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Commentaires
et Traductions de Gérard Merdjanian
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Commentaires
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Avec le peu d’informations qui filtrent des rencontres entre les représentants de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan, on sent bien que les échanges ne se passent pas au mieux.
Les délégués azéris
veulent absolument imposer leur point de vue et ne sont pas prêts de lâcher
quoi que ce soit de leurs acquis depuis la guerre de 44 jours contre le Haut-Karabakh
et leur victoire sur les Arméniens. Le président Ilham Aliev ne cesse de le
répéter, il veut tout garder. Non seulement tous les territoires conquis sur l’ennemi
(145 km²), mais également ce qui ne l’est pas encore : Le couloir du
Zanguézour ou les enclaves azéries en Arménie par exemple.
Le Haut-Karabakh ne fait
pas partie des négociations depuis que le Premier arménien a déclaré
officiellement en mai dernier que cette région faisait partie de l’Azerbaïdjan.
Et tant pis pour les 120.000 Arméniens qui y habitaient encore et qui se sont
battus pendant trente ans pour ne plus vivre sous le joug azéri.
La
délimitation/démarcation de la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan suit
le même chemin. Le dictateur refuse de s’appuyer sur le dernier tracé entre les
deux ex-RSS. En fait, il y a plusieurs cartes datant de l’ère soviétique,
allant de 1974 à 1988, validé par la déclaration d’Almaty de 1991, mais choisit
la carte qui lui est la plus favorable, déclarant que la dernière est favorable
à l’Arménie.
Il
est clair que le potentat se détache de plus en plus de la présence des
Occidentaux dans les négociations. Les Occidentaux sont utiles mais essentiellement
pour leur volet commercial et non politiques. Il préfère négocier avec l’Arménie
directement, connaissant pertinemment la faiblesse politique de Pachinian dans
le domaine des Affaires étrangères.
Le
président du Conseil européen, Charles Michel, le président français, Emmanuel
Macron, et le chancelier allemand, Olaf Scholz, ont rencontré en octobre 2023 à
Grenade Nigol Pachinian. Ilham Aliev ayant décliné l’invitation. Les dirigeants
ont souligné leur soutien indéfectible à l’indépendance, à la souveraineté, à
l’intégrité territoriale et à l’inviolabilité des frontières de
l’Arménie (29.800 km²) et de l’Azerbaïdjan (86.600 km²).
Pour
ce qui est des Etats-Unis, il faut ne pas trop compter sur eux pour sévir
contre l’autocrate azéri. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale,
Washington a deux points d’appui dans la région.
Le
premier c’est Israël, l’enfant chéri de l’Oncle Sam, qui peut se permettre tous
les débordements et les excès, il est protégé par le veto américain au sein du
Conseil de sécurité des Nations-Unies, et quand bien même, une Résolution est
votée contre l’Etat Hébreux, elle n’est pas appliquée.
Le
second, c’est la Turquie. Qui dit Turquie, dit également son vassal
l’Azerbaïdjan. Ankara, qui pendant des décennies a réussi à bloquer la
reconnaissance du génocide des Arméniens par la Maison Blanche. Motif : La
base d’Incirlik de l’OTAN est un élément incontournable de la géostratégie
américaine dans la région ; sans compter les achats massifs d’armement aux
Etats-Unis. Aussi, quand le sultan ottoman a acheté des systèmes anti-missiles
russes, les célèbres S-400, le département d’Etat s’est énervé, et la
Maison-Blanche a reconnu le Génocide des Arméniens dans son message du 24 avril
2021.
Seuls
les coprésidents de la cause arménienne du Congrès, osent dire tout haut ce que
bon nombre de politiciens américains pensent tout bas. « Les remarques les plus
récentes du président Aliev, et plus particulièrement celle de retirer les
troupes du territoire arménien, suivent le même schéma qu’il a utilisé dans la
préparation du nettoyage ethnique de plus de 100.000 Arméniens en Artsakh
l’automne dernier. Il fait des déclarations hostiles, utilise ces affirmations
pour justifier la mobilisation de son armée, puis prend des mesures agressives
parce qu’il croit qu’il n’y aura pas de conséquences. La communauté
internationale lui a malheureusement donné raison par son inaction au cours des
dernières années. »
Ni
l’UE ni les Etats-Unis n’agiront pour infléchir le comportement du clan Aliev,
sinon par des propos génériques et lénifiants comme à l’époque du groupe de
Minsk de l’OSCE. La Russie, elle aussi, continuera à se cantonner à des
généralités. Moscou a passé des accords, secrets bien-entendus, avec le tandem
turco-azéri concernant ses débouchés énergétiques contre la non-intervention
dans le conflit arméno-azéri.
