Arménie-Azerbaïdjan : « On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. »


 

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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

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Commentaires

 

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Les négociations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan progressent, suffisamment bien puisque tout le monde, ou presque, se félicite à commencer par le l’Arménie. Les Etats-Unis et l’Union européenne sont satisfaits, la Turquie et l’Azerbaïdjan tout autant.

 

Mais alors qui sont les empêcheurs de tourner en rond ? La population arménienne qui ne partage pas l’optimisme invétéré de son gouvernement envers le tandem Turquie-Azerbaïdjan. Cette population n’est pas celle de la capitale mais le « petit peuple » vivant à proximité de la frontière azerbaidjanaise, et qui est « invité » à quitter ses foyers. Tavouch n’est qu’un début. Sachant d’une part que la frontière arméno-azérie est longue de 788 km selon les dernières cartes russes - bien que non validées par Bakou ; et que d’autre part faut ajouter à ces milliers de villageois les 120.000 Karabakhis chassés de leur foyer ancestral, cela fait beaucoup « d’œufs cassés » pour « l’omelette » de Nigol Pachinian.

 

Côté Azerbaïdjan, merci tout se passe bien. Non seulement personne n’a été « déplacé », mais au contraire, Ilham Aliev continue de récupérer du territoire à moindre frais ; et ce n’est pas fini.

 

Espérant aboutir très rapidement à un accord de paix, d’ici un mois, Erevan a envoyé à Bakou la huitième version de ses propositions en vue de la ‘dite’ signature entre les deux pays. En retour, il vient de revoir la dixième version des propositions azéries. Bien qu’elles n’aient pas été dévoilées, elles doivent reprendre les éléments contenus dans les discours des officiels azerbaidjanais depuis le nettoyage ethnique du Haut-Karabakh. Eléments récurrents qui ressortent de leurs propos :

 

Non content d’avoir récupéré la totalité du Haut-Karabakh après en avoir chassé militairement ses habitants, le dictateur azéri, qui occupe déjà près de 200 km² de territoire de l’Arménie, exige le retour des enclaves situées en Arménie ainsi qu’une bande de terre extraterritoriale le long du fleuve Araxe, le ‘couloir du Zanguézour’, sous contrôle russe, qui couperait l’Arménie de l’Iran. Si l’on ajoute à cela les demandes de suppressions de la Constitution de l’Arménie de toute allusion au Haut-Karabakh ou au génocide de 1915 ; la boucle sera bouclée.

 

En attendant, l’Azerbaïdjan a mis en œuvre son plan de destruction des biens arméniens situés au Haut-Karabakh – comme il a fait au Nakhitchevan au début des années 2000, en commençant par les monuments publics sans oublier les biens culturels et cultuels, comme les églises ou les monastères. Et lorsque ces derniers sont célèbres et connus à travers le monde, il attribue ces biens aux Albanais du Caucase (Aghvans) que les Arméniens auraient accaparé.

Que fait l’UNESCO ? Rien. Il ne peut envoyer une mission sur place qu’avec l’accord du gouvernement du pays, pour ainsi dire jamais. Rappelez-vous la destruction des milliers de Khatchkars (Pierres-croix) de la nécropole de Djougha au Nakhitchevan au vu et au su de tout le monde.

 

Dès que le béotien qui dirige l’Arménie aura satisfait aux demandes de Bakou, et même si le double-blocus sera levé, le pays sera commercialement étouffé par le tandem turco-azéri. Les millions déversés, ou prêtés, par les Occidentaux et les Banques internationales, ne changeront rien à la chute de l’Etat.

 

Il est plus que regrettable de voir que l’équipe au pouvoir en Arménie met tous ses œufs [A ne pas confondre avec les ‘œufs’ qui ont servi pour son ‘omelette’] dans le même panier, à savoir l’Occident. Il suffit de regarder comment les Occidentaux se comportent avec l’Ukraine, pourtant située aux portes de l’Europe. Ils leur donnent de l’argent et des armes qui leur permettent de résister aux troupes russes, en cas d’une nouvelle agression contre l’Arménie, les 3 millions d’habitants auront du mal à faire face aux troupes turco-azerbaidjanaises et leurs supplétifs.

 

Déjà, lorsqu’on se trouve un peu plus loin de l’UE, comme en Géorgie, le pays se contente de messages de soutien. Sans être taxé de russophile, il n’est pas besoin d’être un grand prophète pour voir ce qui arriverait si Moscou retirait toutes ses « billes » de l’Arménie. Base 102 de Gumri, gardes-frontières, exclusion de la CEI, de la CEE, de l’OTSC, etc. L’Arménie sera remplacée pratiquement par un Oblast turcique, tout en gardant officiellement le nom de République indépendante pour la communauté internationale.

 

 

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Traduction


Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.amde Today.az, et dAPA


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Arménie 



L’Arménie a proposé à l’Azerbaïdjan de créer un mécanisme bilatéral d’enquête sur les cas de violations du régime de cessez-le-feu.

 

"Au cours de la période récente, le ministère de la Défense de l’Azerbaïdjan a périodiquement diffusé des informations affirmant que des unités du ministère de la Défense de l’Arménie violent le régime de cessez-le-feu. Malgré le fait que le ministère de la Défense ait nié toutes ces accusations, l’Azerbaïdjan continue de diffuser de telles informations.

