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Commentaires
et Traductions de Gérard Merdjanian
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Commentaires
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Lorsqu’on écoute les dirigeants arméniens parler de la politique étrangère du pays, on a l’impression que la main droite ne sait pas ce que fait la main gauche, et que le cap fixé fluctue au gré de l’humeur du Premier ministre.
Ainsi, lorsque Nigol
Pachinian parle de faire la paix avec ses deux voisins, surtout avec celui de
l’Est, il reste très « soft », arrondissant les angles, évitant les
sujets qui fâchent, se contentant de faire référence au droit international ou
aux droits de l’homme. En cédant sur un certain nombre de questions
primordiales, il est persuadé qu’il va amadouer Ilham Aliev et que ce dernier
va abonder dans son sens. Non seulement il n’obtient même pas des miettes, mais
il irrite le potentat qui exige encore plus. C’est ainsi que l’Arménie a perdu
le Haut-Karabakh et « hérité » de 120.000 réfugiés.
A l’inverse, sur la scène
internationale les représentants de l’Arménie, comme le ministre des Affaires
étrangères, Ararat Mirzoyan, le délégué permanent de l’Arménie auprès de l’ONU,
Mher Margarian, ou l’ambassadeur itinérant, Edmond Maroukhian – démissionnaire
depuis, ces diplomates ne manquent jamais de mettre les points sur les
« i », donnant des dates et des lieux, incriminant clairement qui est
l’agresseur et le mal engendré.
Quoiqu’il en soit, non
seulement Aliev ne change pas sa stratégie, à savoir, grignoter lentement la
patience des Arméniens pour les pousser à la faute, mais durcit encore plus ses
insultes. Alliant le geste à la parole, il s’en prend aux monuments arméniens,
religieux et civils, du Haut-Karabakh. Qui va l’empêcher ? L’UNESCO ?
Aucune délégation quelle qu’elle soit ne peut se rendre au Karabakh sans
l’autorisation explicite de Bakou. Et ce plus l’affaire de Moscou depuis mai
2023, date à laquelle Pachinian a reconnu que le Haut-Karabakh faisait partie
de l’Azerbaïdjan.
L’alliance officieuse
Russie-Turquie-Azerbaïdjan continue de produire ses effets néfastes sur
l’Arménie. Prenant exemple sur la Russie, Bakou commence à utiliser la même
terminologie que Moscou ; la guerre de 44 jours de 2020 s’est transformée
en « guerre patriotique » comme la seconde guerre mondiale, le
gouvernement arménien est passé de « terroriste » à
« nazi », et cerise sur le gâteau, l’Arménie est considérée comme le « Zanguézour
occidental », tout comme l’Ukraine, une région de la Fédération de Russie.
Aussi, on se demande dans
ces conditions pourquoi Bakou tient absolument à faire la paix avec sa voisine ?
Puisque de toutes les manières, il n’a que faire de ce bout de papier qu’il
foulera aux pieds dès que possible.
Officiellement, cela fera
plaisir aux Etats-Unis et à l’Union européenne de savoir que la région va se
pacifier et que la voie commerciale Est-ouest sera opérationnelle. En réalité,
les Occidentaux savent très bien ce qui se cache derrière ce soi-disant
arrangement. Les ambitions quasi-déclarées de la Turquie : Renouer avec sa
grandeur d’antan et réactiver le couloir de Zanguézour pour arroser le monde
turcique.
Quant à Pachinian, il est « utilisé »
car ses relations avec Moscou ne sont plus au beau fixe, bien que l’Arménie
fasse toujours partie de la CEI, de l’OTSC, de l’UEE, qu’elle héberge la base
militaire russe 102 à Gumri et que ses gardes-frontières – face à la Turquie, l’Iran
et l’Azerbaïdjan, sont en majorité russes. Le Premier ministre a toujours
espoir que Moscou l’aidera en cas de gros « problèmes ». Mais surtout,
il est persuadé qu’en signant la paix, le tandem Turco-azéri laissera l’Arménie
tranquille avec, à la clef, l’ouverture des frontières.
Pourtant, les signes
avant-coureurs sont là annonçant les futures dégradations, Ilham Aliev se
faisant un plaisir dans chacun de ses discours. Quant à Moscou, Serguei Lavrov,
le ministre des Affaires étrangères, a convié ses homologues azerbaidjanais et
arménien à une réunion tripartite portant sur l’état d’avancement de l’accord de cessez-le-feu du 9 novembre
2020.
L’Azerbaïdjan sera présent pour rappeler la non mise en œuvre du point-9, se
gardant bien de ne pas aborder le second volet du point-6 et l’oblitération du
point-7 suite au nettoyage ethnique de septembre dernier.