L’Arménie
se retrouve bien seule avec un lot de promesses non-tenues par celui avec qui
elle est censée signer un accord de paix.
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Traduction
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Arménie
« L’Azerbaïdjan refuse de reprendre les négociations dans les cadres existants. L’Arménie est engagée de bonne foi dans des négociations avec l’Azerbaïdjan et nous sommes plus qu’intéressés par l’établissement d’une paix durable dans notre région. Nous pensons que cela sera bénéfique non seulement pour le peuple arménien, mais aussi pour les pays de la région, » a déclaré le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, lors d’une conférence de presse avec son homologue croate Gordan Grlić-Radman, vendredi 19 janvier.
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Conseil
de l’Europe
« Les autorités arméniennes et azerbaïdjanaises doivent veiller à mettre l’accent sur la protection des droits de l’homme dans leurs pourparlers de paix et mettre en place de solides garanties en matière de droits de l’homme pour toutes les personnes touchées par le conflit, » a déclaré la Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatović, à l’occasion de la publication de ses observations à l’issue de sa visite en Arménie et en Azerbaïdjan, y compris au Karabakh, du 16 au 23 octobre 2023. C’est la première fois depuis des décennies qu’une mission de défense des droits de l’homme de ce type a pu se rendre au Karabakh.
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Union
européenne
Des représentants de la délégation de l’UE et du siège de l’UE, ainsi que des représentants du gouvernement de l’Arménie, se sont réunis pour célébrer les six ans de partenariat entre l’UE et l’Arménie dans le cadre de l’accord de partenariat global renforcé (CEPA), signé en 2017. L’objectif de la réunion était également de souligner l’importance de la LCPE dans les relations entre l’UE et l’Arménie, d’évaluer l’état d’avancement de la mise en œuvre de la LCPE et d’en améliorer l’efficacité.
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France
Le Sénat a adopté mercredi, par 336 voix contre 1, une résolution soutenant l’Arménie et exigeant des sanctions contre l’Azerbaïdjan. le texte stipule :
Le Sénat soutient
l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Arménie ;
- Condamne l’attaque militaire menée par l’Azerbaïdjan
avec le soutien de ses alliés les 19 et 20 septembre 2023 contre le
Haut-Karabakh ;
- Demande à l’Azerbaïdjan de garantir le droit de la
population arménienne à retourner dans le Haut-Karabakh en créant des conditions
qui garantissent sa sécurité et son bien-être ;
- Demande le retrait immédiat et inconditionnel des
troupes azerbaïdjanaises du territoire souverain de l’Arménie ;
- Déclare que l’Arménie a le droit de protéger son
intégrité territoriale et qu’elle a les moyens d’assurer sa sécurité, y compris
par des moyens militaires ;
- Condamne les arrestations arbitraires de dirigeants
politiques du Haut-Karabakh ;
- Demande le retrait de l’Azerbaïdjan du Comité
intergouvernemental pour la protection des valeurs culturelles en cas de
conflit armé ;
- Souligne la création d’un groupe international
d’experts à l’UNESCO et sa mission dans le Haut-Karabakh pour préparer un
rapport d’information sur l’état du patrimoine culturel et religieux ;
- Souligne qu’il
importe de prendre les mesures les plus sévères, notamment en saisissant les
avoirs des dirigeants azerbaïdjanais et en imposant un embargo sur les
importations de gaz et de pétrole en provenance d’Azerbaïdjan, en imposant des
sanctions en réponse à l’agression militaire de l’Azerbaïdjan ;
Stéphane Séjourné, le nouveau ministre
français de l’Europe et des Affaires étrangères, était également présent à la
réunion ainsi que l’ambassadeur d’Arménie en France, Hasmik Dolmadjian, et le
représentant du Haut-Karabakh, Hovhannes Kévorkian, étaient présents à la
session en tant qu’invités d’honneur.
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Israël
Erdoğan a déclaré que la Turquie
fournissait des documents pour une affaire intentée par l’Afrique du Sud contre
Israël devant la plus haute cour de l’ONU sur des accusations de génocide pour
sa guerre contre le groupe terroriste Hamas au pouvoir à Gaza.
« Le président de la Turquie, Recep Tayyip
Erdoğan, originaire d’un pays qui a commis le génocide arménien dans son passé,
se vante maintenant de cibler Israël avec des affirmations infondées. Nous nous
souvenons des Arméniens, des Kurdes. Votre histoire parle d’elle-même. Israël
se tient debout pour la défense, et non pour la destruction, contre vos alliés
barbares. » a déclaré le ministre
israélien des Affaires étrangères, Israël
Katz.
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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de l’APCE, ainsi que de l’Union européenne.