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Union européenne

 


« Récemment, la France et l’Arménie ont signé un contrat dans le cadre d’une coopération militaro-technique, ce qui a déclenché une réaction arrogante de la Russie, en phase avec l’Azerbaïdjan. Nous rappelons que c’est le droit souverain de chaque État de maintenir des forces armées aptes au combat et dotées de moyens militaires modernes. Les deux régimes ont accusé la France d’alimenter le conflit dans la région du Caucase du Sud, ce qui souligne une fois de plus qu’il existe une certaine collusion entre les deux pays, qui a abouti au nettoyage ethnique de plus de 140.000 Arméniens du Haut-Karabakh en septembre 2023. Cette collusion est en cours et la Commission européenne et le SEAE ferment les yeux sur elle.

 

Il est déconcertant que des pays autoritaires et agresseurs comme l’Azerbaïdjan et la Russie condamnent des États membres de l’UE comme la France qui cherchent à utiliser les désaccords existants, les contradictions au sein des pays ou entre les pays comme un outil pour atteindre leurs propres objectifs opportunistes. Cela ne peut en aucun cas être acceptable par l’Union européenne et il est grand temps d’imposer des sanctions au régime dictatorial d’Aliev pour ses actions destructrices visant à saper la paix et la sécurité régionales, ainsi que ses violations des droits de l’homme. Nous condamnons fermement les déclarations officielles de Bakou et de Moscou et appelons la Commission et le SEAE à réagir immédiatement à cette situation », ont déclaré les eurodéputés dans un communiqué.

 

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Etats-Unis

 


Le secrétaire d’État américain Anthony J. Blinken s’est entretenu avec le président azerbaïdjanais Ilham Aliev. Il a reconnu les progrès en cours de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan vers un accord de paix et a souligné l’importance de conclure un accord sans délai. Il a réitéré que les États-Unis restaient disposés à soutenir un engagement supplémentaire de quelque manière que ce soit utile aux parties.

 

Soulignant l’importance des relations bilatérales entre les États-Unis et l’Azerbaïdjan, le secrétaire a souligné la coopération constructive avec l’Azerbaïdjan sur les objectifs communs en matière de climat et d’énergie, ajoutant que les États-Unis s’engageaient à contribuer au succès de la COP29.

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Russie

 


« La poursuite de l’érosion de la souveraineté de l’Arménie en matière de sécurité et sa transition vers les modèles occidentaux sous le parapluie de papier des États-Unis et de l’OTAN rendront tout simplement impossible le maintien d’une zone de défense partagée avec la Russie et dans le cadre de l’OTSC, »
a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Galuzine.

 

« Une nette diminution des contacts politiques bilatéraux a eu lieu sous l’influence des récits occidentaux. Des critiques infondées à l’égard de la Russie, de l’OTSC et du système de sécurité existant sont de plus en plus souvent entendues à Erevan. C’est destructeur et à courte vue, c’est le moins qu’on puisse dire.

 

La pleine participation de l’Arménie à l’OTSC correspond aux aspirations du peuple arménien et sert la cause du maintien de la paix et de la stabilité dans le Caucase du Sud. Peu importe ce que les Occidentaux promettent, qui ont poussé les autorités arméniennes à 'geler' la participation à l’Organisation, il n’y a pas d’alternatives efficaces à l’OTSC en tant que mécanisme pour assurer la sécurité de l’Arménie aujourd’hui.

 

Le travail visant à renforcer le potentiel de l’OTSC se poursuit systématiquement, laissant l’Arménie derrière. De nouveaux algorithmes de réponse aux crises sont en cours de développement, les capacités des forces collectives de l’organisation sont renforcées – en tenant compte de l’expérience de combat russe – et des documents de programme sérieux sont adoptés pour assurer la sécurité frontalière de nos alliés en Asie centrale.

 

()… Moscou a clairement exprimé à plusieurs reprises et à différents niveaux sa volonté de discuter des questions qui préoccupent Erevan. Moscou a été et reste attaché à l’ensemble des accords, tant au niveau bilatéral que dans le cadre de structures d’intégration partagées, et n’a pas abandonné ses engagements envers ses alliés. Dans le même temps, nous n’avons pas reçu de réponse à nos différentes initiatives.

 

La Russie s’attend à ce que les dirigeants arméniens aient suffisamment de sagesse politique pour comprendre la nature illusoire des promesses de l’Occident et l’importance des relations avec la Russie du point de vue de la souveraineté, de la sécurité et du développement économique du pays, » a-t-il souligné.

 

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Turquie-Azerbaïdjan

 


Le 11 juin, lors de sa visite en Allemagne, le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères, Jeyhun Bayramov a parlé de la situation actuelle et des réalités dans la région dans la période post-conflit, du processus de normalisation des relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Il s’est plaint de la constitution arménienne auprès de son homologue allemand Annalena Baerbock.

 

Selon les médias azerbaïdjanais, il a également attiré l’attention sur les problèmes et les opportunités du processus de paix. Il a affirmé que l’Arménie avait des « revendications continues » sur l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan qui se trouvent dans la Constitution arménienne, ce qui, selon lui, est un « obstacle » à la signature d’un accord de paix.

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.amde Today.az, et de APA