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Commentaires
et Traductions de Gérard Merdjanian
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Commentaires
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Le fonctionnement de l’Azerbaïdjan, que ce soit celui de son leader ou celui de son gouvernement, est un copier-coller de ses deux voisins autocratiques-dictatoriaux que sont la Turquie et la Russie, voire un troisième atteint de surdité chronique.
En premier lieu, la
Turquie. Depuis des décennies, elle lui a transmis le rejet des Arméniens, ces
empêcheurs de « tourner en rond » qui sont une gêne permanente sur la
route du monde turcique. Un rejet qu’Ilham Aliev a transformé en haine dès son
arrivée au pouvoir, une haine enseignée à l’école dès le plus jeune âge. Le
néo-ottomanisme qui va de la Méditerranée à l’Asie centrale, dont le chantre est
le négationniste en chef actuel, Recep Tayyip Erdoğan, ne peut s’encombrer d’un
tel obstacle. Aussi, son vassal, Heydar öglu (le fils de Heydar), exécute à la lettre
les directives d’Ankara. Pour faire passer la pilule auprès des Occidentaux, le
tandem turco-azerbaidjanais met en avant l’axe commercial Est-ouest et les
marchés juteux du Moyen-Orient et de l’Asie. Les salamalecs de Washington et de
Bruxelles attestent du bon fonctionnement de la stratégie.
Ankara bichonne son
protégé en maintenant le blocus contre l’Arménie, en soutenant bec et ongle
l’Azerbaïdjan sur la scène internationale, un peu comme les Etats-Unis avec
Israël. Depuis quelques années, et surtout depuis février 2022, le sultan négocie
avec la grande puissance régionale des accords contournant les sanctions
occidentales, permettant à cette dernière d’écouler ses produits énergétiques.
Bien évidemment tout ce petit monde y trouve son compte et permet au potentat
azéri de prospérer grâce notamment au « blanchiment » du gaz russe.
Non seulement Erdoğan
passe pour un négociateur et un acteur incontournable aux yeux des Européens, de
surcroît, ces derniers continuent de lui verser des milliards pour qu’il bloque
les émigrés ; en plus des millions fournis dans le cadre des négociations
d’adhésion(*) de la Turquie à l’UE.
Aux yeux des Etats-Unis, il reste un acteur majeur de sa géostratégie
régionale, même si c’est un membre plus que turbulent de l’OTAN, jouant un jeu trouble
avec la Russie.
En second lieu la Russie. Moscou
ne peut que se réjouir de cette situation. La veille de son attaque sur
l’Ukraine, il a passé des accords avec les deux compères - Recep Tayyip Erdoğan
et Ilham Aliev, accords qui ne sont plus un secret pour personne. Il savait
pertinemment que les Occidentaux allaient réagir et le sanctionner. Ce qu’il ne
savait pas, c’est que son armée n’était plus ce qu’elle était et que l’Ukraine allait
résister autant, il est vrai avec l’aide des Occidentaux. Un 13ème paquet de
sanctions vient d’être voté mercredi dernier par l’UE à son égard.
Poutine n’a pas
spécialement apprécié l’arrivée de Pachinian au pouvoir en 2018, dont les idées
étaient un peu trop démocratiques à son goût. Lors du Sommet de la CEI à
Douchanbé quelques mois plus tard, par l’intermédiaire de son ministre des
Affaires étrangères, Serguei Lavrov, Poutine a proposé un début de solution au
conflit du Haut-Karabakh. Que l’Arménie restitue à l’Azerbaïdjan cinq des sept
districts « occupés », et ne garde que les deux districts qui lui
sont mitoyens ; dans un premier temps du moins. Refus de Pachinian, qui a
préféré une solution globale intégrant le statut final du Haut-Karabakh, plutôt
qu’une solution par étapes.
A partir de là, les choses
se sont dégradés petit à petit. Au point que le Kremlin a volontairement tardé
à réagir lors de la guerre de 44 jours en 2020. L’OTSC n’est pas intervenue en
2021 lorsque Bakou a commencé à grappiller le territoire arménien. Les soldats
de la paix russes déployés au Karabakh, censés protéger le couloir de Latchine,
ont montré une neutralité plus que bienveillante envers l’Azerbaïdjan, jusqu’à
permettre à la soldatesque azérie le nettoyage ethnique des 120.000 Arméniens
du Haut-Karabakh. Il faut dire qu’en reconnaissant que le Haut-Karabakh faisait
partie intégrante de l’Azerbaïdjan, le leader arménien a fourni le bâton pour
se faire battre.
Bien qu’il ne soit un
voisin direct, les méthodes utilisées par Israël donnent des idées au dictateur
azéri. Les colons israéliens ont le feu vert de leur gouvernement
d’extrême-droite pour s’en prendre aux Palestiniens au fait qu’ils étaient là
il y a deux milles ans. A lire l’histoire azerbaidjanaise moderne, les Tatars-Azéris
étaient aussi là, depuis des milliers d’années. Indépendamment du fait que les
liens politiques sont au beau fixe entre Netanyahou et Ilham Aliev, grand pays pourvoyeur
d’armes, ce qui se passe au Conseil de sécurité de l’ONU est instructif pour le
potentat. Israël peut faire ce qu’il
veut, protégé qu’il est par les États-Unis. Bakou peut faire ce qu’il veut car
il sera protégé par le veto russe en cas de vote contraignant avec l’envoi
éventuel de casques bleus onusiens au sud-Caucase.