Dans tout ce méli-mélo,
seule la France est sans doute la moins hypocrite envers l’Arménie et les
Arméniens. Les liens historiques et culturels sont bien réels et les prises de
positions du président, du gouvernement et des parlementaires sont très
claires.
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Traduction
Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Trend, de APA, ainsi que de l’Union européenne.
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Relations
France-Armenie
Le Premier ministre Nigol Pachinian a effectué une visite de travail de deux jours en France avec son épouse Anna Agopian.
Il s’est entretenu avec le président Emmanuel Macron. Dans la soirée, les couples présidentiels étaient présents au Panthéon pour la cérémonie d’inhumation du héros arménien FTP-MOI, Missak Manouchian.
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Arménie
« L’Azerbaïdjan n’adhère pas aux principes nécessaires pour conclure un traité de paix à long terme. Je crains que l’Azerbaïdjan se prépare à lancer une nouvelle attaque, » a déclaré le Premier ministre Nigol Pachinian dans un entretien à France 24.
Quelques jours après sa rencontre avec
le président Ilham Aliev, Pachinian a déclaré que les promesses d’une
résolution pacifique de la crise entre les deux pays étaient démenties sur le
terrain par les actions de l’Azerbaïdjan.
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Rencontre
Arménie-Azerbaïdjan
Les 28 et 29 février 2024, des négociations ont eu lieu entre Ararat Mirzoyan, ministre des Affaires étrangères de la République d’Arménie et Jeyhun Bayramov, ministre des Affaires étrangères de la République d’Azerbaïdjan, à la Villa Borsig à Berlin.
Les ministres ont rencontré Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères, séparément et dans le cadre trilatéral.
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Union
européenne
Dans deux rapports adoptés le 28 février, le Parlement européen a réitéré sa position de principe sur l’Arménie.
Dans les rapports sur la politique
étrangère et de sécurité commune (PESC) et la politique de sécurité et de
défense commune (PSDC), le Parlement européen condamne les attaques de
l’Azerbaïdjan contre le Haut-Karabakh et l’Arménie.
Les députés demandent la protection du
patrimoine religieux arménien et des sanctions contre les autorités azerbaïdjanaises.
Ils demandent également la suspension
du protocole d’accord UE-Azerbaïdjan sur l’énergie.
Le Parlement européen se félicite du
gouvernement démocratique et du programme de réformes de l’Arménie.
Les députés appellent également à
renforcer le mandat de la mission de l’UE en Arménie, à augmenter sa taille, à
prolonger son mandat et à déployer des observateurs à la frontière avec la
Turquie.
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Etats-Unis
Le département d’État américain a fait une mise au point concernant les déclarations du Premier ministre arménien sur l’adhésion de l’Arménie à l’OTSC et les mesures prises par Erevan dans le secteur de la défense.
« Nous respectons les aspirations de
l’Arménie en tant que pays indépendant à poursuivre la relation de sécurité
qu’il a choisie, et nous soutenons la souveraineté et l’intégrité territoriale
de tous les pays de la région.
La Russie n’est pas un allié ou un partenaire
fiable et de bonne foi dans le Caucase du Sud ou ailleurs. Nous avons vu à
plusieurs reprises que la Russie n’est pas préoccupée par les intérêts de
l’Arménie. »
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Russie
« Moscou poursuit ses contacts avec Erevan pour clarifier les déclarations du Premier ministre Nigol Pachinian sur le « gel » de son adhésion à l’OTSC, » a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors d’une conférence de presse lundi 26 février.
« La Fédération de Russie ne comprend pas la position de l’Arménie. Nous avons des contacts assez fréquents avec nos partenaires arméniens. Bien sûr, nous allons clarifier [la question].
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Turquie-Azerbaïdjan
Le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères a condamné les déclarations de Macron faites mercredi lors de la conférence de presse conjointe avec le Premier ministre arménien Nigol Pachinian à Paris. « Nous condamnons fermement les déclarations du président français Emmanuel Macron, dans lesquelles il accuse sans fondement l’Azerbaïdjan et défend unilatéralement l’Arménie ».
Le 13 février, le ministère avait
également jugé inacceptables les accusations de réponse disproportionnée,
affirmant que « de telles approches partiales
doivent cesser ».
(…)
Le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères Jeyhun Bayramov et le représentant spécial de l'UE pour le Caucase du Sud Toivo Klaar ont discuté du processus de paix en marge du Forum diplomatique d'Antalya.
"J’ai réitéré la position de
l'Azerbaïdjan sur les questions liées au processus de paix entre l'Azerbaïdjan
et l'Arménie", a déclaré
Bayramov.
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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Trend, de APA, ainsi que de l’Union européenne.