karabakh (Artsakh), affirmant :

 

« Notre diplomatie est claire mais l’heure n’est pas à la diplomatie. Je le déplore et je le condamne. Nous avons toujours dit que nous étions là pour la souveraineté du peuple et que la question du Haut-Karabakh est compliquée.

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Union européenne

 


« L'Union européenne déplore les derniers affrontements armés qui ont entraîné la mort et la blessure de plusieurs militaires dans les zones frontalières entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. L’UE appelle toutes les parties à éviter de nouvelles violences et à réaffirmer leur engagement au dialogue, » a déclaré le porte-parole principal pour les Affaires extérieures de l'UE, Peter Stano, sur les réseaux sociaux, après le tir du drone de l'Azerbaïdjan et l’attaque au mortier qui a fait trois morts et deux autres soldats arméniens.

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Etats-Unis

 


« Les États-Unis sont profondément préoccupés par la détérioration des conditions humanitaires au Haut-Karabakh résultant du blocage continu, de la nourriture, des médicaments et d'autres biens essentiels à une existence digne.

 

Les États-Unis ont travaillé sans relâche avec les deux parties au cours des dernières semaines pour permettre à l'aide humanitaire d'atteindre la population du Haut-Karabakh. Nous réitérons notre appel à rouvrir immédiatement le couloir de Latchine au trafic humanitaire, commercial et de passagers », a déclaré jeudi le porte-parole du Département d'État, Matthew Miller, dans un communiqué.

 

« En outre, les responsables de Bakou et les représentants de Stepanakert doivent se réunir sans délai pour se mettre d’accord sur les moyens d’acheminer les provisions essentielles aux hommes, femmes et enfants du Haut-Karabagh – y compris par des voies d’approvisionnement supplémentaires – et reprendre les discussions sur toutes les questions en suspens. L’aide humanitaire de base ne doit jamais être l’otage de désaccords politiques, » a-t-il précisé.

 

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Turquie-Azerbaïdjan

 


« Comme vous le savez, le 23 avril de cette année, le poste de contrôle frontalier a été établi dans le district de Latchine, à la frontière entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Nous l'avons encore fait en faisant preuve de détermination, de courage et de confiance »,  a déclaré le président Ilham Aliev lors de son discours à l'occasion des festivités de la « Journée de la ville de Latchine ».

 

« Parce qu'une connexion géographique a été créée entre l'Arménie et l'ancienne province autonome du Haut-Karabakh. Nos pertes ultérieures furent précisément conditionnées par la perte de Chouchi et de Latchine. Chouchi a été occupée le 8 mai et Latchine le 18 mai. Cette occupation marqua le début de l'occupation d'autres terres.

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PILPG

 


Le principe de l’autodétermination peut s’exercer à l’intérieur, par le biais de l’autonomie dans le cadre d’un État plus vaste, ou à l’extérieur, par la création d’un nouvel État. Selon la décision de la CIJ dans l’affaire Chagos (Conséquences juridiques de la séparation de l’archipel des Chagos de l’île Maurice en 1965 – ndlr), même si l’autodétermination externe peut se matérialiser dans les cas de décolonisation et d’assujettissement des étrangers, « le droit à l’autodétermination, comme un droit humain fondamental, a un large champ d’application ». Ce dernier suggère que l’autodétermination externe peut également inclure une sécession corrective en cas d’oppression systémique. Cet argument a également été avancé par un certain nombre de tribunaux et de comités nationaux et internationaux. Bien que différents points de vue subsistent sur la question de savoir si l'autodétermination externe inclut une sécession corrective.

 

Le Public International Law & Policy Group (PILPG) a publié un rapport sur la situation dans le Caucase du Sud, affirmant qu'il existe une possibilité d'autodétermination via une sécession corrective pour la population du Haut-Karabakh (Artsakh). Extraits :

 

« ()… Le refus de l'Azerbaïdjan d'inscrire à l'ordre du jour des négociations en cours le statut autonome du Haut-Karabakh de l'ère soviétique comme référence pour le droit du peuple du Haut-Karabakh à l'autodétermination et pour les discussions entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan concernant leur sort et leur statut futurs, sera un signal clair d’un rejet continu de ce droit pour la population du Haut-Karabakh, et cela ouvre la porte à la possibilité d’une autodétermination externe via une sécession corrective.

 

()… Pour qu’un groupe puisse prétendre au droit de déterminer collectivement son destin politique, il doit posséder un noyau d’identité suffisant pour lui permettre d’acquérir sa particularité en tant que peuple. Les Arméniens du Haut-Karabakh possèdent les facteurs objectifs et subjectifs requis d’un groupe bénéficiant du droit à l’autodétermination.

 

()… L'Azerbaïdjan refuse depuis longtemps aux Arméniens leur droit à l'autodétermination, et tout indique que sans mécanismes complets et efficaces négociés sous les auspices de la communauté internationale avec des mécanismes d'application substantiels, non seulement ce droit sera nié, mais le peuple arménien du Haut-Karabakh continuera de faire l’objet de violations flagrantes de ses droits humains, notamment de nettoyage ethnique et d’expulsion forcée.

 

 

 

 

 

 

 

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de APA, ainsi que de l’Union européenne.