La supériorité militaire
de Bakou associée à sa non-application des diverses résolutions, maintient
Erevan sous pression et perturbe fortement sa boussole. L’aide apportée par
l’Union européenne ne fera pas le poids face à une nouvelle agression
importante azérie. La Turquie apportera de nouveau son aide au petit frère pour
créer le « couloir » du Zanguézour si cher au tandem. La Russie a
suffisamment à faire avec sa guerre en Ukraine, et ouvrir un autre front ne
l’intéresse pas. Quant aux Etats-Unis, le conflit Arménie-Azerbaïdjan ne fait
pas partie de leurs préoccupations, quoi qu’en dise le Département d’Etat.
(*)
Rappelons que l’acquis
communautaire est composé de 35 chapitres. Aujourd’hui, 16 ont été ouverts dont
les deux derniers en 2015 et 2016 (la politique économique et monétaire, et les
dispositions financières et budgétaires). Seul le chapitre concernant la
science et la recherche a été clôturé. Le Parlement européen avait, une
nouvelle fois le 13 mars 2019, souhaité la suspension des négociations avec
Ankara, aussi, en juin 2019, le Conseil de l’UE a noté “la Turquie continue de s’éloigner un peu plus
encore de l’Union européenne. Les négociations d’adhésion avec la Turquie sont
par conséquent au point mort”.
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Traduction
Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Trend, de APA, ainsi que de l’Union européenne.
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Arménie
« Le 6 octobre 2022 à Prague, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont convenu par écrit qu’ils reconnaissaient l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’autre sur la base de la déclaration d’Alma-Ata de 1991 et que cette déclaration sera la base politique du processus de délimitation.
Nous suggérons à l’Azerbaïdjan d’accélérer le processus de délimitation sur la base de cet accord, et nous réitérons la volonté de l’Arménie », a déclaré
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Conférence
de Munich sur la sécurité
De nombreuses rencontres ont eu lieu en marge de la Conférence :
Le Premier ministre Nigol Pachinian et le Chancelier Olaf Scholz ont discuté des questions de l’agenda bilatéral entre l’Arménie et l’Allemagne et du processus de normalisation des relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
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Union
européenne
Le haut représentant de l’UE, Josep Borrell, et le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, ont discuté des options permettant d’entamer un dialogue sur la libéralisation des visas entre Erevan et l’UE.
Josep Borrell a déclaré à l’issue du Conseil de partenariat UE-Arménie du 13 février qu’il avait « pris bonne note du fort intérêt de l’Arménie et encouragé l’Arménie à intensifier les réformes afin de progresser » sur la question.
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ONU
« L’Azerbaïdjan n’a pas l’intention de se conformer au droit international. Cela est prouvé par le refus persistant de Bakou de se conformer aux huit mesures provisoires émises par la Cour internationale de Justice au cours de la période 2021-2023, » a déclaré le représentant permanent de l’Arménie auprès de l’ONU, Mher Margarian, lors du débat public du Conseil de sécurité de l’ONU sur « l’impact du changement climatique et de l’insécurité alimentaire sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales ».
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Russie
« Nous appelons fermement Bakou et Erevan à faire preuve de retenue, à prendre des mesures pour réduire les tensions et à s’abstenir de toute action qui pourrait aggraver davantage la situation. Toutes les questions qui se posent ne doivent être résolues que de manière pacifique, politique et diplomatique. Ce qui s’est passé confirme une fois de plus que l’Azerbaïdjan et l’Arménie doivent bientôt revenir à la mise en œuvre d’un ensemble d’accords tripartites conclus à un niveau élevé entre 2020 et 2022. Nous sommes convaincus que les différends territoriaux doivent être résolus dans le cadre de commissions bilatérales sur la délimitation de la frontière entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Nous sommes prêts à aider ce processus en tant que conseiller », a souligné la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zacharova.
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Turquie-Azerbaïdjan
Le Service azerbaïdjanais des garde-frontières a affirmé que cette attaque des positions arméniennes était une "opération de vengeance" en réponse à une "provocation" des forces arméniennes commise lundi soir selon Bakou et qui a blessé un soldat azerbaïdjanais.
Selon un communiqué du ministère
azerbaïdjanais de la Défense, les forces arméniennes ont tiré à deux reprises
lundi soir sur ses positions "en direction du village de Kokhanabi, dans
la région de Tovouz" (nord-ouest de l'Azerbaïdjan).
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Le
coin des experts
Thomas
de Waal, chercheur principal à Carnegie Europe
Des négociations sont en cours entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan pour un accord de paix bilatéral qui normaliserait les relations entre les deux pays après trente ans de conflit, mais il y a toujours une menace de violence dans et autour de l’Arménie du Sud, dans la région appelée Syunik, historiquement connue sous le nom de Zanguézour.
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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Trend, de APA, ainsi que de l’Union européenne.